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Eyara, selon nos réserves, nous manquerons de baobab dans peu de temps.Mivian, gestionnaire des stocks à sa boutique pour lui filer un coup de main, venait d’entrer dans l’atelier d’Eyara, un parchemin à la main.
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Et comme toujours, il ne doit pas y en avoir tant que ça au marché de Stellaraë. Je crois bien qu’un petit voyage vers Ishtar s’impose alors. J’irais avec Isobel, il est temps qu’elle en sache un peu plus sur la ville de son paternel.Confiant le reste de sa marmaille à la satyre, la renarde avait donc préparé sa griffonne en fin de journée afin de voyager de nuit. De un, car s’était plus frais, de deux parce que cela lui donnait un max de temps pour travailler dans sa boutique, mais surtout parce qu’Isobel, étant vampire, n’appréciait pas les rayons du soleil. Et la rouquine non plus étrangement, depuis son passage au Manoir Lunatique. Mais c’était là un détail que la maman n’avait pas transmis aux autres pour ne pas les inquiéter. L’harenienne sella également son hippogriffe avec une selle adapté au transport de matériaux. Docile, il n’aurait pas besoin d’une longe pour suivre Eyara en plein vol, mais la jeune femme en prit une pour leur moment en ville, craignant de se faire voler son animal sans cela.
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On va où, Eyara ? lui lança Isobel d’une voix endormie.
La fillette de huit ans, toujours sur son rythme de nuit, qu’elle avait l'habitude d’avoir depuis sa naissance, venait à peine de se lever. Encore en chemise de nuit et les cheveux en bataille, elle se frottait les yeux de sommeil. La renarde eut un petit rire.
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Va t’habiller, ma grande, on va à Ishtar.Voilà qui termina de réveiller l’enfant, qui devint tout à coup toute excitée à l’idée d’un voyage dans la ville pirate seule avec sa mère adoptive. La petite vampire redescendit les marches menant au toit quatre à quatre pour aller se préparer. C’est donc le sourire aux lèvres à cette image que l’arlequine termina de préparer les montures. La fillette revint quelques minutes plus tard, vêtue, les cheveux tressés et son tricorne sur la tête, celui-ci par-dessus un bandana rouge. Pour éviter de perdre le chapeau durant le vol, seul héritage de son paternel, la jeune femme l’engouffra dans une sacoche de selle, promettant de le rendre à l’enfant une fois sur place.
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Le duo survolait les dunes depuis un bon moment, lorsque la fillette pointa un amas violet à sa mère d’adoption.
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Dit, c’est quoi qui fait cette couleur dans le sable ?D’un bref coup d'œil, Eyara comprit de ce qu’il s’agissait.
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Les Kilab appellent cette fleur la ziork’jah urag’gortag*, ou la violette de l’esprit-fou, si tu préfères. Elle ne pousse qu’au-dessus d’endroits où il y a eu de grandes batailles impliquant magie et folie. Des décennies plus tard, on voit parfois apparaître la fleur, lorsque les résidus de magie ont suffisamment imprégné le sol. Cette fleur est hyper dangereuse pour les gens comme moi ou les peaux-vertes, mais j’ignore si elle affecte d’autres races. Alors mieux vaut l’éviter, je n’ai pas envie de tester son effet sur toi, ma chérie.-
Et cette personne à côté, elle fait quoi, à ton avis ?-
Quoi ?!?La fillette avait pourtant raison. Aussitôt, la rouquine fit se poser les montures, puis lança d’une voix forte, reconnaissant une silhouette féminine :
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Mademoiselle, reculez ! C’est fleurs sont hyper dangereuses !Elle espérait que l’humaine ne ferait pas de bêtises et suivrait vivement son conseil.
*se prononce : siork’ya ourague-gortague