Le coucher du soleil soulignait l’horizon d’une ligne rougeoyante, tandis qu’à l’Est, le ciel avait déjà commencé à revêtir sa parure nocturne. Sur les chemins qui sillonnaient la région, les derniers marchands remballaient leurs étalages avant de s’éloigner au rythme des sabots de leurs animaux sur la terre durcie, et du train de roue craquant de leur carriole. Ils partaient certainement à la recherche d’un endroit sûr où passer la nuit. Du moins, en admettant qu’il existe un endroit sûr dans la région d’Ishtar. Pour être en perpétuel mouvement, et donc moins repérables par les pirates, certains marchands itinérants ne cessaient de parcourir les chemins.

À cette heure de la journée, aucun d’entre eux ne s’attendait à croiser encore du monde. Enfin, si l’on considérait une silhouette esseulée, enveloppée d’un manteau noir usé par le temps, comme du monde. Il se dirigeait lentement vers le Sud, vers Ishtar. Une capuche profonde dissimulait son visage aux yeux du conducteur haut perché de la charrette, un petit homme d’un certain âge, muni d’une épaisse moustache qui lui mangeait toute la lèvre supérieure. Des dizaines d’objets semblables à des totems, des charmes et des pendentifs émettaient d’incessants cliquetis métalliques, carillonnant au moindre mouvement du convoi.

« Hé là, noble voyageur ! Pour vous promener ainsi seul à la tombée de la nuit, vous ne devez pas être du coin, pas vrai ? Des dangers rôdent la nuit, et je vous parle pas seulement des pirates… »

« Les écureuils sauvages ? »

« Hein ? »

« Les lapincanthropes ? Les fauvettes qui picorent les yeux ? »

« Euh, oui, entre autre choses en fait… » balbutia le marchand, un peu déconcerté par le discours de son potentiel client, et par cette voix sur laquelle il ne pouvait pas placer de visage. « Je pensais surtout aux bêtes sauvages qui arpentent les plaines, ou même aux créatures de la nuit telles que les loups-garous ou les vampires. Ah, tenez ! J’ai justement là un excellent charme qui repousse ces morts-vivants ! Regardez ! Seulement trois pièces de bronze ! »

« Je le regarde, je le fais, » dit l’étranger d’un ton plat en posant en effet son regard placide sur l’objet suspendu au bout d’une fine corde noire que l’homme tenait entre ses doigts. Cela ressemblait à une sorte de croix à six ou huit branches faite de bois et de quelques plaques de cuivre usé. Le vampire n’en fut pas le moins du monde ému.

« J’aurais préféré un pieu ou un poignard d’argent pour cet usage, » dit-il.

« Ah, je vends des charmes monsieur, pas des armes. Si je puis me permettre, pourquoi la capuche ? »

Le vampire leva un long doigt pâle et osseux vers le ciel.

« Il va pleuvoir. »

Intrigué par cette prédiction assurée, le petit homme leva les yeux pour scruter le ciel qui s’assombrissait de plus en plus. Il n’y avait qu’un ou deux petits cumulus à l’horizon.

« Je ne pense pas que- » commença-t-il, mais il ne finit pas sa phrase en constatant qu’il était désormais seul au milieu du chemin. L’étrange voyageur avait disparu.

Un peu plus loin, derrière un bosquet d’arbres, Saünee secoua légèrement la tête en souriant sous sa capuche. Il ne prolongeait jamais bien longtemps une conversation avec l’un de ces marchands itinérants. De toute façon, il devait trouver du Sureau pour ses potions avant de rentrer à Ishtar. Alors il resta discret, évitant les claquements de sabots sur le chemin caillouteux, et grincements de roues au loin.

[Deux centième jour d'expédition - Gibbeuse (phase lunaire) croissante]

Ragnör Lüpusànghrën marchait péniblement au bord de la route terreuse et sableuse en direction d'Ishtar. Il faisait pratiquement nuit, et plusieurs carrioles de marchandises passaient à côté de lui, quittant ainsi le carrefour commercial pour revenir le lendemain. C'était la première fois que le lycanthrophe, mi-elfe, mi-garou, allait aussi loin dans le sud du territoire. D'habitude, il restait prostré dans les Baldors ou dans les forêts de sapin environnante à faire des tours de garde pour les Kazhariens, ou à chercher des indices sur son amie Selsya Asa. Il était parti en expédition plusieurs mois auparavant pour la retrouver, deux cents jours précisément, et excepté aux alentours de Kastalinn, il n'avait eu aucun signe de vie. Il était en ce moment dans une phase d'interrogations, où il se disait qu'il devrait certainement recentrer ses objectifs ailleurs.

