Eh v’la t-il pas que je suis sortie avec mon lasso de chez l’vendeur ! Pas peu fière la Nina ! Au sein des ruelles, je ne prends pas le risque de le déployer. Non, je ne pourfends pas l’air en criant HIIIIIIIAAAAAA et pourtant ce n’est pas l’envie qui m’manque figure-toi ! J’esquisse quelques pas et à l’abri des regards, je viens soigneusement le déplier à même le sol. Je regarde à droite, à gauche, m'assurant que personne ne va m'voler ma nouvelle acquisition. Ces choses là coutent la peau du cul ! Et par les temps qui courent moi, je ne veux pas prendre le risque de me faire voler par un pirate ou malfrat quelconque. Même si j'connais un pirate maintenant et peut faire appel à un ami, on est jamais trop prudente.

Le long des pavés, mon lasso semble mesurer deux bons mètres mais dans le doute je viens marcher à côté en comptant un, puis deux puis deux et demi pas ! Deux mètres trente de lasso ! Un peu court comme mon passage à Château Rouge. Je ne vais pas forcément pouvoir capturer ce que je veux avec mais je viens m’en ressaisir pour l’enrouler autour de mon poing fermé avant de dégager ma main pour simplement tenir le lasso ainsi enroulé. Les bras ballants, le pas léger, fanfaronnant gaiement, je me dis que les gens doivent me trouver beaucoup trop courageuse, beaucoup trop belle, ainsi armée.

Je pars à la recherche d'un petit compagnon à dompter, cessant de fanfaronner.
La concentration est de mise désormais tandis que je viens me faufiler à l'arrière d'un muret. Je guette, retiens mon souffle, attendant de voir quel animal va se présenter à la fureur de mon lasso...

Tapie dans l'ombre j'observe l'oiseau se balader. L'ombre de la Tour Noire vient planer dangereusement au dessus de ma tête. L'oiseau, lui, semble en avoir rien à s'couer: il piaille gaiement entre les fourrés tandis que je reste tapie derrière mon morceau de muret. Ne dévoilant pas immédiatement ma position, je prends le temps de déplier soigneusement mon lasso entre mes mains. Je fais glisser le semblant de lanière entre mes doigts et relève le menton pour mieux appréhender ma cible. L'oiseau choisit ce moment précis pour foncer droit vers moi en piaillant comme un forcené. Fou à lier, il me vise de son bec tranchant à de nombreuses reprises. Me refusant à déshonorer Saigo sur ses propres terres, je relève mon bras pour me protéger le visage et de mon autre main je m'arme à la hâte. Je ne prends plus mon temps, raffermis ma prise sur la cordelette, vise et laisse mon lasso filer entre mes doigts.

La masse volante noire s'effondre au sol, capturée. Je sors de ma cachette pour m'en saisir observant avec une fascination certaine ses grandes ailes noires.

Fin du combat