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Le Monde de Dùralas


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 Odyssée (solo)

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Sobek E. Grey
Styxus Cerberus ♦ Saint Sobek de Spelunca

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Sobek E. Grey

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MessageSujet: Odyssée (solo)   Odyssée (solo) EmptyVen 7 Déc 2018 - 7:34
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Odyssée (solo) E6b7a6da50ac0f7f65f94782ef737147

"Ruse et Pouvoir. Comprenez bien ces mots, ou vous perdrez. Tôt ou tard je gagne toujours, et vos ambitions ne sont qu'illusions que je disperse aux vents."


De temps en temps, alors que les années défilaient, il apercevait parfois du haut des routes commerciales des troupeaux de bêtes. Ils ne recevaient jamais d'autorisation de sortie de l'enceinte des cavernes avant leur seize ans, alors chaque déambulation marchande était une occasion rêvée d'inspecter l'inconnue Dùralas. Une fois, comme il admirait filer des chevaux sauvages dans les collines de Spelunca les yeux tout ronds, maître Azhalred lui vociféra de baisser les yeux.
Aussitôt il se retourna, surpris d'autant d'autorité soudaine, pour apercevoir le blason royal de Spelunca. Sobek Elpoemer avait dix-huit ans, et il connaissait bien cette rose. Un tremblement fébrile, nerveux, lui pris le ventre, et sans réfléchir il exécuta les ordres d'Abdul Azhalred.
Le carrosse passa à fière allure devant eux, et ses poumons se relâchèrent. La sueur froide cessa de l'inquiéter, et la vie lui parut bien meilleure tout à coup. Il pouvait deviner les mêmes pensées chez le Maître ; les adultes se référaient souvent au Vicomte-Baron (tout ça est quand même bien trop pompeux, et les adolescents ont mieux à retenir que des titres de noblesse) en employant des termes pareils à "démon", "créature impie" et Oncle Rachid alla même jusqu'à "mange-merde qui fait passer ça avec du sang" au dernier repas de famille. Plutôt arrosé.

Imaginez donc le chamboulement pour le jeune garçon lorsqu'il aperçut du coin de l'oeil le véhicule faire demi-tour. Sa main alla chercher frénétiquement la robe d'Azhalred, qui se retournait déjà.

- Fais-toi aussi silencieux que possible.

Maître Abdul Azhalred était un magicien de renom, que beaucoup venaient souvent trouver au village. Des inconnus étaient parfois rencontrés par le Maître, et Sobek Elpoemer entendait maintes fois des discussions aux tournures arcaniques profondes. Bien qu'il ne comprenait pas tout, il tentait. Mais c'était car Abdul, avec son turban et sa grande barbe, était réellement impressionnant de talent ! Il faudrait que Sobek grandisse en sagesse avant d'assimiler ses formules complexes.
Ceci étant l'apprenti s'interrogeait sur ses capacités à pouvoir égaler le Vicomte, même si en réalité il se sentait plutôt serein, les nobles étant toujours gros et lents, aveuglés par l'or. Ils ne savent jamais manier une épée, mais les Exilés, eux, vivaient le combat au quotidien et étaient farouches, déterminés ! Le Khalif était certes vieux, mais...

Lorsqu'il s'aperçut du silence qui régnait sur la plaine de Spelunca, même ses pensées se tétanisèrent. Il voyait une roue en bois noir stationner à ses pieds, et éprouvait une envie de vomir. L'anxiété le gagnait, et dans sa tête tambourinaient milles tam-tams.

Il n'écouta rien à ce qu'une voix demandait à son Maître, visiblement impassible, ou peut-être pas, Sobek étant trop occupé à fixer droit devant soi pour entendre quoi que ce soit. S'il détournait le regard du centre de cette roue son coeur lâcherait, très certainement.


- Hé ! Oh ! ...Il est attardé ton gamin non ?

Très rapidement il tourna une tête rigide vers la fenêtre du véhicule d'où le regardaient deux yeux rieurs.


- Sobek Elpoemer, Monsieur le haut vicomte de Spelunca.

Il regretta son ton immédiatement, comme de nouveau le silence s'abattait sur les prairies. Comme un frelon venait fendre l'air et se poser sur la fenêtre du convoi, Sobek put mieux poser le regard sur celui qui faisait régner l'ordre par-ici. Le visage du Vicomte était rigolo, et n'inspirait aucun effroi, ses yeux rouges et vifs étaient bordés d'un maquillage bleuté, et deux traits noirs partaient de ses yeux jusqu'à sa mâchoire. Un clown, en somme.
Tout à coup, il se mit à réfléchir aux chances qu'un Noble soit clow... Puis il constata avec soulagement que l'homme riait aux éclats.


- Hum... c'était pas du tout la question, mais bon. Je vous sens tendus les guyz. Y'a pas de malaise hein ? Comment vous dîtes... wallah frère ? C'est raciste de dire ça ? Je peux dire ça ? Faust ?
- Qui sommes-nous pour juger vos paroles, Messire. Je pense le contexte adapté.
- OK OK. Donc reprenons. Sobek Elpoemer qu'est-ce que tu dirais d'un jeu de cartes ? Wallah frère. ajouta-t-il gaiement.
- Cessez désormais, Monsieur. La voix derrière lui semblait elle d'une noblesse infinie. D'une rigueur égale, aussi. Il l'aimait moins.

