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Le Monde de Dùralas


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 [Solo] L'Antédiluvien

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Dagon
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MessageSujet: [Solo] L'Antédiluvien   [Solo] L'Antédiluvien EmptySam 24 Juil 2021 - 12:55
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Chapitre I : Oniromancie
Titane

Un immense plateau brumeux, opaque, laiteux. Un soleil obscurci par des eaux glacées et anciennes, tranché par les tours en pierre d'asphalte des cités noyées ; telle est la demeure des monstres originelles, des serpents qui enroulent leurs anneaux autour du centre des plus profondes fosses dans les plus noires des mers et des Léviathans qui, depuis la création de toute chose, restent immobiles, attendant le glas qui sonnera leur ascension afin de rendre à la mer tout ce qu'elle a donné à la surface.  Nichés au cœur des dédales physiques et intangibles de ce Monde, les Anciens restent dissimulés à la vue des Hommes, prodiguant leurs rêves aux servants dignes d'être gratifiés d'une vision.

Un Dagon, par exemple.

Lové dans une anémone, sa queue glabre et luisante enroulée autour d'un corps tout aussi lisse, le Dagon tourne ses yeux clos vers des Mondes imperceptibles et des réalités ouvertes à sa condition de descendant du Roi des Abysses.
Son esprit, nourri au contact de la surface, vagabonde et arpente la toile tissée par les bulots, bernard-l’hermites, et crabes, qui disparaissent dans des trous trop petits pour être épiés, trop discrets pour être remarqués. Les mollusques, à l'abri des regards indiscrets, vont et viennent, laissant derrière eux la piste qui mène aux royaumes des Léviathans.
Et le Dagon, l'intérieur de son crâne disproportionné luisant de milles feux, se lance à la poursuite des indices du pays des rêves, des profondeurs à jamais vierges, des cités englouties et des royaumes noyés.
Son esprit et ses yeux sont tournés vers une gargantuesque toile qui relient tous les servants des Profondeurs, d'Ishtar à la Banquise, de Wystéria à Hukutav, du terrier du lièvre noir à la cavité du serpent orange et blanc, le savoir va et vient, sans même qu'une règle ne formalise ce processus inné aux abyssaux de la tempête dont Dagon est le Prince et le Parangon.

Le Dagon rêve aux passés des siens. Au futur, et au présent.
Tandis que des baleines, portées par l'été suffoquant, entament leurs chants nuptiaux et que des requins valsent frénétiquement autour de bancs de poissons luisants, le Dagon devient les Océans, les fleuves et rivières, et la pluie, toute eau qui a, qui est, et qui sera.

Le Dagon est la Tempête.
Le Dagon est le raz-de-marée.
Le Dagon est la rosée.
Le Dagon est toute chose qui doit sa vie aux Abysses.

Puis, rappelé à l'ordre par la fragilité des oniromancies auxquelles il s'adonne, le Dagon relâche un épais torrent de bulles tandis qu'il s'éveille oubliant déjà la moitié des choses qu'il a entraperçues dans ces recoins obscures de l'existence.
Il étire ses pattes, déploie sa longue langue, et frétille sous la douce influence de la torpeur qui encore le guette. Les siens, s'il y en a d'autres, dorment longtemps, presque toute la journée, et mangent tout autant ; il a faim !

D'un geste à la rapidité qu'on ne lui soupçonnerait pas, il s'élance à quatre pattes sur une palourde et colle son front contre celle-ci. Elle s'ouvre, encouragée par les brillances formidables qui luisent dans le crâne du Dagon, offrant un festin de chair et tendons au prédateur qui y enfonce avec une joie à peine contenue sa bouche dissimulée sous ses tentacules buccales.
Une bouche hérissée, à la manière des lamproies ses cousins, de milles dents acérées et crochues.

Son petit-déjeuner avalé, le Dagon se laisse porter par un instinct qui lui commande de se rendre à Ishtar lorsque la Lune commandera aux marées de monter, en début de soirée. De son nid jusqu'à la surface, le bébé calamité en a bien pour plusieurs heures, ainsi il décide de créer une bulle d'air en soufflant très fort dans l'eau et de s'y réfugier le temps de l'ascension.
Pour dormir un peu plus.

