La ville de BaldorHeim est bien calme en cette période printanière qui annonce l’été et ses belles journées ensoleillées. Les habitants vaquent à leurs occupations comme tous les jours et sans se soucier de leur sécurité. Et pour cause, les Kazhars veillent au grain dans cette grande capitale de l’Est de Dùralas. Ainsi, il est normal que tout ce petit monde puisse vivre en pleine sérénité et en toute confiance, même si ça ne veut pas dire que le danger n’existe pas ou ne rôde pas autour des montagnes. Il est fréquent que les gardes aient à intervenir sans même que les civils ne s’en rendent compte.

D’ailleurs, je participe aujourd’hui à une action aux alentours du Fort Justice en compagnie de quelques Kazhars nommés pour l’occasion. Nous devons pacifier un Seigneur qui se croit un peu trop puissant, ou qui risque de bientôt l’être, et ramener une preuve de sa neutralisation. Si je participe à cette offensive, c’est parce que je suis encore dans une espèce de période d’essai avec la faction Kazhar. Cela semble être si compliqué de se faire intégrer parmi eux ! Moradund n’a de cesse de m’envoyer ici et là, puis encore par là-bas, et à nouveau par ici, pour prouver ma valeur et ma bonne intention pour les rejoindre. Ce Nain a créé un parcours d’intégration à la façon d’une administration elfique, c’est si complexe que l’on finit par se perdre plusieurs fois avant de comprendre ce qu’il faut faire !

Bref, me voici en compagnie de Ragnör, un combattant technophile que j’ai eu l’occasion de croiser à l’époque de la compagnie Egide, ainsi qu’avec Doemino, une gnomide qui ne me porte pas vraiment dans son cœur, mais qui devra apprendre à composer avec moi dans son équipe ! Quelques autres personnes se sont jointes à nous, mais je ne sais pas si tous feront partie de notre expédition qui risque d’être dangereuse. L’objectif étant évidemment de vaincre l’adversaire sans aucune perte humaine et éventuellement matérielle mieux vaut éviter d’amener avec nous les moins expérimentés.

Depuis BaldorHeim, nous devons retourner vers les pics du Mont Tagne afin d’atteindre la forteresse d’Heishvaldd. Le voyage ne devrait pas être très long si des éclaireurs nous accompagnent pour ouvrir la voie et nous faire passer par les chemins les plus rapides et en toute sécurité. En tout cas, étant habituée à parcourir les montagnes, je compte bien avancer aussi vite que je le peux, car j’ai hâte d’en découdre avec ce prétentieux seigneur qui croit pouvoir terroriser l’Est de Dùralas en toute quiétude. Quelle impertinente sottise de sa part !

Pour ce voyage, je suis équipée de mon armure lourde puisque l’affrontement risque d’être houleux. Mes marteaux de combat sont solidement accrochés à ma ceinture et ma grande cape blanche me permettra de passer inaperçu dans les neiges éternelles des sommets que nous traversons. Il ne reste plus qu’à remplir mon sac de provisions pour le trajet aller, mais aussi pour notre retour qui, je l’espère, sera prompt ! En avant les Kazhars !

Galopant à toute vitesse, Doemino s'efforçait d'enfiler correctement la bretelle de ton sac à dos sans perdre la tartine badigeonnée de confiture qui lui pendait entre les dents. Une fois n'était pas coutume, et tout comme lors de sa mission d'évaluation... elle ne s'était pas réveillée à temps.

- 'erde 'erde 'erde, soufflait-elle en se faufilant entre les grandes gens.

Par quelque miracle, elle atteignit les portes de Baldorheim sans avoir perdu son petit déjeuner. Un succès retentissant à n'en pas douter. Plus loin dans la vallée, elle pouvait apercevoir le nuage de poussière soulevé par les autres kazhariens. Pas uns ne l'avait attendu. D'un autre côté, si son absence était passée inaperçue, elle pourrait intégrer les rangs ni vue ni connue sans se faire reprocher son retard.

Les badauds de la file d'attente permettant d'accéder à la capitale de l'Est eurent donc l'étonnant spectacle de la semi-halfeline, dévalant la pente pieds nus et bardée d'un bagage au moins aussi gros qu'elle dont dépassait la lame de sa faux, finissant d'engloutir son petit déjeuner.

Ce n'est qu'une bonne heure plus tard, tout essoufflée, le front luisant de sueur et ses cheveux libérés de leurs couettes que la kazharienne rattrapa l'unité militaire. Furtivement, elle rejoignit son groupe où, si quelques uns lui jetèrent des regards amusés, nul ne signala sa bévue à la hiérarchie.

