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Le Monde de Dùralas


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 [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis.

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Baalumeth
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MessageSujet: [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis.   [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis. EmptyDim 15 Sep 2024 - 9:59
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« Co... Comment êtes-vous arriverez là et qui... Qui êtes-vous ? »

Il y a une seconde à peine, le pauvre homme était persuadé que la banquette en face de lui était vide. Qu'il noyait son chagrin dans ce cocktail à base de gin bleue et de baie violette de Duralas VI depuis des heures, tout seul. Ses yeux tombèrent sur sa boisson puis sur les verres alignés au coin de la table, avant qu'il ne se relève sur la femme au regard plein de malice, qui le fixait sans cligner des yeux.

Elle rit à gorge déployée alors qu’elle avait transcendé l’univers et il observa l'assemblée, honteux d'attirer l'attention sur sa table. Mais personne ne semblait voir cette divine apparition.

« Par les flammes de Baal... Encore un qui n'a pas appris ses légendes et qui pourtant chiale comme un nouveau-né en priant les douze enfers. Spoiler alert, il n'y en a qu'un et c'est le tien. Je sais pas qu'elle est l'idiot qui nous en a sorti onze de plus, mais ça vous rends plus pathétique encore que des kangourous marsupiens ! »

Surpris, ou choqué. Difficile à dire derrière ses yeux vitreux de merlan frit. L'homme resta bouche bée, il ne comprenait rien et son monde s'effritait autour de lui.

« Bon, on ne va pas perdre plus de temps... Je suis là pour toi, mon mignon. Enfin, pour ta femme, plus exactement.
Il fit les gros yeux, tandis qu'elle profita de cet instant de suspens magistral pour piquer une olive du bout de sa griffe. Elle l'amena à sa bouche avant de lever les yeux au ciel, surjouant la scène avec agacement. Les humains adorent les démons qui surjoue, ça donne ce petit côté mélodramatique supplémentaire.
Eh oui ! Tu as découvert qu'elle te trompe et tu es triste, triste, triste. Alors tu noies ton cœur brisé dans l'alcool de ce bar, en ruminant ton seum et tes potentielles idées de vengeances...
Elle fit une pause, balayant les lieux du regard, certains néons agonisaient en clignotant faiblement, le sol semblait avoir été oublié tant il collait. Les murs commençaient à rouiller par endroit. Et le cyborg qui tenait le bar avait les bras qui faisaient des étincelles. Miteux... Bref. Tu transpires tant le désespoir que ça m'a invoqué, alors, me voilà ! Donc dis-moi, je m'occupe de qui ? De l'amant fortuné ? Mmh un gros poisson celui-là. De ta femme ? Ou des deux peut-être ? -La formule tout compris est plus chère, par contre- Fait ton choix mon ange. Mais quoique tu fasses, tu devras en payer le prix. »

Elle prit un air énigmatique, ses cornes jouant avec la lumière pâle des néons, ses yeux flamboyant qui le regardait. Il balbutia quelques mots, avant de pianoter sur un écran de gadget, il sortit de l'appareil une petite disquette translucide qu'il déposa sur la table.

« Eh bien, c'est un choix pas banal ça, mon mignon. Je crois que je vais me régaler. Oh et cette formule est comprise avec une prophétie alors, la voici. » Dans sa main apparut des gerbes de flammes dorées, et lorsqu’elles moururent, un bout de papier à moitié brûlé apparut. Elle le déposa sur la table avant de disparaître elle-même dans un brasier doré.

L'homme a la main tremblotante prit le papier, ça fait bien longtemps que plus personne n'en utilisait ! Il lut les mots suivant.

« Le soleil ne brillera plus pour toi, tes rêves consumés par la volonté de Baal. Tu trouveras pourtant en ton premier-né la brillance nécessaire à avancer sur les chemins sinueux de ta destinée. Il est ton salut. »

Et puis un chat noir aux yeux de feu apparut de nulle part, s’empara de la disquette transparente avant de disparaître à son tour dans les flammes.

Baalumeth et Chapalu apparurent quelque part dans les quartiers pauvres de Duralas II. Un coin qui sentait forts la mort et les excréments. Ici venaient se rencontrer les amants, et tous ceux qui avaient de sales choses à cacher. Un lieu somme tous des plus familiers pour la démone que les humains envoyaient beaucoup trop souvent ici. Elle pourrait tout raser une bonne fois pour toutes, mais… Elle s’ennuierait bien vite ensuite. Depuis plusieurs millénaires elle cherchait à s’occuper, sans ceux qu’elle avait pu apprécier dans le passé, l’enfant du Rebis n’avait jamais réussi à retrouver ce bonheur qu’elle avait pu partager un jour…

Les astres lui parlaient, et sans hésiter elle avança vers un bâtiment qui tenait, étonnement, encore debout, elle entra dans un appartement occupé et interrompit leurs activités plutôt intimes.