L'adolescent commençait à se détendre et relevait la tête pour sourire à la figure plutôt excentrique du Vicomte. Pour le jeune Sobek, le naturel était une chose qui ne pouvait être feinte, une valeur accordée par la nature aux plus charismatiques d'entre nous.
Comme il interrogeait du regard maître Azhalred il dénota la nonchalance de celui-ci. Clairement, il n'encourageait ni dissuadait l'invitation.

- J'accepte !

À peine avait-il prononcé les mots qu'autour de lui le décor passait des plaines tristes d'un coucher de soleil Speluncien à des brumes blanches infinies, et à un parterre de miroirs. Décontenancé, il commençait à s'agiter, pris au piège, lorsqu'une ombre se profila face à lui.
De ce qu'il pensait être le blanc infini apparut un homme de bonne taille, au physique élancé, et au visage peint. D'une courbette polie, il salua de nouveau Sobek Elpoemer.


- Je me présente de nouveau. Sir Lachlan Grey, premier et seul du nom, beauté des champs de bataille et Vicomte repenti de Château-Rouge. Approuvé par la Couronne. Donc, pas de panique pour le décor, c'est juste plus... c'est au niveau de l'espace, tu vois ? Plus spacieux. Cosy. Toussa. On reviendra vers eux quand on aura terminé, c'est tranquille le temps ici passe... euh en fait c'est difficile à expliquer. Imagine que le temps on en fait ce qu'on veut ici, ok ? Enfin moi, parce que je suis surpuissant hahaha, mais pas toi. Toi tu te ferais mais genre dé-mon-ter par le flot du temps. Genre raisin qui fait plop ! Plop ! J'en étais où ?

L'adolescent éclate de rire. Il n'avait jamais connu un adulte qui ne lui parlait pas de responsabilités ou de devoirs, qui ne lui dictaient pas d'ordres, l'homme face à lui avait littéralement congelé le temps pour jouer aux cartes. Comme quoi, on pouvait s'amuser en étant grand. Ils se trouvaient dans une sorte d'espace personnel ? Sobek ne comprenait pas vraiment cette partie là.


- Sobek Elpoemer, Monsieur. Vous parliez de vous. En fait.

Le clown se tait un moment et regarde autour de lui en sifflotant. Il pointe ensuite un doigt sur Elpoemer.

- On va commencer ce jeu de cartes. Mais avant... on va déterminer les rôles. demande-t-il presque sérieusement, avant d'ajouter. Pile ou Face ?

Sobek répond Pile, et gagne.


- Maintenant, énonce un voeu, Sobek Elpoemer. Un seul. Réfléchis-y le temps que tu désireras. Pas trop non plus, j'aime pas attendre.
- Je veux vivre une vie d'aventures, comme celles narrées dans les écrits de Maître Azhalred, ou les vôtres... déclame-t-il du tac au tac Je ne veux pas rester cloîtré à lire et fabriquer des potions pour les malades. Je veux vivre !
- Ouah. Calmos. Tu vis déjà, le philosophe en carton. Mais je note, si tu gagnes cette partie, alors tu auras ton voeu exaucé.
- Et si je perds ?

L'arlequin ne répond pas, préférant distribuer une carte à Sobek, tirée et envoyée d'une traite de son deck scintillant de magie. Il en pioche une pour lui et la dévoile ; un As de Piques.


- On va jouer au blackjack. Je fais la banque. Tu connais, petit ?

Sobek montre son sept et rétorque. Il connait bien les jeux de cartes, des fois, avec les camarades, ils s'isolaient dans des grottes un peu à l'écart pour jouer et boire, ce qu'ils pouvaient dérober -bières, eau de vie, whiskey- comme le font les adultes. Qu'ils étaient. Presque.


La deuxième carte lui parvient par magie, tombée du ciel, enchantée ; un autre sept. Il la montre à un Vicomte qui le scrute comme pour l'accuser de tricher.
Encore un sept et c'était dans la poche. Mais l'As pouvant représenter un 1 comme un 11, selon la volonté de son détenteur, Elpoemer se méfiait, la Banque pouvait atteindre 21 avec un simple dix, ou continuer à piocher en faisant tourner les tours. Le 14 total d'Elpoemer le plaçait dangereusement près des 21.
Lachlan Grey pioche et obtient un cinq.

16 (ou 6) à 14. Sobek Elpoemer se savait en difficulté mais s'efforçait à demeurer serein. Papy disait souvent aux jeux de cartes que l'ennemi ne doit pas te voir hésiter, parce qu'il est souvent autant dans la merde que toi. Une maxime qui devait s'appliquer au moment. Il demandait alors une nouvelle carte, et recevait un As de Coeur.
Parfait !
Le clown bougonne et pioche à nouveau. Un 4, cette fois-ci. Il déclare fermer sa pioche d'un air blasé, sans que Sobek Elpoemer ne comprenne pourquoi. Sa main était bonne, presque parfaite.


La prochaine carte scellerait l'issue du jeu, et le croupier la jette en sa direction sans attente aucune. Sobek voit, encore dans l'ombre de sa main un 6 de piques briller et saute de joie.


- Gagné ! Alors ? Vous allez devoir accomplir mon souhait ! Lance-t-il gai comme un pinçon au clown aux bras croisés. Ce dernier baille et opine de la tête en lévitant jusqu'à lui.

