Voilà quelques heures que la nordienne avait enfin atteint l’île de Wystéria avec un petit groupe et un équipage de marins … ou des pirates, plus probablement. Mais ce détail, Hilda s’en fichait. On lui avait promis deux choses sur cette partie du monde : une amélioration de sa magie et de féroces créatures à combattre. Si le premier point serait long et fastidieux, rien ne l’empêchait d’explorer un peu et d’étudier la faune locale. Alors, quand l’elfe noire du groupe s’enfonça dans la jungle avoisinante, Hilda profita que l’attention soit sur son départ et quitta également le campement en longeant la plage, sa ménagerie sur les talons. Après un voyage entier dans la cale, son pégase méritait un peu de liberté de toute façon, alors la jeune femme ne l’avait pas attaché, mais celui-ci préféra se dégourdir les ailes et les pattes non loin du campement. ”Soit, qu’il reste là alors.” Bien sûr, la nordienne avait également pris tout son matériel de chasse, qui sait sur quel bestiole elle tomberait.

Le vent chaut de Wystéria glissant entre ses nattes lui faisait étrange. Elle qui venait des Fjords, ici, il lui fallait oublier de porter sa cape de fourrure, sous peine d’avoir un coup de chaleur. Ses bottes s'enfonçaient dans le sable, crissant sous ses pas. Et puis, voilà que la jeune femme apperçu l’entrée d’une immense grotte au loin. ”Parfat.” Vu la tête de l’enfoncement rocheux, la nordienne pourrait sans doute y trouver une créature d’une grosseur incroyable.

Mais la demi-elfe n’eut pas à se rendre bien loin. Tandis que ses pas approchaient de ce qui pouvait être l’antre d’une bête énorme, une tête d’aspect draconique se manifesta, suivit bientôt du reste de l’animal. Hilda se cacha alors derrière un amoncellement rocheux et observa la créature. ”Deux pattes, deux ailes et un aspect de dragon ? Sans doute une wyverne si je me fit aux légendes. Voilà qui promet un bon défi … plus qu’intéressant.” D’un mouvement rapide, la völva encocha une flèche et tira sur le reptile géant, le projectile allant se ficher tout droit dans une patte. Hilda nota donc que leur peau n’était pas si solide qu’il n’y paraissait de prime abord. Voilà qui lui donnerait un avantage.

Poussant un rugissement, la wyverne tourna son regard vers la völva et fonça tête baissée vers la source de sa douleur. S’en suivit alors un combat acharné entre la demi-elfe et la créature d’aspect draconique. Coups d’épée, de griffe et de queue allaient dans tous les sens, mais la nordienne tint bon. Et puis, après un bon moment, la voilà qui aperçut une ouverture. Bondissant sur l’occasion, Hilda se retrouva sur le coup de la bête, non loin de son crâne. Plongeant sa lame de toute ses forces, celle-ci se retrouva entre deux vertèbres de la nuque de la créature, qui s’écroula aussitôt. Sans un cri, la vie quitta les yeux de la bête, tandis qu’Hilda s’écroulait au sol non loin, à bout de souffle.

Après quelques instants, la demi-elfe poussa un cri de triomphe.

- On a réussi Muninn ! On a vaincu une wyverne !

L’oiseau noir lui r épondit d’un simple croassement. Mann s’approcha alors afin de soigner les nombreuses blessures de la nordienne.

- Merci à toi aussi, Mann. Une chance que t’es là.

Une fois de nouveau sur pied, Hilda commença le dépeçage, ramassant ce qu’elle pouvait en termes de peau et de viande. Sans oublier un trophée : une dent aussi grosse que sa main, que la völva transformerai volontiers en pendentif. Le reste, elle le laissa à la nature de l’île.

Hilda avançait prudemment à travers la jungle luxuriante, ses pas étouffés par le tapis épais de feuilles mortes et de mousse. La chaleur étouffante et l'humidité omniprésente faisaient perler des gouttes de sueur sur son front, mais elle s’en foutait, concentrée sur sa volonté de chasser une nouvelle wyverne. Muninn, son corbeau, volait silencieusement au-dessus des arbres, ses yeux perçants scrutant les environs à la recherche de la bête redoutée. À Guillaëd, la demi-elfe avait acquis un nouvel arc, bien plus robuste que celui avec lequel elle chassait depuis son départ. Celui-ci était en bois de baobab, tout comme ses nouvelles flèches d’ailleurs, la pointe de ses munitions étant faite de diamant. Avec ça, sans doute que sa proie ferait moins la maline, ne restait donc qu’à tester.

