Insmousse, le village sur la cote [Background]

Sujet: Insmousse, le village sur la cote [Background] Ven 13 Oct 2017 - 12:21

Bien par delà Ishtar, et totalement oublié de Stellarae, existait Insmousse. Insmousse était une ville de taille moyenne, c'est à dire qu'elle ne dépassait pas l'envergure d'un château-fort puisque son centre était composé d'une église et d'une maigre tour, qui s'élançait mollement vers les cieux de ses pierres de basalte, mais l'endroit était tout de même le refuge d'une centaine d'âmes.

A proprement parler, il s'agissait là plus d'un gigantesque port destiné à la chasse à la baleine. En effet, par bien des raisons, il semblerait que les gigantesques mammifères aient élu Insmousse comme leur lieu de vie privilégié au plus grand -et seul- bonheur des locaux. Ah, parlons des Mousseux, les habitants, ces bons et vaillants gaillards, laissés seuls pendant trop longtemps lors de la période colonisatrice de Dùralas... si leur population est pour la plupart humaine, il est incomplet de le décrire comme appartenant entièrement à cette espèce, et ce car chaque habitant présente cette hideuse affliction.
L'ensemble des marins, toutes les femmes, chaque enfant, tous étaient dotés de difformités physiques plus ou moins flagrantes mais toutes aussi rebutantes. On ignorait le pourquoi de la maladie -qui devait trouver son origine en quelque problème génétique- qui faisait que la moindre naissance en ces lieux dotait ses Mousseux d'étranges caractéristiques marines. Certains sentaient le poisson, d'autres étaient écailleux, et pour les plus chanceux des chasseurs de baleines, ils pouvaient avoir des branchies.

On murmurait, dans les salons bienpensants et luxueux de la capitale, qu'il y a eu quelque incident au moment de l'appropriation de l'endroit, lorsque Stellarae n'était pas encore siège de la Couronne. Dès les premiers rapports, que l'on ne peut clairement dater, il est mention d'une terre peu accueillante tant ses dédales de basalte et son sol de calcaire étaient pauvres, mais par dessus tout, les impressions des colons vont au-delà de l'analyse du sol et mentionnent des choses sur les plages. Des ombres animales qui jaillissent de l'écume, et tous ceux qui ont tenté d'aller les trouver ne seraient jamais revenus.
Toutefois, la forte concentration de baleines franches, orcs et rorquals fut un argument plus plausible aux yeux du Roi que les apparitions mystérieuses et très rapidement une ville se forma en Insmousse. Une maigre et animique cité, dont le port serait jonché d'habitations et l'église, située en haut d'une falaise surplombant l'océan, servirait également de phare une fois la nuit tombée.

Pour ce qui est de l'apparence singulière des habitants, ceux-ci ne l'expliquent pas, pas plus qu'ils ne parlent aux étrangers, se contentant d'émettre des grognements et d'intimer -de leur murmure guttural- que personne n'est le "bienvenu à Insmousse".
Si ce n'était pas d'Insmousse que jaillissait la plus grande quantité d'huile baleinier, ressource d'une richesse incroyable d'utilisations allant de la lubrification d'appareils technophiles à la création de divers produits de guérison, la Couronne se serait volontiers débarrassée de cette population pour le moins inquiétante. C'est un réel problème que la coopération hargneuse des Mousseux, car chaque année le prix de l'huile augmente un peu plus, et les locaux se font plus étranges. Ou peut-être ont-ils toujours été ainsi, mauvais et barbares, ne s'intéressant qu'à verser le sang de ces énormes bêtes marines.
Car la chasse est impressionnante. Il est grandiose d'apprécier ces hommes-abyssaux s'aventurer sur leurs bateaux -étrangement de grande qualité- pour brandir leurs harpons gigantesques et mener bataille aux titans marins. Seuls les Mousseux paraissaient avoir le secret de ces chasses en haute-mer, épiques et pourtant si banales à leurs yeux, et ils transmettaient l'art de cette traque millénaire à tous leurs garçons qui apprenaient avec la ferveur de bœufs enragés.

