Première mission, gros frisson

À peine avait-il mis les pieds dans le jardin qu'une étrange mélodie se fit entendre. De légères clochettes faisaient sonner une de ces musiques qui restent dans la tête pendant des jours. Avançant prudemment, Urua tournait ses yeux alertes dans tous les sens, tentant de repérer le moindre mouvement, d'une feuille qui tombe au frémissement d'un buisson. Il n'arrivait pas à déceler d'où venait le son, même avec ses sens développés, mais il se doutait bien d'où il venait. La fée savait d'où il venait et pour quoi il venait.

Soudain, la musique se changea en vrombissement, tel celui d'un bourdon qui aurait décuplé sa taille. Le lion eut juste le temps de rejeter sa tête en arrière, un réflexe plus instinctif que volontaire, pour éviter la créature qui fonçait sur lui à une vitesse vertigineuse. Pour la forme, il lança un coup de patte dans la direction approximative de son adversaire mais ne rencontra évidemment que de l'air.

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Première mission, gros frisson

Une douleur fusa de l'arrière du crâne d'Urua. Apparemment, la fée aimait lancer des cailloux. Ça pourrait paraître ridicule mais la force de ces petits bras était prodigieuse. Assez puissants pour faire voltiger des étoiles autour de la crinière flamboyante. Mais le lion n'avait pas le temps de s'attarder sur la poésie du moment. Il devait s'en occuper. Il n'allait pas décevoir ses supérieurs alors que c'était sa première mission.

Sans réfléchir, la douleur des bosses que les attaques volantes lui avaient infligées obscurcissant ses sens, Urua dégaina sa flambant neuve rapière stellaroise et se retourna, hurlant sa rage et sa douleur à pleine gueule à la face de son adversaire. Toutefois, un nouvel éclair de souffrance lui cingla la bouche. Sa première pensée fut que la fée avait réussi à envoyer un de ses projectiles directement au fond de sa gorge. Puis, n'apercevant plus la créature, l'environnement ayant récupéré ses sons habituels, le vent dans les branches, les gouttelettes qui tombent sur l'herbe, il sut que quelque chose clochait.

Il n'eut pas longtemps à attendre la conclusion qui se fit lorsque les deux pièces du puzzle se mirent en place. Il avait finalement vaincu cette désagréable petite bonne femme aux ailes de libellule. Peut-être pas de façon conventionnelle. Il doutait même qu'un autre étudiant de l'institut ait réussi pareil exploit. Il lui faudrait demander aux professeurs lorsqu'il rentrera. Il faudrait d'abord qu'ils le croient. Finalement, avec une dernière déglutition pour faire passer le goût de la chair crue, le Lowen reprit la route de la forêt pour aller faire son étrange rapport.

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