Après les récents évènements qui avaient agités les plaines d’Àran ces derniers jours, Greil et moi avions décidé de rester sur le qui-vive, alliant nos forces pour le moment, le temps que cela se tasse. L’attaque de Daim avait pas mal affecté Loup, secoué par l’hostilité et la colère que dégageaient tous ces animaux d’ordinaire si pacifiques. Moi-même, j’avais eu du mal à avaler toute cette histoire, comprenant finalement ce qu’avaient ressentis les habitants de la région. Mais sans l’aide du vieux soldat, jamais nous ne serions parvenus à élucider ce mystère. Son altruisme et sa sagesse faisait de lui un homme d’honneur, même sa maîtrise au combat m’avait plutôt surprise. Adepte de la stratégie, j’avais pu apprendre bien plus à ses côtés durant mon périple dans les plaines et les régions du Nord que dans l’ensemble de mon voyage autour du continent. Je m’étais quelque peu attaché à lui et avais décidé de prolonger mon voyage en terre du Nord de quelques jours avant de reprendre mon chemin vers Sylfaën.

Malgré cela, les aventures que nous avions menés jusqu’à maintenant dans la région nous avaient épuisés. Notre progression lente en était la preuve, nous avions bien besoin de repos. Notre destination était donc tout tracé, retourner à Kastalinn pour faire le plein d’énergie avant de reprendre la route. Pourtant, alors que quelques jours nous séparaient de la cité du Nord, notre cap changea brusquement, nous emmenant bien plus loin au Nord-Est que nous l’avions été jusqu’à maintenant. Inquiété par ce changement d’état d’esprit assez soudain du gaillard aux cheveux argenté, j’avais décidé de le suivre sans poser de question, devinant qu’il était sur les traces de quelqu’un ou quelque chose qu’il avait vu. Greil ne m’empêcha de le suivre et tout deux, nous nous sommes dirigés vers le Nord, dans une petite région nommée les Fjords. Des plaines, nous avons rejoint la région enneigée par le biais d’un point en bois qui avait été construit là, surplombant la grande rivière qui s’écoulait de Kastalinn à Sylfaën.

Au fur et à mesure que nous progressions dans l’inconnu des Fjords, je parvenais à distinguer une odeur bestiale assez forte accompagné d’une colère grandissante, émanant de l’individu que nous traquions de puis un moment maintenant. Tout comme moi, il semblait avoir une facette animale, mais Greil n’éprouvait aucune rancœur ni aucune colère en vers ce dernier, plutôt en forme d’anxiété. Le général s’inquiétait pour cet individu que nous suivions, certainement un proche, un ami ou une connaissance.

Notre course poursuite ralentit progressivement à me sure où l’on s’approchait des bois entourant la région. J’avais pu enfin avoir un visuel sur cette personne que l’on suivait. Sa chevelure écarlate ne passait pas inaperçue malgré l’habit qu’il portait, ceci dit, les armes que je pu décrire à sa ceinture et sur son dos m’indiquèrent qu’il n’allait pas simplement se promener dans le coin. Greil également en était venu à la même conclusion et cette forte odeur qui parcourait la forêt ne m’inspirait pas plus confiance.

Nous avancions maintenant pas à pas, aux aguets, sachant pertinemment qu’il n’y avait pas que le compagnon de Greil qui nous attendait ici bas. D’un geste de la main, il arrêta quelques secondes notre trio, me faisant signe d’être à l’écoute et de faire attention. En effet, je parvenais à percevoir des cris stridents et des chocs de métal non loin de là, de plus, il semblait y avoir une foule assez conséquente pour que le petit brouhaha nous parvienne ainsi. A travers les buissons, nous assistions à la scène qui se déroulait non loin de là et qui se trouvait être invraisemblable. Un attroupement de petites créatures à la peau pâle s’était regroupé autour d’un Géant, ficelé au centre du terrain vague où ils avaient établis leur campement. Certains d’entre eux étaient affublés de morceaux de tissus rapiécés grossièrement cousus les uns et les autres, mais tous étaient armés, ce qui laissait entrevoir le peu de diplomatie possible avec ces derniers. A la vu du Géant, Greil se crispa quelque peu également avant de rejoindre discrètement en éclaireur le guerrier roux qui se trouvait à une trentaine de mètre de nous.