Alors qu'il s'attendait à des explosions de lumière, des éclats glorieux et des chants héroïques, seul le bras tendu du Vicomte le récompense. Il tient dans sa main un crâne d'animal étrangement bien lustré. Un fennec, de toute évidence, dont les énormes orbites le dévisagent sans expression aucune. Son noble interlocuteur s'assoit en fumant un narguilé apparut d'on ne sait où. L'odeur qui en émane, forte et boisée, n'a rien d'éthéré toutefois, elle est belle et bien dangereusement séduisante. Elpoemer avait fumé les herbes chamaniques en quelques occasions, mais chaque fois il approuvait une sensation si intense qu'il désirait toujours recommencer. Un danger dans lequel il ne comptait pas tomber, mais l'occasion faisant le larron, il tendit la main joyeusement lorsque l'arlequin lui fit passer le tube. Après une série de gloups amusante, la fumée au goût délicieux empli ses poumons.
Son regard se dilata, tandis qu'il observait plus attentivement ce vampire. Ce fameux vampire si sanguinaire, qu'il venait de vaincre à ses propres jeux ! Bien entendu, il avait presque perdu face à lq bonne main de son opposant, car tout bon duel doit posséder tension, mais l'ambiance avait été somme toute bon enfant. En fait, il aimait bien Grey et quelque chose lui disait que c'était réciproque.


Alors qu'il planait, il se disait que l'arlequin était étrangement séduisant aussi. Il se le ferait bien.

- Euh... tu arrêtes de me fixer, s'il te plaît ? Merci. Jadis, ceux de ton clan usaient de ces crânes pour invoquer les démons alors prends-le, il fera office de début d'aventure. C'est un objet bien trop compliqué pour ton niveau actuel, mais qui sait peut-être resteras-tu assez longtemps en vie pour en découvrir le plein potentiel. En tout cas c'était amusant de jouer ensembles aujourd'hui gami...

Une brèche s'ouvre sur le carrosse, laissant passer une figure habillée de noir et blanc que l'exilé devine être la voix qu'il avait entendue auparavant. Le Sir était si impressionnant que Sobek en détournait les yeux, scrutant ses babouches sales avec honte.

- Monsieur, j'ai beau adorer feindre être affecté par vos sortilèges de suspension temporelle je dois avouer m'ennuyer. Nous devrions reprendre la route. Un invité. L'homme dévisage Elpoemer de haut en bas avant de s'incliner respectueusement. Jeune homme, Faustus Fortuna, Majordome et Mestre de Château-Rouge pour vous servir. Oh, le Maître vous fait un cadeau... voyez-vous ça.

Sobek tente encore aujourd'hui de comprendre le sens de cette phrase, tant l'expression et le ton employés par Faustus avaient été étranges. L'exilé analysa alors celui qui regardait le crâne qu'il venait d'obtenir. L'objet était moyennement lourd, et alors qu'il se penchait sur les traits fins de l'homme qui ne semblait pas plus vieux que lui -seulement beaucoup plus riche et parfait- Sobek envisageait de porter le crâne sur son turban.
Faust dans son costume impeccable se tourna vers son Maître, qui de son côté terminait le narguilé. Le Vicomte agita la main.


- Tranquille, Fausty. Le gamin vient de me battre au blackjack. Au pile ou face, aussi.

C'était lancé sur un ton lambda, mais la réaction de l'homme servant trahi une certaine importance de l'affirmation. Il se tourne de nouveau sur Sobek et en fait le tour d'un pas lent.

- Il semble pourtant bien banal. Son potentiel magique est bas, son apparence est médiocrement séduisante, et son assurance est nulle. Une âme banale.

Le Vicomte se téléporte littéralement aux côtés de Sobek et lui place une main sur l'épaule.

- Donne lui du temps. Je crois qu'on a tous nos petits préférés dans les nouveaux non ? Eh bien celui-là cache bien son jeu. Crocodile, signifie son nom en le langage des siens. Ce sont eux qui m'ont appris la sorcellerie, tu le savais Faust ? Mais bref. Petit Sobek Elpoemer, tu porteras avec toi ce présent en toute circonstances, et exerce toi à aller dans l'Immatériel le plus souvent possible, ça fait grandir la magie. Je doute que nous nous revoyions un jour.

Alors que son discours s'achevait, Sobek Elpoemer commençait à apprécier de près le crâne de fennec. Si l'objet était enchanté, alors il pourrait aisément en scruter les magies pour en apprendre plus sur les arts noirs. En effet chaque sortilège renfermait l'essence de son lanceur, et les exilés étaient maîtres en les dissections ; soient-elles magiques ou physiques. Sobek Elpoemer allait donc décortiquer ce cadeau avec délice.

- Je vous remercie humblement. Je vais désormais vous quitter, Maître Azhalred attend. Au revoir !

Maître Azhalred ne parut pas remarquer la disparition de son élève, ou ne la commenta pas, mais durant un instant tandis que Sobek entreprenait de fixer le crâne de fennec à son turban par enchantement, en franchissant le portail magique, il le dévisagea avec gravité.




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Dernière édition par Sobek Elpoemer le Ven 11 Oct 2019 - 16:41, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Odyssée (solo)   Odyssée (solo) EmptyVen 23 Aoû 2019 - 13:36
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"L'araignée, toute de noir et blanc, lovée au centre de sa toile, avait faim de savoir."

Son retour avait provoqué un certain remue-ménage, mesurable dès son entrée dans l'enceinte du Manoir en franchissant les portes closes du jardin. Un garde l'avait annoncé à haute-voix aux autres afin qu'ils n'actionnent les mécanismes d'ouverture, Sobek s'était donc avancé comme tant d'autres fois lorsqu'il revenait de la chasse, mais cette fois, à le voir, un dénommé Gary eut un mouvement de recul de l'autre côté de la porte.
Il l'avait longtemps observé à travers les carreaux d'acier, avant de déclarer, plutôt mal assuré :

- Sobek ?

