Les mines parlaient déjà plus à Urua. Sans y avoir jamais travaillé, il connaissait les minerais à l'œil et au toucher. Il en utilisait assez et depuis tellement longtemps qu'ils n'avaient plus de secret pour lui. Cependant, en arrivant sur les lieux, il fut très intéressé par un chariot où étaient amoncelés des quantités de roches contenant plus ou moins de métal d'un argenté sombre. Le forgeron était impatient de découvrir comment purifier et fondre ce métal pour en faire de nouvelles pièces. Un ouvrier le repéra et s'avança vers lui. Ils semblaient moins effarouchés que les bûcherons. Leur travail était certes plus intese et éprouvant, ils devaient moins s'effrayer.
- C'est toi que Dara nous envoi ? Tu as l'air d'avoir de la force mais ta carrure posera problème pour creuser profond.
Simple, direct, franc, un caractère qu'Urua appréciait. Il n'aimait pas perdre son temps en palabres avec ceux qui aimaient s'écouter parler. Qu'il s'agisse d'un débat animé et intéressant était une chose mais un laïus sur la bonne situation d'un scribe l'ennuierait au plus haut point. Il suivit donc son tuteur de la journée vers la bouche d'une mine. Le but de la journée serait de remplir un petit chariot à main à l'aide d'une pioche visiblement forgée dans le même matériaux. Cette fois, plus de passe droit avec ses griffes, il devrait y mettre de l'huile de coude.
Urua se plongea donc dans le travail et laissa son esprit vagabonder tandis qu'il martelait la roche de son outil. Le travail physique lui était très agréable. Il permettait d'organiser ses pensées et de dépenser l'énergie qu'il accumulait. C'était très utile pour relâcher la tension aussi. Un geste répétitif et manuel convenait parfaitement à une détente totale et un lâcher prise qu'il avait rarement l'occasion de vivre. Avant qu'il ne s'en rende compte, il avait déjà un chariot qui débordait presque. Il se reposa quelques instants avant d'aller trouver le Djöllfulin qui l'avait accueilli.
- Eh ben, on va pouvoir faire quelque chose de toi au moins.
Le compliment détourné fit mouche et Urua se sentit fier de sa performance. Il sentait qu'il gagnait petit à petit le cœur de ces êtres cornus et il s'attachait aussi à eux. Leur mode de vie lui parlait et lui plaisait.
