Melhyndil se promène au port d'Ishtar. Cette ville grouille littéralement de monde, étant un carrefour dans lequel les marchandises transitent, tout comme Stelleraë. Étonnement, bien qu'étant assez solitaire, ou en petite compagnie, voir une masse de gens s'activer dans tous les sens ne dérange pas du tout l'elfe qui apprécierait même presque cela, à petite dose bien entendu. Il se trouve sur les quais, regardant les grands bateaux avec leurs voiles immenses. Il a appris que ceux-ci se classent au nombre de leur mat, en plus de leur nom typique. Naves, Cogges, Hulks, ou encore Caraques et Caravelles, il y en a tellement qu'il ne peut pas les différencier, n'ayant pas du tout l'habitude de la mer. Il y en a bien une à l'ouest de la forêt de Sylfaën, marquant la fin du territoire des elfes, mais Melhyndil ne s'y est jamais aventuré, et il n'existe pas de port aussi massif que celui d'Ishtar.

Les quais en eux-mêmes sont titanesques, tout du moins pour les yeux de l'elfe. Les marins vont et viennent, déchargent les marchandises ou les ramènent des denrées alimentaires pour subvenir à leurs besoins durant la ou les traversées. Les cordages menant du pont en haut du mat sont occupés par d'autres en train d'entretenir ou vérifier la voilure, avec une agilité et une dextérité des plus étonnante pour des humains. Plusieurs tavernes ont leur entrée qui donne sur les quais, là où certaines villes n'en ont pas autant sur toute leur superficie. Beaucoup d'argent circule dans ce lieu, le rendant prospère, mais aussi dangereux, les coupes gorges étant fréquents. Les prostituées crient pour ameuter le client, des étales de commerçant s’époumonent afin de vendre leurs marchandises, parlant de la fraîcheur de leurs marchandises, et alpaguant les passants pour qu'ils viennent voir leurs produits.

Des barils roulent, sortant des cales pour venir dans les entrepôts avant leur vente. Et soudain, une caisse qui se fait sortir pour un engin élévateur la laisse tomber, celle-ci s'écrasant lourdement au sol et volant en éclats. Melhyndil se trouvant à proximité, il fait un pas de côté pour éviter de recevoir une planche en pleine figure et se faisant, il bouscule un marin. Pas le temps de s'excuser que celui-ci s'énerve

"Pour tu m'pousse l'oreille pointue ? T'en a marre de vivre"

Celui-ci s'élance vers l'elfe, voulant lui porter un coup au niveau de la mâchoire, mais une fois de plus Melhyndil esquive, laissant son agresseur frapper dans le dos d'un autre marin qui se retourne après avoir pris le coup

"Dis donc Colïn, tu cherches la bagarre ? Tu vas la trouver."

Et paf, celui-ci met un coup de tête dans celle du fameux Colïn. Un capharnaüm s'ensuit, alors que les marins du bateau du pauvre homme qui se retrouve les fesses par terre viennent à sa rescousse. Il en est de même pour le bateau de l'autre. Une bagarre de grande envergure débute, dans laquelle Melhyndil se retrouve prit sans pouvoir partir.

C'est la première fois que Varnas avait quitté sa maison et sa famille à une telle distance. Alors qu'il vient de faire ses premiers pas sur les quais d'Ishtar. Le jeune a les yeux écarquillés, tel un enfant qui ouvre un monde nouveau. Les narines étaient remplies de l'odeur de sel, de poisson et de sueur des marins, et malgré la poussière, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une vive excitation. Tout en avançant sur les quais, il observe les navires aussi haut que des murailles flottant sur la mer calme et tranquille, leur mât cherchant à atteindre le ciel. Varnas se sentait insignifiant et inexpérimenté au cœur de cette agitation. Il essayait de ne pas trop susciter l'intérêt, observant discrètement ce nouveau monde dans lequel il s’est aventuré.

Ce qui est sûr, c’est que ce port immense n’a rien avoir avec les montagnes, la neige, les arbres qu’il voyait tous les jours. Les quais sont beaucoup plus animés que ce qu’il connaît, les bruits des navires, les cris des dockers et des commerçants, tout cela bourdonne dans ses oreilles, le faisant se sentir plus vivant que jamais. Il avance lentement, un sac de toile usé sur l’épaule, essayant de se frayer un chemin parmi la foule des marins et des voyageurs. Varnas se sent minuscule et maladroit au milieu de cette agitation.

D’un seul coup, un bruit sourd et un éclat de bois pas loin devant lui le fit sursauter. Une caisse venait de s’écraser au sol, volant en éclats, et il aperçut un elfe esquiver de justesse un des débris en bousculant un marin, juste avant de se prendre un morceau de bois dans la tête lui laissant une petite blessure sur la tempe. Sans comprendre pourquoi la scène se transforma en un chaos total en un clin d’œil. Le marin, visiblement éméché ou de mauvaise humeur, commença à invectiver l’homme « d’oreille pointu » avant de tenter de le frapper. Mais au lieu d’atteindre sa cible, son poing percuta un autre marin.