Leurs filles, étaient également versées dans des arts maritimes. Les filles de pêcheurs, qui se voilaient pour des raisons inconnues à leur majorité, étaient d'habiles videuses de poisson et pouvaient fabriquer à peu près n'importe quoi avec les ossements robustes des cétacés qui peuplaient la côte. Armes investies de la fureur des orcs -surtout de leurs crocs-, armures aussi épaisses que la graisse des gargantuesques Mobi -une espèce de baleine aussi rare et blanche que la plus pâle des Lunes, mais dont la force dépassait de loin celle de ses congénères-, et même mobilier, tout pouvait naître d'entre les mains des femmes d'Insmousse.
Elles vidaient les carcasses ramenées avec la précision des chirurgiens, comme un essaim de mouches sur le cadavre de quelque paysan, et là, sur la plage même où venaient s'échouer les animaux, elles menaient même parfois des danses et chants occultes envers quelque divinité marine. Certains pensaient qu'il s'agissait du Dieu Tempête, d'autres prétendaient qu'elles tentaient d'apaiser l'esprit des animaux, traqués depuis des millénaires, furieux de vengeance.
Quoi qu'il en soit, Insmousse demeurait encore un endroit où les voyageurs n'allaient presque jamais d'eux-mêmes.

Et pour cause, si les rues, autrefois pavées de blanc, avaient gagné une couleur jaunâtre à cause de la surabondance de matières organiques déversées par les cadavres de cétacés en permanence, étaient rebutantes l'odeur pestilentielle qui planait là était milles fois pire. Une odeur de mort perpétuelle, accompagnée d'une vision grotesque des cadavres des titans marins suspendus à d'eux-mêmes gigantesques crochets, étaient tout ce qui attendait les yeux des nouveaux venus à Insmousse.
Un cimetière pour cétacés, une arène où quotidiennement les Hommes vainquaient des êtres majestueux, un sourire épais rivé sur leurs lèvres molles de poissons.

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Aujourd'hui, Insmousse était dirigé par Mary Wite, chasseuse de sorcières qui avait officié pour l'élimination du Banc d'Ishtar -un groupe de pseudo-pratiquante qui utilisait les hommes comme des esclaves pour leur hérétique existence-. Insmousse avait été sa récompense pour l'accomplissement, et elle en fut ravie au premier abord, bien moins quand elle croisa la route du premier habitant qui lui expliqua qu'elle : "Périrait dans un déluge de sang, au côté des cadavres empilés des géants des géants, ceux qui nageaient dans l'océan profond et guettaient les Enfers de leurs yeux béants."

Un exemple probant de la délicatesse du peuple d'Insmousse, toujours prêt à séduire par leur verve travaillée et poétique, accompagnée d'un physique qui rendrait jaloux un Teeban...

Mais Wite n'était pas dupe, et ses sens lui intimaient que quelque chose se tramait ici. Quelque chose s'était toujours tramé ici.
Lorsqu'à la capitale on lui avait décrit l'endroit, prétendue tour régnant au-dessus de la Mer, elle avait enquêté et était tombé sur les mêmes conclusions que tous ceux ayant étudié l'histoire de la ville.

Mais une fois sur place, des détails horribles l'avaient frappé. De petites choses comme le fait que les enfants s'amusaient souvent à courses des Rongeurs Abyssaux, mini-harpons à la main, ou encore que les individus dévoraient les sardines et thons pêchés sans prendre la peine de les travailler. En d'autres termes, elle comprenait pourquoi ce territoire était vacant de régent, mais par-dessus tout, que les locaux étaient attachés à des croyances ancestrales dangereusement inquiétantes.
Elle avait néanmoins ouïe dire que l'ancienne Ombre, repentie, siégeait désormais à Spelunca et s'était dépêchée de lui demander son avis, de Baronne à Baron, car on murmurait de partout les connaissances utiles du Sir en l'occulte.

Pour seule réponse, elle eut un "Ohohoh, tu vas mourir" apporté par un corbeau à la mine curieusement joyeuse. Presque humaine.

Dans un élan quelque peu paniqué, car tout autour d'elle semblait vouloir la précipiter dans la folie, Mary décida de recruter un Sorceleur nommé Galaadur Ezral, ainsi qu'une voyante aux pouvoirs psychiques suffisant pour percer le voile d'ombres qui entourait sa châtellerie.

Leur enquête, sans le soutien des habitants, avançait péniblement et si la voyante se pliait quelques fois à des cris horribles doublés de prédictions étranges a propos de "Vieilles rivières de sang et de graisse qui plongeaient dans les bouches du Mal" cela n'avait pas réellement de valeur dans les recherches -et exaspérait un tantinet la Baronne Wite-.

