Les vagues dansent avec ferveur sous le ciel changeant des Mers Maudites, leurs crêtes argentées semblant défier les cieux eux-mêmes. L’embrun chatouille ma peau, une caresse vivifiante qui s’infiltre jusqu’à mes os. Je scrute l’horizon d’un regard déterminé, les yeux perçant les brumes marines, avide de l’aventure qui m’attend. Mon cœur bat en harmonie avec le tumulte de l’océan, vibrant au rythme de la grande quête que j’entreprends.

Vêtue de toiles robustes, conçues par les mains habiles de mes sœurs Probotyres, je me sens prête à affronter les éléments déchaînés. Chaque pli de ma robe marine ondule comme les vagues autour de moi, symphonie éternelle du lien entre terre et mer. Sur mon visage, des pigments océaniques dessinent des arabesques bleues et argentées, reflet de l’immensité liquide qui s’étend devant moi. Mes yeux, pareils à des éclats d’ambre, surveillent les flots avec une lueur mêlée de détermination et d’excitation.

A mes côtés, l’équipage s’affaire avec une énergie contagieuse. Chacun connaît l’importance de notre quête, la recherche de la targe de Melpomena. Ce bouclier légendaire, murmure des légendes et secrets des abysses, promet la résistance ultime, un rempart contre les plus féroces assauts. Mais pour le forger, il nous fait rassembler les trésors disséminés au cœur des mers.

L’air humide caresse mon cuir ridé, témoignant de mes cent cinquante-deux années qui ont façonné mon existence. Les âges, pour les Probotyres, sont des vestiges de sagesse et de résilience, des marques gravées par le temps sur notre peau écorchée. Je suis l’incarnation vivante de la bienveillance, une gardienne veillant sur mon clan avec une détermination infinie. Les miens me nomment “Dame Ara”, un titre qui porte en lui le poids de l’héritage et de la responsabilité.

Mon enthousiasme déborde, une ébullition constante qui s’élève des profondeurs de mon être. Chaque aurore m’apporte la promesse d’une journée nouvelle, d’une aventure à vivre, d’un monde à découvrir. Mon esprit est fertile, tissant des rêves et des espoirs dans les fibres de ma réalité. Les éclats de rire de l’enfance résonnent encore en moi, témoins fidèles de ma joie contagieuse.

Pourtant, je suis aussi gardienne du passé, une sentinelle des traditions et des coutumes qui animent mon peuple. Les histoires des anciens résonnent en moi, des échos lointains qui guident chacun de mes pas. Je suis conservatrice, gardienne des trésors que renferment nos montagnes sacrées, des secrets qui scellent notre destinée.

Trop altruiste peut-être, certains le disent. Mon cœur s’ouvre à chaque âme qui franchit le seuil de ma demeure, offrant refuge et réconfort à ceux dans le besoin. Je porte le fardeau des autres comme une étole de compassion, une charge qui m’apporte à la fois douleur et satisfaction.

Ainsi, me voilà, sur les flots déchaînés des Mers Maudites, prête à défier les tempêtes et à braver les légendes. Les Pirates, maîtres des abysses liquides, sont les gardiens de ces eaux tumultueuses, les seuls à connaître les recoins les plus sombres et les plus secrets.

Non loin de moi, le Seigneur Sylvestre Urua, que j'avais déjà rencontré par le passé. Lui aussi, cherche à reconstituer la targe.

- Regardez comme les mouettes jouent avec le vent ! Elles nous rappellent que même au cœur des tempêtes, il y a de la beauté à trouver.

Je prends une profonde inspiration, emplissant mes poumons de l’air salin et vigoureux. Le navire tangue sous mes pieds, vibrant en harmonie avec les battements de mon cœur. L’aventure m’appelle, et je suis prête à répondre, telle une étoile qui guide les marins égarés vers leur destinée. La targe de Melpomena nous attend, et je suis déterminée à la reconstituer, à insuffler une nouvelle vie à cette relique oubliée. La mer gronde, les étoiles veillent, et je me lance dans l’inconnu avec foi et bravoure.

Qui d'autre que le forgeron le plus résistant de Dùralas aurait pu se lancer sur les traces d'une relique telle que la targe de Melpomena ? Ce bouclier légendaire qui résisterait à presque tous les assauts. Encore plus résistant et efficace que l'éclat du dragonnier, qui jouit déjà d'une bonne réputation. Urua en possédait d'ailleurs plusieurs, ayant cherché à le perfectionner du mieux qu'il pouvait mais n'était jamais arrivé à rien qui se compare avec ce qu'on racontait sur la targe. Il devait en avoir le cœur net et vérifier de ses pattes ce qu'on disait.

