De passage à sa boutique après un long voyage, la nordienne commença par vider ses sacs et ranger  les articles qu’elle ramenait pour sa boutique au bon endroit. Gunnar, son assistant depuis peu, l’aida pour le coup, puis retourna au comptoir, tandis que la jeune femme s’engouffrait dans son atelier. Hilda y avait livré un ensemble d’enchantement de l’Institut afin de pouvoir travailler depuis son commerce et, depuis peu, avait une idée bien précise derrière la tête. Dans son manuel scolaire, la demi-elfe avait vu une mention sur un objet de cuivre et de saphir pouvant apporter une certaine force par moment à son utilisateur. Et, par la même occasion, il s’avérait qu’il s’agissait du genre d’objet qu’il lui fallait concevoir afin de réaliser l’une de ses épreuves chamaniques. La völva avait donc fait l’acquisition des matériaux et était maintenant prête à tenter la réalisation. Après vérification, Hilda prépara un saphir et du minerai de cuivre pour commencer, gardant les becs d’aigle, le poisson d’eau douce et le blé doré pour plus tard.

Elle fit d’abord fondre le minerai afin de ne garder que le métal, que la jeune femme coula dans un moule afin de le transformer en un fin lingot, qui, après de longue heure de travers, devint un long fil métalique facile à manier. La demi-elfe tailla ensuite la gemme afin d’avoir un ovale parfait. Avece le fil de cuivre, la jeune femme coupa plusieurs tige, qu’elle plia et tourna à plusieurs reprise. Cette manipulation lui permit de faire une sorte de cage à la gemme, illustrant à l’avant un arbre. Le tronc et les nombreuses branches se rejoignaient à l’arrière, avant de terminer en une boucle au sommet du médaillon afin de l’enfiler sur une corde ou une petite chaîne.

La völva porta ensuite son attention sur le reste des matériaux. D’abord, il lui fallut écailler le poisson, gardant les écailles pour le rituel d’enchantement et gardant la chair pour son prochain repas. Hilda déposa ensuite les écailles, les becs et le blé dans un mortier, réduisant le tout en une poudre grossière. Ne lui restait qu’à trouver comment lier le tout, selon les enseignements de son camarade professeur de l’Institut, Cthonyak. La jeune femme eu alors une idée, se fiant aux traditions nordiennes. Dégainant son poignard, la demi-elfe s’entailla le creux de la main, versant ainsi quelques gouttes de sang dans le mélange poudreux. Traçant ensuite des runes en formant un cercle avec le résultat, Hilda plaça en centre le médaillon créé plus tôt et versa dessus ce qu’il restait dans son mortier. Avec son sang, la nordienne quelques autres symboles ésotériques, puis plaça sa main blessée à quelques centimètres au-dessus de l’ensemble, se concentrant sur sa magie pour y balancer toute sa puissance.

- J’en appelle aux dieux nordiens et à la puissance des esprits Gardiens : permettez-moi d'insuffler dans ce médaillon magie et puissance afin qu’il m’aide dans ma quête. Qu’il améliore mes capacités et qu’il décuple ma force lorsque cela sera nécessaire.

Un bref éclat lumineux ébloui la jeune femme. Lorsque la luminosité revint à la normale, il ne restait plus que le médaillon sur la table, le saphir brillant d’un léger éclat magique. ”Génial, j’ai réussi !”

C’est alors qu’Hilda remarqua Ansur, son esprit corbeau et principal guide, qui se posa non loin, une plume bariolé de noir et de blanc dans le bec. Il le déposa dans la main de la jeune femme puis disparut. Cette plume était le signe des Gardiens qu’elle venait de réussir l’épreuve du coq. Ne lui restait plus qu’à fabriquer la breloque puis d’accomplir le rituel qui lui donnerait l’opportunité d’ajouter l’esprit du coq à ses alliés potentiels. Fière de ses progrès, la nordienne rangea précieusement la plume en attendant le bon moment pour l’ajouter à ses trophées.

- Patronne, y’a une nouvelle commande pour vous qui vient d’arriver.

De passage à sa boutique quelques jours afin de remplir les stocks avec le matériel de ses dernières chasses, Hilda ne s’attendait certainement pas à recevoir une commande, alors qu’elle n’avait prévenu personne de sa présence à Kastalinn. Et pourtant, Gunnar, son employé, se tenait devant elle, une petite caisse et une enveloppe à la main.

- Montre-moi ça.

Le paquet portait le sceau de l’Institut de magie. Décidément, le personnel du courrier semblait avoir des yeux partout. Le paquet contenait quelques ingrédient, ainsi que le formulaire de commande pour des enchantements, spécifiant la jeune femme comme personne requise pour la création. La demi-elfe haussa un sourcil. Sans doute cela était-il dû à son statut de cheffe de maison, qui lui offrait une certaine notoriété maintenant.