Mais d’un coup, tout se précipita ! Le guerrier s’élança seul dans la mêlée, ne craignant visiblement pas le surnombre des petites créatures du Nord. Suivit de près par le général, le guerrier roux élimina deux des petits êtres du Nord qui s’était interposa et se jeta sur ce qui semblait être le supérieur hiérarchique de ces créatures. Celui-ci évita le premier assaut, mais pas le second porté par Greil, pourfendant la tête de la pauvre créature. Presque aussitôt, il se mit bien en évidence devant la foule et siffla suffisamment fort pour se faire entendre des autres petits êtres, attirant ainsi leur attention. C’est ce moment que je choisis pour intervenir. Sortant des buissons discrètement, je m’approchais de ces étranges bandits et me mis en position de combat, genoux fléchis et paume en avant. Une autre odeur bestiale sortit des bois à son tour non loin de là, une odeur qui m’était également familière malgré le temps écoulé. Semblable à un pas de danse, je pivotais sur moi-même et décochais un coup de pied fulgurant au visage de l’une de ces créatures, la clouant ainsi au tapis. Je me tournais ensuite vers le grand Minotaure qui était apparus de l’autre côté du terrain vague, le saluant de la main avec un certain sourire réjouit.

Le combat allait pouvoir commencer …

Le regard hésitant du colosse bestial semblait indiquer que ce n’était pas vraiment le moment de s’arrêter pour les courtoisies en pleines batailles. La horde de gnomes, fortement diminué après cet assaut surprise, avait été réduite en un chaos ambiant pathétique. Le désarroi régnait chez eux, nous laissant ainsi prendre l’avantage sur le combat. Un à un, le groupe allié faisait tomber les agresseurs du Nord, les réduisant au silence dans la plus grande indifférence. Le sang coulait à flot et le massacre se perpétuait, il s’agissait d’un combat à mort, rien d’autre. Alors que le guerrier roux s’enfonçait toujours plus dans la mêlée, cerné de toute part, Greil et Doebroksh vinrent lui porter secours à leur manière, le dégageant quelque peu de la situation peu évidente dans laquelle il s’était empêtré. La zone de combat se réduisant au fur et à mesure des ennemis tombé durant la bataille, je me rapprochai à mon tour pour soutenir mes camarades avant qu’un lourd tremblement ne retienne l’attention de tous. Accompagné d’un grondement, un second tremblement retentit, terrorisant les petits gnomes qui s’éparpillèrent subitement. Le géant s’était réveillé et ne semblait pas satisfait de la scène qui se déroulait devant lui. Toujours entravé par de solides liens, ce dernier ne pouvait que grogner et s’agiter sans prendre part au combat.

La surprise qu’avait créé le géant avait littéralement déstabilisée le petit peuple des glaçe, les forces alliés profitant de ce chaos pour faire tomber davantage de cadavre sur le sol. Deux de ces gnomes, qui n’avaient sans doute jamais imaginés qu’une chose pareil arriverait dans leur petit campement, tentèrent de s’enfuir en direction des bois, fuyant le minotaure et les deux guerriers aux longues lames. Ma présence n’avait pas été aussi couverte de sang que mes compères, mais je luttais pour les mêmes raisons et il n’était pas question de laisser s’échapper ces sournoises créatures. Ils n’avaient tout simplement pas pris peur en se rapprochant de moi pour gagner la forêt, moi qui me tenais encore à l’écart du centre du conflit. Peut-être m’avaient-ils pris pour un simple spectateur gringalet. Toujours est-il qu’à leur passage à mon niveau, je décochai simultanément un coup de genou et un coup de coude virulent dans le visage de ces messieurs en tournant sur moi-même. Le premier, le nez cassé, perdit connaissance et fut projeté contre l’arbre se trouvant derrière lui. Quant au second, il se tenait douloureusement la mâchoire, tremblant de tout son corps. Le choc lui avait détaché cette dernière et il ne devait sans doute pas comprendre ce qui lui arrivait. Je décidais de le laisser fuir, jaugeant qu’il ne pourrait plus rien faire à notre encontre pour le moment puis, je me dépêchai de rejoindre le reste du groupe qui finissait de nettoyer la zone avant de libérer le prisonnier.

Le combat touche à sa fin on dirait …