C'est par une morne journée, où le soleil était occulté par d'épais rideaux de brouillard, qu'elle reçu une aide significative. Par delà les pontons, au-dessus des vagues, apparut un navire, élégant et de manufacture Abyssale à n'en point douter, serti d'un drapeau représentant un crâne traversé par une tentacule.
L'équipage de Narcilus Dupré, Capitaine d'une escouade renommée de violents gaillards, aussi intrépides que sauvages. Mais ce ne fut pas cela qui inquiéta Mary Wite, elle savait très bien se défendre, non, ce qui la préoccupa fut la mention d'une prêtresse par son valet. Une Sorcière du Banc, Yuli sibly, qui avait jadis échappé à la tuerie -celle perpétuée par Wite elle-même lors d'un précédent contrat-, et qui accompagnait désormais le Capitaine en octroyant ses services aux pirates.

Du haut de la tour en pierre noire, la Régente avait son regard rivé sur cet horizon brumeux duquel jaillissait une proue aiguisée. Mais, curieusement, ses sueurs froides que lorsque ses pupilles se posèrent sur les marins d'Insmoussse dont elle attendait l'accueil si chaleureux aux brigands. Contrairement à leur habitude, ils n'ignorèrent pas les hommes, pas plus qu'ils ne semblèrent hostiles, en réalité, lorsqu'une silhouette féminine et gracieuse, dont la cape en hermine recouvrait l'entièreté de son corps, les Mousseux -ces choses purulentes et maladives- se prosternèrent.

Ces animaux qui n'avaient jamais montré le moindre respect à leur Baronne, étaient en train d'aduler cette fille aux airs angéliques, accroupis devant ses bottes à talonnettes tandis que les femmes voilées et difformes apportaient dans de petits paniers diverses délices de mer ; poisson cuit, algues séchées, crèmes de baleine, onguents, rien n'avait été oublié par ces laideronnes habituellement pas plus enthousiastes que des putains la veille de la Saint Valentin. Regardez-les qui rient de joie à la vue de la fille... jamais elle ne l'avait traitée ainsi. Pire encore, pour que ces offrandes soient prêtes, elles savaient que l'enfant viendrait...

En un temps, trois mouvements, Wite était dehors, accompagnée par son Sorceleur et sa voyante, et tous les trois marchaient en direction des ports.
Ils pouvaient percevoir la joie environnante à une dizaine de mètres de leur emplacement, et pour la toute première fois depuis des mois, admirer un dialecte local aussi sibyllin que pitoyable. Sorte de râle barbare des temps primitifs.

La Baronne chez qui une pointe de haine s'allumait, dirigea ses mots à la Prêtresse qui marchait calmement vers elle, un sourire cordial sur les lèvres et la robe portée par les Mousseuses comme si Yuli était leur reine.
Arrivée à proximité de la régente, l'Abyssale eut des mots doux et incompréhensibles envers ses nouvelles et immondes servantes, puis planta son regard dans celui de Wite.

- Baronne. Fit-elle en levant la robe doucement. Un ami m'a informée de votre relative méconnaissance des mœurs locales. Je viens vous proposer la sagesse du Dieu Tempête, si cela contente votre personne, bien entendu.
- Yuli Sibly... voilà déjà quelques temps. Dois-je m'attendre à une coopération amicale ou à une vengeance travestie ?

Wite s'était calmée. Le ton de la fille n'était pas menaçant, et plus important encore, son regard ne trahissait aucune animosité. Peut-être avait-elle surréagi à son arrivée.

- Votre altesse, les temps de l'enfance sont loins derrière moi. Je ne suis rien de plus qu'une humble servante du Seigneur Kraken, mes passions ne sont plus que celles du Dieu des Abysses. Elle s'agenouilla, et déjà la Baronne était convaincue par cette voix humble et docile.
- Bien, rentrons au château, le repas sera bientôt prêt, vous êtes libre de prendre un bain et des vêtements vous serons apportés. Ravie de vous avoir parmi nous, Prêtresse.
- Muse, Votre Altesse.

Sitôt le terme prononcé, Galaadur posa des yeux inquiets sur la fillette auxquel l'intéressée répondu par un air de défiance.

