Les joueurs l'emporte et gagnes chacun : 31 points d'XP ainsi que 26 pièces d'or

En plus de 90 bois de sureaux ainsi que 30 points politiques chacun, suivant l'ancien tableau de loot de la région.

Le juge passera bientôt mettre vos inventaires à jour, le RP peut continuer

Je me suis relevée en toussant de la poussière, tentant de remettre mes pensées en ordre. Si le loup gris était immense, le lycanthrope à la robe sombre était bien plus imposant. Jack l’avait attrapé et ne le lâchait plus.

« Jack lâche le ! » Tentais-je en sachant pertinemment qu’il ne m’entendait plus. J’ai couru vers lui dans le but de l’arrêter, mais les éclairs noirs m’empêchaient de m’approcher, comme s’ils avaient une volonté qui leur était propre. Mais je n’ai pas abandonné, les marques lunaires sur ma peau se mirent à luire tandis que j’ai confronté l’aura obscure du lycan, de la lumière pâle de Céléae. Être le phare dans les ténèbres du cosmos était mon essence, c’est pour cela que la déesse m’avait créé. Donc si je ne pouvais pas profiter de ce pouvoir pour contrôler cette obscurité-là, alors il ne me servait à rien.
Petit à petit, les éclairs diminuèrent, se rétractant peureusement vers la Source du pouvoir de mon amant. Mais le processus était trop long, et je ne pouvais l’accélérer de crainte de détruire le corps de celui que j’aimais.

Tout se stoppa lorsque les griffes acérées du lycan transpercèrent la poitrine du loup redevenu humain. Il allait mourir de toutes façons, sinon il n’aurait pas muté comme ça. Et les éclairs disparurent, et la noirceur aussi. Ne laissant que Jack luttant encore un peu contre ce qu’il avait été.
Et à ma grande surprise, il se précipita vers moi comme si de rien n’était. Il sermonna même sa seconde, qui se remettait difficilement de cette expérience. Je ne remarquais qu’à peine Lysa qui ne la lâchait pas, grondant sur elle les babines retroussées. Agathe et Volo s’ébrouèrent avant de me regarder, attendant mes ordres.

« Lysa, ça suffit. » Grondais-je sur ma louve qui lorgnait encore la bêta. « Retournez au château, vous deux, faites préparer de quoi nous restaurer à notre arrivé. Volo tu restes avec nous, on ne sait jamais… » Et sans attendre qu’elles réagissent, je fondis dans les bras de Jack. Soupirant de soulagement.  « Tu es revenu… Donc ce n'est pas si incontrôlable que ça. » Marmonnais-je en profitant simplement de l’instant.

Comment ces loups avaient pu réussir à arriver jusqu’ici ? Cette question me taraudait, et malheureusement, on n’aura pas la réponse tout de suite…

J'observais l'échange entre Jack et Rosy un moment. Les sourcils froncés, je tiquais ensuite à sa remarque.

"Tu ne te souviens pas de tout ce qu'il s'est passé ? Durant un court moment, ton esprit n'était plus là, Jack. Tu ne répondais plus de rien, et ce n'était pas comme d'habitude.
Mais j'ai presque réussi à te ramener ! Alors, c'est pas grave, ok ?"

Je le rassurais comme je pouvais, posant une mimine pâle contre sa joue pour l'inciter à me regarder, lui qui avait si peur de nous faire du mal. Cette chose s'en était prise à nos ennemis et, bien que brusque, elle avait disparu dès qu'ils avaient été neutralisés. J'ai ensuite posé des yeux ronds sur sa blessure, surprise.

"Tu étais beaucoup plus blessé, tout à l'heure ! J'ai senti l'odeur du sang... Là, c'est presque guéri..."

Et finalement mon regard se posa sur les cadavres qui jonchaient le sol. Certains n'avaient pas eu le temps de redevenir humains avant de mourir... Ils étaient restés figés en des demi-transformations un peu glauques. Une profonde tristesse s'empara de mon âme, malgré moi.

"Même s'ils m'ont attaqué... C'est quand même mon peuple qu'on vient de massacrer... Je... Je croyais que les bains de sang étaient terminés... Qu'ils n'y auraient plus de guerres... Je suis vraiment trop bête."

Bredouillais-je en capitulant face à une quinte de sanglots douloureux.
Et une fois que Jack eut finit d'analyser leurs odeurs, je fis appel une dernière fois à la Source Lunaire, transcendant le ciel d'un millier d'étoiles brillantes. Les corps furent consumés par des flammes argentées, et leurs âmes s'élevèrent auprès de la Mère Lune. Le rituel terminé, les marques sur ma peau s'estompèrent et mon corps chancela, épuisé par une telle dépense d'énergie. Je soupirais ensuite, mettant un pied maladroit devant l'autre.

"Rentrons... On est plus très loin. Et par là-bas, il y a des terres que je n'ai pas encore eu le temps d'explorer..."

Une telle faille dans la sécurité était une vraie catastrophe, et je ne connaissais pas encore assez bien mon royaume, c'était indéniable.

Je l’ai écouté sans l’interrompre, serrant un peu plus ma main dans la sienne comme pour le rassurer, lui signifier ma présence à ses côtés. Si je devais être la lumière qui le ramènerait hors de l’obscurité, alors c’est ce que je serais pour lui.