Il avait embarqué avec Dame Ara, une Probotyre de quelque renom qui avait comme réputation d'être aussi résistante que lui. Rien d'étonnant à ce qu'elle souhaite faire le voyage avec lui et potentiellement récupérer un de ces boucliers pour elle-même. À eux deux, ils ne craignaient quasiment aucun adversaire. Deux défenses incroyables et des muscles à en faire pâlir un géant, il faudrait plus que quelques pirates avides pour les faire reculer. Les créatures de la mer ne seraient pas non plus une menace, à moins de tomber sur les pires, celles tapies dans les abysses mais les chances en étaient infimes.

Appuyé sur la rambarde de proue, Urua laissait le vent jouer avec sa crinière pendant qu'il se rappelait son premier voyage sur ces eaux. Il n'avait pas quitté son clan depuis longtemps quand il avait embarqué pour Wystéria avec ce qui paraissait l'équipage le plus hétéroclite jamais rassemblé. Un Minotaure, un Vampire, un Nain et un Löwen. On aurait dit le début d'une mauvaise blague. Ils avaient vécu tant de choses. Les pirates les abordant, le mégalodon tentant d'en faire son repas. Il ne serait pas mécontent de le retrouver celui-là. À l'époque, il n'avait pu être d'une grande utilité au cours du combat mais aujourd'hui, il se sentait prêt à le vaincre seul.

- Regardez comme les mouettes jouent avec le vent ! Elles nous rappellent que même au cœur des tempêtes, il y a de la beauté à trouver.

Urua mit un moment avant de comprendre que sa camarade lui parlait. Il eut du mal à s'extirper de ses souvenirs pour lui prêter attention et retrouver ce qu'elle venait de lui dire. Une fois ses pensées rassemblées et retournées au présent, il lui sourit.

- En effet. Quel dommage que ces eaux soient si pleines de dangers. Tout y est si paisible et magnifique, on ne devrait pas s'inquiéter des menaces qui planent au dessus de nos têtes.

L'aventure ne faisait que commencer. Heureusement, cette fois-ci, le Löwen appréciait celle avec qui il la partageait. Ils s'étaient croisés çà et là, au détour d'une défense d'hôpital ou d'un combat mené pour la survie du continent mais ils n'avaient jamais vraiment fait connaissance. Ce long voyage était l'occasion rêvée. Ils semblaient avoir beaucoup de choses en commun, autant les partager.

Le regard du Seigneur Sylvestre Urua se perd dans l'horizon, où les vagues se fondent avec le ciel dans un éclat d'azur infini. Ses paroles résonnent en moi, portant le poids de son propre fardeau, la préoccupation pour ceux qui marchent à ses côtés. Il contemple la mer avec une mélancolie teintée de préoccupation, comme un gardien scrutant les ombres qui se profilent.

Je m'approche de lui, la brise marine caressant ma peau ridée. Mes yeux se posent sur le profil majestueux du Seigneur Urua, ses traits évoquant la force et la sagesse d'un lion. Je sens en lui une aura de noblesse, une âme façonnée par l'expérience et la responsabilité.

Seigneur Sylvestre Urua, je commence doucement, laissant les mots s'échapper comme les vagues qui se brisent contre la coque du navire, il y a une profonde sagesse dans votre regard, une gravité qui témoigne des fardeaux que vous portez. Les Mers Maudites ne sont pas seulement un défi pour nos navires, mais aussi pour nos âmes.

Mes paroles glissent sur l'air salin, cherchant à tisser des fils de compréhension entre nous. Je veux connaître l'homme derrière l'apparat de la Garde Zéphyr, comprendre les rêves et les espoirs qui guident son cœur.

Chaque tempête, chaque vague déchaînée, porte en elle une leçon, je poursuis, mon regard fixé sur l'horizon infini, une promesse de renouveau après le tumulte. Nous sommes semblables à ces mouettes, naviguant à travers l'incertitude avec grâce et détermination.

Le vent souffle, comme une caresse familière qui m'accompagne depuis des décennies. Je laisse mes yeux errer sur l'horizon, cherchant les traces de notre quête dans les dédales des flots tourbillonnants.

Dites-moi, quel est le rêve qui éclaire votre chemin dans cette aventure ? Quelle étoile guide vos pas à travers les Mers Maudites ? Mon regard revient vers lui, empreint d'une curiosité sincère, prêt à écouter les murmures de son âme. Il est certain que la Targe de Melpoména n’est qu’un arrêt parmi une trajectoire d’objectifs.

