De retour de son entraînement du jour, la renarde venait de récupérer ses filles à l’Institut, avant de faire un passage à Endorial afin de prendre un bon repos dans l’une des auberges du coin, avant de rentrer chez elle à Stellaraë. Depuis quelque temps, la rouquine s’entraînait plus souvent dans les bois, à l'abri des regards, principalement pour une raison : elle avait posé sa candidature à la Garde Zéphyr et attendait la réponse depuis. Elle n’avait aucune idée de comment on la contacterait, alors l’harenienne passait le plus de moment possible dans les bois, plutôt que chez elle. En vérité, grâce à ses montures, la petite famille pouvait facilement voyager entre les deux villes.

Tenant sa griffonne par la bride, la maman déambulait dans les rues, ses jumelles retenues à elle par son ingénieux système de foulards, Danica sur l’une de ses épaules et le corbeau sur l’autre. Petit Tambour la suivait de prêt, la bride de l’hippogriffe à la main et son vautour sur le dos de la monture. Son prochain numéro utilisant tous ces animaux, le duo devait donc trimballer tout ce beau petit monde pour les entraînements.


Alors que la rouquine sortait d’un bâtiment, repas familial en main, elle rejoignit l’enfant humain l’accompagnant, rester dehors avec les animaux. C’est alors qu’un oiseau se posa sur son épaule désormais libre, un message accroché à l’une de ses pattes.

- Qu’est-ce que c’est ?

- Laisse-lui le temps d’ouvrir le message avant de demander, lui lança la petite fée en se posant sur la tête du gamin.

Après avoir pris connaissance du contenu de la missive, l’arlequine devint pensive. C’était Urua qui la sommait enfin, sans doute pour lui affirmer ou non si elle serait enfin une zéphyrienne.

- Alors ? lancèrent en cœur Danica et Petit Tambour.

- On va à la Garde Zéphyr.

Ignorant cependant où se situait le quartier général de la faction, l’harenienne du demander conseil à un zéphyrien de passage en ville, qui accepta de la guider sur place après qu’elle lui eut montré la missive du Löwen comme preuve de sa convocation. Les sentinelles prirent le relais une fois non loin. Lorsqu’enfin la jeune femme se présenta à Urua, Eyara se présenta à lui sans l’enfant humain et ses animaux, Petit Tambour l’attendant aux écuries avec la ménagerie sur demande de la rouquine. Un griffon et un hippogriffe prenant de la place dans les couloirs, elle ne désirait pas encombrer inutilement la place. Ne restait donc que ses filles et la petite fée, cette dernière s’étant assise sur l’épaule droite d’Eyara, curieuse de rencontrer un thérianthrope lion pour la première fois. Une fois devant le Löwen, la petite créature se cacha pourtant dans sa tignasse rousse en lâchant en murmurant un <<Tu m’avais pas dit qu’il était aussi imposant …>> Et bien, voilà qu’Eyara était surprise de la réaction de Danica, ne l’ayant jamais vu agir ainsi. Mais ce n’était pas le moment de se questionner, la jeune femme était ici pour Urua.

- Vous m’avez fait demander, m’sieur Urua ?

- Oui, en effet. Asseyez-vous.

Il avait parlé calmement, mais le ton lui fit vite comprendre qu’il s’agissait d’un ordre à son encontre. Cela lui fit cependant craindre un refus de sa candidature à la faction. La maman prit tout de même place, sans s’appuyer au dossier, au vu de Loona dans son dos. Un peu raide sur son siège, après tout, la rouquine avait eu son lot de mauvaises nouvelles ces derniers temps, et le ton du lion ne la rassurait pas plus qu’il le fallait, Eyara observa tout de même le Löwen. Il semblait pensif lui aussi, les mains jointes ainsi et ses coudes plantés sur le bureau.

- Je suppose que vous savez pourquoi je vous ai convoqué.

Quelle question, s’était on ne peut plus évident.

- Je présume, puisque nous sommes au quartier général de la Garde Zéphyr, qu’il s’agit ici d’un entretien à propos de ma candidature pour la Garde ?