« Eh bien… Commençais-je, tentant de mettre des mots sur ce que j’avais ressentis. C’est comme si quelque chose d’ancien avait pris le contrôle… Une énergie sombre et crépitante… C’est un peu difficile à expliquer avec des mots. » Je me suis gratté le sommet de la tête, confuse.
Et puis il avait raison, terriblement raison. Qui pourrait se targuer de transformer le monde en paradis, du jour au lendemain ? Ma tristesse était grande, mais pas autant que ma déception. Cela traduisait bien mon état… Une enfant sur un trône, à qui il restait tout à apprendre pour faire tenir tout ça debout. La source de mes larmes se tarit, j’osais même un sourire amusé à son plan des plus bancal.
« Il vaut mieux toujours accuser un machin magique, personne n’y comprend jamais rien à la magie, de toutes façons, ahah... »

Et puis mon petit cœur fondit en un instant, il n’y avait pas de honte à vouloir se sentir protégée de temps en temps, finalement. Une nouvelle forme de larme se mit à couler le long de ma joue, avant que je me blottisse tout contre lui, le temps que mon corps se remette de toute l’énergie qu’il avait dû canaliser en si peu de temps. Le reste de la route ne fut qu’une promenade de santé, et je pus bientôt marcher seule. Jusqu’au moment où l’on passa enfin les grandes portes de la ville basse fortifiée.
Là, nous attendaient Lysa et Agathe ayant repris chacune leurs formes humaines. Elles portaient des robes simples et assortis, mais d’une qualité bien supérieure à la norme que pouvait arborer de simples servantes. Toutes deux natives de Spelunca, beaucoup pensaient qu’elles étaient sœurs tant leurs ressemblances étaient frappantes. Deux têtes brunes aux grands yeux verts et à la peau caramel. Bien que nées au sein de la même meute, elle n’avait d’identique dans le sang que leur lycanthropie.
Volo nous abandonna là, se dirigeant vers les quartiers militaires encore en construction, installés en grande partie dans de vieilles granges réaffectées.

« Nous avons envoyé des gardes enquêter sur ce qu’il s’est passé, Madame… Mais heu… Je crains que nous n’ayons pas put en affecter suffisamment. Il n’en restait que cinq sans affectation. Les autres patrouilles déjà un peu partout dans la ville et sur toutes les terres d’Ihana Sydan… Toutes les entrées étaient gardées, personne ne sait comment ils ont pu pénétrer nos défenses et…

-Merci, Lysa. On verra ça plus tard, d’accord ? Beaucoup de choses étaient encore défaillantes, les caisses du château se vidaient plus vite qu’elles ne se remplissaient et j’avais décidé de concentrer les finances du royaume sur la restauration de la ville et la nourriture plutôt que sur une armée… Espérant que les Crocs prendraient rapidement le relais sur la sécurité de Spelunca, mais les démarches étaient plutôt lentes. Pour l’heure, j’avais plus hâte de rentrer prendre un bon bain chaud que de me noyer dans des inquiétudes qui n’avaient dans l’instant, aucune solution.

On traversa la ville basse, marchant sur un pavage de granit gris, pierre omniprésente sur les parois rocheuses du volcan. Donnant au sol de délicieux reflet d’argent. Les maisons étaient de bois et de pierre, beaucoup étaient encore dans de dangereux états de délabrement. Mais on pouvait voir que les travaux de rénovation avançaient tout de même par endroit. Les habitants me saluaient sur mon passage, la vie était plutôt active à cette heure de la journée. La ville haute avait été un peu plus épargnée par le temps et les aléas de la météo, les maisons plus grandes, plus luxueuses, étaient plus solide et globalement en bien meilleurs états.

Et puis nous sommes arrivés au château, si on pouvait voir depuis plusieurs heures déjà ses grandes tours dépasser de la roche, il était impressionnant d’arriver dans sa cour. De marbre blanc et de granit gris, jouxtant le temple de la Lune, l’immense bâtisse était majestueuse et pleine de grâce. Façonnée par des éclats de Lune, elle semblait être taillée directement dans l’astre céleste.
Une grande écurie s’étalait sur un flanc du château et une statue représentant un magicien à demi-lycanthrope trônait au centre de la place centrale.

« Bienvenue à Astre-Lune ! » Souhaitais-je à Jack et Rosy, alors que nous nous étions arrêtées au niveau de la statue de marbre blanc. « C’est une représentation de Spelunca… J’ai hésité à la faire retirer à mon arrivé, je trouve ça un peu trop… Pompeux… Mais je n’ai pas eu le courage de faire disparaître une relique pareille. »

Un sourire se voulant réconfortant avait étiré mes traits. Je me sentais si impuissante face à l'incompréhension de mon amant, je n'avais su que lui prendre les mains, lui disant tendrement. "Ne t'inquiète pas, je ne laisserais pas cette chose te contrôler. Quoi que ça puisse être." Presque dans un murmure.