Des lames, du sang, et un plateau brumeux, opaque, infini. Des bipèdes à la peau d'acier et aux yeux rouges, injectés de feu. Le goût âcre des cendres et de la fumée sous une pluie fine, le bruit des vers et des mouches qui abondent dans les flaques, l'horrible fracas des griffes et du fer sur des enclumes, la toile d'une tente qui bat au vent et les inondations qui montent.
La Lune se lève.
Une Lune rousse, un œil flamboyant et impitoyable de condescendance qui toise les bipèdes et leur champ de mort.
Quel monde cruel et impure attend le Prince des marées, l'enfant de l'écume !
Que d'hérésies sur la terre de ceux qui se détournent des forces primordiales de l'univers, ceux qui ont jadis volé le Feu, ceux qui perpétuent la prédation sur leur propre espèce car leurs pupilles ont jadis fondu en contemplant le brasier des forges célestes !
Le Dagon doit savoir se défendre.
Ce Dagon doit se faire l'avant-garde de la houle et la furie du tonnerre.
Le Dagon doit rêver à l'éclosion d'une forme nouvelle.
La Lune rousse laisse place à l'astre de feu et un incendie consume toute peau encrassée dans la boue. Des odeurs pestilentielles, la décomposition et la sécheresse, vont et viennes en des vagues noires et cramoisies, s'échouer sur l'esprit du Dagon.

Lorsque le Dagon s'éveille, il est sur la plage d'Ishtar et ses yeux ont gagné la couleur des eaux stagnantes des songes qui s'évaporent en son esprit. La violence des rêves laisse en lui des sillons acides et une fatigue musculaire certaine qui déjà se rétractent au contact chaleureux des odeurs salines, l'écume et les vagues chassent le tonnerre de la guerre, mais, un instinct nouveau est né en ce Dagon.
Comme il s'éveille, sur un lit d'algues et de coquillages roses et rouges, une couronne de fleurs tressée par une jeune femme qui le regarde avec une piété sans égale, et qu'une petite assemblée de fidèles des abysses s'est dressée autour de son arrivée pour le protéger durant son sommeil, ce Dagon est nouveau.
Il cligne des yeux, et observe les êtres humains, les singes capables d'adoration aussi dévouée que des violences les plus ferventes, avec un regard renouvelé.

Ce Dagon, les iris rougies et le crâne chatoyant, se lève sans plus y réfléchir sur ses deux jambes, et pose ses appendices buccaux sur le front de la femelle qui lui a offert la couronne d'algues et fleurs marines. Elle se cabre, frissonne, et sa voix se fait plus lente, comme si donner une intonation à sa phrase était difficile ou totalement non naturel.


- Qu'on m'apporte l'objet de ma venue. murmure la possédée.

Et un vieillard édenté, au regard vague et dont la bouche déborde de bave, hurle de joie. Ses vêtements en haillons, ses pieds sans chausses, et sa chevelure hirsute composée de croûtes et nattes sales jure avec l'énorme boîte, emballage raffiné de son offrande pour les Dieux Noyés.

- Ph'nglui mglw'nafh Dagon R'lyeh wgah'nagl fhtagn ! Acceptez cet humble présent, prince des cités englouties et accordez nous de rêver aux lumières étourdissantes des profondeurs !

La dizaine d'individus reprend en cœur la formule presque cléricale, comme trois des hommes, dont le plus vieux, portent le joli contenant jusqu'au Dagon perché à présent sur le crâne de la jeune fille. Là, à genoux, son regard parcouru d'éclairs irisés et sa robe offerte aux vents de la mer, tandis que ses cheveux roux flottent sous l'effet de la télépathie du Dagon sur ses cheveux, elle ressemble à une véritable idole.
On l'offrira le lendemain aux requins en récompense d'avoir été choisie par les Anciens qui à jamais dorment, attendant le glas qui sonnera le déluge dernier.