L'exilé s'était contenté d'acquiescer car il pouvait entendre de toute part des murmures abonder. Sobek n'était pas net, Sobek avait beaucoup changé. Où était passé son turban ? Ses cheveux ? Ses robes colorés ? Les voix venaient des ombres, de derrière les torches en soie embrasées, de derrière le sorcier là où il n'y avait personne d'autre que lui, de sa tête. Les officiers au service du clan Gaspiel ne possédaient pas la flamme qu'il avait pu sentir chez Arhiann, par exemple, et il lui était facile d'entendre leurs pensées surtout lorsqu'elles étaient aussi profuses.

Lorsqu'il eut accès à l'enceinte du Manoir et qu'il continuait à marcher en direction des habitations, il avait la certitude que l'on continuait à l'épier. Cela ne l'étonnait pas, on l'avait même prévenu, les humains inférieurs pouvaient tout de même sentir ce qu'ils ne comprenaient pas. Comme une souris sait que le serpent est à éviter.

Faust l'attendait devant ses quartiers, tiré comme à son habitude à quatre épingles, un ensemble noir et blanc à trois pièces l'ornait tandis que son épingle de Mestre brillait intensément à hauteur de son cœur. Une rose dorée au centre en rubis qui le gratifiait d'un éclat vif, l'avait-il toujours arborée ?

- Sobek, mon cher, vous étiez attendu. Venez nous avons beaucoup à discuter.

Sobek ne pris pas la peine de répondre non plus, avec Fortuna s'était souvent inutile et plutôt dangereux tant sa réparti pouvait s'avérer cinglante. Bien qu'il ne fut plus officiellement son Maître, le Majordome demeurait une figure très respectée et chère aux yeux d'Elpoemer, d'autant plus après ses apprentissages les plus récents. Il avait été capable de déceler le vrai du faux, dans ce que l'on disait de Faust ; tantôt démon dans la bouche des servants, tantôt sorcier dans celle de la Cour, l'énigmatique et intemporel personnage était plus complexe que tout cela et la vérité comme le mensonge se côtoyaient souvent dans toutes les rumeurs à son propos. Ce que Sobek savait de source sûre c'était qu'il ne fallait pas oublier que certaines choses sont indescriptibles avec les mots et états d'esprits humains, que certains concepts demeureraient intrinsèquement indicibles tant que les Hommes n'évolueraient pas dans les sciences et arts occultes, et Faust, dans toute son essence d'étranger à ce monde, en était une probante allégorie.
Le démon refermait la porte d'un souffle magique, faisait s'imbriquer tous les verrous, et par sa perception de la magie, Elpoemer constatait qu'il plaçait en même temps des artifices anti-bruit sur les murs. La discrétion serait de mise, et la conversation importante.


- Avez-vous déjà votre avatar ?

Sobek répondit par la négative mais assura néanmoins posséder toute la théorie -ainsi qu'avoir déjà eu un témoignage visuel du processus- à propos de comment manger des Esprits. Le Maître avait tenu à ce qu'il repousse aussi longtemps que possible son ascension au rang de Dévoreur, tant le passé des mages  de cette école était connoté, et les dirigeants encore bien alertes en ce qui concernait les précédents utilisateurs de l'Immatériel.

- Intelligent. C'est en effet la procédure la plus adaptée à notre démarche, et dorénavant vous veillerez à garder le secret sur l'évolution de votre magie. J'ai bien peur de ne plus avoir grand rôle à jouer auprès de vous si ce n'est celui de consultant à partir d'aujourd'hui, car les arcanes de l'au-delà son propre à chacun. L'Araignée, qui a du vous être citée en exemple, était une Sorcière d'une contrée dont j'ignore aujourd'hui encore beaucoup, et mon cher Maître, lui, était un énigme des pieds à la tête. Ce soir nous élaborerons à la seconde près votre croissance dite politique. Que savez-vous des Factions et Guildes Dùralassiennes ?

L'homme au costume avait fait apparaître au dessus d'une table une carte, et avait tendu six drapeaux à Elpoemer qui s'était empressé de les planter en énumérant ;

- Les premières sont au nombre de six ; Les Pirates d'Ishtar, Les Gardien de Stellarae, La Milice de Kastalinn, la Congrégation de l'Ombre, la Garde Zéphyre des forêts de Sylfaen, et les Khazariens de BaldorHeim. Il est coutume de les intégrer lorsque nos talents sont jugés bons, et ils vivent dans une paix toute relative, les Pirates et la Congrégation ont déjà eu leur lot de guerres avec les autres, et cela a eu des répercussions sur l'ensemble du territoire. Elles se partagent le territoire et les missions, et semblent véhiculer un ensemble de valeurs propres à chacune, mais on peut facilement affirmer qu'il y a deux camps distincts. Quant aux guildes... à part les Mages et les Dragonniers, les autres sont dirigées par et surtout pour des tiers. Il ne faut pas se leurrer. Elles ont un rôle mineur dans les déroulements, mais ont le potentiel de grandir plus fort que les Factions si seulement un esprit réellement rusé les dirigeait. Aucune n'a réellement attiré mon attention, même parmi le passé, elles ont souvent échoué dans leur entreprise, faute à des dirigeants soit inconstants soit puérils. J'aime beaucoup le récit de la chute de celle de vôtre Maître.

Si jusque là Faust avait acquiescé avec un soupçon d'approbation, ses yeux s'était frigorifiés tandis qu'il invitait d'un regard curieux son disciple à continuer.