Par la suite, je n'avais pas répondu tout de suite à ses conseils, hochant simplement la tête d'un air entendu. Le reste du chemin, j'avais médité silencieusement sur ses paroles, au milieu de la foule tantôt inquiète par le remu ménage entendu plus tôt. Tantôt soulagé de me voir saine et sauve. Beaucoup avaient, si ce n'est clairement entendu, au moins perçut, le hurlement du loup de Jack et certainement des échos de cette rencontre fortuite. De plus, ils se demandaient qui était ce loup qui marchait à mes côtés. Mais nous ne nous sommes pas attardées, rejoignant rapidement la cour du palais. La fatigue, la faim ainsi qu'une certaine forme de lassitude jouant sûrement beaucoup sur ce fait.

Je souris tristement à la remarque de la louve, secouant la tête, doucement. "Ce n'est rien, Jack, avais-je dit en l'entendant la sermonner. Tu as raison, Rosy, la belle cité d'Astre-Lune n'est que l'ombre de ce qu'elle a put être durant ses heures les plus glorieuses. Elle a vécu la guerre puis des siècles de sommeils fantasmagoriques. Mais ma priorité est d'offrir un toit solide, à tous ses habitants. J'espère qu'elle retrouvera bientôt sa splendeur d'antan.

Il y a dans de vieux livres d'histoires, des paragraphes entiers qui la décrivent comme le havre de paix dont tous les lycans rêves. Il y a certaines croyances à ce sujet. Des meutes l'ayant cherché sur plusieurs générations, sans jamais parvenir jusqu'à ses portes. Astre-Lune est une légende, Ihana Sydan un mythe, et nous foulons aujourd'hui ces terres. N'est ce pas incroyable ?"

Je m'étais laissé emporter par ma passion, égarée par tout l'amour que je portais à ma nation et à tous ceux que je me suis promis de protéger.

"Renfir et Adam seraient majestueux aux côtés de Spelunca. Pourrait-il y avoir plus grand symbole de paix entre loup et vampire ? Merci pour l'idée Jack, j'y penserais." M'exclamais-je tout devant la statue, rêvant près de lui de grandeurs folles. Ce moment aurait pu être éternel, lui à mes côtés dans la cité de marbre blanc et de granit gris. Mais une voix me fit sortir de l'utopique instant que nous vivions, mon amour et moi.

"Ma reine, nous vous attendions. Minauda la voix d'un homme richement vêtu qui descendait les grandes marches du palais. Il déposa sur ma tête la couronne d'argent et de saphirs finement ouvragée, un symbole dont je me serais passé volontiers. Vous l'aviez oublié en partant, voilà qui est mieux." Je levais les yeux au ciel, exaspérée de cette ridicule mise en scène. Foudroyant mes suivantes des yeux les questionnant silencieusement sur le but de sa présence.

"C'est ce que j'essayais de vous expliquer tout à l'heure, madame, Ulrich attendait votre arrivée, et souhaite rassembler le Conseil."

Mes yeux se portèrent de nouveau sur le Premier Conseiller, et je ne pus réprimer un frisson de colère à son encontre.

"Oh... Vous, voulez réunir le Conseil ? Alors que vous avez failli à la seule mission que je vous avais confiée ? De quel droit me donnez-vous des ordres ?"

Bouche bée, surpris que j'ose remettre en question ses compétences, le vieil homme se renfrogna. Jusqu'à présent, j'avais suivi tous ses conseils sans broncher, me campant dans son expérience avec timidité. Mais ce temps-là était révolu et il sembla le sentir.

"Qui est-ce, ma Reine ?" J'ai soufflé des naseaux, il avait délibérément détourné la conversation pour esquiver ma question, mais ce n'était pas le lieu idéal pour sermonner le Conseil, alors je revins vers Jack, me préparant à faire des présentations formels.

"Le gouverneur d'Ishtar, Jack Moinow et sa seconde, Rosy. Voici Ulrich Minetroptère. Le premier Conseillers de la Reine. Il servait ma grand-mère, Giulia, et l'honorait de ses fins services de stratège, à l'époque du grand Sommeil." J'avais lancé un regard noir à Ulrich qui n'en menait pas large au vu de l'ironie de mes paroles. Il n'y avait pas besoin d'un fin stratège à l'époque du grand Sommeil, la cité endormie ne pouvait que sombrer dans les ténèbres perpétuelles, grignotées par le démon Rexia.

"Vous... Vous avez emmené des Pirates à Astre-Lune ? Mais... Mais...

-Taisez-vous, Ulrich, les caisses du royaume son vide et on aura besoin de toute l'aide que l'on pourra trouver pour maintenir Astre-Lune debout. Jack et Rosy m'ont protégé des frères loups que vous deviez contenir hors de nos frontières. De plus, ce sont des loups avant tout et ils ont le soutien de la meute.

Maintenant, puisque vous le désirez, réunissez tout le Conseil dans la salle ronde. Faites apporter de quoi nous restaurer et toutes les cartes d'Ihana Sydan que l'on possède. Oh, et... Rappelez tous nos hommes dans la cité, la menace et partout, on ne doit pas diviser le peu de troupe que l'on possède." Peu habitué d'être assaillit d'autant d'ordres, le vieux loup grisonnant resta figé un instant avant de comprendre qu'il devait disparaître de ma vue. Une fois de nouveaux seuls aux pieds des marches du palais, mon regard se porta sur Jack et je ne pus m'empêcher de prendre sa main dans la mienne. Les habitants de la cour et les domestiques vaquaient à leurs occupations sans plus nous prêter attention, habituée à me voir aller et venir dans tous le royaume, ils ne se formalisaient plus de ma présence.