L'enfant intimait à peine à l'équipage de rester sur le port que les Piratesallaient déjà vers le bordel d'Insmousse. Enfin, le quatuor slaloma dans les rues étroites de la ville, Yuli marchant côte à côte avec Galaadur, jusqu'à ce que ce dernier rompe le silence.

- Pourquoi ne pas parler de suite, Muse ? J'ai été payé pour protéger la Baronne, hors de question de vous laisser pénétrer en sa demeure. L'homme n'avait pas parlé avec agressivité, en réalité, il s'était contenté de proférer ces termes comme s'il s'agissait là d'une simple évidence.
- Sorceleur !..
- Dame Wite, permettez-moi d'enfin faire le travail pour lequel vous m'avez payé. Cette fille représente à elle seule un dager monstrueux, et vous êtes bien sotte de penser qu'elle n'est qu'une banale prêtresse. Les Muses sont des harpies légendaires, des envoyées du Kraken dont les chants mènent n'importe qui à la folie. Alors je répète, je ne la laisserais pas entrer dans votre Tour, j'ai vu beaucoup trop de mes frères tomber face à... ça.

Il termina son discours en montrant d'une main puissante l'enfant à la mine de marbre. Yuli n'eut aucune réaction face à ses dires, et se contenta d'observer un cadavre d'orc, accroché là en une divine composition funèbre. Ses doigts touchèrent l'épaisse graisse de l'animal avec une délicatesse infinie, une caresse tendre et maternelle, avant que la Muse ne daigne regarder de nouveau le guerrier.

Galaadur était au moins deux fois plus grand que la supposée créature mortelle, et là, en ce face à face quelque peu empli de malaise, les propos de l'homme aux cheveux d'argent noués en une queue de cheval virile semblaient ridicules.
Mais Mary Wite avait regagné sa méfiance.

- Vous avez raison, Chevalier Ezral. Mes sœurs ont noyé bien des cœurs de Sorceleurs... Reconnu Yuli en s'avançant vers son interlocuteur. Pourquoi ne pas avouer que vos petits rites initiatiques nécessitent d'abattre l'une d'entre nous ? De brandir la tête d'une Muse au-dessus de vos corps marqués par les coups de vos maîtres, d'arroser vos torses pleins de cicatrices du sang divin des vierges des océans ? Nous ne sommes pas différentes de ces baleines pour vous autres Sorceleurs. Alors pourquoi ferions-nous preuve de pitié envers vous ? Quelle raison mènerait les Muses à se laisser traquer par vos épées d'argent ? Aucune. Mais si vous insistez à ne pas me laisser entrer, je vous raconterais, à vous, Galaadur Ezral, toute la vérité sur cet endroit. Tout ce que vous avez à faire c'est de me retrouver à l'église, ce soir, lorsque la Lune sera la plus haute et la plus pâle. Je vous dirais tout sur Insmousse et ses secrets.

Avant que quiconque n'eut réponse à la sorcière, dont la voix avait semblé agacée dans son habituel sifflement, cette dernière avait disparu, ne laissant derrière elle qu'une statuette en os de baleine probablement fabriquée par les locaux.

Ezral s'en empara et la scruta. Une œuvre finement réalisée, dépeignant quelque créature tentaculaire, et sertie ça et là de fragment en basalte noir mais de ce qui semblait également être un matériel proche de la perle tant sa couleur irisée plaisait au regard. Il mit l'idole dans la poche de son pantalon en cuir et déclara :

- J'irai. Ce soir, lorsque la nuit tombera, mon épée sera aiguisée et mon âme décidée. Les Muses ne peuvent être ignorée, vous comprendrez pourquoi Baronne, lorsque d'un coup sec j'éclaircirai toutes ses illusions. Vous verrez enfin quelle affreuse sirène se cache sous ce déguisement de petite fille.

Insmousse, le village sur la cote [Background] Aez5

Et, tandis que la nuit tombait, le ciel toujours couvert de cette immense manteau brumeux, et que le Sorceleur s'entraînait comme tous les jours à cette heure, ses yeux jaunes luisaient rien que de repenser à cette fillette au corps de femme. Les Sorceleurs n'étaient pas capable de ressentir de véritables émotions, sans quoi la chasse aux monstres deviendrait trop pénible tant les déguisements que les abjectes créatures arborent sont souvent innocents, mais il sentait que Yuli Sibly était capable de plier des empires à sa beauté si l'on lui en laissait la chance.