Soit. En attendant, il se dirigeait vers la cité portuaire d'Ishtar pour aller y enquêter sur des apparitions récentes. Plusieurs Kazhariens lui avaient raconté des histoires sur le port de cette ville, selon lesquelles des Abyssaux de la Tempête, des créatures hideuses, avaient surgi de l'eau pour terrorisé les habitants [Cf les quêtes estivales HRP]. Il avait donc été envoyé sur place par l'Imperator pour y voir plus clair, mais aussi pour sa curiosité personnelle.

Ragnör s'arrêta enfin, après plusieurs heures de route, et vint se poser contre un gros rocher, qui se trouvait près d'un bosquet. Là, il glissa son gros sac à dos à terre et s'y assit. Il sortit des rouages de son sac, une pioche bleutée, une hache, une fiole d'énergie bleue -énergie propre des technophiles-, un manuel sur les fusions d'armes, et une gourde d'eau. Après avoir mis ses babioles de côté, il s'empressa de boire ; il avait grand soif.

Dans un même temps, il regarda les alentours. Elles avaient l'air calmes, si on exceptait les allées et venues de quelques marchands itinérants. L'elfe-lycanthrope arrivait à percevoir les sons, les odeurs. Aucun de ses sens n'était en alerte face à un quelconque danger, et c'était tant mieux.

Les marchands auraient bientôt complètement déserté la campagne, seulement pour revenir aussi nombreux le lendemain. Saünee avait l’habitude de voir à peu près les mêmes têtes assez régulièrement sur ces routes. Ces mêmes têtes, quant à elles, ne le reconnaissaient pas ; le fantôme qu’il était se faisait généralement discret, avec son manteau noir qui estompait les contours rachitiques de sa silhouette, et sa capuche qui effaçait les traits de son visage dans d'étranges ténèbres.

Le vampire en était encore à scruter le sol à la recherche de sa précieuse fleur lorsqu’il entendit quelque chose de suspect ; on aurait dit une main qui fouillait dans un sac rempli de fatras métallique… Saünee pouvait être à peu près certain que c’était le cas, compte tenu de la précision de ses sens, qu’il avait appris à interpréter avec le temps. Les bruits étaient étonnamment proches de lui mais, curieux, le vampire s’avança doucement dans la bonne direction, ce qui le mena derrière un autre bosquet d’arbres ; il n’y avait pas vraiment de grandes forêts dans les environs, seulement des parcelles faiblement boisées au milieu de la plaine ondulante, à travers laquelle serpentaient les routes.

Il découvrit là un homme aux cheveux blancs, adossé contre un rocher. La première chose que Saünee put constater était qu’il ne ressemblait pas à un de ces marchands qui arpentaient les alentours d’Ishtar. Certainement un voyageur, après tout, ils étaient nombreux à être de passage ici.

« Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger… Quoi que vous étiez en train de faire, » dit-il de sa voix paradoxalement jeune, et brisée et reconstruite par le temps et les épreuves.

Le vampire avisa l'étrange matériel sorti du sac ; il savait ces lieux fréquentés par des pirates, Ishtar était d’ailleurs connu pour cela, mais cet inconnu ne semblait pas en être un.

« Soyez prudent dans cette campagne, » ajouta-t-il. « Elle grouille de pirates et de vendeurs de grigris. C’est pourquoi il est bon d’être sans arrêt sur ses gardes. »

HRP:

Saünee détailla l’étranger. Il doutait d’avoir affaire à un humain, mais détectait une légère odeur animale –canine plus précisément- qui aurait pu appartenir à un lycanthrope ou à un thérianthrope. En tous cas, il semblait aussi bien armé pour un simple voyageur. Le vampire avait déjà vu des technophiles, mais il devait avouer ne pas connaître grand-chose à leur sujet.

« J’en viens également à l’espérer pour eux, » dit-il avec un sourire. « Je suis Saünee Starvation, de nulle part en particulier. »

Même si le vampire résidait à proprement parler à Ishtar actuellement, il avait connu plusieurs villes, et plusieurs vies, avant cela. Il allait probablement en découvrir d’autres au fil des années, et au fil des rencontres.

« Si je puis me permettre, vous êtes assez loin du Mont Tagne. Qu’est-ce qui peut bien amener un technophile dans cet endroit ? »

Peut-être était-ce une curiosité déplacée, mais Saünee pensait que si cela était le cas, Ragnör le lui ferait comprendre. Un homme en armure ne se gênerait certainement pas de la sorte.