"Je crois bien que j'ai failli lui faire faire un arrêt cardiaque... Soufflais-je amusée, avant de reprendre un air faussement sérieux. Le Gouverneur d'Ishtar accepterait-il d'assister à une réunion mortellement ennuyeuse du haut-Conseil d'Astre-Lune ?" J'avais appliqué ses conseils, et j'étais persuadée que ses remarques pertinentes seraient bénéfiques pour mon royaume, aussi, si je n'avais aucune confiance en ces vieux hommes incompétents, en lui, oui.

Je n’avais pas réagi tout de suite, lorsqu’il m’avait parlé d’espion. L’idée ne me surprenait pas, mais j’étais tout de même curieuse de connaître le cheminement de ses réflexions. J’ai gardé mes questions pour moi, pour le moment où l’on serait vraiment seul. Je savais qu’il observait tout ce qu’il se passait autour de nous, la manière dont mon conseiller me parlait, dont les villageois se déplaçaient dans la cité, comment était gérée la sécurité et mes gens d’armes. Je savais aussi qu’il me ferait part de toutes ses observations, et qu’il attendait juste le bon moment pour me questionner.
Aussi n’eus-je pas le temps de répondre à ses premières questions, mais nous aurions tout le loisir d’en discuter, plus tard. J’avais répondu à Rosy.

« Il y a bien des forces, invisibles, intangibles dans cette vision de la réalité que nous percevons ici. Certaines personnes y croient, prient pour ces forces afin qu’elles nous apportent aide et réconfort. D’autres n’y croient tout simplement pas, ou les détestes pour ce qu’elles s’amusent à faire au monde, et à nous, qui dansons sur le fil comme de simple marionnettes. Mais si ça t’intéresse, je pourrai t’en apprendre davantage sur ces forces qui régissent le monde tel que nous le connaissons, et que nous le connaîtrons plus tard. Si tu veux te faire ta propre idée sur le sujet. »

La jeune lycanne était sceptique et ne semblait croire qu’en des choses concrètes, palpables. À de nombreux égards, elle me rappelait Jack, et cette idée me fit sourire.

Si j’avais un peu rouspété, à la pique de mon amant envers mon conseiller, sur sa nature de vil pirate. Ça n’avait pas duré longtemps. Par ailleurs, j’avais honteusement lâché sa main, à sa réflexion amusée. Un réflexe ridicule qui me fit culpabiliser instantanément, mon regard se porta sur les alentours, et si les habitants du palais étaient curieux ou choqués, ils n’en montraient rien. J’ai soupiré, bougon. Pourquoi tout semblait si compliqué tout à coup ? Les sourcils froncés, ayant avancé de quelques marches, je me mis à observer mes pieds comme si j’y trouverais la réponse à mes questions. Et puis j’ai relevé un regard inquiet dans ses yeux noisette, être si près du puits de Lune pourrait rapidement devenir une torture pour lui.

« Lysa, Agathe, allez fermer le puits de Lune. Elles semblèrent surprises par une telle demande, jamais depuis que nous l’avions libéré de la malédiction, nous avions refermé la Source de la Lune. Son emprise sur Jack sera moins forte, ça devrait suffire à le laisser respirer un peu. » Et à éviter qu’il ne perde le contrôle car si son état semblait stable, sa fatigue allait croître, et sa concentration sur son contrôle allait diminuer. Autant prévenir que guérir.

Une fois dans le corridor du palais, les portes closes derrière nous, le calme fut une réelle bénédiction. Les grands couloirs quasiment déserts partaient se perdre vers l’intérieur de la montagne, mais des bougies ensorcelées et de nombreux candélabres magiques éclairaient les lieux de douces lumières chaudes, les murs de marbres blancs recouverts de tapisseries fabuleuses et richement décoré, ainsi que les tapis épais qui recouvraient le granit pâle sous nos pieds.

Les deux servantes disparurent derrière une immense porte à double battant richement décorée de gravure d’argent. Dessinant les mêmes arabesques lunaires qui apparaissaient souvent sur ma peau.

J'ai souri à Rosy, amusée par ses réflexions. Et puis surprise par la main de Jack sur mon flanc, j'ai fait volte-face tout en rencontrant ses prunelles brunes, à cet instant un léger frisson m'a parcourut l'échine. Je n'ai pas bronché lorsque que ses lèvres ont rencontré les miennes, et que je lui ai rendu son baiser avec plus de passion que je ne l'aurais voulue. Si l'inquiétude que je ressentais à son égard rajoutait à la détresse de mon geste, il rompit cet instant un peu trop vite pour que je puisse me le dire.
Je ne le lâchais plus des yeux, je ne lâchais plus sa main, jusqu'au moment où il brisa de nouveau le silence d'une pertinente idée.

"Voulez-vous visiter les bains privés de la Reine ?" Minaudais-je les yeux pétillants d'envie à l'idée soudaine d'un bon bain chaud, et de faire un peu plus attendre mes idiots de conseillers. Alors sans vraiment laisser le temps à Jack ou Rosy de réagir, je les ai traînés à ma suite au travers le dédale de couloirs colorés qui composaient le palais. L'un le tirant par la main, l'autre nous suivant profondément lassée par nos enfantillages. Et dès que mes suivantes réapparurent, je les ai de nouveau expédiées afin qu'elles apportent nos habits propres aux bains.