En extirpant son épée d'acier de la meule, chassant les étincelles, il cracha au sol. Pas sous sa garde.

La nuit était tombée depuis deux bonnes heures, plongeant le village d'humanoïdes poissoneux dans l'obscurité la plus complète. Comme si cela ne suffisait pas, une épaisse brume parcourait désormais les ruelles d'Insmousse. Seuls quelques lanternes apposées sur le rebord des fenêtres ainsi que les rayons de l'astre nocturne éclairaient l'endroit.

Un bruit sourd et métallique émergea dans les ténèbres. On aurait dit que quelqu'un ou quelque chose se déplaçait avec des éperons au niveau des talons. S'en suivirent un hululement, puis un bruissement d'ailes qui dura quelques secondes avant de s'évanouir petit à petit dans la nuit noire. Deux grands yeux jaunes, pareils à ceux d'un loup, apparurent dans la pénombre, au coin d'une rue frontalière à l'édifice sacré du village. Les cliquetis métalliques reprirent, et les yeux s'approchèrent. Un visage se découvrit bientôt à la lumière de la lune. Il s'agissait d'un homme grand dont les cheveux argentés étaient soigneusement attachés pour former une tresse et une queue de cheval. Son visage était marqué par de multiples cicatrices, ses lèvres retroussées sous une épaisse barbe. L'homme était impassible, seul un léger froncement de ses sourcils grisâtres pouvait traduire sa détermination. Il allait chasser ce soir.

Galaadur Ezral dépassa l'église et s'avança en direction de l'extrémité sud d'Insmousse, là où les falaises surplombaient les mers maudites, et où la visibilité était plus dégagée. Il recherchait Yuli Sibly, la Muse pour laquelle il avait été payé pour tuer. Il savait que ces créatures, comparables à des sorcières des eaux, étaient très dangereuses. C'est pourquoi il avait passé la journée à préparer, à s'équiper, et à rechercher des moyens de la neutraliser. Il avait ainsi plusieurs potions à son ceinturon, qui s'agglutinaient à côté de la sculpture faite en os de baleine qu'il avait récupérée quelques heures auparavant. Sa lame en argent avait été affûtée à son paroxysme pour une efficacité maximale, et son carquois était rempli de carreaux à tête argentée. La corde de son arbalète avait été changée et il avait pris de soin de placer des lames dans ses bottes et au niveau de ses talons, au cas où le combat se compliquerait. Le Sorceleur était prêt à exterminer la vermine abyssale.

Une voix s'éleva soudain, cristalline comme de l'eau de source, limpide comme une perle. Elle chantait. Quiconque l'aurait entendue aurait été charmé par cette douceur, mais pas Galaadur. Pour lui, l'aria nocturne ne faisait que trahir la présence de la virtuose Yuli Sibly, qui devait se trouver sur la falaise. Guidé par la voix, il prit -d'un pas assuré- la direction choisie et aperçut bientôt la jeune fille, dont la pâleur ressortait grâce à un éclat lunaire. On aurait dit une enfant de chœur, tellement elle semblait pure et innocente... Mais il suffisait d'écouter les paroles pour se rendre compte de la supercherie. Voici à peu près ce que la mélodie narrait :

"Des fauves s'endorment au creux des arbres,
à l'heure où s'éveillent les rapaces,
tel un loup sur le marbre,
le Sorceleur comme Catoblépas.

Il ne craint ni sorcières, ni vampires,
et même ton doudou de chiffon grelotte,
sous sa lame milles soupires,
d'âmes autrefois si rigolotes.

Les fauves sont doucement assoupis,
de crainte volent les rapaces,
attention à toi, fils de lycanthropie,
le Sorceleur te trouvera en une impasse...

Car il ne craint ni goules, ni mort-vivants,
cache ta poupée de brindilles,
mon enfant,
le Sorceleur se nourrit de petites-filles."