Varnas recula, en sentant la tension monter dangereusement. Avant même de comprendre ce qui se passait, une bagarre générale éclata entre les membres des deux équipages, chacun défendant son camarade. Des coups pleuvaient, des cris fusaient, et le jeune homme se retrouva rapidement pris au milieu de cette tourmente. Il s’est déjà battu contre des bêtes, mais jamais contre des hommes à vrai dire, c’est la première fois qu’il voit des hommes se battre.

"Par tous les dieux"   murmura-t-il en se plaquant contre un tonneau, tentant d’éviter de se faire cogner par inadvertance.

Ses yeux se posèrent alors sur une pile de cordages à quelques mètres. Peut-être pourrait-il se faufiler derrière et disparaître avant que quelqu’un ne décide de l’inclure dans cette bataille rangée ? Mais à peine avait-il fait un pas dans cette direction qu’un poing énorme surgit de nulle part. Varnas se retrouva face à un marin au visage bouffi par la colère, une barbe en bataille, et un regard fou. Et sans chercher à comprendre, il le fonce dessus.

Le poing du marin siffla dans l’air en direction de Varnas, mais ce dernier, mû par une peur instinctive, se jeta sur le côté, évitant de justesse le coup. Le marin, déséquilibré, grogna en retombant lourdement sur un genou avant de se relever, les dents serrées, plus furieux que jamais. Varnas, le souffle coupé, réalisa qu’il ne pourrait pas fuir aussi facilement cette fois. Tout autour de lui, la mêlée s’intensifiait : des marins cognaient avec leurs poings, d’autres échangeaient des injures, et des tonneaux roulaient au milieu du chaos.

Juste à ce moment, celui qui c’était fait insulter qu’il avait aperçu plus tôt continuait d'esquiver les coups avec une agilité presque surnaturelle. À chaque fois qu’un marin tentait de l’atteindre, il se glissait hors de portée avec une aisance qui laissait Varnas impressionné malgré lui. Mais le blond aussi commençait à être cerné. Ils étaient deux au milieu de cette tempête humaine, et il était évident que la situation empirait rapidement.

Le marin enragé s'élança à nouveau vers Varnas, déterminé à ne pas le laisser s’échapper. Cette fois, il n’avait pas le choix , il leva un bras, essayant de bloquer maladroitement l’assaut, et se prépara à encaisser. Mais avant que le coup n’arrive, un bras fin et rapide surgit entre eux, parant le poing du marin avec une précision surprenante.

Rapidement, cela devient la foire d'empoigne, les marins des deux bateaux se tapant dessus avec un entrain laissant penser que ce n'est pas la première, et pire que c'était une habitude entre les deux équipages. Le chaos est de mise, l'aveuglement de la bagarre laissant place à un vacarme assourdissant, entre les cris et les invectives. Les noms d'oiseaux fusent entre les marins, se connaissant même par leur prénom pour la plupart. Melhyndil n'a qu'une hâte, c'est de sortir de ce groupe, mais il est encerclé, et maintenant que ça bat son plein, les coups pleuvent sans distinction, prenant à partie tout ce qui passe, innocent compris.

L'elfe fait des efforts surhumains, esquivant comme il peut, n'étant pas désireux de porter lui-même des coups. Heureusement, humain, il ne l'est pas, alors même si les hommes qui lui font face sont habitués à se battre, que ce soit dans une taverne ou les quais, ils n'ont pas les réflexes de l'elfe qui les a affûté, et encore plus cette dernière année. Un mouvement de buste en arrière pour éviter un coup à la mâchoire, suivit d'un déhanchement pour en faire de même avec un coup de pied. Melhyndil recule, pas à pas, tout en cherchant une issue pour ne plus être pris à partie.

Ce faisant, il voit un autre humain qui ne semble pas vouloir en découdre, et donc possiblement ne faisant pas partie des équipages. Sans rien faire pour, les deux se rapprochent l'un de l'autre, par le biais des coups qui pleuvent. Un des marins particulièrement grand et costaud a décidé de faire de l'humain sa victime, mais celui-ci lui échappe tant bien que mal, mais avec succès jusqu'à maintenant. Malheureusement pour lui, cela a pour effet d'énervé encore plus la brute qui finit par l'acculer.

Tout proche maintenant, l'elfe voit le point qui part pour venir cogner durement l'infortuné qui est pris dans la bagarre tout comme Melhyndil. Ce dernier, dans un sursaut de bonne volonté, met son bras en travers, déviant le coup au dernier moment. Il met également sa jambe en travers, le marin se prenant le pied dedans, et allant s'écraser lourdement au sol, tapant dans un baril. Melhyndil se penche vers l'humain.

