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Nom : Yọr (ou Yor)

Âge : ??? (en apparence géante d'une quarantaine d'année)

Sexe : Femme

Race : Géante décongelée ancestrale

Classe envisagée : Guérisseuse

Métier envisagé : Mine ou Chasse

Capacité magique : Yor peut soigner les maux par une vague d’énergie prenant forme en des iridescences colorées et disparates, ondulant dans l’air, pareilles aux aurores boréales. C’est une magie ancestrale, oubliée depuis des siècles. Elle tire sa puissance de ces phénomènes célestes qui pourraient bien être reliés à quelques entités nordiennes…


Mode hardcore : Non.

Son corps était un éclat de glace. Ses muscles atrophiés ne tardaient pas à retrouver leur vigueur d’antan…le sang bleu comme différence. Sa carrure massive -deux-mètres soixante et quelques- l’avait sauvé maintes fois du danger, si bien qu’elle était striée de part et d’autre. Ses cheveux étaient terriblement noirs. Elle les laissait faire leur vie, qu’ils courent sur les vents nordiens ou qu’ils s’abandonnent le long de sa face livide.

Son visage, d’ailleurs, s’était figé, tel le portrait mortuaire d’une héroïne du passé. Une once de vitalité, néanmoins, renaissait maintenant des décombres azurés, faisait briller deux cristaux pâles, fissurer les anciennes marques du langage et crevasses des émotions. L’onde qui faisait trembler ses cordes vocales semblait parvenir d’outre-tombe, en dépit de son apparence de jeune géante, à l’instar d'une vieille personne, comme pour rappeler que certaines choses n’échappent pas au temps.

L’étrangère de cette ère arborait quelques gris-gris : ses cheveux étaient ornés de plusieurs atebas et bijoux. Nul dùralassien ne pouvait dire d’où elle venait, mais devinait chez elle aisément son anachronisme. Elle protégeait sa peau céruléenne par des fourrures épaisses, mais craignait-elle encore le froid, après tout ?

« Les mots…Les mots me sont beaucoup trop fins et en même temps trop imprécis. Les mots sont forcément insatisfaisants. Décrire est une quête perdue. Pour la géante que je suis, la plupart des mots me sont étrangers, mais pas leur sens, ou plutôt, leur but. Car j’entends, je vois, je sens, comme vous. La communication ne se borne pas à ce langage que vous  appelez « dùralassien » …Et peut-être même que je m’exprime mieux, tout justement car je ne cède rien aux mots ? C’est forcément faux mais c’est simplement une perspective intéressante…

Car on me voit comme une sauvage, après tout, et c’est un peu vrai. Je n’ai pas reçu l’éducation qui me permet de parler de moi clairement, mais nous allons faire comme si. Mes réactions, donc, sont primitives. Elles correspondent la plupart du temps à des besoins primaires. Je me nourris de ce que je chasse et cueille. Je me protège des éléments naturels avec les premières choses qui me viennent sous la main. C’est un mode de vie rudimentaire car ma concentration n’est pas très longue mais mon corps résistant.

Néanmoins, d’une certaine façon, cela a eu pour conséquence de développer ma curiosité et ma sensibilité. Ainsi, les formes, les couleurs, les odeurs, les sons et les sensations sont autant de choses qui m’attirent naturellement, avec lesquelles j’expérimente, comme une enfant. Je vais facilement suivre ces intuitions…Bien qu’elle ne me mèneront probablement pas toujours au bon endroit. Est-ce pour ces raisons que je perçois ces couleurs dans le ciel de la nuit parfois ? Elles me fascinent, j’adore les contempler mais je ne les trouve pas seulement belles. Je ne sais pourquoi mais elles me poussent parfois à agir et me guident. Elles sont un point de repère duquel je ne pourrais jamais me défaire.

Comme dit plus haut, je ne m’exprime pas comme la plupart des dùralassiens. Mon langage se borne bien souvent à quelques mots simples que je glane déci-delà de mes rencontres. Il reste aisé de deviner que tel mot désigne telle personne, par exemple. Du reste, les grognements, les cris, les expressions du visage…les bourre-pifs, sont autant de moyens de communications, et parfois même bien plus efficace !