Agissant à travers les mains de la femelle, Dagon fait coulisser le couvercle de l'écrin et ce qu'il voit lui fait tout d'abord froid dans le dos.
Une faux.

Elle fait le double de sa taille, voire le triple, et sa lame semble capable de pourfendre la Lune elle-même.
Il repense au sang, au feu et aux cendres qui tapissent les champs de mort des hommes.
Puis, instinctivement, il descend de la chevelure rousse et se laisse tomber sur l'arme.

Les hommes posent à terre le Dagon, qui caresse chaque centimètre de l'acier, semble s'imprégner du moindre détail de l'arme.
Toute la nuit, il restera couché sur son offrande, sa peau en contact avec cette faux.
Toute la nuit son épiderme frétillera, s'allongera et tâtera l'objet de mort.

Jusqu'au petit matin où il retournera plonger dans les Abysses, différent cette fois, car ses mains ont changé à découvrir ce nouvel ustensile. La lame de la faux aura disparu, et ses doigts jadis boudinés et imprécis aussi ; ils seront devenus pareils à ceux qui ont jadis manié l'arme, et sertis de griffes rétractables en acier pur.
Capable de pourfendre la Lune elle-même.

Le Dagon, lorsqu'il s'assoupira de nouveau dans une bulle pour entamer sa descendantes aux Abysses, aura fusionné avec l'arme.

Les Léviathans ont montré au Dagon le sentier de l'évolution, et ce Dagon sait à présent ce qu'il doit faire.




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MessageSujet: Re: [Solo] L'Antédiluvien   [Solo] L'Antédiluvien EmptyJeu 5 Aoû 2021 - 11:41
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Chapitre I : Oniromancie
L’œil qui épiait Dùralas

Le Dagon à jamais lové dans un nid corallien, sa queue confortablement enroulée autour de son corps, désormais parcouru d'une échine dorsale en pointes de métal depuis l'absorption de la faux en son organisme, rêvait à d'étrangers paysages.

Il s'était hissé par l'esprit dans les gouffres qui parcourent les cratères situés en les fonds-marins, avait nagé jusqu'aux carrefours qui relient la contrée Immatérielle et les Cités englouties où les grands Léviathans déroulent inlassablement leurs anneaux sous la férule de dieux oubliés, sans nom. D'emblée, alors qu'il traversait le temps et l'espace, subrepticement guidé par les fils qui tirent à eux tout rêveur accompli, le Natsuhydrien, fils des marées et prince des écumes, se fit la réflexion que son contact de plus en plus prolongé avec le monde de la surface l'ouvrait à des visions et à des évolutions inédites pour l'un des siens.
Ce Dagon, les tentacules de son corps physique, endormi, battant l'air d'excitation, avait hâte de rêver à de nouvelles sensations. Avec la naïveté de celui qui ignore tout des dangers de ce monde.

Nageant à contre-courant dans les eaux bénites des Léviathans dont il était le protégé, ce Dagon s'extirpait aux Abysses pour s'élever en esprit au-dessus des Mers dans le but de rejoindre à nouveau, par voyage astral, la forêt de Sylfaën qu'il avait à peine explorée avec Aeden. Alors qu'il fendait la houle, entouré de dauphins occupés à chasser des poissons-volants, coordonnant leurs mouvements de leur langage complexe -plus que celui des hommes, s'il devait émettre un jugement rationnel- il aperçu, sur sa gauche, la Lune élevée, ronde, terrifiante au-dessus de montagnes hallucinées.
Le massif en question semblait s'élever au-dessus des cieux eux-mêmes de ses pointes rocheuses affûtées, pareilles à des dents de Teeban, lorgnant les astres de leur brume insondable, même pour lui, et il ne sut réellement ce qui le fit changer de direction, mais quelque chose de magnétique était à l’œuvre en ces lieux. Une sensation étrange le gagna, tandis qu'il concentrait son regard sur le plus haut sommet de la plus haute montagne, sorte d'iris reptilienne au milieu du satellite laiteux, et il compris que la Lune se muait en un œil géant.

