Comme à son habitude, l'orc forgeron grommelait tandis qu'il était baladé par son comparse éthérique en autre lieu que son atelier. En fait, même quand il n'était pas envoyé par Kelh, Tziëg grommelait. Évidemment, il ne savait faire que ça tout sauvage qu'il était. Bien sûr, habituellement, le peau vert tentait de résonner son associé sous prétexte qu'il y a de la route et que c'est dangereux car malgré sa possession de dagues, l'orc n'en restait pas moins un très mauvais combattant.

Cette fois-là, le spectre n'avait pas laissé le choix à son acolyte et lui intima l'ordre de se rendre au château de Maenor pour participer aux festivités du Roi des elfes. Lorsque le forgeron l'interrogea sur cette information, Kelh lui répondit tout simplement que l'elfe en question n'était pas tout jeune et qu'il se pourrait bien qu'il ait déjà été en contact avec le forgeron céleste ou certaines de ses réalisations légendaires. L'intéressé conclut ses explications et son ordre par l'opportunité que représentait une telle visite gratuite et légale de l'entourage du Haut-Elfe, vénéré par une bonne partie de la population de la forêt Sylfaën.


Quelques jours plus tard, l'orc était posté devant le château tentant de découvrir ce que cette bâtisse avait d'aussi extraordinaire.
- C'est... une maison comme une autre, fit remarquer l'orc.

Kelh ne perdit même pas une seconde pour souffler, soupirer ou expliquer quoi que ce soit et demeura tout simplement silencieux comme s'il n'avait rien entendu. Toutefois, le forgeron orc savait que son maître de profession ne se contentait pas de rester stoïque ; il ressentait une énergie familière venant de l'intérieur des murs, mais il n'arrivait pas à déterminer la position exacte de cette manifestation.
- Il y aurait l'une de tes forges ?
- C'est possible... J'ai collaboré avec les elfes et les Hauts-Elfes, j'en suis persuadé. C'est fort probable que notre forge commune se trouve dans le sous-sol de ces lieux.

Bien que seul Tziëg puisse entendre son comparse, l'orc se fichait bien de s'exprimer à voix haute. Que les autres le regardent bizarrement ne le gênait pas le moins du temps ; il avait toujours été considéré comme un paria depuis sa plus sévère enfance. On pouvait penser ce qu'on voulait de lui, ça ne l'importait guère. Toutefois, l'orc préféra rester discret sur tout ce qui concernait le forgeron céleste de crainte qu'on ne vienne le lui retirer.
- Alors ce Roi devrait savoir plusieurs choses...

Kelh opina et invita son hôte à se présenter aux gardes de la porte afin de pénétrer en ces lieux et mener leur petite enquête de manière plus approfondie. Hélas, parcourir les couloirs autorisés ne leur appris pas grand chose car beaucoup de portes étaient interdites au public. De rares s'ouvrirent pour laisser des invités notables y pénétrer mais même ces salons ne semblaient pas leur apporter de plus amples informations. Il ne leur restait plus que le Roi.
- Avant que tu ne fasses la moindre remarque, non, ce n'est pas une bonne idée de plaisanter sur l'enlèvement du prestigieux Cernunnos.

Bien qu'il ne connaisse pas son nom, Tziëg avait compris qui était au centre des paroles étrangement élogieuses de son associé artisanal. L'orc grogna toutefois après l'avertissement de Kelh quelque peu déçu d'avoir été si facilement percé à jour. Il décréta quand même qu'il était plus sage de rester tranquille et de ne pas donner la moindre opportunité à ces furieux elfes de l'enterrer jusqu'au cou au milieu d'une butte de fourmis. De part les différents convives, le forgeron sentait déjà quelques regards interloqués et peu amicaux, mais il ressentait de la part des gardes une certaine animosité. Les peaux-vertes n'étaient certainement pas très appréciées...
- Mais...
- Oui...

En pénétrant dans la grande-salle, les deux forgerons découvrir tout de suite que le Seigneur des Elfes possédait un artéfact fabriqué par le forgeron céleste. Ils n'arrivaient pas à déterminer sa nature, mais le Roi gardait cet objet avec lui depuis un long moment. Les deux orcs pouvaient le sentir à travers l'aura qui émanait de ce personnage. Tziëg eut même une impression très désagréable et un frisson lui parcourir tout le corps ; il lui avait semblé que le dénommé Cernunnos avait posé sur regard sur lui, quelques instants, le transperçant intégralement comme s'il avait besoin de voir à travers lui pour, par exemple, regarder le spectre...
- Allons nous-en, suggéra l'orc en crachant chaque syllabe dans différents murmures.

Kelh ne semblait pas de cet avis et invita plutôt son comparse à rejoindre la file des cadeaux située à proximité du personnage d'exception qui trônait dans cette salle. Tziëg s'y opposa, mais il ne pouvait aller à l'encontre de la suggestion de son mentor, malgré tout. Même s'il ressentait un profond malaise, l'orc voulait profiter de cette occasion pour obtenir plus d'informations, quitte à ce que les choses ne se passent pas très bien...
Tandis que le forgeron faisait la queue, le spectre porta ses yeux sur le Roi des Elfes, le lâchant presque pas du regard. Ce dernier ne lui accorda pas la moindre attention, mais Kelh indiqua à son hôte que quelque chose en lui l'empêchait de s'éloigner du moindre centimètre de l'orc, comme s'il était presque obligé de se fondre complètement en lui.
- Tant pis, je suis persuadé qu'il en sait plus sur nous qu'on ne le voudrait. Nous en entendrons peut-être parler...

Les factions étaient bien agitées ces derniers temps. Je fus à peine surpris lorsque la congrégation reçu son invitation au palais du roi des Elfes. Ce n’était certainement pas pour parler alliance sur le long terme, mais pour parler Calamité. Nos guetteurs nous avaient rapportés qu’il se passait d’étrange chose à divers endroit du continent. D’énormes cailloux qui se déplaçaient. Le Roi de ce domaine était là pour nous en parler et nous en dire un peu plus sur ce qu’il se passera ensuite.

Toutes les factions devaient serrer les coudes face à cette nouvelle menace. Les dirigeants des factions et les différents membres invités semblaient du même avis. Trois énormes rochers se déplaçaient et se rapprochaient lentement les uns des autres … qui pourrait dire ce qui se passerait si ces derniers se réunissaient pour ne former qu’un ? Il a été décidé que les factions agiraient par deux sur chacune des cibles jusqu’à ce que la menace soit anéantie, mais sans rentrer plus dans le détail, il invita la populace à festoyer et à s’amuser avant de se jeter corps et âmes dans cette nouvelle croisade. J’étais resté en retrait, assistant au discours du roi et des principaux intéressés depuis les gradins. Je n’allais pas tarder à me rendre au spectacle donné par le cirque de l’éclipse, première fois que j’entendais parler de ce groupe de clowns, mais si j’étais venu jusqu’ici, c’était surtout pour me divertir et profiter un peu de ces têtes couronnées. Que la richesse des longues oreilles soit miennes !