Le Seigneur Sylvestre Urua reste silencieux quelques instants, absorbé dans ses propres pensées. Je sens le poids de ses réflexions, le fardeau d'un destin qui le lie à des enjeux bien plus vastes que nous-mêmes. Ses épaules, larges et puissantes, portent le fardeau de l'autorité et de la protection.

Je décide de lui offrir un peu de mon propre réconfort, une lumière dans l'obscurité qui peut parfois engloutir même les plus nobles des cœurs. Seigneur Urua, il y a de la grâce dans la vulnérabilité. Même le Löwen le plus majestueux doit parfois reposer sa crinière. Sachez que vous n'êtes pas seul dans cette traversée. Nous sommes une équipe, liés par un but commun.

Les mots s'échappent de mes lèvres avec une douceur qui se veut apaisante. Je souhaite qu'il ressente la chaleur de notre camaraderie, la force qui émane de l'unité de nos desseins. Nous sommes des éclats d'une même étoile, brisés et épars, mais rassemblés par le destin pour accomplir une quête qui transcende nos existences individuelles.

Le navire tangue doucement sous nos pieds, une caresse familière de l'océan qui berce nos pas. Je laisse mes yeux vagabonder sur les visages de l'équipage, chacun portant ses propres espoirs et aspirations. Dans leurs regards, je lis la détermination, le désir de surmonter les défis qui se dressent devant nous.

Vous savez, ensemble, nous serons les artisans de notre propre destin. Nous naviguerons à travers les tempêtes et les eaux calmes, trouvant la beauté et la grâce dans chaque étape de notre voyage. Car c'est dans l'unité que nous trouverons la force de forger notre propre légende, ici, sur les Mers Maudites. Je termine mes paroles avec un sourire sincère, espérant qu'elles offriront un peu de réconfort à l'âme du Seigneur Sylvestre Urua.

Les paroles du Seigneur Sylvestre Urua résonnent en moi comme un écho lointain, un appel à la défense des plus vulnérables. Sa détermination est palpable, sa volonté de se dresser contre les injustices et les abus du monde, inébranlable. Je ressens en lui l'éclat de l'honneur, la flamme de la justice qui brûle dans son cœur.

"Seigneur Urua, votre noble dessein trouve écho dans mon propre être," lui répondis-je d'une voix empreinte de respect. "En tant que Dame, je suis la gardienne de mon clan, une protectrice dévouée aux plus anciens et aux plus jeunes. Chaque aube qui se lève m'apporte la promesse d'une nouvelle opportunité de défendre ceux qui ne peuvent se défendre seuls."

Je partage avec lui ce lien profond qui nous unit, celui de la bienveillance envers les âmes fragiles. Dans nos cœurs, la même flamme brûle, animée par la volonté de faire une différence dans ce monde tourmenté.

Lorsque le Seigneur Urua exprime sa gratitude pour ma présence à ses côtés, je sens un élan de chaleur envahir mon être. "La reconnaissance est partagée, Seigneur Urua. Ensemble, nous sommes une force qui défie les éléments et les épreuves qui se dressent devant nous. Votre présence apporte du réconfort à mon esprit, comme une étoile qui brille dans l'obscurité."

Je lui offre un sourire chaleureux, espérant qu'il puisse percevoir la sincérité de mes paroles. Nous sommes des compagnons de voyage, des âmes liées par un but commun, et je suis honorée de marcher à ses côtés.

Puis, je lui propose de partager une boisson, une manière simple mais profonde de construire des liens. "Seigneur Urua, que diriez-vous d'un rafraîchissement pour égayer nos cœurs ? J'ai fait embarquer sur ce navire un tonneau de Jungle Banana, une bière que j'apprécie particulièrement. Elle apporte un peu de chaleur et de réconfort, même dans les moments les plus sombres."

Je lui offre ce geste d'hospitalité avec un sourire sincère, attendant sa réponse avec une lueur d'anticipation dans les yeux. La douce brise marine caresse nos visages, une caresse douce qui semble bénir notre rencontre.

Enfin, je lui pose la question qui me brûle les lèvres. "Seigneur Urua, envisagez-vous d'engager des discussions diplomatiques entre la Garde Zéphyr et les Kazhars ? Nos factions partagent des valeurs communes, et une alliance pourrait renforcer nos forces dans cette quête pour la justice et la protection des innocents." J'attends sa réponse avec une lueur d'espoir dans les yeux, prête à entendre les réflexions de cet homme dont la sagesse et la force m'impressionnent.

