L’air été frais, j’entrais une nouvelle fois dans la grande arène qui surplombait les montagnes, mes bottes toutes neuves s’enfonçant déjà dans le sable rougi par endroits. Je n’avais pas dit mon dernier mot, déjà prête à prendre ma revanche sur l’hostile créature, cette fois-ci bien mieux préparée.

M’avançant vers le centre, je m’arrêtai à bonne distance de mon adversaire qui me fixa sans ciller, pas même d’une moustache lorsque je déposai mon violon sur mon épaule.

« Finalement, cet endroit n’est pas différent de la piste du cirque. » Me dis-je en observant le public, qui attendait sagement.

« Oui, à la seule différence que là, tu n’es pas toute seule sur la piste, évite de lui jouer une comptine, le but c’est quand même de le ratatiner ! »

Lune n’avait pas tort sur ce point. J’inspirais alors un bon coup, rassemblant mon courage et toute ma concentration. Mais je me rendis compte n’avoir aucune idée de la manière dont je pourrais utiliser la musique pour vaincre mon adversaire. Si bien que j’en oubliai complètement de jouer, restant planté comme une statue, sous le regard attentif de tous.

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Ayant mal évalué mes distances, je n’eus pas le temps de reculer avant que la créature ne me taillade le bras de sa petite épée. Sans me laisser abattre par la douleur et le sang commençant à dégouliner sur ma jolie robe (brune pour l’occasion), je courus le plus vite et le plus loin possible de ce cure-dent sur patte. Arrivée à bonne distance, légèrement essoufflé, je me concentrai sur mon instrument, sortant ma partition fétiche de ma sacoche puis je la touchai avec mon archet. Le papier s’illumina et les notes apparurent devant moi, alors je me mis à jouer.

La brume se dégagea de mon instrument pour prendre tout l’espace possible dans l’arène, se concentrant essentiellement autour de mon adversaire qui sembla tout à coup perdu, tentant de frapper l’épais brouillard lui faisant ressentir tantôt de l’effroi, tantôt de la tristesse.

Effets:

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Le charme ne dura malheureusement pas longtemps, le rabclaw semblant moins affecté que la normale par ma musique, il se ressaisit rapidement avant de me foncer dessus de nouveau. Trop absorbé par mon numéro, je n’esquivais pas à temps le second coup d’épée que me porta la créature, mon bras servait de nouveau de bouclier.

Sortant une petite dague de secours de ma ceinture, je tentais de riposter, mais n’ayant pas vraiment d’expérience dans ce domaine, mon adversaire n’eut aucun mal à me désarmais. Je reculais donc, penaude, le plus loin possible.

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Le lapin bipède me courus après et n’eus aucun mal à me sauter dessus, me projetant avec ses fortes pattes arrières dans le sable. Une douleur lancinante parcourut mon dos lorsque je me relevais, mais ce n’était rien en comparaison à la colère et la frustration que je ressentais alors. Sans plus réfléchir, je recommençais à jouer, d’un rythme rapide pour que la brume apparaisse le plus vite possible. Elle entoura le mercenaire avec force. Rejouant ma partition, je n’eus même pas besoin de la sortir car les notes apparurent d’elle-même sous mes yeux, comme si seul le fait d’y avoir pensé l’avait activé. Au bout d’une minute seulement, Lune apparut dans le brouillard, une forme de loup bleutée qui se précipita sur mon adversaire, le traversa comme un fantôme, d’un sentiment froid, glacé et terrifié.

Effets:

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Mon adversaire luttait contre la force de mon pouvoir, avançant dans la brume bleutée comme s’il traversait une tempête puissante. Alors j’amplifiais la force exercé sur mon instrument, mais il arriva à ma hauteur et d’un coup de pied fit valser mon violon plusieurs mètres plus loin. D’un coup de poing bien placé, il me coupa la respiration. Je chancelais avant de me ramassais sur le sable, haletante.

La créature avait reculé, lui aussi était bien amoché. Même si physiquement il ne montra aucune blessure, son esprit était tourmenté car j’avais insufflé tant d’émotions dans son petit esprit de lapin qu’il mettrait un moment à s’en remettre. Alors, c’est non sans mal que je me relevais, me tenant le ventre. Le regard aussi meurtrier qu’il pouvait l’être.

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Mon adversaire se déplaça, pour se mettre entre mon instrument gisant à plusieurs mètres, et moi. Je me relevais, reprenant mon souffle je réfléchis à la suite du combat, un vague frisson me parcourut. Il n’était plus temps de réfléchir.

Quelques secondes me suffirent pour troquer ma forme humaine. Mes pattes s’enfoncèrent légèrement dans le sable frais de l’arène, mille odeurs s’engouffrèrent dans mes narines sensibles et je ne mis pas longtemps à reconnaitre celle du lapin bipède qui n’avait pas bougé, visiblement trop apeuré. Dénudant mes belles canines, un grognement profond sortit de ma gorge. Nous nous regardâmes un moment en chien de fusille, attendant que l’autre fisse un mauvais pas. Le mercenaire bougea enfin, se mettant à décamper, mais j’étais rapide, très rapide, en quelques foulé je fus sur lui, sautant avec force, nous roulâmes dans le sable et avant qu’il ne s’échappe à nouveau, j’enfonçais mes crocs dans la chair tendre de son bras.

« J’me rend ! » Hurla-t-il soudainement, autant de douleurs que de peur que je ne le dévore vivant. Je le lâchai, un sourire canin sur le visage.

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