Elle savait qu'il viendrait. Elle le savait, et elle attendait depuis un bon moment maintenant. Sa chanson n'avait pour but que de rappeler au sieur Ezral combien il était difficile d'être un Sorceleur, du fait de leur piètre réputation due aux multiples rumeurs. Peut-être espérait-elle le déstabiliser, ou peut-être s'en amusait-elle juste. Il n'en savait rien. Et puis de toute façon, il s'en fichait. Lorsqu'elle eût terminé, elle tourna la tête en direction de Galaadur, arborant un large sourire qui découvrait des dents d'un blanc éclatant.

- Tu n'aurais pas dû venir ici. Les créatures telles que toi sont exécrables, et dépourvues de la moindre émotion. Tu vas périr ici comme tes sœurs avant toi. Je te tuerai, je prendrai la part qui me revient, et je rentrerai dans le Nord, là où est ma place.

A ses mots son interlocutrice se mit à rire à gorge déployée. C'était un rire étrange, révélant un mélange de cruauté et de sadisme ; il respirait la haine. Elle resta là quelques secondes à s'esclaffer avant de disparaître dans un volute de fumée... Puis le rire reprit quelques mètres derrière Galaadur Ezral, plus fort que jamais. L'homme se retourna, et constata que Yuli venait de se téléporter à une vitesse fulgurante. Elle se trouvait désormais devant l'église du village, qu'il avait dépassée quelques minutes plus tôt. Réprimant un grognement, le Sorceleur s'avança vers elle, accélérant le pas. Il ne la quittait pas des yeux. Et, pendant qu'il se déplaçait dans sa direction, l'Abyssale de la Tempête cessa de rire et pencha sa tête sur le côté, conservant un sourire qui dévoila des dents pointues et acérées. Elles avaient changé en quelques secondes. La jeune femme poussa un nouveau ricanement et ouvrit légèrement la porte de l'église, avant de se glisser dans l'ouverture.

Le Loup d'Argent -comme il était parfois nommé- dégaina sa grande épée. Jouer à cache-cache avec une sorcière ou un vampire n'était certainement pas une activité de tout repos. Il fallait accroître sa vigilance. Il fit un temps d'arrêt en arrivant devant la porte, scrutant l'ouverte et tendant l'oreille. Mais rien ne laissait présager la présence de Yuli (sauf le fait qu'il l'eût vu s'y faufiler ci-avant). Le guerrier poussa un soupir et pénétra dans l'enceinte sacrée.

La visibilité y était fortement réduite. Seules deux torches suspendues au mur dans le fond de la grande salle permettaient de discerner les diverses colonnes, les bancs, l'autel du fond. Mais les côtés de l'église étaient plongés dans la pénombre et, pour couronner le tout, une légère nappe de brouillard semblait avoir pris possession des lieux. Rien, il n'entendait plus rien. Il tourna la tête à droite, puis à gauche, quand...

- BRWWAAAAAAAAAH !

Un cri strident parvint aux oreilles du Sorceleur. Quelques secondes plus tard, il était renversé à terre, avec une créature qui tentait de lui lacérer le visage avec de grandes griffes violacées. Il reçut plusieurs coups sur le visage et les épaules, avant de réussir à projeter quelques mètres plus loin l'abomination à l'aide d'un sortilège de télékinésie. Il secoua la tête, et se redressa d'un bond, la main droite armée de son épée, la main gauche prête à s'emparer des multiples potions pendant à son bas-côté.

Son agresseur, ou plutôt son agresseuse, venait de se redresser elle aussi suite au sort, à l'exception près qu'elle se tenait sur quatre pattes, telle une bête enragée. Galaadur jeta un coup d'oeil à ses blessures pour constater qu'elles saignaient, mais qu'elles étaient superficielles. Puis il concentra son attention sur la créature, qui poussa un nouveau cri. Après quelques secondes d'observation, il comprit qu'il s'agissait de Yuli. Cette dernière avait profité de sa dissimulation pour prendre une forme plus... Bestiale, plus en adéquation avec sa véritable nature. Cette autre Yuli avait la peau blanchâtre, une longue chevelure argentée, des yeux d'un blanc laiteux dépourvus de pupille. Une petite flamme dans la couleur oscillait entre le rose et le violet ornait sa grande chevelure, tandis que quatre grandes et puissantes griffes terminaient ses bras et jambes. Elle le dévisageait en penchant rapidement sa tête sur la gauche, puis sur la droite, puis sur la gauche, et ainsi de suite. Des cris étranges sortaient parfois de sa bouche, et son sourire avait laissé place à une expression menaçante. Enfin, deux grands dards pareils à des tentacules étaient désormais rattachés à son dos, au niveau des omoplates. Ils se dressaient au-dessus d'elle, pointés en direction de l'homme.