Soudain, Muninn poussa un cri aigu et plana en cercle au-dessus d'une clairière en contrebas. La nordienne comprit immédiatement le signal du volatile et s'accroupit, avançant lentement vers l'endroit qu’il lui indiquait, Mann sur les talons. En approchant, elle vit les traces caractéristiques des griffes de la wyverne sur un tronc d'arbre massif, ainsi que des ossements éparpillés autour. La créature ne devait donc pas être très loin, surtout si elle venait de terminer son repas. La völva siffla alors un bref son, rappelant son corbeau avant qu’il ne se finisse à son tour dans l’estomac de la créature ailée. Elle leva ensuite les yeux vers la silhouette imposante de la wyverne et encocha silencieusement une première flèche. Dès que la jeune femme en sentit l’opportunité, le projectile partit en direction de l’animal volant. Comme prévu, la flèche transperça le flanc de la wyverne, forçant celle-ci à se poser sous le coup de la douleur. Quelques flèches supplémentaires bien tirées mirent fin à son calvaire, offrant une nouvelle victoire à la nordienne. Décidément, ce nouvel arc avait été un excellent achat, si bien qu’Hilda récupéra précautionneusement ses munitions.

La jungle était une mer de vert, des lianes tombant en cascades entre les arbres gigantesques, tandis que des fleurs tropicales de couleurs vives parsemaient le sol. Hilda se faufilait parmi les ombres, sa respiration mesurée et ses sens en alerte. Son arc en baobab était déjà en main, une flèche encochée, prêt à être utilisé à la moindre alerte. Muninn, son corbeau, volait en éclaireur, ses plumes noires contrastant avec la verdure environnante. Il poussait des cris rauques de temps à autre, guidant Hilda dans cette végétation luxuriante. À ses pieds, Mann, son renard esprit, se déplaçait silencieusement, suivant le duo pour prodiguer ses soins magiques en cas de problème.

Le bruit des créatures de la jungle était constant, mais la nordienne avait appris à chasser très jeune, il ne lui avait donc fallu que peu de temps pour distinguer les sons habituels des anomalies. Soudain, Muninn s'éleva en spirale, signalant qu’il avait trouvé une proie plus loin. La demi-elfe se baissa, écoutant attentivement. Un rugissement lointain se fit entendre, suivi du craquement de branches lourdes. La wyverne était proche. D’un pas prudent, la jeune femme atteignit une clairière où les arbres semblaient avoir été arrachés par des griffes et des coups de queue. Les restes d’animaux et autres bestioles malchanceuses jonchaient le sol, preuve de la présence du prédateur. Hilda fit signe à son oiseau de monter plus haut pour surveiller, tandis que Mann reniflait le sol, suivant une piste invisible.

Elle aperçut enfin le reptile volant, massif et redoutable. La créature se tenait près d'un petit ruisseau, ses yeux perçants balayant les environs. La nordienne savait que la surprise était son meilleur atout. Avec une rapidité silencieuse, la völva décocha sa flèche, l’une parmi celles aux pointes en diamant, visant le flanc vulnérable de la bête. La flèche siffla à travers l'air et se planta dans la peau écailleuse de la wyverne. Le monstre poussa un cri de rage et se retourna, cherchant l'origine de l'attaque. Hilda n'attendit pas. Elle encocha une autre flèche et tira de nouveau, visant cette fois le cou du reptile volant. La wyverne fouetta alors l'air avec sa queue, mais le groupe esquiva avec agilité. La demi-elfe courut ensuite en avant, son épée reptilienne tirée de son fourreau, la lame brillant sous les rayons du soleil déclinant.

La bataille fut féroce mais brève. La nordienne esquiva les griffes et les crocs de la wyverne la plupart du temps, n’ayant été projetée contre les arbres qu’une fois ou deux. D'un coup précis et puissant, elle planta finalement sa lame dans la nuque de la créature, après avoir grimper sur son long cou en agrippant l’une de ses cornes. Le corps massif de la wyverne s'effondra dans un fracas de branches brisées et de feuilles froissées. Muninn croassa triomphalement, revenant se poser sur l'épaule de la jeune femme, tandis que Mann léchait brillait déjà d’une douce lumière, englobant sa maîtresse avec, afin de guérir les blessures de la demi-elfe. Hilda s'agenouilla alors à côté de la wyverne, posant une main respectueuse sur ses écailles désormais immobiles, remerciant silencieusement pour ce combat difficile et riche en expérience. Ne lui restait désormais plus qu’à dépecer la bête et rentrer.

La jungle était oppressante, un vrai labyrinthe de verdure où régnait une drôle d’ambiance en cette période de crépuscule, entre le jour et la nuit. Hilda, accompagnée de Muninn et Mann, avait choisi ce moment pour partir à la chasse à la wyverne. Le trio avançait avec prudence, chaque pas de la demi-elfe était calculé pour ne pas révéler leur présence. Car qui sait ce qui se cachait dans les ombres naissantes ? Arc en main et prête à tirer au moindre signe de sa proie, la nordienne guettait les environs, aidée de son corbeau. Mann lui manifesta finalement des empreintes fraîches sur le sol, sans compter les branches cassées. Pas de doute, c’était là l’oeuvre du reptile volant que traquait la jeune femme. Suivant cette piste, le trio trouva finalement l’entrée d’une caverne, le repaire de l’animal. Toujours avec prudence, Hilda se glissa à l’intérieur, suivit de sa ménagerie.

