Je ne devais plus attendre que mon destin toc à ma porte. Je devais avancer et quitter mon manoir pour retrouver Amélia. Les cartes que j’avais trouvées m’avaient été d’une grande aide afin de trouver cet endroit dont elle m’avait parlé. Ce lieu d’où elle venait et où elle était certainement retournée après m’avoir abandonné… Je ne devais plus y penser. Elle hantait peut-être encore mon sommeil, mais mon objectif était clair, me libérer de son emprise une bonne fois pour toutes.

Pòm avançait d’un bon rythme sur les sentiers sombres des terres désolées. Il n’y avait rien, à des kilomètres à la ronde. Mise à part des reliefs sinistres et des bosquets d’arbres morts dans lesquels pourrait se cacher nombre de monstres à l’image de la région. J’avais faim, mais il n’y avait rien à se mettre sous la dent.

La lune était haute dans le ciel et le terrain dégageait offrait une excellente vue d’ensemble. Aussi, lorsque je pus apercevoir au loin des formes ressemblant vaguement à des maisons, je fis presser le pas de ma monture afin d’aller voir de plus près de quoi il retournait.

Un énorme corps de ferme semblait pousser de nulle part, trônant au milieu de ce paysage désolé comme pour affirmer la possibilité de son existence.

« Arrière ! Entendis-je crier de l’entrée de la maison. Allez-vous-en ! Je ne veux pas de vous ici ! » La voix était lente et tremblotante, celle d’un vieillard.

Je m’approchais un peu plus, la bâtisse délabrée par les années semblait tenir debout par miracle. Le vieil homme essayait de faire partir trois hommes qui dégageaient une puanteur abjecte. Vêtus de haillons, ils ne communiquaient que par grognement indistinct.

« Avez-vous besoin d’aide ? Monsieur ? » Demandais-je par courtoisie, mais comme un seul homme, les trois racailles firent demi-tour vers moi. Ils avançaient à pas lent, les bras en avant, comme pour être prêt à m’attraper.

« Brigïndr ! Psalmodiais-je. Un pentacle rougeoyant apparut au-dessus des trois hommes puants. Des serpentins de flamme en sortirent, enlaçant les pauvres victimes qui furent entièrement carbonisés dans des sifflements d’agonies.

« Mais vous êtes fou ! Gronda le vieillard. Vous allez attirer l’attention du marionnettiste à faire tout ce boucan ! »

Pensant avoir bien agi, je fus surpris de la réaction de la victime. « On a faim, nourrissons nous au lieu d’écouter les élucubrations d’un vieux fou. » Je luttais contre pour ne pas perdre le contrôle. Descendant de cheval, je me tins le front d’une main, comme si ça allait être utile pour diminuer la douleur de la marque qui irradiait.

« Qui est ce marionnettiste ? Si on avait offensé une quelconque entité en ces lieux, j’aimais autant le savoir. Le vieillard se tourna vers une colline. Un énorme manoir, aussi sinistre que le reste de la région, trônait comme pour surveiller son domaine.

-Il vit là-haut, et n’aime pas être dérangé… Il… Vois… Tout… »

Je pouvais sentir la terreur de l’homme, ça me fit froid dans le dos. Mais… « Aller, c’est à mon tour, il fait nuit ! » S’impatienta l’autre, mais je ne voulais pas lui laisser le contrôle… Non…
Le pentacle sur mon front brilla sous l’effet de la tension, je me sentis tomber dans le vide… Puis plus rien.

Tu es ridicule, tu préfères écouter des vielles sornettes plutôt que de te nourrir. Tu as de la pitié pour un vieillard proche de la mort. Son sang n’est peut-être pas de première fraîcheur, mais on ne deviendra pas une goule.

« Vous allez-bien, jeune homme ? Il s’inquiète de notre état, comme c’est touchant.

-Parfaitement bien. Répondis-je avec un rictus mauvais. Est-ce que vous vivez seul ici ?

-Oui… Je ne suis qu’une pauvre vieille marionnette, gardé là pour veiller sur la tranquillité du marionnettiste.

-Bien… Permettez-moi de vous libérer de ses liens alors… »

On s’approche de lui, et sans qu’il ait le temps de réaliser, on le vide de son sang. Son corps retombant mollement sur le sol, on jette un dernier regard sur le manoir au loin, avant de faire demi-tour pour nous rendre dans la maison.
Mais on n’est pas seul. Une présence vampirique rode non loin.