- Axe, une jeune humaine, aurait tué votre Maître et disposé de vos services durant un certain temps. Une légende narrée par bien des bouches en Spelunca ; la dissolution des Amants s'est naturellement suivie et Axe aurait pris la tête de la Congrégation comme Styx "Lachlan Grey" aurait pris la place d'Alrun Siegfried. C'est bien cela ?

Les yeux de Faust étaient passé de sibyllins à pragmatiques.


- Dans une certaine mesure, tout est vrai. Axe a en effet succédé au Vicomte -il insista sur ce terme- Grey à la tête de la Congrégation, mais je voulais que vous abordiez le sujet. Ce sera votre première leçon politique. Savez-vous les aboutissants qui ont mené un criminel vampire en conflit ouvert avec Sa Majesté le Roi de Stellarae au pouvoir de Château-Rouge ?
- Eh bien, cette question m'est demeurée sans réponse. Il n'y malheureusement pas de documentation précédent l'arrivée au trône du Vicomte... Mais j'imagine qu'il a du négocier ses lettres de noblesse ?
- Tout juste. Le Vicomte a été emprisonné, puis relâché et absout dans les mois qui ont suivi, il a ensuite purgé Spelunca du crime en donnant chasse aux familles ayant soutenu la Congrégation, aux "Frères-Loup" un conglomérat terroriste de piètres spécimens, et même aux seigneurs de guerre locaux. En d'autres termes...

Faust pris le drapeau de la Congrégation et le brisa entre son pouce et son index. Sobek écarquillait les yeux.

- Toutes ses actions à la tête de sa Faction lui ont permis de savoir qui livrer aux autorités une fois l'heure venue... tout était prémédité. La Guerre d'Ishtar n'a été qu'un simulacre carnassier pour mieux attiser le courroux de ses opposants et rallier des alliés à sa cause pour mieux les chasser ensuite. C'est... sinistre, mais efficace.

De nouveau, Faust approuvait mais plus prudemment cette fois, comme si Sobek omettait un détail.

- A-t-il seulement désiré un jour autre chose que sa Couronne à Spelunca ?
- Non. Si Lachlan "Styx" Grey a réussi c'est seulement car ses plans étaient tracé dès le début ; la figure de l'arlequin était aisée à endosser, celle de l'assassin encore plus -vous seriez surpris de voir la quantité d'adolescents déboussolés prêts à se munir d'une dague pour combler le vide existentiel en eux- il a suffit de quelques années à patienter, d'une bagarre de Taverne promptement pensée, et... voilà. Mais trêve de passé, Sobek Elpoemer, que comptez-vous faire en ayant cet exemple en tête ? Ne me décevez pas, ni le Maître, beaucoup d'espoirs sont placés en vous.


L'Exilé avait longtemps étudié la politique de Spelunca sous la férule de Faust, et dans une plus grande optique, la politique nationale, mais il n'avait jamais acquis la vision nécessaire pour envisager des machinations similaires. Il réfléchit un moment, contemplant la carte du territoire, les six drapeaux dont l'un brisé, et porta au final sa main sur Stellarae.


- Je me joindrais aux Gardiens de Stellarae. Nos expériences, tout comme ma voie de Dévoreur, exigent des corps intacts et parfois même vivants pour aboutir. Selon vos dires, il est important de jouer sur les perceptions et de se dissimuler aux yeux des autres jusqu'à ce que j'acquière le pouvoir nécessaire. Ainsi, jouer la comédie à la Sainte lumière de Sa Majesté, Roi des Humains, me paraît la solution la plus aisée. Servir le bien nécessite une certaine dose de placidité, je ne dispose pas d'un naturel trop causant, ni même extravagant ce sera facile, mais gratifie d'une impunité lorsqu'il revient à combattre le Mal. Mes applications arcaniques seront des sentences rendues, et mes dissections des disparitions qui soulageront le monde d'un tueur ou deux. Je pourrais même servir les Dragonniers ; Tungstène doit avoir beaucoup d'enseignements à pourvoir.

Faust regardait le doigt de Sobek aller et venir entre Stellarae et les plaines, un sourire léger au visage. De toute évidence, Elpoemer ne l'avait pas déçu.


- Bien. Je me dois de vous présenter mes excuses Sobek Elpoemer, lorsque l'odre m'a été donnée de vous enseigner j'ai été dégoûté tant votre potentiel me semblait faible et votre esprit peu avisé. Je ne m'excuse pas pour tout cela, vous êtes banal, mais solide. Vos pouvoirs grandissent, vous êtes réceptifs au voile de l'Immatériel et y proliférerez convenablement, mais demeurez dénué de machiavélisme et trop peu ambitieux pour être craint. C'est exactement ce qu'il nous fallait en ce contexte où les yeux de nos ennemis guettent la brume à la recherche de crocs et d'yeux déments. Personne ne peut chercher le loup dans l'agneau que vous êtes, un agneau noir sans doute aucun, mais un agneau... Agenouillez-vous, disciple des Anciennes Magies, Sorcier en devenir.

Sobek sourit, puis eut le regard porté sur les chaussures lustrées, noires comme les plumes des corbeaux, et les lacets blancs neige du Majordome. Il ignorait les forces obscures qu'il servait désormais, mais il avait pu acquérir deux certitudes lors de cet entretien ; les personnes considérant le Vicomte comme cerveau des opérations s'étaient fourvoyés, et Faust Fortuna, être séculaire, déposait désormais sa foi en son plus récent élève. Il avait un jour souhaité une vie d'aventures, un souhait empli de la naïveté des jeunes années auquel l'expérience politique et l'âme intelligente de son Maître ajoutait une dimension héroïque.