« Votre sort est scellé mortels. Mourez dans les flammes infernales de Baal et offrez vos âmes à sa fille. Un cœur brisé vous a vendu tous les deux aux crocs affamés de la satyre. Mais n’ayez crainte, car votre sacrifice servira à nourrir de plus grands desseins. » Et des flammes dorées vint lécher les corps nus des deux condamnés, leurs âmes chantant les louanges de la démone vengeresse qui s’en nourrit goulûment.

Reput, elle ressortit du bâtiment éclatant de mille brillances, à la recherche de sa nouvelle proie.

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Dernière édition par Baalumeth le Mer 18 Sep 2024 - 18:11, édité 4 fois
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Neyrelle
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis.   [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis. EmptyMer 18 Sep 2024 - 10:17
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Hécate s’étire. À côté, les deux abrutis s’accouplent. Leurs cris se répercutent dans tout l’appartement. C’est fréquent. Elle ne saurait dire si ce vacarme la berce ou l’exaspère. Ça l’exaspère. Ne peuvent-ils pas baiser en silence pour une fois ? Elle s’étire encore. Elle creuse le dos, laisse longuement traîner ses pattes arrières l’une après l’autre. Ils crient toujours. Le lit grince. Il cogne contre le mur. Elle devrait peut-être déménager, se mettre en quête de « maîtres » différents.

Assise sur la table, Hécate lisse dignement son pelage d’un coup de langue. Elle se sent comme un dieu perdu dans un tas d’excréments. Quel gâchis. Elle lèche précautionneusement sa patte gauche avant de la frotter sur son museau. Elle avise l’appartement d’un regard dédaigneux. C’est un véritable taudis. Il n’a pas été rangé ni nettoyé depuis des lustres. Elle essaie de se souvenir de la raison pour laquelle elle a décidé de poser ses coussinets roses dans ce cloaque. Aucune idée.

C’est alors que la journée d’Hécate s’éclaire. Là. Ce verre posé au bord de la table. Les yeux bleus de la féline s’écarquillent. Elle s’avance vers sa proie immobile d’un pas lent et prédateur. Elle s’assied à côté du verre. Sa patte droite vient en rencontrer le bord. Il est froid. Elle le pousse tout doucement. Il ne tombe pas encore. Elle insiste, toujours avec précaution. Il ne tombe toujours pas.
.
—  Votre sort est scellé mortels. Mourez dans les flammes infernales de Baal et offrez vos âmes à sa fille. Un cœur brisé vous a vendu tous les deux aux crocs affamés de la satyre. Mais n’ayez crainte, car votre sacrifice servira à nourrir de plus grands desseins.

Comment ça ? C’est quoi ces conneries ? Tiens, ils ne baisent plus. Ont-ils allumé la télévision afin de regarder l’un de ces ridicules films d’horreur qu’ils affectionnent tant ? Hécate secoue la tête. Est-ce que ça ne sentirait pas un peu le brûlé ? Ses narines roses hument l’air ambiant. Ça sent le brûlé à plein nez. Littéralement. De l’autre côté de la porte, la chambre à coucher est vraisemblablement en flammes. De la fumée se faufile déjà dans la cuisine. Hécate souffle. Elle envoie valser le verre sur le plancher d’un coup de patte. Hors de question qu’il s’en tire comme ça, celui-là. Il se brise au sol dans un bruit d’éclat.

La féline se carapate ensuite sans demander son reste, sautant par la fenêtre. Elle retombe sans dommage dans la ruelle puante, atterrissant face à l’autrice présumée de la tirade dramatique entendue quelques instants plus tôt, qui ne provient finalement pas d’un film. Et de l’incendie, au passage. Tiens, il y a également un chat noir. Décidément, cette journée est riche en surprises. Faisant face aux deux impromptus qui ont précipité son déménagement, Hécate se fend de la réplique probablement la plus épique jamais prononcée en l’univers de Dùralas.
.
Miaow !?




