Comme à chaque étés, les plaines aux alentours de Kastalinn s'étaient recouvertes d'une mer de tentes, chapiteaux et étals aux couleurs hétéroclites. Ces visiteurs saisonniers provenaient des quatre coins de la région et au-delà, des forains et marchands itinérants venant gonfler les rangs des fêtards. Dans un coin l'on vendait des pâtisseries, un autre les fromages locaux, des armes, des huiles et potions, tissus, peaux et cuirs, saucissons et charcuteries, miel, bijoux et œuvres de joailleries diverses... néanmoins, comme l'on pouvait s'y attendre, les enseignes les plus animées étaient celles des tavernes éphémères à ciel ouvert.

C'est d'ailleurs accolé à l'un de ces stands que les miliciens avaient dressé leurs propres animations. Des initiations aux maniements des armes. Un imposant espace avait été dégagé, lui-même séparé en deux. D'un côté avaient lieu du glima, des formations et démonstrations au béhourd ou des conseils prodigués au maniement de telle ou telle arme. De l'autre, des cours et démonstrations de tir à l'arc, de jet de hache ou de javelots avaient lieu sur un stand de tir monté à l'occasion.

C'est dans cette seconde partie que le minotaure se faisait remarquer. La plupart des cibles de tir n'étaient que des toiles tendues sur des bottes de foins ou rondins bariolés de cercles concentriques. Mais sa cible à lui était composée d'un rondin adossé à deux bottes de foin, plus d'autres rondins en réserve sur le côté. Telle était la puissance des harpons que projetaient son arc démesuré.

D'autres stands étaient tenus par d'autres factions militaires, que se soit des nordiens descendus de Fimbulvetr - et soigneusement surveillé par les miliciens pour prévenir tout débordements - ou des clans autonomes venus faire étalage de leurs compétences ou partager leurs marchandises. Un groupe de Jotunns était même descendu du grand Nord faire la démonstration d'un jeu populaire chez eux : le jeté de tronc d'arbre, aussi appelé Cabet. Quelques rares humains ou orcs s'essayaient à l'exercice, tantôt acclamés pour leur performance tantôt moqués en cas d'échec cuisants.