- Immondice, viens-là que je te mate. Tu ne mérites que la mort.

Lança-t-il à la sorcière des eaux en lui désignant son épée de la tête. A peine l'avait-il provoquée que Yuli fonçait déjà sur lui à la manière d'une araignée, et d'une vitesse extrême. La lutte serait ardue.

"Invité n'a pas de nom..."

Demande d'utilisation de l'Homme-mystère

Personnage Non Joueur Messages : 8764 Expérience : 30680

[RP DE QUÊTE]Combat Galaadur Ezral - Yuli Sibly

L'équipe de Yuli débute le combat.

Team Sorceleur :

Galaadur Ezral : 4500
Vitesse : 1000
Dégâts : 1500
Bonus : Dé-Humain
Lame d'Argent : +100% de dégâts contre les invocations
Butin : Molihùa (partition semi-légendaire)

---------VERSUS---------

Team Muse :

Vitesse du groupe : 1392

Yuli Sibly : 2232
Vitesse : 892
Dégâts : 622
Appel des Profondeurs : Une créature des Abysses vient secourir la Muse face au danger.
Égide du Seigneur des Tempêtes : Les Tentacules rendent Yuli invisible les 2 premiers tours de combat. Sauf EC ou annulation.

Partitions:

Triton Ghoule, Protecteur de la Muse [Invocation] : 3000
Vitesse : 500
Dégâts : 1500
Égide du Seigneur des Tempêtes ; Les Tritons sont immunisés à la magie et aux effets négatifs.
Protection Indéfectible ; Lorsqu'un Triton est blessé, il gagne 500 de vitalité.
Vaar'Gaa, signe du Noyé ; Les Tritons regagnent 500 de vitalité à chaque tour.

~Prends-garde Invité, Le Juge te surveille...~

Liens utiles : Règlement du RP et des combats ◈ Quêtes spéciales ◈ Demande de RP ◈ Arène ◈ Prison ◈ Réclamation du Juge

Crédits des avatars : http://sakimichan.deviantart.com/art/Red-Justice-216145187 - https://www.artstation.com/artwork/bVPAk

Si le rendez-vous fixé au Sorceleur par Yuli pouvait sembler théâtral, c'est bien car il fallait distraire le seul garde capable à Insmousse.

Plusieurs jours auparavant, la Sorcière avait convoqué les forces de la Tempête par son rugissement abyssal, et, des gorges océaniques avaient répondu d'insondables hurlements. Les légions des profondeurs juraient ainsi allégeance à leur Muse Noire. Et des Tritons avaient nagé hors des failles situé si loin au centre des mers que même le Soleil n'y parvient jamais, accompagnés d'un bataillon entier.

Il y avait dans les rangs du Seigneur Tempête des monstres sinueux, horribles, et vils dans leur essence même. Car si la Muse répondait à la nature et aux océans, sa fureur lui était insufflée lors de ses sabbats sorciers par son Dieu, créant ainsi en ses prêtresses des guerrières féroces, capables de magies anciennes, aussi vieilles que les premiers océans.
Dans les écrits de Daa'G, seigneur des connaissances, figurait comment invoquer la grande Tempête, comment jouer les accords qui conduiraient les orages et déferlements jusqu'aux côtes Dùralassiennes...

Et Yuli avait dévoré les savoirs Divins, progressant plus que jamais en magie.
La Muse mettait son plan à exécution ce soir, sa grande litanie commencerait par le sang d'un Sorcelleur et elle ouvrirait ainsi la porte aux grands Flots !

D'une contre attaque vive, la Muse réussit hurla, soulevant l'air en une décharge sonore assourdissante.

Son adversaire n'aurait d'autre choix que de se plier à ses volontés, saisi par les effets secondaires d'une incantation des Sirènes Abyssales. Leurs propriétés magiques, lorsque utilisées comme magie sonore, se révélait extraordinairement riche ; mais pour les Muses, renforcées par la magie du dieu Tempête, leur voix était une arme mortelle.
En se tenant la tête à l'aide de deux mains crispées, le Sorcelleur se renversa au sol et entreprit de se cogner le crâne à répétition sur une dalle proche de l'autel.

