Lariela avait l'habitude de l'arène, à présent. Néanmoins, lors de son dernier combat, c'était la première fois qu'elle avait rencontré quelqu'un qu'elle voulait revoir. En effet, cette créature l'intriguait. Autant par sa race qu'elle ne connaissait pas avant de la rencontrer (et dont elle ne savait d'ailleurs toujours rien, mis à part que cette créature était trop différente d'elle et de ceux qu'elle connaissait pour leur être apparentée d'un quelconque manière) que par ses compétences qui lui semblaient supérieures aux siennes... Et qu'elle mourait donc d'envie d'apprendre.

Pour cela, comme elle se l'était promis, dès son réveil, elle avait été questionner les organisateurs et en était ressortie avec toutes les informations nécessaires pour la conctacter par missive. Ce qu'elle s'était empressée de faire une fois de retour chez elle.

"Chère Madame Alienor,
Je suis Lariela, l'elfe aux cheveux verts que vous avez récemment affronté à l'arène de BaldorHeim. Je dois vous avouer que vos compétences m'ont impressionnée... Et vous m'avez intriguée. De mon côté, j'imagine que je dois aussi avoir quelque chose à vous offrir... Si un échange productif vous intéresse, je vous propose de nous retrouver à Endorial à la date qui vous conviendra.
Soyez assurée de mon profond respect.
Bien à vous,
Lariela."

Une fois la correspondance écrite, elle hésita. Etait-ce une bonne idée ? Certes, elle avait envie de la revoir, mais... Etait-ce réciproque ? Si ça se trouvait, elle se moquerait d'elle si cette lettre finissait réellement par partir... D'un autre côté, si elle était reçue positivement, ce serait une immense opportunité. Alors, cela valait-il le coup de risquer une moquerie qui, de toutes façons, ne se traduirait pour elle que par une absence de réponse ?

Finalement, elle ne mit pas longtemps avant de décider qu'elle pouvait toujours tenter. Dans le pire des cas, elle recevrait une lettre de refus ou rien du tout. Ce n'était pas si terrible. Elle se rendit donc en ville pour envoyer sa missive, avant d'en profiter pour faire quelques courses et de rentrer sans s'attendre à rien. Après tout, si cette dame décidait de ne pas répondre, Lariela aurait tort d'attendre un retour.

Si la jeune stryge fut surprise de recevoir une missive de la part d’une de ses adversaires rencontrée lors du championnat de Baldhoreim, elle salua bien vite le culot et l’effort qu’avait fourni cette elfe pour pouvoir la rencontrer. Alienor se dit également que les organisateurs du tournoi laissaient beaucoup trop facilement sortir les informations personnelles des candidats à son goût. Peut-être qu’une petite visite de courtoisie s’imposerait en leurs locaux à sa prochaine visite de la ville naine.

Quoiqu’il en soit, la purificatrice se prit au jeu, et répondit par la positive à la lettre de sa camarade guérisseuse. Elle lui proposa de se rencontrer trois semaines après réception de sa réponse, temps qu’il lui faudrait pour terminer quelques tâches chevaleresques et voyager jusqu’à la grande ville arboricole.

Ses pieds foulèrent enfin les terres de la nouvelle Arborempolis. Trois semaines c’était écoulé et il ne lui restait plus qu’à chercher sa correspondante à travers les ruelles boisées bondées de monde. Si la forêt de Sylfaen montrait une façade paisible et sauvage, Endorial était pourtant le cœur d’une fourmilière grouillante de vie qui ne manquait pas de capter l’attention de la stryge. Ses grandes ailes blanches se dandinaient au rythme de ses pas et son bâton à la pierre solaire était solidement fixé dans son dos. Plus curieux encore, la petite griffonne qui marchait à ses côtés. Eidunn arborait un plumage blanc saupoudré de noir. Depuis le début du voyage de sa maîtresse, la griffonette avait bien grandit et arrivait maintenant à la taille d’Alienor. Elle gazouillait joyeusement sur le chemin, curieuse de tout comme à son habitude.

Rare étaient les moments où la jeune Purificatrice s’autorisait le droit de flâner, aussi prit-elle ce temps-là pour se détendre et profiter de l’endroit, après tout, le lieu s’y prêtait. Les elfes avaient cette faculté de laisser paraître une paix contagieuse partout où ils étaient.
La journée était bien avancée lorsqu’Alienor arriva au point de rendez-vous.

« Bonjour Lariela, Alienor Lumière de L’Aube… Enchantée. » La jeune stryge se présenta solennellement, avec l’humilité qu’on lui avait inculqué à la Tour Blanche.

Etrangement, son ancienne adversaire avait répondu présente. Lariela devait bien avouer qu'elle ne s'y attendait pas. Sa lettre avait été comme une bouteille à la mer... Si Lariela savait seulement ce qu'était la mer. Autant dire simplement... Qu'elle l'avait envoyée sans vraiment s'attendre à un retour. Elle tentait sa chance, sans vraiment attendre de réponse, voilà tout.

Mais elle avait eu la réponse qu'elle n'attendait pas. Et comme c'était elle qui avait proposé ce rendez-vous... Elle se devait de l'honorer. Que penserait cette femme aux jolies ailes si elle ne se présentait pas au lieu dit ?

Laissant donc Elaran aux bons soins d'une amie d'Endorial, Lariela se dirigea donc vers la grand-place, répétant mentalement ce qu'elle pourrait dire à Alienor une fois qu'elles se seraient retrouvées. Il lui faudrait s'expliquer, sans pour autant s'emmêler les pinceaux, rester respectueuse tout en formulant ses demandes, ne pas trop parler, l'écouter... Mais quand même lui exposer le motif de leur rencontre.

Au final, lorsqu'elles se retrouvèrent, tout ce qui sortit fut un petit :

- Lariela, euh, enchantée... Aussi.

Elle se serait donné des baffes. C'était si nul, comme entrée en matière ! Mais il semblait que pour le moment, ce soit tout ce dont elle était capable.

Alienor fut surprise de la timidité de la jeune elfe. Après tout c’était elle qui avait fait les démarches pour une telle rencontre, et dans quel but au juste ? La stryge recula d’un pas, laissant le temps à Lariela de respirer. Elle attendit patiemment, militairement même, qu’elle se présente et annonce le motif de sa lettre mais juste un petit mot fut soufflé avant que l’elfette ne perde ses moyens.

Comptait-elle lui faire perdre son temps ? Non pas qu’Alienor soit débordée mais elle n’appréciait pas vraiment qu’on se joue d’elle. Elle fronça les sourcils, songeuse.

« Bien, marchons, je n’étais jamais venu à Endorial, faites-moi donc visiter un peu, nous aurons tout le loisir de parler de votre missive plus tard, Lariela. »

La jeune purificatrice espérait ainsi détendre l’atmosphère car elles n’arriveraient à rien si l’elfette ne réussissait pas à aligner deux mots. Eidunn gazouilla gaiement autour de l’interlocutrice de sa maîtresse, heureuse de s’être fait une nouvelle amie. La griffonne était sans aucun doute plus sociable qu’Alienor.

Cette dernière amorça la marche, encourageant Lariela à prendre la tête pour les guider à travers la ville arboricole.

« Dites-moi Lariela, depuis combien de temps êtes-vous sensibles aux arts de la guérison ? » Demanda-t-elle au bout d’un long moment de marche, sur le ton de la conversation et de la curiosité. Alienor souhaitait vraiment en savoir plus sur elle.