Portant un regard plus attentif, la völva remarqua qu’il s’agissait d’une commande pour deux enchantements : un améliorant la vitalité et l’autre la résistance. Après un bref regard aux matériaux, la nordienne indiqua à son employé où ranger les nouveautés puis se retira dans son atelier. La jeune femme commença par tout déballer, séparant les matériaux entre ce qu’elle croyait être le plus utile pour tel ou tel enchantement. Le dernier au fond de la boîte l’intrigua : une fiole de sable élémentaire. Soit le commanditaire n’avait pas les pièces d’or pour payer son travail, soit il savait ce que la jeune femme cherchait, au choix. "Espérons que c’est la première option …"

Hilda se concentra d’abord sur l’enchantement de vitalité. De ce qui était fourni, il y avait des plumes, une serre et un bec d’aigle géant, une émeraude et une plante, que la demi-elfe reconnu comme étant une pivoine sanguine de Spelunca, pour avoir vu un croquis dans l’un des livres de son bureau. Mais en y réfléchissant, voilà qu’elle songeait qu’il manquait un truc. Allez savoir quoi par contre, alors autant commencer le travail et voir par la suite. La völva commença donc avec la serre, se disant que cela pourrait faire une bonne base pour un médaillon. Armée d’un couteau à lame assez fine, Hilda tailla des runes par endroit, toutes biens sûr symbolisant forces, énergie et vitalité. Elle cassa ensuite le bec, se servant des éclats pour les incruster dans les motifs tracés. Après réflexion, la demi-elfe fouilla dans sa réserve et en sortit un coquillage, se servant aussi des éclats pour décorer la serre. Contente du résultat, la nordienne poursuivit avec un peu d’argent, des retailles qu’il lui restait dans ses matériaux. Elle le fit fondre afin d’en faire une petite plaque qui, une fois façonnée en anneau, permettrait de placer le bijou sur une lanière de cuir afin de le porter au cou. L’émeraude fut par la suite fractionnée en deux morceaux, avant d’être retaillée puis insérée de chaque côté du pendentif.

Préférant terminer les enchantements en même temps, la demi-elfe s’attaqua ensuite au réceptacle censé contenir la magie de résistance. Pour celui-ci, la völva avait à disposition du bois de cerisier, une essence sylvestre, des serres d’aigle supplémentaires ainsi qu’une algue en provenance de Sitlantà. Hilda songea alors à faire un bracelet, cette fois-ci. Commençant par le bois, elle tailla deux demi-cercle suffisamment grands pour un poignet d’homme, à voir le nom du commanditaire, avant de poser une petite charnière d’un côté et un fermoir de l’autre. Elle y grava ensuite d’autres motifs runiques, cette fois liés à la protection et la résistance. Comme pour le médaillon, la nordienne brisa l’une des serres pour remplir les dessins avec les éclats. Une fois cette étape réalisée, la jeune femme se servit de l’essence sylvestre comme d’une huile à bois et l’appliqua sur le bijou afin de lui offrir un côté lisse et lustré.

Ne restait maintenant plus que les enchantements en eux-mêmes. Hilda commença par le pendentif. Elle traça d’abord d’autres runes sur sa table d’enchantement à l’aide de la pivoine sanguine de Spelunca, que la jeune femme avait au préalable séchée puis mise en poudre. La demi-elfe posa ensuite les plumes en croix au centre, suivi du bijou par-dessus. La völva posa ensuite sa main sur l’ensemble et lança :

- J’en appelle aux dieux nordiens et à la puissance des esprits Gardiens : permettez-moi d'insuffler dans ce médaillon magie et énergie vitale. Qu’il améliore la santé de son porteur et qu’il décuple son essence vitale lorsque cela sera nécessaire.

À peine les derniers mots furent-ils prononcés que la nordienne sentit une partie de sa magie la quitter, passant par sa main et s’engouffrant dans le pendentif, preuve de sa réussite. Ignorant Ansur, son esprit corbeau, qui venait de se percher derrière elle, car oui, Hilda avait ressenti son arrivée, mais préférait terminer ce qu’elle avait commencé avant, là voilà qui nettoyait sa table d’enchantement, effaçant les traits runiques. La jeune femme fit ensuite une autre poudre, cette fois pour l’enchantement du bracelet, en ajoutant les serres d’aigle restantes, l’algue sitlantéenne, également séchée au préalable, ainsi que des écailles d’un poisson d’eau salée de sa réserve. Après avoir dessiné les symboles lié à ce type de magie, la nordienne posa le bracelet au centre et se positionna comme pour le pendentif, avant de lancer :

- J’en appelle aux dieux nordiens et à la puissance des esprits Gardiens : permettez-moi d'insuffler dans ce médaillon protection et résistance. Qu’il améliore la défense de son porteur et qu’il décuple ses forces lorsque cela sera nécessaire.

Comme pour le précédent bijou, la jeune femme sentit une partie de sa magie s’insuflé dans le bracelet, preuve de sa réussite. Le croassement de l’esprit-corbeau attira enfin son attention. Celui-ci possédait dans son bec une plume d’aigle, ainsi qu’une pierre translucide contenant un scorpion. Avec cette commande, la nordienne venait d’accomplir deux autres épreuves. Elle remercia son Gardien, puis termina la commande, fabriquant des écrins pour le transport des deux bijoux, avant d’emballer le tout dans une grande caisse, direction l’Institut de magie pour livraison.