______________________

« L’art est sans vertu ; la blessure est sans remède. Ainsi meurent les violettes ; ainsi, dans un frais jardin, meurent les pavots et les lis, brisés par le pied du passant. Vainement la fleur reste-t-elle unie à sa tige languissante et décolorée. Elle penche aussitôt sa tête appesantie, elle ne se soutient plus, et son front s’incline vers la terre. »
Ovide, Les métamorphoses, Livre X.
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis.   [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis. EmptyVen 20 Sep 2024 - 14:43
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Baalumeth et Chapalu observaient le brasier, se délectant de l’image fabuleuse de la fumée s’échappant par toutes les ouvertures de l’appartement. Les fenêtres explosèrent en de milliers d’éclats de verre et l’odeur des corps calcinés embauma l’air de douces fragrances. Les habitants et autres squatteurs de l’immeuble en flamme commencèrent à s’échapper en courant, presque happés par l’incendie doré.

De l’autre côté de la rue, entre deux tas d’ordures, la démone amena une cigarette à sa bouche avant de claquer des doigts pour l’allumer d’une étincelle. Elle profita de cet instant au côté de son fidèle compagnon avant de tourner les talons… Mais un miaulement la sortie de sa transe, coupant court à ses rêveries, aux souvenirs d’un temps où elle pouvait partager l’œuvre de ses délits. Son regard se porta vers une drôle de chatte, d’une blancheur immaculée, tranchant drastiquement avec toutes la débauche et la crasse qui constituait le paysage des lieux. Faisant presque tache dans le tableau.

Chapalu, chat noir aux yeux de feu, s’empressa de partir analyser la nouvelle venue, curieux de trouver une camarade ici-bas. Les oreilles en arrière, la truffe en avant, il renifla timidement l’animal, craignant le coup de patte arriver. Il fit preuve de courtoisie, n’insistant pas d’avantage si elle venait à montrer le moindre signe d’embarras.

« Que vient faire un joli minois comme le tiens, dans de bas-quartiers pareils ? Il doit y avoir de bien meilleurs endroits plus convenables pour une Dame de ta trempe, non ? Je m’excuse de t’avoir délogé de ta demeure, mais tu ne peux pas me contredire sur l’urgence de faire un bon brin de ménage dans le quartier, si ? »

La satyre observa la belle créature, il y avait quelque chose d’étrange dans ce petit cœur félin. Sa longue vie lui avait appris au moins une chose, les apparences étaient souvent trompeuses, et ce qui pouvait se présenter comme étant un chat, pouvait être bien autre chose en réalité. Elle ne se formalisa pas de ce détail car elle pouvait bien être un babouin déguisé en chatte que ça ne l’étonnerait pas.

« Puis-je t’offrir un bol de lait, ainsi qu’une belle assiette de sardine, pour me faire pardonner ? Évidemment, pas ici. Les taudis, c’est fini pour toi, ma belle. »

Et alors qu’elle attendit une réponse, un nouveau nuage de fumée s’éleva vers le ciel au-dessus de sa tête, tandis qu’elle expirait une nouvelle bouffée d’air.

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Neyrelle
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis.   [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis. EmptySam 21 Sep 2024 - 18:12
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Hécate semble indifférente au brasier qui crépite derrière elle. Sa chaleur, pas si lointaine, vient flatter son pelage. Elle aime la chaleur. Les gens crient. Leurs hurlements se mêlent aux craquements des flammes. Dans sa mémoire, des milliers d’années de catastrophes similaires se superposent. Elle ne s’évertue plus à y mettre de l’ordre. Ces cris fusionneront avec tous les autres. Hécate est indifférente.

Le feu projette sa lumière cuisante dans tout le quartier. C’est beau. Il apporte quelque chose de noble et de brillant à un endroit terne et laid. Les architectures varient selon le temps et l’espace, selon les civilisations et les imaginations ; le feu, lui, est toujours le même. Intangible. Le plus beau des palais flambe de la même manière que le plus humble des taudis. Le feu est toujours le même. Les cendres aussi.

Le chat noir qui vient à la rencontre d’Hécate porte le feu dans ses prunelles. Elle trouve que ses yeux ont l’éclat de l’éternitè. Elle le laisse l’inspecter sans broncher. Même sa queue soyeuse reste statique, traduisant un calme absolu. Qu’il la renifle. Elle sent bon, comme tous les chats en bonne santé. Elle cligne délicatement des yeux, indiquant par là son caractère amical. Hécate aime bien le feu mais elle ne veut pas finir grillée.

La créature qui accompagne le chat lui parle avec gentillesse. Hécate la regarde. Elle n’a vraisemblablement rien à craindre d’elle. Pour l’instant, en tout cas. Ce n’est clairement pas un être banal. Elle paraît être plusieurs choses à la fois. Un peu comme Hécate. Elle se dit qu’il ne sert à rien de se faire passer pour un chat ordinaire auprès de cette nouvelle rencontre. Dissimuler sa vraie nature n’est utile qu’auprès des humains, pour en tirer quelque avantage. Alors, Hécate lui répond.
.
—  Mrrrrou… C’est sûr que ce quarrrrtier ne me manquerrra pas ! J’ai eu le temps de fairrre ce que j’avais à faairrrre ici, de toute façon !