On descendit un grand escalier de marbre blanc, recouvert d'un tapis doux. Puis on arriva sur un corridor chaleureux. On pouvait sentir le sol descendre en pente douce sous nos pieds et la température légèrement augmentée au fur et à mesure que nous approchions du cœur du volcan endormit.

Enfin, nous sommes arrivés dans une antichambre éclairée par des torches finement ouvragées ainsi que de nombreuses bougies. Des piliers sculptés soutenaient le plafond sur lequel d'immenses fresques étaient peintes, d'or et d'argent. Elles représentaient de fabuleuses et imaginaires créatures, arborant tantôt des pieds, tantôt des nageoires qui dansaient sur des océans de lave dorés. Vestige intact du passé, les peintures conservés des aléas du temps dataient des premiers hommes, bien avant Spelunca, bien avant les vampires et les lycans. Une civilisation éteinte depuis longtemps datant du premier âge. Par ailleurs, ce n'était probablement même pas l'œuvre d'êtres humains.

Des bancs directement façonnés au coeur du granit gris qui composait la roche du volcan longeaient les murs jusqu'à trois portes, dispatchées sur les trois murs. Chaque porte menait à des pièces totalement identiques, ou presque.

On entrait sur un pavage de granit, tout devant nous descendait un escalier menant à un grand bassin d'eau pure, naturellement filtrée pas les roches volcaniques qui composaient la montagne, naturellement chauffée par le cœur encore ardent du volcan. Chaque bassin, creusé directement à même la roche, se terminait en arc de cercle et sur toute la paroi, les bords étaient moins profonds, permettant de se prélasser confortablement dans l'eau chaude. Sur le bord des bassins se trouvaient des savons aux douces fragrances florales ainsi que de quoi frotter toutes formes de crasse sur la peau.

Des ouvertures dans la roche permettaient aux trois pièces de communiquer, fermées par de fins rideaux de soie elfiques, imputrescibles et imperméables. Et pour finir, des drap de coton étaient roulés au creux de niches creusées à même les murs, à la sortie des bassins.

J'avais emprunté la porte du milieu après leur avoir tout expliqué, me débarrassant de mon armure sale avant de plonger dans le bain sans traîner, la couronne d'argent et d'or, jeté sans état d'âme, se perdit au milieu de ce fatras de cuir sombre. Au vu de ma petite taille, l'eau, aux les zones les moins profondes du bassin m'arrivait déjà au niveau de la poitrine, la profondeur augmentant lorsqu'on se rapprochait du fond de la grotte. Mes pieds étaient douloureux à force de marcher, et je me rendis compte que mes muscles étaient sévèrement noué, lorsqu'au contact de l'eau ils se détendirent douloureusement.

Ainsi je me suis laissé bercer par de douces pensées, les yeux fermés, dos à l'entrée, me permettant un profond moment de détente loin du tumulte oppressant de la surface.
Mes longs cheveux, noués sur le sommet de mon crâne plus tôt, tombaient à présent en cascade argenté dans mon dos. Et ma peau, aussi pâle que l'astre Lunaire lui-même, semblait aussi douce et parfaite qu'un nuage de coton céleste. Pourtant si d'aventure, on devait l'effleurer, on pourrait sentir par endroit quelques cicatrices gagnées au fil du temps, vestiges d'affrontement durement remportés.

Mon corps commençait enfin à se détendre et ma peau se parfuma peu à peu des douces fragrances florales des savons. Lavandes et fleur d'oranger embaumèrent bientôt la pièce tout entière, à mon plus grand ravissement. Mais alors que je pensais à de douces rêveries, que je réussis à me convaincre qu'ici rien ne pouvait arriver. Je sentis une légère vibrance saturer l'air, et une petite exclamation venir du bassin d'à côté. Inquiète pour mon amant, je sortis de l'eau à pas feutrés, lentement pour éviter de glisser sur le granit mouillé à chacun de mes pas. Je ne pris ni la peine de me sécher, ni de m'enrouler dans un drap de coton. J'ai poussé le rideau de soie qui fermait l'ouverture taillée dans la roche, passant dans la seconde salle de bains. Jack sortaient la tête de l'eau et je profitais de ce moment pour plonger derrière lui, enroulant mes bras autour de son buste, posant mon front sur son dos. L'eau s'illumina de douces brillances argentées au contact de ma magie apaisante, alors que sur mon corps apparurent les arabesques lunaires.

"Alors je ne peux même pas te laisser seul dans un bain ?" C'était plus une constatation qu'une réelle question, alors que je balayais autant mon inquiétude que la sienne, dans la chaleur réconfortante de l'eau volcanique. Ma peau nue contre la sienne, je ne voulais plus le lâcher, en réponse à la détresse qu'il m'avait envoyé.

Si ma première idée avait été d'être raisonnable quant à l'image d'une reine prenant un bain avec un pirate, j'avais rapidement balayé toutes étiquettes en cet instant, car enfin apaisée, je me dis que plus rien d'autre que cet homme n'avait plus d'importance, les frères loups pouvaient bien ravager les portes du royaume que je n'en avais plus cure, ma volonté effritée, coulait profondément dans l'eau bienfaitrice de ce bain.
A quoi devait-il penser à présent ? Avais-je réussis à écarter les ombres qui lui brouillait les sens et épuisaient autant son corps que son esprit ?