La mort de Grey, fut-elle de la main d'une pauvre enfant avide de sang ou d'une autre nature n'importait pas, car elle avait permis au Majordome de réfléchir sur les erreurs commises et celles à ne plus commettre, de raffiner sa science des jeux de Cour au profit de Sobek Elpoemer. En réalité on pourrait même penser que Lachlan Grey n'était qu'un parmi des centaines entre les mains de Fortuna. Une lignée d'élus qui bénéficiait du Majordome le plus diabolique de tous les temps... une pensée jubilatoire.

Dans la chambre d'Elpoemer, au tons noirs et rouges, la voix du démon portait comme une déclaration d'outre-tombe. Solennelle et menaçante.


- Cette nuit un élève revient de la Nuit Noire. Dans cet exil, l'Exilé a vu des couleurs mortes et des lumières illusoires pour en revenir grandi, plein de l'acuité de ceux qui servent les forces souterraines de la sorcellerie. Les nôtres ont oeuvré pendant bien des siècles en servant les voies inconcevables des Anciens.

Même le regard baissé, Sobek Elpoemer devinait la présence d'autres dans la pièce. Trois femmes, vieilles, à la silhouette toute de noire, le regardaient de petits yeux flamboyants tandis qu'un animal -un bouc ?- mugissait à l'extérieur.


- Longue vie aux invisibles, que le règne éternel des immortels se perpétue car même dans la mort ils ne connaîtront pas l'échec. Que les mensonges et les égoïsmes soient les cordes des infidèles, que leur gloire se mue en cendre dans leur gorge. Longue vie aux Anciens, mort aux Ignorants !

L'assemblée fortuite fit écho au démon, dont la voix n'avait plus rien d'humaine, et le mugissement du bouc se fit déchaîné. On apprendrait le lendemain que Philippe le Noir avait tué deux gardes après s'être échappé de son enclos chargeant au hasard dans les ténèbres tel un possédé. Le bruit montait crescendo dans la pièce, qui sans ses magies de dissimulation habilement maintenues par Faust aurait été sujet de bien des rumeurs, et Sobek vivait une sensation d'exaltation certaine. Une fois remis sur ses jambes, et assis de nouveau face à un Faust on ne peut plus normal, il remarquait que le silence était revenu et que personne d'autre ne se trouvait chez lui. Pas de vieille sorcière, ni de figure encapuchonnée, seulement un majordome en costume noir et blanc, aux chaussures lacées et à la coiffure dernier cri.

- Vous vous rendrez dès demain en les Cavernes de Spelunca, on a récemment fait l'état d'une activité inhabituelle en son sein. Et puis... il y a quelque chose à propos de votre venue là bas... l'entendez-vous ? Un chuchotement dans le noir, tel le bêlement de Philippe tout à l'heure, un inaudible commandement des ombres à votre égard, Elpoemer. Souvenez-vous, vous servez la seule famille qui n'a jamais cautionné clairement les agissements du Vicomte Sanglant, et vous êtes un jeune homme plein de nobles intentions à l'égard de la Couronne. Servez votre pays, et laissez moi dicter le reste. Sur ce, bonne nuit.

D'un claquement de doigt du démon, l'Exilé tomba à la renverse sur son lit.




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"Le moine chassait les esprits, jadis, aujourd'hui il entreprend de rassasier leurs appétits."

La nuit levait son manteau brumeux sur le monde tandis que les feuilles dorées valsaient lentement au gré d'un vent frais lorsque le véhicule d'Elpoemer arriva finalement au Manoir Gaspiel. Par la lumière lunaire, pure et pâle, la demeure vampire prenait des allures aussi hallucinées que la montagne où elle s'établissait.

Le thaumaturge s'était absenté deux semaines, le temps de s'adapter convenablement à sa vie de recrue chez les Gardiens, et prenait grand plaisir à revenir. Ses premiers pas furent dirigés aux jardins, où il mâcha de la feuille de coca tout en s'extasiant devant les petits lacs artificiels dressés par les jardiniers sous les ordres des Maîtres.
Noé, Valerie, et Simon Gaspiel, fils, mère et père, étaient tombés dans les affres de l'addiction à diverses substances. Ils quémandaient constamment du vin épicé aux herbes elfiques, et dans leurs chambres respectives la fumée embaumait l'atmosphère, saturait les âmes, viciait les cœurs. Les servants disaient qu'ils n'avaient plus aucune conscience, qu'ils se contentaient d'arpenter mollement les couloirs à la recherche des cuisiniers, des blanchisseuses, et même qu'ils se complaisaient dans la saleté tant que leur pipe à opium demeurait pleine.

Sobek passa un moment en compagnie de ses Maîtres, à leur susurrer des mots sympathiques et signifiants, de ses aventures et songes, tandis qu'ils fumaient le narguilé avec une mine béate. Tout en leur parlant, il plantait ses yeux verts, deux émeraudes qu'un caïman arborerait fièrement, sur chacun des nobles. Tour à tour, tous approuvaient ses conseils sur la gestion du patrimoine, alternativement, ils obtempéraient à chaque nouvelle requête du crocodile. Au beau milieu des fumées doucereuses tout semblait bien plus facile, et même lorsque le guérisseur évoqua l'envolée des fonds familiaux personne ne haussa un sourcil car c'était devenu un geste difficile à esquisser. Comme tout mouvement musculaire, chaque chose coûtait aux dignitaires du clan Gaspiel, embourbés dans le besoin constant des drogues.
Tout serait fait selon les désirs de celui qui leur apportait des boules d'opium, religieusement enveloppées dans une délicate feuille d'arbre, de l'herbe elfique dans de petits sachets en soie, et même des poudres colorées qu'ils inhalaient grâce aux encensoirs. Du bonheur à l'état solide, plaisantait parfois Noé Gaspiel, le regard perdu dans le vide, et Sobek acquiesçait, le sourire aux lèvres. Il lui demanda aussi pourquoi il ne paraissait pas affecté par les drogues, et Elpoemer de répondre que certains organismes étaient plus tolérants aux poisons que d'autres. Qu'il ne fallait pas se méprendre, c'était bien là un venin qui paralysait l'âme et le corps, amputait l'être de ses convictions et déchirait la volonté même ! Mais tous lui répondirent par des soupirs.