Elle ne voyait pas pour quel autre raison il l’aurait fait demandé à cet endroit précis. À moins que quelqu’un se soit plaint de sa ménagerie pendant ses entraînements forestiers. Elle repensa à Danica. L’arlequine savait que la variante sylvestre de sa race était une espèce protégée par ici, mais quand était-il de la variante nordique ? Logiquement, si cette version était aussi sous protectorat, il devrait normalement revenir à la Milice. Les griffons, les hippogriffes et les vautours géants n’étaient pas non plus de la région, et l’harenienne n’imaginait pas le corbeau en espèce sous protection. Le nombre posait peut-être problème aux gens du coin dans ce cas ? Autant attendre la suite de la discussion pour en avoir le cœur net.

- C'est directement lié. Il s'agit plutôt de plusieurs rapports qui m'ont été faits. Selon les guetteurs et les éclaireurs, vous auriez tendance à obtenir beaucoup de compagnons animaliers de façon violente et parfois illégales.

Le problème venait donc bel et bien de sa ménagerie. Cependant, la jeune femme ne comprenait pas l’illégalité mentionné par le Löwen. Violente, certes, bien que cela ne soit arrivé que deux fois, mais illégal ?

- Vous êtes au courant de la raison d'être de la Garde Zéphyr. Je vous en ai moi-même fait la présentation. Vous savez donc que ce genre de comportement n'est pas toléré par nous et, lorsqu'il y a abus, il y a des conséquences.

Cette fois, la renarde répondit presque aussitôt, peu sûre d’elle sur ce coup. Décidément, ce n’était pas ce à quoi la jeune femme s’attendait.

- Hum, et bien, en fait, la plupart d’entre eux sont soit des cadeaux, soit des sauvetages. Je m’explique. Mon archéoptéryx fut sauvé de brigands lors de ma première route vers Sylfaën. Mon élémentaire de pierre est un cadeau de l’un de mes frères. Holy m’a offert un étalon pour tirer ma caravane du Cirque. L’hippogriffe, le corbeau et Danica, lança-t-elle en incitant la petite créature à sortir de sa tignasse, je les ai achetés à différents marchands, dans l’optique de leur offrir une meilleure vie que ce qu’ils avaient. En soit, la monture et le volatile sont à Petit Tambour. C’est l’enfant qui veille sur eux afin de l’aider à prendre des responsabilités. Quant à cette petite fée, elle était malade lorsque je l'ai acquise, je l’ai soignée et promis de la ramener dans le nord lorsque mademoiselle voudra rentrer chez elle.

- Je confirme, lança la créature ailée de sa petite voix, son corps chétif encore un peu marqué par la maladie.

Eyara profita de cet instant pour souffler un peu, et tenter d’expliquer les combats contre son griffon et le vautour. C’était apparemment l’un des points les plus importants de cette conversation. Sa voix était cependant plus assurée.

- Quant aux deux autres, certes, j’ai dû combattre, mais j’avais de bonnes raisons. Pour Vroska, je désirais ardemment rejoindre les Dragonniers, vous savez, nous avons fait une mission ensemble. Et pour cela, je devais faire mes preuves. Voulant voyager plus vite via les airs, j’ai pensé au griffon. Quand au vautour, j’étais de passage dans la savane, lorsque j’ai été attaqué par le volatile. J’ai voulu le laisser au village de Kothemba, mais vu son état après le combat, j’ai préféré le garder avec moi pour le soigner. Et lorsque j’ai voulu libérer le volatile, et bien elle n’a pas voulu partir, donc l’oiseau est toujours avec moi.

Son visage et son aplomb finale prouvaient qu’elle était franche, au point d’avoir toute listé sa ménagerie. S’il y avait bien une chose que la renarde avait en horreur, c’était bien le mensonge, bien que l’utilité était parfois envisageable. Mais dans le moment présent, il en était hors de question. Sa place dans la faction dépendait de son honnêteté. Mais le lion la croirait-il sur parole ? La présence de la fée nordique pouvait certes l’aider, mais peut-être cela lui nuirait-il. Eyara n’avait eu que quelques missions auparavant avec Urua. Certes la renarde lui faisait confiance, mais qu’en était-il de lui ?

- Mais si cela peut aider, je suis prête à confier certains d'entre eux au Cirque, si cela peut aider à l'image de la faction.

La jeune femme ne se voyait pas relâcher la plupart d'entre eux, certains étant trop docile pour retourner à la vie sauvage. S'ils étaient abandonnés, la plupart périrait sans doute aux boit de quelques jours, voir quelques heures. Au moins, au Cirque, ils seraient sauvés.