Lorsqu’elle est sous sa forme de chatte, sa voix mignonne est toujours un peu ronronnante.
.
—  J’accepte volontiers ton offrrrre pourrrr te fairrrre parrrrdonner !

Nul chat ne pourrait refuser du lait et une sardine. Hécate a beau avoir un bon contrôle sur ses instincts animaux, elle aime se laisser porter par son âme de féline. Elle contemple les volutes de fumées qui se déploient doucement autour de la créature.
.
—  Chouette un voyage ! Où allons-nous ?

Hécate est enthousiaste. Voilà qui devrait la sortir un peu de la routine dans laquelle elle s’est enfermée ces dernières années.




______________________

« L’art est sans vertu ; la blessure est sans remède. Ainsi meurent les violettes ; ainsi, dans un frais jardin, meurent les pavots et les lis, brisés par le pied du passant. Vainement la fleur reste-t-elle unie à sa tige languissante et décolorée. Elle penche aussitôt sa tête appesantie, elle ne se soutient plus, et son front s’incline vers la terre. »
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Baalumeth
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis.   [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis. EmptyMar 24 Sep 2024 - 12:30
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La démone prit le temps d'inspirer une dernière bouffée de fumée, la gardant un instant dans sa bouche avant de l'expirer doucement en soupirant d’aise. Puis elle jeta sa cigarette par terre, prenant la peine de l’écraser du bout de sa botte en cuir d'aurochs. Ces créatures rares subsistaient toujours dans une toute petite zone, de la toute petite planète où avaient mis les pieds Baalumeth en arrivant pour la première fois dans le plan physique. Il y a de ça plusieurs milliers d'années, à l'époque où elle n'était qu'un chevreau apeuré dansant entre les immenses pieds de ses bêtes à cornes. Une certaine nostalgie l'avait traversé le jour où elle était passée devant la vitrine de cette boutique hors de prix, qui ne vendait que des articles dont les matières premières provenaient de Dùralas I.

Son regard se reporta vers la chatte dont les yeux pétillaient d'appétit. Qu'il est facile de combler ces matous.

« Miaou ! S'exclama le chat noir, après avoir fait le tour de notre invitée. L’idée d’un bon goûté n’étant pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

-Bien sûr, toi aussi tu auras ta part, Chapa. » Répondit-elle machinalement. Le démon familier usait rarement de parole, en bon feignant qu'il était.
Elle a commencé à avancer en contournant les ordures disséminées sur son chemin, se dirigeant vers la sortie de ce quartier miteux, ignorant totalement les hurlements de panique des habitants des lieux.

« Direction les beaux quartiers, appartement 26B, immeuble de la Nébuleuse Noire sur la ceinture intérieure. Tu vas adorer. »

Et alors que les deux chats lui emboîtèrent le pas, elle s’est dirigée vers un immense escalier permettant de rejoindre une autre partie de la ville-planète. Peu osaient l'emprunter à découvert pour se rendre dans les taudis, car il était rare d’y aller pour d'innocentes raisons. Le cœur corrompu des humains les poussait souvent à cacher leurs visse et leurs méfaits, ça, ça n'avait pas tellement changé au fil des millénaires... Baalumeth s’en fichait, la jeune femme à la peau brune et aux cornes flamboyante passait rarement inaperçu, et son aura dégageait ce quelque chose qui faisait s’écarter la foule sur son passage.
Les mains dans les poches de son gros manteau, elle marchait avec ce petit sourire en coin, scrutant, sondant le cœur de ceux qu’elle croisait sur son passage. Goutant à la noirceur sucrée de leurs âmes en effleurant leurs esprits. Certains s’arrêtaient, comme déboussolés un court moment. Oubliant d’où ils venaient et où ils se rendaient. Et puis comme piqué par le dard dangereux d’une dartique, ils sursautaient, avant de reprendre machinalement leurs chemins.
Une voiture l’attendait en haut des marches mécaniques, la démone laissa d'abord Miss et Mister chat entrer avant de se glisser à leur suite.

"Il est nouveau celui-là, nan ? Vous êtes incroyable, je n'ai jamais vu quelqu'un accompagné d'un chat en toute circonstance. Et vla qu'vous en trimbalez deux maintenant, ah ! Où jvous amène, mdame ?"