HRP:

Saünee écouta Ragnor en se caressant pensivement le menton. Le sujet que le technophile évoquait n’était pas étranger au vampire, mais jusqu’à maintenant, il avait plutôt vu des gens effrayés par ces mystérieux évènements, auxquels s’étaient bien vite cousu toutes sortes de rumeurs. La population semblait plutôt tassée sous la crainte, et ne cherchait pas à en savoir davantage. Saünee n’avait pas changé grand-chose à ses habitudes depuis que cette atmosphère tendue planait sur Ishtar, mais avait surtout tendu l’oreille à chaque fois que l’occasion s’était présentée, même s’il était difficile de démêler le vrai du faux.

« J’ignorais que cette affaire avait attiré l’attention des factions. C’est donc plus sérieux que ce que j’avais imaginé. Je ne fais partie d’aucune de ces armées inter-raciales, mais j’ai bel et bien entendu parler des Abyssaux autant que d’une Calamité invoquée. »

Le frisson de panique qui secouait Ishtar, un village qui voyait quotidiennement la mer, était parfaitement compréhensible. Saünee aurait sans doute dû se sentir exposé, lui aussi. Sans doute.

« Je suppose que beaucoup de rumeurs ne sont pas exactes, mais j’en ai entendues beaucoup. Certains pointent du doigt les pirates. Sincèrement, si tout cela est bien la cause d’une invocation, leur innocence me surprendrait. Mais j'avoue avoir du mal à croire qu'ils agiraient seuls. »

Le vampire tenta de se remémorer les bribes de conversations importantes qu’il avait entendues sur le sujet ces dernières semaines. Mais il fallait bien le dire, le changement le plus flagrant qu’il ait remarqué était la tension présente dans l’air.

« Ishtar n’a jamais été un village bien tranquille, mais depuis que les Abyssaux de la Tempête font parler d’eux, je dois dire que cela a empiré. C’est une bonne chose que des hommes comme vous s’intéressent à ces évènements inquiétants. »

Rägnor avait l’air également bien renseigné sur le sujet. En tous cas, il saurait certainement mieux discerner le vrai du faux dans ce qu’il entendrait ; en effet, Saünee imaginait que les factions comme celle dont le technophile faisait partie avaient des sources sûres d’informations, peut-être des espions ? Étant neutre, le vampire ne connaissait pas exactement le fonctionnement de chacune des factions, ni des guildes. Peut-être cela serait-il utile de se renseigner, se dit-il.

Il hocha la tête, approuvant le procédé d’élimination de Rägnor concernant les potentiels complices des pirates.

« Effectivement. De façon logique, s’il s’agit bien d’une invocation, alors ils auraient été chercher leurs complices du côté de ceux étant capables d’une telle chose. Cela devrait déjà éliminer quelques noms. » Le vampire afficha ensuite un léger sourire. « Et en effet je ne pense pas que la Calamité soit ici pour nous vendre des boissons chaudes, même si ce serait merveilleux. »

Saünee marqua une pause.

« Exact, je suis, pour ainsi dire, totalement neutre de ce point de vue-là. Je me consacre à mon art –je suis alchimiste- et en fais profiter ceux qui le souhaitent. À vrai dire je n’ai jamais sérieusement pensé à me mettre au service d’un groupement en particulier. »

En réalité, le vampire n’y pensait pas parce qu’il ne se sentait proche d’aucun groupe, d’aucune faction. Depuis longtemps, il avait du mal à se sentir en phase avec le monde qui l’entourait et avait l’impression de vivre en paria, en loup solitaire. Ce qui n’était pas qu’une impression, à vrai dire.

Un bruit, léger mais suspect, mit fin à son petit train de pensée, et il tourna la tête vers la source de la nuisance, sa méfiance remontant d’un cran.

L'ennemi débute le combat.

Vitesse des joueurs : 403

Ragnör Lüpusànghrën : 2 130
Vitesse : 237
Dégâts : 415
Bonus : Armure : A chaque attaque subie, l'attaquant perd 80 points de vie.

Saünee Starvation : 120
Vitesse : 166
Dégâts : 35

--------VERSUS----------
Ennemi :

Cambrioleur : 500
Vitesse : 500
Dégâts : 200
Bonus : Vol : Si vous perdez le combat, le cambrioleur vous prendra 40 pièces d'or chacun.
Butin : 1 lapi-lazuli OU 6 perles OU 10 morceaux de charbon OU 1 bourse de 50 pièces d'or (aléatoire)

Cambrioleur attaque à 200 sur Ragnör.