Il leur avait toujours tenu discours similaire, que ce soit au tout début de ses heures de service, où il venait vanter les vertus thérapeutiques des fumigations, ou plus tard lorsqu'un encensoir brûlait continuellement chez tous les membres de la famille.
Ils n'avaient jamais ignoré le danger tapi sous les agréables effets des psychotropes, et en cela Faust avait eu tord d'accuser Sobek Elpoemer de manipulation. Jamais un servant ne doit attenter à ses maîtres, et le Thaumaturge chérirait ceux qui l'avaient accueilli jusqu'à leur dernier souffle, soit-il expulsé hors de sains poumons ou non. A contrario, il était plutôt attristé de constater que ces autrefois si nobles vampires avaient succombé à une vie quasi léthargique, à une existence purement empirique et de l'instant présent. Mais s'il fallait qu'il prenne les rennes du clan, dans l'ombre, alors ainsi ferait-il. Pour la survie de ses Maîtres, bien entendu, et qu'il brûle en enfer s'il tirait quelconque bénéfice de la dépendance d'autrui !

Il se retirait au bout d'un moment, laissant la noblesse vampire à ses cendres euphoriques pour se diriger dans ses appartements où il comptait dormir au moins une dizaine d'heures. Les voyages le fatiguaient grandement, et ce n'était pas bon pour sa peau. Un parangon de vertu se doit d'être beau, car la laideur sied peu aux êtres bons.
Alors qu'il se flattait de cette maxime, et comme il ouvrait la porte sur sa chambre, il eut un frisson glacé. Quelque chose l'attendait dans le noir, un monstre tout d'yeux et de bouches affamées, hirsute, macabre, moqueur, prêt à fondre sur lui dès qu'il aurait le dos tourné. Là ! Dans l'antre même où il se donnait aux sorcelleries les plus abjectes, il frémissait de savoir qu'une Chose se nichait sous ses draps, ou peut-être dans un angle, en l'observant tandis qu'elle se pourlécherait.

Rien n'était cependant en vue, et il couru se mettre au lit.

Bien entendu le sommeil ne venait pas, faute au coca peut-être, ou au monstre qu'il s'évertuait à imaginer. Là !
Dans l'ombre d'une commode, il vit une paire d'yeux le dévisager !
Elpoemer, après avoir poussé un hurlement qui ne parut alerter personne, redoublait de peur, au point que ses lèvres se mirent à trembler. Mais les yeux ne partaient pas. C'étaient deux billes carnassières, rouges comme les lunes décrites dans les récits de démonologie et à la disposition verticale rappelant les serpents. Les globes oculaires étaient dénués de corps, de visage, mais flottaient dans l'ombre, calmement, sans jamais cligner.
Cela le fit frémir de plus belle, si bien qu'il décidait au bout d'un certain temps passé à les fixer de se lever, une boule de feu en main, pour confronter la Chose.


- Qu'es-tu, abjecte forme dans l'ombre de ma commode ?!

Comme les iris inlassables ne lui répondaient d'aucune façon, Sobek cru à un effet indésirable de sa surconsommation de substances. Assurément les acides et vapeurs méphitiques avaient dû lui endommager sa perception du réel, oui, sans doute irait-il mieux après une...

- Un moine vient. Au moment même où la Lune atteindra son point culminant, où le bouc noir bêlera de sa virile voix, et où Sobek Elpoemer trouvera le sommeil viendra un exorciste. Ce n'est pas là un ami, oh non ! Le moine a perdu la vie, et les esprits qu'il chassait autrefois l'ont entraîné avec eux aux Enfers... aujourd'hui, le Thaumaturge trouvera en lui un formidable adversaire. Exorcise l'exorciste qui n'exorcise que le sang à présent ! Il n'est rien d'autre qu'une marionnette bestiale, esclave d'une lanterne corrompue ! Bâtard dégoûtant ! Tue-le Sobek ! Tue-le et régales toi de son essence ! Passe à table !

Pourtant dénués de lèvres, les yeux avaient parlé clairement, et d'une voix plutôt chantante, à un sorcier rassuré de ne pas être confronté à une apparition sinistre venu le dévorer. Pourtant, comme les yeux de serpents lui annonçaient une quête, dans un recoin du cerveau transi d'effroi du crocodile, une voix lui intimait que son guide oculaire désirait avidement goûter à sa chaire...

- BOUFFE LE ! DÉCHIRE SON PETIT CRÂNE ET METS TES DOIGTS TOUT DOUX DANS SA CERVELLE POURRIE ! ALLER ALLER ALLER ALLER ALLER ! BOUFFE LE !