Je me saisis du grand pichet de Jungle Banana, le liquide doré ruisselant entre mes doigts comme un trésor précieux. "Dans chaque gorgée, l'océan de la vie se dévoile, révélant ses mystères à ceux qui savent écouter," murmurai-je, laissant mes mots flotter comme les embruns marins.

Le tonneau exhale un parfum exotique, mêlant la douceur des bananes sauvages à la vivacité des épices marines. Je remplis deux coupes, offrant une à notre noble compagnon de voyage avec un sourire empreint de chaleur et d'anticipation.

La conversation était fluide. Généralement, le Löwen ne se livrait pas ainsi, préférant l'action aux paroles mais avec Dame Ara, il était simple de discuter. Elle était comme un miroir de ses aspirations et le confortait dans ses choix et ses espoirs de ne pas être seul à poursuivre ce but.

"Seigneur Urua, votre noble dessein trouve écho dans mon propre être. En tant que Dame, je suis la gardienne de mon clan, une protectrice dévouée aux plus anciens et aux plus jeunes. Chaque aube qui se lève m'apporte la promesse d'une nouvelle opportunité de défendre ceux qui ne peuvent se défendre seuls."

Urua ne put qu'acquiescer d'un signe de tête, faisant flotter sa crinière dans les embruns de l'océan, transportés par le vent chargé en sel. Il n'avait pas besoin de mots pour communier avec une âme si proche de la sienne.

"La reconnaissance est partagée, Seigneur Urua. Ensemble, nous sommes une force qui défie les éléments et les épreuves qui se dressent devant nous. Votre présence apporte du réconfort à mon esprit, comme une étoile qui brille dans l'obscurité."

En réponse à ces paroles et au sourire chaleureux qu'elle lui adressa, il gloussa de sa voix profonde et grave. Un humain aurait pu s'y tromper et prendre le son comme un grondement, une menace, mais dans le règle animalier, l'instinct ne trompait pas.

- Effectivement, je connais votre réputation, nous ne somme pas semblables que spirituellement. Nous avons aussi tous deux une résistance défiant les plus grandes épreuves qu'on rencontrera.

Comment en effet, quelqu'un pourrait-il venir à bout de monstres comme eux. Ceux qui les avaient affronté pouvaient témoigner de la difficulté à les mettre à bas.

"Seigneur Urua, que diriez-vous d'un rafraîchissement pour égayer nos cœurs ? J'ai fait embarquer sur ce navire un tonneau de Jungle Banana, une bière que j'apprécie particulièrement. Elle apporte un peu de chaleur et de réconfort, même dans les moments les plus sombres."

- Ce serait un plaisir de partager un verre avec vous. Je ne suis pas un grand connaisseur. Vous me ferez alors découvrir de nouvelles saveurs.

Avant même qu'il ne puisse goûter cette fameuse bière, il se rendit compte que quelque chose travaillait la Probotyre. Elle semblait très désireuse d'aborder un sujet. Il attendit donc en silence, ne la pressant pas, il savait qu'elle y viendrait en son temps.

"Seigneur Urua, envisagez-vous d'engager des discussions diplomatiques entre la Garde Zéphyr et les Kazhars ? Nos factions partagent des valeurs communes, et une alliance pourrait renforcer nos forces dans cette quête pour la justice et la protection des innocents."

La question fut une surprise pour lui. Les Khazariens étaient tellement à l'opposé du continent par rapport à la Garde Zéphyr qu'il n'y avait pas spécialement pensé. De plus, il n'avait pas souvent rencontré de membres de cette faction, aussi n'avait-il pas de précédent sur les valeurs et les défenseurs de l'Est.

- Pour vous avouer la vérité, je n'y ai jamais vraiment pensé. Je vous propose un marché. Si nous ressortons vivant de cette aventure et que notre objectif est un succès, nous en parlerons plus avant. Qu'en dites-vous ?

Il espérait que ce serait suffisant pour sa compagne de voyage. Ce n'étaient pas des paroles en l'air, il y réfléchirait le temps du trajet et pourrait aborder la question plus sereinement qu'après une telle surprise.

"Dans chaque gorgée, l'océan de la vie se dévoile, révélant ses mystères à ceux qui savent écouter,"

Ils burent ainsi en silence, appréciant la fraîcheur et le goût exotique de la bière que la Dame avait embarqué avec elle. Le sel dans l'air marin lui avait donné soif sans qu'il ne s'en rende compte, aussi apprécia-t-il doublement le breuvage.