Je souris, savourant le simple contact de sa main sur la mienne, de l'eau chaude sur nos corps nus, et des petites étincelles qui crépitaient sur nous. Il semblait inquiet, une fugace émotion me troubla avant qu'elle ne disparaisse, trop rapidement pour que je puisse la comprendre. Je l'ai écouté parler sans l'interrompre, m'oubliant dans l'instant avant de lui répondre, le front toujours posé contre son dos, mon souffle caressant doucement sa peau.

"Non, ça ne me paraît pas extravagant, ce que tu me dis... Quand tu n'étais plus toi-même, je ne me suis pas sentie en danger. À aucun moment... Peut-être que... Non, c'est une idée bien trop saugrenue... Laisse tomber."

Et puis il s'est retourné vers moi et je me suis blotti dans ses bras, offrant mon dos aux douces caresses de ses mains et mes lèvres aux siennes.
Je lui ai rendu son baiser avec une exarcerbante tendresse, moi non plus, je ne voulais pas que ça s'arrête. Je ne voulais plus quitter cette chaleur si réconfortante, ce cocon d'amour. Je voulais chérir chaque instant passé avec lui. Nos cœurs battaient à l'unisson comme accordés sur le même diapason. Trop longtemps, je l'avais repoussé, craignant ce que je pourrais perdre en m'abandonnant dans son amour et pire encore, ce que je pourrais gagner en acceptant pleinement d'être aimée, et d'aimer en retour.

"Alors peut être qu'on pourrait rester ici pour toujours, dis-je, le menton en l'air pour pouvoir regarder dans ses yeux d'un air des plus sérieux. Lysa et Agathe nous apporteraient à manger à des heures régulières, il n'y aurait plus de reine ou de pirate... Ni de Conseil... Juste toi et moi."

Alors j'étendis mes bras autour de lui, rajoutant à la proximité de nos âmes en une étreinte pleine du désir partagée. La lumière tamisée produite par les bougies ensorcelées dansait sur la surface argentée de l'eau, rendant l'instant magique, presque féerique.
Ainsi perdu dans une grotte enchantée, car j'avais toujours vu cette partie du palais comme tel. Je brûlais de l'envie de ne plus jamais le quitter.
Les marques lunaires semblaient briller de plus belle sur ma peau d'albâtre, en échos à la passion qui me faisait frissonner de plaisir, alors que je savourais simplement le sentiment d'être tout contre mon aimé.

Un air bougon s'afficha sur mon visage parsemé d'argent. Évidemment, ce n'était pas possible. Bien sûr, il nous faudrait retourner à la surface, afin de reprendre les obligations qui étaient les nôtres. J'ai posé mon menton sur son torse, tout en continuant de laisser mes yeux voyager dans son regard amoureux. J'aimais y lire cette infinie tendresse qui m'était destinée, tout en frissonnant à chacune de ses caresses sur ma peau. Mon esprit se vidait peu à peu de la moindre pensée cohérente alors que je me perdais dans une transe de profond bien-être qu'il avait provoqué. Mes yeux se fermèrent doucement, bercés par le murmure de ses rêves qu'il me partageait. Ma prise se desserra autour de lui, toutes forcent semblant m'avoir abandonné tout à coup. Jamais je n'aurais pu être plus vulnérable qu'en cet instant précis et j'ai soupiré d'aise, profitant du moment.

Ce furent ses lèvres venues chercher les miennes une nouvelle fois encore qui me ramenèrent, l'esprit encore un peu embrumé, j'ai souris d'un air béat.

"Jamais personne n'était venu ici à part moi, depuis l'époque du Grand Sommeil. J'ai trouvé le chemin en explorant le palais à mon arrivée et j'en ai fait mon jardin secret. Tu es la seule personne avec qui je voudrais y être. Marmonnais-je doucement, alors que les lumières de la grotte produisaient des milliers d'éclats enchanteurs.
Les fresques montrent qu'au bout du bassin, il y aurait un puits de lumière et que la nuit, on peut y voir les étoiles, mais je ne sais pas nager..."

Avais-je bredouillé dans un soupir, les yeux toujours fermés, peu encline à faire des efforts d'élocution. Et puis je me suis légèrement écarté afin de reprendre mes esprits, m'immergeant un peu plus sous l'eau chaude en quittant la chaleur de son corps un instant.

"Mmh... Pour en savoir quelque chose... Le mal du loup n'a rien à voir avec une quelconque forme de magie. Tu peux l'oublier. Parce que Jack, ces jolies petites étincelles qui crépites, ce n'est pas de moi. " Lui dis-je en caressant son bras, produisant quelques étincelles sombres, comme si nos deux énergies s'entrechoquaient en s'opposant, comme deux aimants de forces opposés.
J'avais par la suite ramené ma main sous l'eau, me déplaçant tranquillement en faisant fonctionner mes jambes, j'avais presque oublié le principe même de marcher.