Nageant dans les eaux profondes du monde qui jouxte le nôtre, là où les Esprits et les Rêveurs arpentaient les brumes de ce qui était caché aux sens terrestres, le filtre de l'Immatériel lui renvoyait des images inquiétantes de lumières étranges et orangés, chants religieux distordus, et il commença à voir, comme il se rapprochait des falaises rocheuses du massif, des veines à la surface de celui-ci.
La magie qui parcourait l'endroit était autant de vaisseaux irrigués par une magie transfigurée, impropre à l'éther pur qui baignait les Abysses, antithétique à la norme qui doit régir chaque chose. Cela ne fit qu'attiser son désir de découvrir ces terres qui paraissaient animée d'une vie propre. Il s'éleva donc un peu plus loin, en direction des hauteurs somptueuses des montagnes de Spelunca ; en prenant soin d'éviter d'entrer en contact avec les canaux sanguins qui striaient la surface de la pierre, il battit de la queue afin de se hisser au travers du voile opaque et brumeux qui baignait ses hauteurs.

Au milieu de la fumée, en pleine nuit, la seule lumière qui lui parvenait était celle de l'atroce œil rouge qui épiait tout Dùralas. La Lune et son iris de serpent faisait danser dans l'ombre des cimes de bien étranges illusions, et les psaumes qu'il percevait comme des murmures lorsque encore au pied des falaises, se muaient à présent en véritables chœurs forcenés.
Il y avait ici les mêmes puissances que dans les Cités Endormies du Père Natsuhydr, des magies si primitives, si différentes de la torpeur bénigne qui arrosait Ishtar et Sylfaën, que ce Dagon s'y sentait à la fois bien et inquiet de savoir ce qui nageait à l'abri des regards.

Il ne tarda pas à se retrouver au sommet de la plus haute cime, de la plus haute montagne, face à une tour de ce qui lui apparaissait désormais comme un château. Ce Dagon, face au gargantuesque œil rouge qu'était la Lune, tourna son esprit en direction du Massif qu'il savait vivant, et plongea dans les chants qui s'élevaient de la montagne.
Il fut projeté dans les veines qui battaient sur la peau rocheuses du Massif, là où coulait le sang noir qui donnait sa vitalité et vie propre aux montagnes hallucinées.

Il vit des yeux rouges, insondables, en feu, et une nuée de crocs et griffes prêts à déchirer la jugulaire du fleuve d'éther, une Bête jadis endormie s'était éveillée et tandis qu'elle s'abreuvait de sangs aussi vieux que le Monde, aussi vieux que les Léviathans dont les écailles enserraient les piliers des cités englouties, la Bête, sangsue avide qui pourrait avaler le Monde et les Univers qui l’avoisinent, gagnait en puissance.
Ici, il n'était nulle question de respecter la nature qui avait donné vie aux Mers et à la Tempête, il n'y avait nulles créatures ni descendants qui travaillaient de concert pour la survie du Massif, mais une seule singularité, comme le centre d'une tornade, un trou noir aux couleurs hypnotiques, qui attirait et distordait tout autour de lui.

Qui était-il ?
Ce Dagon, sachant désormais que l’œil et les cantiques n'étaient que la surface immergée de la Bête qui agissait à l'abri des regards, voulait ardemment s'enquérir de ce qui se passait réellement. Après tout, Spelunca -l'endroit lui avait murmuré son nom, il le répétait aveuglément et en boucle à vrai dire, loin de la tranquille sagesse qui régissait les arbres de Sylfaën, ces montagnes semblaient stupides, gorgées d'un sang anabolisant, abrutissant- était voisin à ses Mers, et si les récits que lui en avaient fait les poissons-prêtres décrivaient un territoire scindé entre les Loups et les Vampires, une terre où le sang coulait perpétuellement, comme si une malédiction commandait à ce que les immortels nourrissent le Massif, ce Dagon ressentait les choses bien différemment.
Il était certain, a contrario des savoirs -qu'il commençait à juger datés- des poissons-prêtres, que Spelunca tout entier était parcouru de ces veines, vaisseaux, et les Abysses seules savent quoi d'autre. Que, dans les cavernes à la profondeur insondable où jamais il n'oserait projeter son âme, une chauve-souris montée sur un loup chantaient ensemble.