« Sors de ton coin, on sait que tu es là. »

L'une de ses mains était posée sur son ventre, l'autre se balançait le long de son corps au rythme de d’une étrange démarche. Celle ci était très lente, très molle, sans aucune énergie, sans aucune motivation. Une grande hésitation se fit sentir dans son aura, mêlée à une oppressante impression de mort. Les yeux dans le vide, dans le néant, le visage triste et blasé, le jeune vampire était dans le pâté, peinait à avancer.

La nuit était tombée, l’obscurité et les ténèbres régnaient en maitre, son nouvel univers, son monde était de retour. Il aurait du s’y sentir bien, retrouver toute sa vitalité or ce ne fut loin d’être le cas. Le coeur sauvage était dans un état lamentable, presque semblable à un mort vivant. Ses grosses cernes sous ses yeux lui auraient fait peur s’il pouvait se voir dans un miroir. Il était vraiment au bout de sa vie, malade, pas du tout dans son assiette. Le plus étrange dans cette histoire fut son comportement, son aura. Ils traduisaient une grande désorientation, une perte dans l’espace temps.

Il n’y avait rien de glorieux en ce cas présent; Sorin s’était perdu, ne retrouvait plus son chemin. Il avait marché sans prendre en compte du chemin emprunté, totalement prit par un autre problème majeur; Le manque de sang, la fin d’une violente frénésie insatisfaite, la fatigue, une fatale accumulation qui l’avait achevé. Il avait épuisé toutes ses forces, était à deux doigts de s’effondrer au sol de fatigue. Il était crevé de chez crevé, il se demandait même comment faisait il pour tenir encore débout.

C’était un vampire, une créature de la nuit, supérieur aux humains. Il devait tenir, avancer, il en avait la force, la puissance. C’était un combat, une lutte, il ne pouvait perdre et il le savait au fond de lui. L’enfant de la nature continuait d’avancer, de marcher.Cette route lui semblait affreusement longue, interminable; il n’en voyait pas la fin, ce qui était son plus grand souhait du moment. Ses sens en éveil, il cherchait le non vide, un signe de vie ou quelque chose à quoi se rattacher, se poser et se nourrir. Ca devenait urgent, il n’allait pas tenir plus longtemps.


Seule l’odeur du sang parvint à le sortir de cette léthargie infernale, de cet état horrible. A peine effleuré ses narines, Sorin rouvrit ses yeux en grand, se tourna d’un coup sec vers l’origine. Un homme entouré d’ombres, de silhouettes, se tenait non loin. Un soulagement, une joie dans son esprit, le coeur sauvage tenta de se rapprocher de lui au plus vite. La chance sembla enfin tourner en sa faveur; c’était un autre vampire, nul autre n’aurait deviné sa vrai nature, pas d’aussi loin.

“ Sang.. Faible”

Un vampire ou un zombie ? Cette question saurait légitime, le jeune vampire aux longs cheveux d”or s’avançait d’une manière si étrange, l’une de ses mains levées qui se baissa aussitôt une fois à sa hauteur. L’esprit toujours dans le gaz, dans les vaps; il était passé en mode automatique, survie.

“ .nqjpr.. sang”

Une ou deux fois, il tenta de se réveiller en se secouant la tête, se frottant ses yeux. Peine perdu, il n’arriverait à rien sans une goutte de sang.

AedenBis observait le vampire approcher d'un œil prudent. Son bâton de mage dans une main, prêt à lancer un sortilège. D'où venait-il ? Qui était assez fou pour venir se perdre dans un endroit pareil ? Est-ce qu'il nous suivait ?
Le malheureux semblait bien mal en point. À gesticuler ainsi en grognant. Son état se rapprochait plus de la goule que du vampire sous contrôle, d'ailleurs.
AedenBis recula d'un pas, resserrant un peu plus sa prise sur son arme dont la pierre à son extrémité luisait d'une faible lumière pourpre.

« Je n'ai rien pour toi, il n'y a pas âme qui vive dans ce trou perdu. À part ce vieillard que je viens de tuer. Peut-être qu'il reste quelque chose à boire sur lui… »

Il pointa le cadavre encore chaud du bout de son bâton. Espérant au moins détourner l'attention du vampire pour se rapprocher de son cheval. Pòm s'ébroua bruyamment l'air inquiet, mais son maître ne laisserait pas un vampire fou attaquer sa monture.