"Viens, essayons de nous en sortir ensemble, ce sera sans doute plus simple à deux."

Il regarde, et voit un endroit où il y a moins d'individus. Il le montre du doigt.

"Allons de ce côté"

Il est utopique de penser réussir à sortir sans donner de coups, ce qu'il a essayé jusque-là, alors il commence à avancer, plus en cherchant à faire tomber ses adversaires comme le premier, qu'en les frappant. Il espère que l'humain le suit.

Alors que le marin se fait détourner son attaque par le blond, il trébuchât sur son pied s’écrasant sur le sol jusqu’à se taper un baril en pleine face.

« Ouuf ça a dû faire mal » s’exprimant Varnas mettant sa tête dans ses épaules.

Alors qu’il regarde le marin, la personne derrière lui se penche vers lui tout en lui montrant un endroit reculer. Alors que l’homme déjà partie dans cette direction, Varnas lui essayer donc de rattraper son retard.  Soudain alors qu’il était en train de rattraper sa nouvelle connaissance. En s’approchant du lieu de rendez-vous il se fait prendre un gros coup de poing sur le côté l’envoyant sur quelque mètre plus loin.

Alors qu’il titube après avoir été projeté plusieurs mètres en arrière par un coup de poing vicieux qui l'a pris de côté. Le choc le laisse momentanément désorienté, sa tête résonnant du coup qu'il vient de recevoir. Il se redresse lentement, une main plaquée contre ses côtes endolories, et jette un regard autour de lui. La bagarre fait toujours rage sur les quais, les marins continuant de s'échanger des coups dans un chaos total.

Inspirant profondément, Varnas serre les dents et essaie de reprendre son souffle. Il n'a jamais été au milieu d'un tel affrontement, et il sait que rester ici plus longtemps serait dangereux. Son regard se porte alors vers l'endroit que l’homme lui avait indiqué plus tôt. Un coin un peu plus dégagé, là où les combats sont moins intenses dans une ruelle qui permettrai de cacher les deux. Il sait que s'il veut sortir de cette mêlée, il doit rejoindre cet endroit, vite.

Ignorant la douleur lancinante dans son flanc, il commence à se frayer un chemin à travers la foule. Ses mouvements sont prudents, ses yeux scrutant chaque angle pour éviter un autre coup-surprise. À plusieurs reprises, il doit esquiver d'autres marins qui se battent avec fureur, leurs poings volants à quelques centimètres de son visage. À un moment donné, un tonneau roule à ses pieds, et Varnas manque de trébucher, mais il se rattrape de justesse en se propulsant sur le côté.
Les cris et les injures fusent de toutes parts, mais Varnas garde son objectif en tête : Atteindre cet endroit plus calme avant de subir un autre coup. Une main en travers de sa trajectoire l'arrête brièvement, mais il la repousse d'un geste rapide, sans perdre de temps. Il sent l'adrénaline couler dans ses veines, ses sens plus vifs que jamais.

Après quelques instants qui lui semblent durer une éternité, il aperçoit enfin la silhouette de l'homme blond, qui était arrivé, le rejoignant enfin, il s’écroule d’épuisement dans cette petite ruelle caché des yeux de tous. Avachi par terre il s’exprima jusqu’à ressentir sa douleur dans sa voie.

« Hmm…Ils ne m’ont pas loupé ceux-là… en plein dans les cotes par surprise ces sales traites. Mais pourquoi ils se sont mis à se battre comme ça ?? J’vois pas l’intérêt ! »

Tout en regardant l’homme qui se tenait à côté de lui il s’aperçoit que cette personne détenait une caractéristique, qui l’intrigua ce qui le bloqua pendant un moment avant de lui demander.

« Pardon mais sa fait longtemps que t’as ça ? Ou c’est une malformation ? » tout en touchant ses oreilles.

Les bagarres entre marins, c'est quelque chose, ceux-ci ont la triste habitude de cette activité, et ils cognent très dur. Heureusement, les sens elfiques de Melhyndil, amplifiées par l'expérience qu'il a acquit en si peu de temps, l'aident énormément à s'en sortir sans prendre de coup de son côté. Les esquives, et les crocs en jambe pour faire tomber ceux qui le dérange le plus sont nombreuses alors qu'il se faufile, ondulant, pour s'extraire de la bagarre. Une tête en arrière voyant un point passer juste devant son nez, un mouvement du bassin sur le côté pour laisser passer un protagoniste qui s'élance sur un nouvel adversaire, le sien KO, ou encore un petit saut afin de ne pas trébucher sur un pied qui traîne, c'est autant d'efforts qu'il fournit pour ne pas finir allongé sans connaissance.