Le membre 'Ragnör Lüpusànghrën' a effectué l'action suivante : Actions

---

'Attaque - Thérian.' :

La soudaineté de l’attaque surprit même le vampire, qui esquissa un geste de recul défensif alors que sa main se refermait sur la poignée de cuir de sa dague, dissimulée sous les pans de son manteau. Il fut rapidement en garde devant l’intrus aux côtés de Rägnor, prêt à intervenir si l’ennemi tentait de récidiver avant que le technophile n’ait eu le temps de reprendre ses esprits. Le visage de l’homme était dissimulé, mais sa carrure dépassait de loin celle de Saünee –ce qui n’était pas compliqué en soi.

Heureusement, Rägnor répliqua rapidement à l’offensive, et le vampire en profita pour se glisser à toute vitesse au côté du brigand, le dépassant en tranchant au niveau de son flanc avec sa dague.

Le membre 'Saünee Starvation' a effectué l'action suivante : Actions

---

'Attaque - Vampire' :

Les joueurs l'emportent, ils gagnent 30 points d'expérience et 25 pièces d'or. Les joueurs gagnent également une bourse de 50 PO.

Le vampire fut soulagé qu’ils parviennent à mettre rapidement un terme à l’affrontement. Un combat qui durait était un combat incertain. Du moins, l’issue en aurait été plus incertaine. D’un air indifférent, il essuya la lame ensanglantée de sa dague dans un pli de la tunique du bandit, puis la replaça à sa ceinture, après avoir glissé la bourse dans sa besace.

« La meilleure arme est celle que l’on ne voit pas, » dit-il avec un clin d’œil. « De plus, je ne bénéficie pas d’une stature qui me permet de manier une arme lourde ou de faire durer une confrontation violente, alors la dague est une de mes meilleures alliées. »

Saünee attirait peu l’attention, du moins l’arme qu’il portait. Car en plus de manquer de carrure, il n’avait pas non plus la chance de ressembler à quelqu’un de vivant. La base.

« Vraiment ? Il faut croire que nos classes respectives se ressemblent plus qu’on ne peut le croire. En tous cas, l’Alchimie est bien un art délicat. Mais elle a changé beaucoup de choses dans ma façon de voir le monde. Là où les autres voient, par exemple, des mauvaises herbes, je vois des organismes végétaux au potentiel incroyable. » Il haussa les épaules. « Le temps viendra peut-être où je mettrai mes compétences au service d’un camp ou d’un autre. Après tout, je pense avoir… Un peu de temps devant moi pour décider de cela. »

Bien sûr, les vampires avaient tout le temps qu’ils voulaient, en principe. Mais ce n’était pas exactement vrai pour lui. Sa vie allait connaître une fin, une fin qui ne serait cette fois pas synonyme d’un autre commencement. Saünee ne ressentait pas d’angoisse face à cette réalité.

- A vrai dire, pas du tout ! Répondit Ragnör à la question sur sa familiarité de la région. Comme pour manifester sa gêne par rapport à son manque de connaissance, il se gratta le dos en passant son bras par dessus son épaule droite.

- Comme je vous l'expliquais précédemment, je viens des montagnes du Baldor, et pour tout vous dire.. Je n'ai que peu voyagé lors de mes jeunes années et je ne connais donc pas du tout le reste du monde.

Et, ce faisant, il sortit un carnet de sa besace... Se rappelant après coup qu'il n'avait pas de plume pour le griffonner. Il grommela discrètement et rangea son carnet, comme si de rien n'était.

- Ce serait avec joie pour vos adresses !

Saünee lui expliqua ensuite qu'il était à la recherche d'une fleur appelée fleur de sureau, qui lui permettrait de terminer une potion. Ragnör n'avait aucune idée de ce que l'on pouvait faire avec une aussi petite plante, mais il était très intéressé par la chose.

- Je connais un peu la fleur de sureau. Du moins, je sais à quoi elle ressemble. Mais que peut-on faire de particulier avec elle ? Elle a des vertus spécifiques ?

Et, voyant que la nuit avançait petit à petit.

- Je pense que je devrais reprendre la route pour être à Ishtar au petit matin. Souhaitez-vous m'accompagner sur le chemin pour que nous continuions cette discussion ? Ou avez-vous d'autres priorités en cette fraîche nuitée ?