Sorin était au plus bas, au fond du gouffre or il en fut le seul responsable. Il avait mal dosé son appétit sanglant, échoué dans sa tentative de régulariser son nouveau régime alimentaire. Ce n'était peu surprenant venant de lui, il avait toujours été désordonné à ce niveau la: Il mangeait à n’importe quelle heure, n’importe quoi dans son ancienne vie et en en trop grande quantité. Il aurait du se résonner, se garder du sang pour la route ou ne pas s’aventurer dans des lieux si désertiques. Il le regretta, s’en mordait les doigts, se demandait même comment faisait il pour tenir debout en cet instant.


L’odeur du sang l’avait quand même fait réagir, éveilla certaines de ses parties endormies. Le monstre, la soif et avec eux, le jeune vampire aux longs cheveux chatains avait espéré reprendre du poil de la bête, une certaine puissance. Ses espoirs furent vains, tombèrent vite à l eau; il était dans le même état, eut quand même la bonne idée de se rapprocher de l’endroit en question. Avec un peu de chance, il pourra trouver un peu de son liquide précieux mais la encore, il fit un beau choux blanc. Il tomba sur un autre vampire, un cadavre et une monture.. Ce soir là, il n avait vraiment pas de bol, la chance n’était au rendez vous. L’enfant de la nature s’était retrouvé comme un gland face a ce vampire. Ce dernier devait être surpris de le voir débarquer de la sorte et méfiant à en juger son comportement. Sorin vit cette prudence dans son regard, dans ses gestes. Il montra patte blanche en levant doucement ses deux mains au ciel, en restant à une certaine distance de lui.,.

“A.. Euh..”

Comme deviner, ce vampire l’avait doublé, était passé devant lui, il n’en restait presque rien. Un cadavre à peine mort, peu appétissant. Le jeune vampire riva les yeux dessus avec un air de dégout. Il n’aimait pas passez après les autres, ca le redoutait, le dégoutait. Il hésita, il doutait mais finit par se ruer dessus en grognant de toutes ses forces. Il se jeta au cou de l’homme, le mordit brutalement et bu..


“...”

Deux petites gorgées à peine, peu suffisant pour apaiser sa soif mais assez pour déclencher une terrible et violente frénésie. Une puissante rage, bestialité s’étaient soudainement emparées de lui, le firent vriller d’un seul coup. Il se releva et se rua sur la monture de l’autre vampire, la gueule grande ouverte.

“ non.. Je peux pas..”

A deux doigts de le massacrer, le prince de la nature s’arrêta net devant lui, tomba a genoux. Sorin était un enfant de la nature, un prince des forêts, il ne pouvait se résoudre à tuer ou à faire du mal a un animal. Il en était hors de question, c’était hors de ses principes, il serait un monstre sur toute la ligne. Sur le sol, le malheureux jeune vampire grogna, pleura, tenta en vain de lutter contre sa frénésie. Il se tenait le ventre, ce dernier lui faisait mal. Il le serra, se griffa violemment a s’en faire saigner. Ses yeux, baignés de larmes, se levèrent sur l’autre immortel.

“ aidez moi..” Fit il d’une petite voix à peine audible.

Il le toisait, observant ce spectacle pitoyable sans sourciller. Mais il n’avait pas prévu l’agressivité soudaine du vampire affamé. Armant son bâton il prépara un sortilège de pétrification qu’il n’eut pas le temps de lancer : l’autre semblait en proie à un profond dilemme intérieur à l’approche de Pòm. Le cheval s’ébroua apeurer, tirant sur sa bride mais il n’avait visiblement rien à craindre.
AedenBis, surpris par ce soudain arrêt, abaissa son arme un sourcil arqué avant de soupirer d’ennui lorsqu’il lui demanda son aide.

« Et qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire pour toi ? » Marmonna-t-il dans l’idée de tourner les talons. Mais une petite présence irritante dans son esprit le convainquit de faire un effort. Tu es magicien, soit pas bête. Ça nous apportera rien de l’aider. T’en sais rien, il a peut-être des informations sur Mya ? T’as vraiment que ce nom-là à la bouche, c’est chiant. Dis-moi que tu n’as pas envie de la retrouver pour lui faire payer ce qu’elle nous a fait, et je t’en parlerais plus. Humf… Ok !