Le chauffeur, certes bavard, s'avérait fort efficace pour se mouvoir rapidement dans la ville géante, aussi était-il trop naïf, ou trop bête, pour craindre la morsure dangereuse de la démone. Baalumeth ne fit pas grande attention à son blabla inutile. Voilà fort longtemps qu'elle avait arrêté de se soucier de ce que pouvaient bien penser les hommes.

« Ramène-moi chez moi, la journée a été longue, je suis exténuée.

-Très bien mdame, c'est parti. »

La voiture a décollé puis a rejoint une route magnétique dans les airs.

« Au fait, comment je dois t'appeler, ma belle ? » Demanda la démone sur le ton de la conversation, le chauffeur ayant fermé la vitre entre l'avant et l'arrière du véhicule.
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis.   [LIBRE] Qui voudrait vendre son âme au diable ? La vendrait à la fille du Rebis. EmptySam 5 Oct 2024 - 10:28
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Hécate regarde la cigarette se faire écraser. Son regard saphir glisse ensuite sur le chat noir qui semble tout aussi incapable qu’elle de résister aux sirènes d’un bon repas. Elle lui embraie le pas alors qu’il se met à suivre sa maîtresse. Cette dernière annonce son adresse. Lorsqu’elle est sous sa forme féline, Hécate ne se préoccupe guère des histoires de destinations et de numéros. Sa géographie est celle des toits et des gouttières, des coins de rue et des trous de souris. Des promesses de sardines et de lait, maintenant. Alors, elle suit. Les beaux quartiers, elle les a sûrement déjà fréquentés. Elle ne sait plus quand, ni pourquoi. Les souvenirs reviendront s’ils sont dignes d’intérêt.

Les pattes blanches de la féline effleurent tout juste le sol immonde. Parfois, elle saute par-dessus les ordures. L’odeur de brûlé devient de plus en plus difficile à percevoir. Ils gravissent un escalier immense qui les arrache enfin aux ténèbres des taudis. Hécate suit sans se détourner. Pourtant, les tentations se succèdent. Cette petite lumière qui clignote ne mériterait-elle pas un coup de patte ? Cette poussière au coin de l’escalator n’attend-elle pas d’être chassée ? Quelle est cette ombre qui oscille dans le coin, à la lueur multicolore des néons ?

Hécate sait contrôler ses instincts de chatte. Elle a de l’expérience, après tout. Elle focalise son esprit sur la pensée de la pitance promise. Elle se concentre sur la femme qu’elle suit et qui marche avec une admirable nonchalance. Les gens qu’elle croise adoptent un comportement singulier. Ils paraissent désorientés. Ils repartent perdus. La féline ne cherche pas vraiment à interpréter cela.

Arrivé au sommet des marches, le petit groupe monte dans une voiture. Hécate ne se fait pas prier. Elle aime se balader mais elle apprécie encore plus pouvoir se prélasser. Elle se souvient, sans nostalgie, d’une époque où les humains avaient la sale habitude de mettre les chats dans des boîtes étroites pour les transporter en voiture. Oui. Vous avez bien lu. Ils mettaient les chats dans des boîtes. Tranquillement assise sur le siège, Hécate se lèche la patte. Cette époque est révolue et tant mieux.

A l’instar de la démone, la féline ignore royalement le chauffeur. Elle a l’habitude de laisser les gens parler sans répondre. C’est l’un des avantages de son statut de chat. Les gens lui parlent sans attendre de véritable réponse. Un simple miaulement en réponse suffit même à les plonger en extase. Aucun besoin de les écouter. Un miaulement de temps à autre et ils sont ravis. En revanche, lorsque sa nouvelle bienfaitrice s’adresse à elle, Hécate ne se fait pas prier pour lui répondre. Des sardines et du lait, souvenez-vous.
.
—  Mrrrrou… Tu peux m’appeler Hécate.

Elle fait même l’effort de poser une question en retour.
.
—  Et vous deux ? Vous vous appelez comment ?

Puis elle profite du trajet pour reprendre méticuleusement sa toilette. Se laver n’est pas superflu. Le parfum de la fumée a un peu imprégné son pelage et ses coussinets roses ont été souillés par le sol poisseux des rues encrassées.  




______________________

« L’art est sans vertu ; la blessure est sans remède. Ainsi meurent les violettes ; ainsi, dans un frais jardin, meurent les pavots et les lis, brisés par le pied du passant. Vainement la fleur reste-t-elle unie à sa tige languissante et décolorée. Elle penche aussitôt sa tête appesantie, elle ne se soutient plus, et son front s’incline vers la terre. »
Ovide, Les métamorphoses, Livre X.
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