Après sa longue chute et la mauvaise surprise de voir le reptile géant se soigner de toutes ses blessures, Urua se redressa tant bien que mal. Il ne pouvait pas affirmer que ce combat ne l'avait pas éprouvé. Les douleurs le lançaient partout, son marteau pendait au bout de son bras et sa tête était légèrement étourdie. Diagoras fatiguait aussi, se déplaçant moins rapidement et n'arrivant plus à atteindre les points stratégiques de la bête. S'ils ne trouvaient pas une manière d'en finir rapidement, ils allaient vraiment être en danger. Enfin plus qu'ils ne l'étaient déjà. Les yeux fauves du Löwen observaient attentivement la métamorphose de leur adversaire, ses mouvements, la façon dont ses blessures s'étaient soignées. Il cherchait si une éraflure restait, un endroit plus sensible où il aurait pu lancer son pouvoir ou son marteau avec ce qu'il lui restait de force.
Soudain, alors qu'il plissait les yeux, se concentrant davantage après n'avoir pas trouvé un seul point vulnérable, il sentit ses poils se dresser, sa crinière se hérisser, la peau lui picoter. Le signe indubitable d'une magie puissante et proche. Comme ni Diagoras, ni l'oiseau préhistorique n'étaient capables de magie, que la créature venait d'y avoir recours et qu'Urua savait de source sûre que ce n'était pas lui qui y avait fait appel, il se tourna vers la seule source probable de ce déferlement de puissance. Arhiann semblait perdue dans une concentration extrême, les deux mains agrippées à son bâton, les yeux rivés sur la créature. La puissance qu'elle déployait était impressionnante. Le plus perturbant était l'invisibilité de son pouvoir. Chez un explomancien comme Neivin, on pouvait facilement déterminer la puissance d'un sort visuellement ou auditivement, rien qu'à la taille de l'explosion, mais dans le cas de la faune, seules les vibrations, que tous ne pouvaient pas ressentir, donnaient un indice sur la puissance qu'elle concentrait.
Se retournant, Urua distingua un changement progressif chez le monstre. La lumière qui le faisait luire de l'intérieur diminuait doucement, les quelques flammes qui dansaient encore sur sa peau disparaissaient et il semblait de moins en moins menaçant. Puis, d'un coup, il s'effondra au sol dans un bruit de tonnerre, les loupant de peu. Le combat s'était terminé de manière si brusque et surprenante qu'Urua mit quelques instants à réaliser que c'était fini. Il cligna plusieurs fois des paupières et rengaina son marteau. Il chercha Diagoras du regard et le vit émerger de derrière la carcasse, ébouriffé mais ne semblant pas blessé outre mesure. Une exclamation le fit se retourner de nouveau. Arhiann avait lâché son bâton qui lui était déjà ramené par le volatile qui semblait la suivre partout. Il s'approcha lentement, pour ne pas la perturber plus et lui demanda doucement :
- Tout va bien ? Tu es blessée ?