Ce petit dialogue intérieur ne dura que quelques secondes. AedenBis revint rapidement à l’instant présent et… à la chose qui se lamentait devant lui. Il leva à nouveau son bâton à la pierre pourpre, et entreprit de dessiner un pentacle. Une fois le dessin complexe dessiné dans l’air, il se mit à briller d’une faible lueur dorée. La lumière s’en dégagea lentement pour aller sur le vampire.

« Ag Dul Siar… Marmonna-t-il pour activer le sort. La lumière finit par disparaître lentement jusqu’à s’éteindre totalement. Bien, ça calmera la faim un certain temps, mais il ne va pas falloir traîner pour trouver quelque chose à te mettre sous la dent… »

Le sort de restauration n’était pas vraiment fait pour ça à la base, alors le magicien ignorait combien de temps il ferait effet en réalité. Il attendit un moment que le vampire se remette sur pieds avant de reprendre.

« Alors... Connais-tu Amélia de Valsombre ? » Demanda-t-il de but en blanc. Il ne s’attendait pas à ce que ce nom lui dise quelque chose, bien que les Valsombre soient une grande famille de vampire Alpha de Spelunca. À moins d’être au fait de la politique vampire, il y avait peu de chance de connaître ce genre de nom.

Sorin était en colère, dans une rage noire. Il était furieux dont les désirs étaient de plus en plus noirs.Elles étaient entrain de prendre l’assaut dans son esprit, de pièger ce dernier, de commencer à le dévorer petit a petit. La colère, sa cible fut dès plus surprenant; Lui même et personne d’autre. Il s’en voulait, se méprisait de tout son être, se maudissait. Il aurait été capable de mettre fin à sa vie, de finir avec un pieu dans le coeur. L’idée de s’en prendre à ce cheval l’avait choqué, terrifié, horrifié, comment avait il pu y songer un seul instant ? Ce n’était pas lui, il n’était pas comme ça, il n’osait, ne voulait le croire. C’était une honte, une aberration, le jeune vampire aux longs cheveux brun s’était dégouté, hair pour cela. Il avait fermé les yeux, tenté d’oublier ça. Peine perdu, ces horribles pensées lui restaient en tête, le paralysa à l’instant T. Il était cloué au sol, se tenait le ventre, poussait des grognements comme si un milon de poignard étaient entrain de le transpercer de partout. Ses yeux s’ouvrirent, se levèrent sur le visage de l’autre vampire. UN vampire, un être comme lui et pourtant si différent. Il semblait être fier, sur de lui avec un certain charisme. A coté, l’enfant de la nature faisait peine à voir, était ridicule.

“Que..”

Ses yeux se transformèrent en billes brillantes, son corps eut un mouvement brusque en arrière. Cet homme, il était entrain de faire un dessin dans les airs à l aide de son baton. Sorin était déconcerté mais en comprit assez vite l’utilité. Sans trop vraiment comprendre le pourquoi du comment; l’autre immortel était parvenu à calmer sa soif de sang, sa frénesie vampirique. Ce fut un grand soulagement, le coeur sauvage se sentit mieux. Presque plus aucune douleur dans son estomac, il pu se relever sans difficulté. Il se frotta tout le corps, se mit correctement face à lui: Le dos bien droit, les deux bras le long du corps.

“ Merci”

Cette rage, haine bouillante avaient prit fin, s’étaient évaporés de son esprit. Un semblant de paix vint s’y loger à son tour, il était le bienvenu. La suite des évènements, le jeune vampire eux longs cheveux bruns n’en avait aucune idée, était plus occupé à autre chose. Il était entrain de récupérer son poignard, il était tombé au sol, de le rattacher correctement à sa ceinture.

“Améli.. Hein ?”

Une grosse demi heure après, Sorin su plus ou moins la raison de la présence de l’autre vampire. Ce dernier semblait être à la recherche d’une personne, une fille selon le prénom or le plus jeune des deux allait lui être d’aucune utilité. Il s’était un peu creusé la tête, avait fouillé dans sa petite mémoire sans grand résultat. Ce fut même un échec critique, cette appellation ne lui parlait pas du tout, inconnu au bataillon. Dommage, songeait Sorin, ça aurait pu un bon moyen de le remerciait l’avoir guerrit. Assez déçu de son manque de préformence, il hocha la tête, les épaules avec un signe négatif de la tête.

“ Fais quoi ? Eh”

Une maison pas à eux, un homme mort au sol, il se sentait de moins en moins à sa place ici sauf qu’il ne savait la suite des événements..