"Mon idée n'était pas tant sur ce que c'est, mais plutôt sur une... Expérience... Je me suis dit que le puits de la Lune, le bidule magique... Semblait avoir une vraie influence sur toi... Alors peut-être qu'allait directement le voir, ce soir... Déclencherait quelque chose qui pourrait nous aider à comprendre ce que tu as ? Tu l'as dit toi-même, ça n'a pas l'air de vouloir me faire du mal... Mais c'est une idée absurde et je crois que je divague presque autant que toi." Terminais-je les yeux vers le plafond, contemplant les petites lumières de magie pure qui flottaient dans l'air autour de nous avant de se perdre dans l'eau brillante, en de jolies ondulations.

"Je préfère rester là où j'ai pied... Pour l'instant..." Avais-je bafouillé, persuadée que si je me retrouvais là où je ne pouvais atteindre le fond, je coulerais alors comme une pierre. Lune avais bien tenté de me prouver le contraire, mais.... Diantre, comment faisait les poissons pour ne pas se noyer ? Ça n'avait aucun sens...

Par réflexe, je revins un peu vers le bord du bassin, scrutant le fond de la caverne d'un œil suspicieux.

Puis j'avais souri à Jack, amusée par les petits éclairs, plus que craintive ou préoccupée.

"C'est un peu comme un truc à nous, personne n'avait jamais réagi comme ça à ma magie... Je trouve ça plutôt chouette." Je me suis de nouveau blottie dans ses bras, produisant une myriade de nouveaux crépitements qui fourmillaient sur ma peau en de drôles de sensations curieuses. Je ne pus réprimer un petit rire. "Ça chatouille un peu..." Avant qu'elles ne glissent sur l'eau pour disparaître dans les ombres.

"Tu as raison, c'est dangereux, et je me fiche du château, il tiendra le coup, lui. Mais une telle expérience pourrait te blesser. Désolée de t'avoir proposé un truc pareil... Avancer à l'aveuglette n'est pas une bonne méthode, attendons d'en apprendre plus avant de tenter quoi que ce soit... Ne t'inquiète pas, on finira par trouver." Lui dis-je avec une certitude inébranlable en nichant ma tête dans le creux de son épaule, profitant encore de ce moment si magique.

Je le regardais parler de la mer, des yeux ronds comme des billes. Jamais je ne l’avais entendu parler avec de telles convictions. Peut-être n’avais-je jamais pris le temps de l’écouter vraiment… Et cette fois ci, j’avais l’impression de le voir pour la première fois, et je ne détestais pas ce que je voyais, bien au contraire. Si la Lune était mon phare dans la nuit, lui croyait en l’océan et pour les marins, cela semblait être puissant. Une connexion pareille avec une grande étendue d’eau salée. Cela ne semblait pas plus farfelu que l’astre lunaire qui brillait dans le ciel.

« Je vois ce que tu veux dire, Jack… Enfin, je crois. Je te fais confiance pour que la mer ne vienne pas me dévorer. Est-ce que tu fais partie de ces marins, qui prient la mer ? » Lui demandais-je finalement, un petit air taquin dans la voix. Oubliant presque ma peur de l’eau. Si Lune avait été marquée par la magie des abysses. Lui donnant des traits de sirène, moi, je n’avais jamais été à l’aise avec cet élément. Fait curieux, lorsqu’on connaissait la nature de Lune. J’aimais l’air, et le vent qui courait dans mes cheveux. La Tempête ne pouvait pas me noyer. La Brume non plus.

« Plus rien ne pourra nous séparer. » Lui répondis-je en lui prenant la main, laissant de nouveaux petits éclairs sombre glisser sur ma peau pâle, comme une enfant ayant trouvé un nouveau jeu, je faisais carrément exprès de les provoquer, à présent.

Et puis je l’ai laissé me serrer un peu plus contre lui, j’absorbais ses craintes, les partageais. Parfois, les mots ne pouvaient plus être utiles, alors des gestes plein de tendresses pouvaient prendre le relais. J’avais passé mes mains dans son dos, caressant sa peau avec douceur. Non sans jouer de nouveau avec la magie crépitante que produisait le contact de nos peaux.

Évidemment, j’aurais pu lui dire que ça n’arriverait pas, que jamais je ne le laisserais faire de mal à qui que ce soit, que je serais toujours la barrière entre les ombres et lui-même, luttant contre les ténèbres de son cœur. Mais je le connaissais assez bien pour savoir que de tels mots ne l’apaiseraient pas, que même s’il me faisait confiance, qu’il savait que c’était vrai. Il restait lucide et pragmatique. Je ne pourrais pas être avec lui en permanence. Peut-être qu’un jour ma présence ne suffirait plus. On marchait à tâtons dans quelque chose de totalement inconnu, en réalité, on ne savait rien.

Je l’écoutais parler, et ça ne me rassurait pas du tout. Toutes les fois où j’avais pris le bateau c’était plutôt bien passer, enfin… Sauf la fois où j’avais failli être dévoré par un kelpi géant peut-être… Mais la Tempête ne nous avait jamais surpris. D’ailleurs… J’aurais très bien pu l’arrêter, à chaque fois.