La wyverne que la nordienne finit par apercevoir était bien plus grande que les autres qu’elle avait chassé jusqu’ici. Bien, voilà qui lui procurerait un défi supplémentaire, pour son plus grand plaisir. La nordienne analysa la situation. La caverne était suffisamment spacieuse pour permettre au reptile volant de se mouvoir debout sans problème, mais sans plus, n’ayant que quelques mètres entre l’entrée et son nid. Quelques ossements traînaient également ici et là, il lui faudrait donc être prudente afin d’éviter de tomber sur un os et de se blesser.

Se mettant à couvert derrière l’un des rochers camouflant l’entrée, la demi-elfe banda son arc et relâcha la flèche en direction de la wyverne endormie. Le projectile fit mouche, se plantant dans la cuisse de l’animal. Celle-ci réagissait aussitôt et se redressa, hurlant en direction d’Hilda. D’une rapidité qui surprit la jeune femme, le reptile volant balança un puissant coup de queue qui l’envoya valser contre un arbre. Le souffle coupé sur l’instant, Hilda eut de la difficulté à se relever. ”Saloperie, j’crois qu’il m'a brisé une côte ou deux.” Il lui faudrait donc être plus prudente. Malgré la douleur, Hilda se releva et étudia rapidement la situation. La wyverne l’avait envoyé valser à l’extérieur de sa grotte, ne restait qu’à l’attirer par ici.

Elle encocha une nouvelle flèche, visant l’animal. Cette fois, ce fut la membrane de l’une de ses ailes qui réceptionna le type, la transperçant de part en part. La bête s’élança alors vers la nordienne, mais bien vite, Muninn lui vint en aide, tentant de percer les yeux de la wyverne de son bec. Sans succès bien sûr, hormis enrager encore plus le reptile volant. Mais cela permit à la jeune femme de tirer un nouveau projectile, cette fois dans le flan. Et le combat dura ainsi un bon moment, entre coups de la bête, coup de bec et de serres du corbeau et flèches de la demi-elfe. Heureusement pour la nordienne, le combat se termina en sa faveur, finissant par venir à bout de l’animal. Bien vite, là voilà qui s’écroulait au sol, de douleur et de fatigue. Mann vint aussitôt en aide à sa maîtresse, lui prodiguant sa magie de soin.

- Merci, Mann. Je suis bien heureuse de t’avoir avec moi.

Une fois soignée, la völva alluma un feu, la nuit étant tombée, et commença le dépeçage de la wyverne.

La dernière séance de chasse mena Hilda, Mann et Hófvarpnir dans les profondeurs étouffantes de la jungle de Wystéria. Les arbres gigantesques, recouverts de mousses et de lianes, formaient une canopée dense qui plongeait le sol dans une pénombre permanente. L’air, humide et lourd, portait l’odeur de fleurs exotiques mêlée à celle de la végétation en décomposition. Hófvarpnir marchait avec précaution, ses sabots noirs évitant les racines tortueuses et les flaques d’eau stagnante. Mann, toujours alerte, bondissait agilement de racine en racine, ses yeux brillants scrutant les hauteurs. Hilda avançait à pied, son arc à la main, ses sens en alerte. La wyverne qu’elle traquait était un prédateur redoutable, rapide et rusé, et la demi-elfe savait qu’un simple faux pas pourrait être fatal.

Après plusieurs heures à traverser la jungle, Mann s’immobilisa soudainement sur une racine basse, son pelage iridescent se hérissant légèrement. L’esprit émit un jappement sourd, signalant qu’il avait repéré quelque chose. La nordienne s’arrêta, suivant son regard. Une ombre massive passa furtivement au-dessus d’eux, les feuilles bruissant sous le passage de grandes ailes membraneuses.

- Elle est là …, murmura-t-elle en levant les yeux.

La wyverne, un imposant reptile volant aux écailles solides, était perchée sur une branche gigantesque à une vingtaine de mètres du sol. Ses griffes acérées s’enfonçaient dans le bois, et ses yeux jaunes brillaient d’une lueur perçante. La créature semblait les observer, son long cou ondulant légèrement comme un serpent. Hófvarpnir hennit doucement, prêt à intervenir. Hilda ajusta une flèche dans son arc et inspira profondément, son regard fixé sur la créature. Elle décocha son premier tir, qui fila droit vers la wyverne. La flèche atteignit son flanc, mais les écailles épaisses absorbèrent une grande partie de l’impact. La wyverne poussa un cri strident, déployant ses ailes avec fracas. Elle bondit de sa branche, plongeant vers eux avec une vitesse fulgurante. Hófvarpnir réagit instantanément, s’élevant dans les airs pour détourner son attention. Mann, quant à lui, bondit au sol et se fondit dans les ombres, prêt à surgir pour distraire la bête si nécessaire.