Il parvient enfin à sortir, se dirigeant vers la ruelle, et il peut se retourner pour voir si l'homme la suivit. En le regardant, c'est ce qu'il fait, mais plus laborieusement. Melhyndil le voit se prendre un coup, reculer sous l'impact. Cela tire une grimace à l'elfe qui imagine la douleur qu'il doit ressentir. L'humain se relève, esquive comme il peut, pour finalement parvenir à le rejoindre avec difficulté. Il s'affale au sol, épuisé par l'intensité du moment même si ça n'a duré qu'un instant. Le duo est maintenant à l'abri, les cris et les coups se faisant toujours entendre.

Melhyndil se penche vers l'humain pour voir comment il va.

"J'ai vu ça, comment ça va ? Tu sais, avec les marins, il ne faut pas chercher à comprendre pourquoi une bagarre éclate. Je pense même que c'est un passe-temps pour eux, une sorte de jeu qu'ils apprécient, cherchant toutes les raisons possibles pour en déclencher une."

Sans prévenir, celui-ci avance ses mains, attrapant les oreilles de Melhyndil. Cela lui déclenche un vif mouvement de recul, s'éloignant de lui.

"Hey, ça va pas ? Une malformation, t'as jamais vu d'elfe avant ou quoi ?"

Melhyndil dit ça par réflexe, pour lui, tout le monde en à déjà vu dans sa vie, ce qui est ridicule, lui-même n'ayant pas encore vu toutes les races malgré son âge.

La guerre des marins avait bien duré au moins plusieurs minutes déjà et elle ne faisait que s'intensifier, des passants commençaient à se ramener comme pour voir un spectacle. Tandis que la ruelle dans laquelle les aventuriers se trouvaient, dont fond de celle-ci ne pouvait pas être vu une présence pouvait se faire ressentir.

Varnas cligna des yeux, encore un peu sonné par la réponse soudaine de l'elfe. Il ne s'attendait clairement pas à ce genre de réaction, ni à ces paroles. Un elfe, les récits de sa mère de quand il était jeune revenaient à lui, toutes ces aventures qu'elle avait racontées étaient donc réelles, les stryges, les monstres les plus abominables, tout ça devait exister. Il ouvrit la bouche, hésita un instant, visiblement embarrassé et confronté à un récit dont il n'a jamais cru.

"Un elfe ?" murmura-t-il, comme s’il essayait d’assimiler cette information. Il fronça les sourcils, cherchant à comprendre. " Je… Je crois que j'ai jamais vu un elfe avant." Bien que Varnas voulait en savoir plus sur les Elfes la douleur continue. "Mais tu m'expliqueras plus tard, les marins se battent toujours et je pense que je dois aller voir un médecin."

Varnas tenta de se remettre debout tout en s'appuyant sur le mur, regardant l'elfe. Et lui tendis sa main.

« Moi c’est Varnas. Désolé pour tout à l’heure. C’était pas mon intention »

Alors c'est vrai, l'humain n'a jamais vu d'elfes avant. Voilà qui semble surprenant pour Melhyndil, mais en fait, pourquoi prendre pour acquis que tout le monde à déjà vu un elfe ? Ce n'est parce qu'il vient de la forêt où ils habitent, et qu'il en a vu toute sa vie, que c'est pareil pour tout le monde. Le monde regorge de races différentes, et si lui n'a pas encore rencontré toutes les races après tous les voyages qu'il a fait cette année, il n'est pas illogique que d'autres ne connaissent pas non plus tout le monde.

Cela n'explique toutefois pas le geste qu'il a eu à son égard en touchant ses oreilles, ce qui est assez malpoli, mais comme Melhyndil est quelqu'un qui aime découvrir de nouvelles choses, il va passer pour cette fois, surtout vu la surprise de son nouveau compagnon. Celui-ci le fait rire d'ailleurs en parlant de lui expliquer plus tard. Qu'y a-t-il à expliquer ? Rien, il est ce qu'il est, c'est tout. Mais soit, l'humain ne semble pas avoir tous ses esprits, et cela se confirme vu la difficulté qu'il a à se relever. Melhyndil appuie sur ses épaules pour le maintenir au sol et l'empêcher de se relever.

"Pas trop vite, tu sembles mal en point, fais attention."

Melhyndil s'accroupit pour se mettre au niveau de son interlocuteur.

"J'ai quelques talents mineurs de soin, je vais essayer de te remettre un peu d'aplomb avant que tu ne bouges."

L'elfe se concentre, et appose ses mains sur le poitrail de l'humain. Une lueur blanche bleutée, comme une aura commence à entourer les mains de Melhyndil alors que le sort de soin s'active, un mineur bien entendu.