« Je peux calmer la Tempête… En mer, elle ne doit pas être différente que sur terre. Dis-je pleine de réflexions. Mais elle a l’air cruelle, comment fais-tu pour l’affronter, sans avoir le pouvoir de la stopper, tu es un idiot, Jack ! »

Les grandes étendues d’eaux salées étaient vraiment terrifiantes, et pleines de danger et lui voguait tranquillement dessus ! J’étais bougon, et inquiète pour sa sécurité, sa vie semblait si fragile tout à coup. Un instant, la grisaille revint dans mon esprit, et je me souvins que cet instant si précieux que nous vivions ne serait pas éternel. Je me vis seule dans cette grotte enchantée, au centre de ces mille lueurs qui flottaient autour de moi à me rappeler de ce que ça faisait… Le contact de sa main sur ma peau claire, et la douceur de son regard posé sur moi. Une larme coula malgré moi le long de ma joue, alors que j’étais en proie à une profonde détresse. Je ressentis tout à coup un grand froid, malgré la chaleur réconfortante de ses bras et de l’eau du bain.

Mais Jack ne comptait visiblement pas me laisser me morfondre, et je lui répondis en reniflant bruyamment. « Alors là tu peux rêver, je resterais avec toi, même si ça devait te tuer ! Puisque de toute façon, tu tentes déjà d’y arriver tout seul. » Je lui en voulais gentiment, et je ne comptais pas laisser filer une seule seconde de ce temps précieux qui nous était accordé. Mais là, tout de suite, son regard taquin ne me plaisait pas du tout. Si j’avais furtivement tenté de me dérober à ses bras, je ne pu résister à sa question.

« Évidemment… » Grommelais-je, sachant très bien qu’il préparait quelque chose et que je ne pouvais pas répondre le contraire. Moi ? Flotter sur l’eau ? Je le laissais faire, offrant mon ventre parsemé d’arabesque lumineuse au plafond rocailleux de la grotte en battant frénétiquement des bras dans l’eau. Quelle ridicule idée… « Je vais couler comme une pierre… Une pierre de Lune… En piqué… Directement au fond de l’eau, et tu me retrouveras dans dix ans recouverts de mousse et de coquillages. » Couinais-je les yeux fermés, en suivant pourtant ses directives à la lettre. « Si tu me lâches, c’est moi qui vais te noyer… »

Et puis alors que je commençais à me détendre, et à sentir l’eau chaude porter mon corps de porcelaine lumineux. Je sentis ses bras qui me lâchaient. Je n’osais plus bouger et je ne dis plus rien. Devrais-je avouer qu’il avait raison. Que la sensation était plutôt agréable ? Gardant les yeux fermés, je profitais simplement de l’instant, incapable de dire quoi que ce soit.

Il est vrai que dit comme ça… c’était un peu idiot… mais chaque homme qui affrontait la mer, affrontait aussi ses peurs. C’est dans ces moments qu’on se sentait plus vivant. Quand l’adrénaline nous poussait à prendre des décisions, à affronter les éléments déchaînés et à lutter pour sa vie. Mais comment lui expliquer cela…voilà qui le poussa à une certaine réflexion muette.

« On affronte une tempête quand on pense qu’on peut la vaincre. Il y’en a d’autres dont on sait pertinemment qu’on en sortira pas victorieux… mais cela impose de contourner la dite tempête des jours durants. Et parfois les vivres manquent. On a pas d’autres choix. Toute la subtilité du navigateur est de savoir si oui ou non, il peut obtenir la victoire. Et je ne suis jamais aussi vivant que lorsque je suis en pleine tempête à batailler pour sauver mon équipage. »

Oui bon… cette explication n’allait pas beaucoup plus la rassurer…et voir une larme perler le long de sa joue, lui serra immédiatement le cœur. Il posa ses deux mains sur ses joues, essuyant sa larme de son pouce tout doucement, avant de venir l’embrasser tendrement. Elle ne pourrait que difficilement comprendre ce qui le poussait à naviguer après tout. Une passion ça ne s’expliquait pas. Ça se vivait…

« Et peut être qu’inconsciemment affronter les dieux et les défier me procure un certain plaisir après tout? »

Mais bon clairement il s’enfonçait encore. C’était lui qui allait finir par couler comme une pierre et qui ramait à contre courant.

« Mais tu sais à quel point je suis têtu? Alors maintenant que j ai une raison de revenir je serais plus prudent. »

Lui souriait il. Et alors qu’elle commençait doucement à paniquer pendant qu’elle essayait de se mettre en planche, Jack la rassurait avec un voix douce et pleine de tendresse.

« Mais non tu ne vas pas couler… je suis là près de toi. L’eau me porte, elle porte mon navire chargé d’hommes et de canons… tu es beaucoup plus légère. Fais toi confiance… »

Alors qu’il la tenait, il profitait aussi de son corps flottant à la surface de l’eau. Elle était si belle. Comme endormie. Apaisée finalement. Elle finissait par simplement profiter, alors que les bras de Jack, descendaient un peu sous l’eau pour ne plus être en contact avec son dos, mais restaient tout de même non loin des fois qu’elle finisse par couler pour la rattraper, profitant lui aussi du moment finalement.

« Quand je fais ça, j’ai l’impression d’être dans une espèce de bulle… comme dans un cocon… ça m’aide à réfléchir… à me recentrer sur moi même… »

Lui soufflait il doucement. C’était dans ce genre de moments qu’il s’offrait de temps à autres qu’il se sentait le plus serein… et une pensée lui traversa l’esprit. Et cela l’amusait. Les Conseillers devaient se demander pourquoi leur reine ne se présentait pas au Haut conseil. Et cela lui tira un sourire.[/color]