Yuli, redevenant une fillette à la peau délicieusement translucide, s'avança de sa robe en peau de requin, finement cousue par les locaux à l'intention de la cérémonie. Elle passa au-dessus du corps agonisant de son adversaire en ricanant pour s'assoir sur le trône destiné au prêtre.

- Leur religion est si absurde...

Un épais mur d'eau apparu. Le miroir aqueux, fin et totalement transparent, se tenait derrière la sorcière qui commençait à jouer de ses ongles parfaits sur sa harpe. Une mélodie incroyable, pleine de sonorités épiques et toutefois, étrangement dissonantes.

Un énorme serpent marin fendit l'église en deux, soulevant dans son ascension d'écailles noires et bleue, dures comme l'acier pur, une tempête d'orages et de trombes d'eau.

S'il avait fallut distraire Sir Galaadur en cette soirée, c'est bien car les Sorcières abyssales, alliées de sabbat de Sibly, qui était sans conteste une magicienne prodige pour son âge, voulaient prendre d'assaut le château de Wite. Wite la chasseuse de sorcières... celle qui avait ôté beaucoup de sœurs à la communauté... et tout ça en échange de possessions terrestres. Une vrai putain.

La charge des sorcières commença par un sortilège de possession sur les gardes afin que les pirates menés par Narcilus et son trident qui portait les foudres de la Tempête, puissent abattre leur courroux au cœur d'Insmousse.
Des éclairs pleuvaient sur la ville, tandis que s'élevait Léviathan, Fils du Dieu Tempête, pour venir entourer de son immensité les maisons -dont beaucoup faisaient les affres du pouvoir des pirates- et le peuple. Contrairement à l'escompté ils n'avaient aucune peur quant à ce qui se déroulait au-dessus d'eux.
La volonté du Seigneur était la Tempête, imprévisible et impitoyable, et ils avaient toujours vu ce moment comme une aubaine pour les leurs. Depuis toujours, Insmousse avait porté son terrible secret ; celui d'une ville destinée à invoquer un jour l'un des Fils du Dieu Tentacules. Leviathan, Seigneur des Flots... se levait, assisté par la Muse Sibly et son chant guerrier.

Il n'y eut pas un Mousseux qui ne prit pas les armes pour assiéger le château de Wite, qui hurlait de panique dans sa chambre. La récente baronne subissait la situation avec une peur incalculable, une terreur horrible qu'elle n'avait jamais connue. Aussi imaginative ait-elle été, Mary Wite n'avait jamais ne serait-ce effleuré le sentiment d'être pris au cœur d'un piège mortel.
Alors que de ses appartements, luxueux et objectivement bien décorés, elle pouvait entendre les manants laiderons quémander justice, ce fut la vision de Yuli sur le Serpent qui la désarçonna. Son sang glacé ne fit qu'un tour, et bientôt elle se laissait tomber à genoux.
Mais derrière elle s'éleva un rire, une moquerie si vive qu'elle parvint à percer le voile perplexe de la régente alors destinée à une mort atroce. Si les mâchoires du monstre ne broyaient pas la ville, les vagues déchaînées par son arrivée achèveraient Insmousse sans tarder.

Mary Wite découvrit perché sur une poutre de la pièce, au-dessus du lustre en cristal, un curieux personnage. Il semblait être admiratif, pensif presque, alors que ses lèvres recrachaient une épaisse masse de fumée à l'odeur délicieuse.
Il siffla, et disparut tout aussi tôt, si bien que Mary Wite mourut écrasée dans les décombres en se pensant totalement folle.

Dehors, alors que sur les toits pleuvaient des averses et que le tonnerre grondait nerveusement, Yuli retourna sur le dos de son serpent jusqu'à l'église, désormais en ruine.

Comment découvrirait-elle son beau Sorcelleur ? Avait-il survécut ? Qu'importe, pensait la Muse en sautant du haut de sa monture titanesque jusqu'aux décombres religieux. L'incubation d'Insmousse prenait fin aujourd'hui, et le ravissant rejeton de la Tempête allait remplacer le Kraken si parfaitement. La Tempête ne meurt jamais...

Elle découvrit un Triton, soldats d'élite des Abysses, en train de s'occuper du pauvre Galaadur.

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Insmousse, le village sur la cote [Background]

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