Beaucoup de concept de la civilisation me sont étrangers, comme la notion de hiérarchie ou de loi. Je peux néanmoins distinguer les alliés de mes ennemis et cela me suffit. Mes souvenirs sont très flous mais je me souviens des elfes de glaces. Je me sens bien avec eux, je n’hésiterai pas à les aider si j’en croise. À part eux, et, bien évidemment, mes soeurs et frères géants, je ne connais pas suffisamment ou pas du tout les autres peuples. Je ne suis pas belliqueuse, la plupart du temps, c’est même le contraire. Ma personnalité peut-être considérée comme légère car je suis mes envies du moment sans envisager les conséquences. Elle peut aussi être considérée comme solide, car je reste une femme forgée par les dangers du Grand Nord. »

Une voix claire retentissait dans un vent glacial, accompagnée par les peaux des tambours qui grondaient derrière elle.

« Mes soeurs, mes frères, l’hiver est plus rude encore qu’auparavant, les monstres survivants dans nos contrées ont tué deux des nôtres la nuit dernière. Nous nous sommes recueillis, en ce jour de plein froid, devant la statue de la dame de cristal, effigie protectrice et ancestrale de notre tribu afin de commémorer ces enfants du Nord. Puissent leurs corps plonger sous la banquise, redevenir aussi dure que la glace, celle-là même qui parcoure dans nos veines à tous, et entreprendre sans encombres le voyage vers les dieux par delà les siedis. »

*crac*

De l’air !

*cric*

Le jour…Il n’était plus seulement un mur blanc et infranchissable. La barrière s’effritait, découvrait ma peau. Bleue ! Une vague gigantesque parvenait jusqu’à mes poumons que je pensais figés à jamais. Je toussais fortement tandis que tout mon corps me faisait terriblement mal à chaque secousse. La morsure du froid qui m’avait étreinte tout ce temps se dissipait lentement. Ma conscience se réveillait tout aussi doucement. Plusieurs personnes à la peau blanche et bleue et aux oreilles pointues me rattrapèrent sur le sol gelé. Ils formulaient des sons incompréhensibles, des prières, ils agitaient des totems.

Ils m’amenaient aussitôt dans leurs huttes où je pus petit à petit redécouvrir une sensation d’existence décente. La chaleur me brûlait longtemps comme le soleil, ma peau virait presque au violet le temps de l’adaptation qui durait plusieurs semaines. Pendant cette période, chaque efforts m’étaient insupportables, je dus tout réapprendre, jusqu’au plus simplistes des mouvements. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais toute cette tribu qui m’accueillait déployait des trésors de patience pour mon bon rétablissement. Ils s’affairaient à me nourrir et me laver et satisfaire le moindre de mes besoins, en tentant de décrypter mes grognements. Certains m’avait décoré la tête de plusieurs bijoux. Je les trouvais jolis alors je les avait laissé faire.

Les mois passèrent et des relations complexes se tissaient entre nous. Ils pensaient que j’étais l’avatar d’une entité divine, ce dont je n’y comprenais absolument rien, bien évidemment. Parfois, ils me conduisaient devant un grand feu et se réunissaient autour de moi. Dès lors, ils passaient la soirée à s’épuiser à tour de rôle sur comment éveiller en moi la force cosmique qui supposément m’habitait. Leurs tentatives étaient parfois farfelues et je les regardais, d’un air  hagard, tantôt ennuyée, tantôt amusée par la situation. Je dois avouer que je les aimais beaucoup, cela dit, bien qu’ils gesticulaient parfois trop sans raisons apparentes, comme dans ce genre de cas.

Peu de souvenirs m’habitaient après ma sortie du cercueil de glace, mais les tréfonds de mon esprit n’en étaient pas vides. Malgré le temps infini qui s’était écoulé, le ciel coloré me provoquait toujours le même effet que lorsque je fus née. Une fois complètement remise sur pied, presque un an plus tard, je suivis insouciamment les aurores boréales qui m’indiquaient mon chemin. Je retrouvais enfouie en moi cette pulsion de vie qui me faisait bientôt accomplir la quête à laquelle j’allais faire face.

Il y a des choses qui ne s’expliquent pas, comme par exemple le fait que je sois autant attirée par ces formes dans l’air, quitte à momentanément mettre de côté le peuple que j’aime. Peut-être bien aussi qu’avoir passé un temps indéfini sous la glace m’a rendu très indépendante malgré ma convalescence.

J’aspire à des choses simples, mais il est évident que j’aime venir en aide aux autres. Cela me causera peut-être bien des ennuis. Je vais quitter le Nord et voir jusqu’où cette quête me mène. Étrangement, je sens que le froid me manquera vite.