Alors qu'il avait tourné son âme afin qu'elle ne remonte les canaux sanguins du mont, afin d'en chercher la source, celle-ci la trouva avant même qu'il ne soit à mi-chemin.
Au centre de l'iris désormais flamboyante de la Lune, la Bête l'épiait.
Depuis combien de temps ?

C'était une créature à l'apparence d'homme, mais, loin de se laisser duper par la magie immémoriale de l'endroit, et car le Dagon savait percevoir grâce à ses yeux hérités de son Père Natsuhydr les choses qui dansaient au-delà du spectre de la réalité, il percevait par vagues qu'il avait au-dessus de lui une créature au mieux son égale, au pire, un danger.
Le corps de ce Dagon s'allongea en conséquent, s'hérissa de pointes de titanes et sa queue gagna un dard d'acier tandis que sa bouche levait ses tentacules pour dévoiler un abysse de crocs aiguisés. Il tentait d'intimider la Bête qui s'extirpait des flammes qui dansaient à la surface de la Lune, prenant petit à petit une forme de bipède.

Mais la Bête ne réagit pas, pas de suite, elle se contenta de rester au centre de la Lune, la tête penchée, tandis que du bout des doigts elle commandait aux rivières de sang de Spelunca de venir se hisser jusqu'à ses lèvres.
Loin d'être rassuré, le Dagon se cambra, prêt à bondir, tandis qu'il observait tout autour de lui les veines du Massif exploser en des gerbes de sang pour serpenter dans les airs, jusqu'à rejoindre leur Maître.


- N’aies crainte, jeune Calamité. Si c'était du mal que je te souhaitais, mes corbeaux et mes loups t'auraient déjà réduits en quartiers.

Au milieu de ce tableau surréaliste de rivières pourpres et Lune en feu, le Dagon percevait la voix de la Bête comme un murmure provenant de toutes les directions. Si le Dagon était le raz-de-marée, la Tempête, et toute chose qui doit sa vie aux Abysses, la Bête était quant à elle la Montagne toute entière.
La Bête avait dévoré la Montagne.


- C'est exact, et mon nom est Adam. Nous sommes similaires, toi et moi, jeune Prince. Je connais bien les tiens car je les vois nager, de mon trône, et ai moult fois cherché à comprendre les Abysses. Nous partageons l'essence primale et sauvage de notre magie, et je ne chercherais pas à te nuire. Néanmoins, je te commande de cesser ta posture défensive car tu es en mon territoire et mon invité en conséquent. Décline ton identité, tout de suite.

Si la Bête n'était qu'ombres et ténèbres, elle possédait néanmoins des yeux grands et rassurants, pleins d'étoiles et d'eaux calmes. Le Dagon se laissa aller, et, acquiesçant au fait qu'ils étaient similaires sur bien des points, nagea jusqu'à se trouver face à la forme au milieu de la Lune.

- Je suis un Dagon, progéniture de Natsuhydr, et parangon des Abysses. Mes rêves m'ont montré que je devais m'enquérir de la surface pour renouveler les écrits Pnakhôtiques, et perpétrer les desseins que mon Père m'a laissé par oniromancie. Vous êtes la Bête, Adam ?
- Curieux... je croyais les vôtres disparus... intrigant. Oh, jeune Dagon, je suis bien des choses, j'ai revêtu bien des noms et des apparences. J'étais là lorsque les Dinosaures ont été chassés jusqu'aux profondeurs des Cavernes et serait là lorsque les Dieux Anciens s'éveilleront de leur sommeil éternel et que la Mort elle-même trouvera sa chute dans les gouffres du temps. Que cherches-tu à voir ici ? Je puis assurément t'aider.
- Eh bien... je... cette magie que vous utilisez sur le Massif m'a intrigué, tout comme le sortilège que vous lancez sur la Lune ; je ne sais ce qui m'a attiré ici, je souhaitais voir de mes propres yeux ce qui se passait dans les montagnes des Loups et des Vampires.