Il mit feu au pan du mur qui contenait l'apparition, tant son cri strident et ses propos déplacés risquaient d'alerter les servants. La Chose criait encore lorsqu'il réussit à faire tomber en cendre l'endroit où elle se tenait, la faisant taire avec un sentiment accablant d'horreur. Sans chercher le sens de tout ceci, il sortit immédiatement dans le couloir et entrepris d'aller chercher du pain au miel dans les cuisines ; avant d'en prendre la première bouchée il décidait de ne plus jamais dormir là haut. Ses tremblements se calmaient progressivement, comme il avalait la mie avec un verre de lait, lorsque le bêlement de Phillipe le Noir, le bouc domestique de Noé, le fit sursauter.
Au bêlement du bouc...
Ses yeux s'écarquillèrent devant la Lune, haute et plus irisée que jamais, qui transperçait la petite fenêtre des cuisines de ses arrogants rayons nacrés.

Le moine était là, lui intimèrent ses tripes avec une férocité qui lui arracha presque un vomissement. Dans le jardin le bruit d'un million de carillons achevaient de confirmer cette certitude, que le sorcier était déjà dehors, sceptre à la main, et faisait tomber à ses pieds une graine de pavot qui devenait aussi vite une calebasse au rire narquois.
En dépit du surréalisme de cette soirée, il était décidé à y survivre.

Au-dessus d'un des points d'eaux, où s'élevait aussi un pont magnifiquement travaillé, flottait une figure drapée de jute trouée, sur laquelle trônait un masque de Lapin nécrosé. Debout, élancé, sur le pont, le moine maudit le toisait de sa face ravagée.
Dans les trous de son masque poussaient des ronces, et de sa bouche coulait du sang noirâtre qui s'abattait au sol avec violence dans le silence nocturne. Face à face, seul le plic ploc des gouttes d'hémoglobine perturbait la tension ambiante. Sobek remarquait que le fantôme arborait un bâton serti d'une lampe aux éclats rouges, diaboliques, et qu'il était aussi doté de deux cornes -l'une d'entre elles était brisée, et avait été substituée par une branche grossière- à la manière des Hybrides.

Quelle sinistre créature voulait le faucher ?

Une très rapide, certainement, puisqu'en un bond le moine était à ses côtés, prêt à le frapper de son arme impie. Sans l'intervention de son cucurbitacée, qui mordit avec acharnement la robe en charpie du moine à la peau pourrie, infestée de tiques et aux blessures décomposées garnies de mouches, Sobek aurait prit un coup violent.
Le moine recula en riant, comme sa peau laissait perler plus du sang noir qui se déversait à présent en un flot continu sur les fleurs du jardin. L'apparition fantomatique, au milieu des feuilles mortes qui venaient l'entourer de leur valse lente, prenait l'allure d'un démon Djöllfulin tant l'élégance de ses mouvements tranchait avec sa nature hérétique.

Ni une ni deux, Sobek Elpoemer lui crachait une gerbe de flammes dessus, à la manière d'un dragon enragé, et soutenait son attaque jusqu'à ce que les feuilles deviennent cendres et les parterres floraux des amoncelas fumants. Son ennemi avait de nouveau battu en retrait, mais l'absence totale de ses lambeaux indiquait qu'il n'avait pas été assez vif pour s'esquiver au brasier.

Cette fois-ci, presque nu, le moine dévoilait un corps grignoté par les parasites. Au niveau de son estomac l'entièreté de ses intestins se tenait à l'air libre, parcourus d'un scolopendre gigantesque qui marchait grossièrement sur son torse, allait s'enrouler autour de son cou, pour finalement plonger dans sa bouche sanguinolente avec un bruit de succion ignoble.
La tête du moine explosa, et le scolopendre devint géant, dévoilant le véritable détenteur de ce corps putréfié.

Un cas de possession par symbiose magique, en théorie, un spectacle très macabre en pratique.

Le scolopendre chargeait sans attendre, ses mouvements plus féroces que jamais, en maniant la lanterne infernale avec une dextérité insoupçonnée. Conservait-il la mémoire musculaire dudit moine ? A voir comme il perça la défense du sceptre de Sobek et lui décochait un coup de sabots, le thaumaturge comprit que oui.
Avant même de se relever, le moine était à califourchon sur le mage, et le corps sinueux du scolopendre, noir comme la peste, ondulait doucement jusqu'à tenir ses mandibules à hauteur du visage rasé d'Elpoemer.
Désarmé il n'était plus en mesure de lancer ses sorts de feu, mais il parvint à attraper une fiole d'acide qu'il conservait sur lui et la collait à travers les intestins découverts en plantant son bras presque entièrement dans l'estomac du moine.

Le scolopendre se redressait tout aussi tôt, pris de spasmes et de hurlements aigus, et de manière dégoûtante, le corps qu'il occupait commença à se décomposer. Les liches terrées dans sa peau se décrochèrent, les mouches volèrent partout, et l'insecte aux milles-pattes se dégagea totalement de son enveloppe pour venir faire front au sorcier.
Ses mandibules claquèrent dans l'air, en signe de colère, mais déjà Elpoemer l'enfermait dans un cercle magique, traçait une prison à l'aide de glyphes arcaniques, et récitait les psaumes noirs pour l'y maintenir.

Lorsque le parasite ne put s'enfuir, Sobek Elpoemer avança doucement vers la prison, les pupilles dilatées à l'extrême et la bouche écumante de flammes. Ses lèvres s'ouvrirent en deux, décrochant sa mâchoire à un angle impossible et dévoilant une dentition jusque là dissimulée, pleine de dents pointues, léchées par le feu, puis il avala tout rond le scolopendre qui disparu dans le brasier de son gosier.
Cette bestiole là avait un goût de déjà vu...




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