Cette dernière remarque arracha un rire amusé à la forme d'ombres qui se mouvait à la surface de la lune, et les deux braises charmeuses qui lui servaient d'yeux scrutèrent attentivement le Dagon.

- Vous ais-je offensé ?
- Non. Je suis simplement amusé, l'humour vous est-il familier ? Non ? Oh... dommage. Nos façons de procéder son similaires, les vôtres tirent leurs forces de l'endroit que vous nommez les Citées englouties, demeure des Dieux endormis qui n'ont aucun nom. Les miens du sang éternel qui voyage au coeur de ce Massif. Ce sang, c'est moi, et je vois et entends tout ici. J'aimerais attirer ton attention néanmoins sur une particularité physique que vous semblez posséder, ô Dagon.
- Un Dagon*. Je n'ai pas encore droit à un nom, car je ne suis qu'un enfant.
- Oh, je note, je note. Vous avez copié et reproduit la titanite contenue dans une arme d'hommes n'est-ce pas ? Ne répondez pas, c'est évident. Et vous désirez arpenter le continent terrestre pour en apprendre les secrets... Vous aurez beaucoup de mal avec cette forme physique, sans offense.
- Je ne m'en offusque pas, Maître du Sang. Vous avez raison, c'est un constat évident, je dois évoluer vers une forme bipède et amphibienne, et je prie chaque soir les lumières des Abysses de me montrer la voie. J'ai réussi à transformer mes caractéristiques grâce à une arme, peut-être trouverais-je ce qui me permettra d'évoluer en ces terres.
- Et si je vous disais que je pense savoir ce qu'il vous faut ?

Les yeux du vampire s'étaient allongés, jusqu'à former des fentes moqueuses, et une bouche sertie de milles crocs lui lança un sourire que le Dagon interpréta comme un excès de confiance. Les poissons lui avaient dit qu'ils possédaient un égo seulement égalé par leur amour des apparences. D'un geste de la tête, il l'invita à poursuivre.

- J'ai jadis connu votre Père à Ishtar, il était capable d'engloutir des Hommes par centaine, pourquoi ne feriez-vous pas la même chose ? Mangez-en un, et voyez si vous ne pouvez pas reproduire leur système respiratoire et leur musculature qui seront, naturellement, capitales à vos voyages en Dùralas.
- Eh bien je... Oui, l'idée m'est venue, mais je dois attendre le bon moment. Il appartient aux Dieux qui commandent les nôtres de m'indiquer l'heure et le moment de pareille décision, comme ils m'ont permis de me faire un avec les armes des Hommes, ils me permettront de ne faire qu'un avec l'aptitude de me hisser sur terre ferme comme dans l'océan. Comprenez-vous ?
- Oui, Dagon.
- Je vais m'en aller, à présent. Merci Adam, ou qui que vous soyez, Bête, pour m'avoir écouté et conseillé, vous m'êtes sympathique et vos mots, bien que teintés de flatteries et vains subterfuges pour dissimuler votre nature véritable, ont été honnêtes. Je vous accorde la grâce des eaux, et la bénédiction des Mers, mais ne vous avisez jamais de vous abreuver du sang des miens. Je le saurais, et vous qui avez bravé la Mort et le Temps savez qu'il y a des sorts pires que la disparition du corps.

Dagon ouvrit les yeux, cessa de rêver tandis qu'il s'émerveilla du spectacle d'un banc de méduses bioluminescentes qui passait par là, applaudissant de ses mains d'enfant avec une candeur sans égale. Il avait déjà oublié son rêve, ne gardant en son âme que l'écume de l'essentiel et de vagues indications de son avenir.
A Spelunca, un Roi-Sorcier écarquillait les yeux, et quittait lui aussi son perchoir astral pour s'amuser avec étonnement de l'hardiesse d'une progéniture des Abysses qui avait osé le menacer. Une créature qui l'avait terrifié, à dire vrai, car il avait senti dans son sang la noblesse de sa lignée. Une puissance écrasante. Une mer tantôt d'azur et calme, tantôt noire et vorace, une infinité de prédation, de noyades, et tout autant de bienfaits et pluies fertiles.




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