Après avoir gravit un vallon suivant, toutefois, Doemino interrogea le stryge de son groupe de patrouille :

- Au fait, c'est où qu'on va ? C'est nous qui nous chargeons des renégats d'Heishvaldd ou on visite le tordu installé à Reindarr ? J'ai... pas été attentive lors du briefing...

Avec un regard ahuri, l'autre kazharien n'en crût pas ses oreilles...

[Phase de premier croissant de la lune]

"Aussitôt recrutée, aussitôt missionnée", ainsi pourrait-on définir la doctrine kazharienne de ces derniers temps. Les deux dernières recrues en date, une naine excentrique et une probotyre imposante, avaient récemment rejoint la brigade kazharienne et déjà l'Imperator leur demandait de contrôler ce qui se passait beaucoup plus haut dans les sommets. Les deux aventurières avaient déjà pourtant eu des épreuves à passer mais cela ne semblait pas suffisant aux yeux du chef des Nains pour prouver leur valeur.

Si Ragnör trouvait la décision contestable, il n'avait pas mot dit, car il estimait que le supérieur devait avoir ses raisons. Il avait proposé de les accompagner, parce que son expertise -du moins ce qu'il pensait- pouvait s'avérer précieuse dans cette situation. En effet, et sans mauvais jeu de mot, il sembla qu'il y eût du grabuge de fait aux alentours de Fort-Justice.

Pour remettre les choses dans leur contexte, les Kazhariens avaient déjà conquis l'endroit il y a plusieurs années. Auparavant, l'édifice s'appelait la forteresse d'Heishvaldd, et elle était occupée par des chevaliers, un ordre de la Croix de Bronze, ou il ne savait plus exactement le terme. Les Kazhariens, en présence notamment de Moradund Marteau-de-Fer et de Ragnör Lüpusànghrën, avaient neutralisé les tentatives d'oppression d'Heldrik, le propriétaire auto-proclamé des lieux. Ce dernier s'était affranchi de la surveillance kazharienne, et avait décidé de piller avec ses hommes les villages alentours. Ne pouvant rester impunis, c'est un véritable assaut auquel s'était rattaché les troupes de l'Imperator pour défaire Heldrik et ses chevaliers, parce que le fort dans lequel ils résidaient étaient presque imprenable.

Finalement, la victoire avait été kazharienne, et depuis Heldrik était sous bonne garde sous la croupe de la faction de l'est. Puis ce fut Grabuge, ancien général de la brigade ailée, qui proposa de maintenir d'une poigne de fer l'endroit. Il développa son projet, Egide, et prit possession de la forteresse d'Heishvaldd afin de lui donner un nouveau nom : Fort-Justice. C'est à ce moment-là que Ragnör accepta de participer aux desseins du peau-verte, en même temps que son rôle de factionné.   Il y fit la rencontre de plusieurs individus intéressants, notamment Cylicia Condoris, ou cette fameuse Dame Ara. Il ne l'avait pas vraiment côtoyée, mais il l'avait déjà croisée au détour d'un ou deux couloirs.

Puis Egide avait été abandonnée, laissant la possibilité à Heldrik et aux chevaliers d'Heishvaldd de reprendre leurs activités... C'est dans ce contexte que l'équipe improvisée ici présente avait été constituée, dans le but de contrôler que tout soit règle et d'intervenir... Si nécessaire.[/b]

- Nous avons quelques temps de route, et je connais déjà les hommes d'Heldrik pour les avoir déjà affrontés. N'hésitez pas, toutes deux, si vous avez des questions quant au but de notre mission. Peut-être êtes-vous déjà informées ?

L'elfe-thérianthrope portait un bardage important sur son dos car il amenait avec lui une tourelle à monter ainsi que le puissant canon cryogénique kazharien de sa conception. Si l'artillerie et les sacs qui accompagnaient pouvaient être assez lourds cela ne l'inquiétait point car il s'était endurci au fil des années et la puissance de son penchant thérianthrope l'aidait bien. Il constata que les deux autres aventurières semblaient aussi préparées. En tout cas elles semblaient motivées, mais peut-être était-ce simplement une impression.

- Je vous ai déjà croisée, l'une et l'autre, de loin. Ou au détour d'un combat, mais pas officiellement. Donc je suis Ragnör Lüpusànghrën, kazharien depuis plusieurs années. Enchanté. Je connais déjà vos noms, mais si vous souhaitez vous présenter un peu plus vous le pouvez car nous avons de la route.

Le chemin que nous prenons est de plus en plus escarpé et la vigilance est de mise pour marcher sur ce terrain difficile. Bientôt, nous passerons entre deux cols pour arriver sur une combe, un endroit que je connais bien puisque je profite du calme de cette petite vallée pour m’y reposer lors de mes retours de voyage vers mon village. La montagne est calme, pour le moment, et nous pouvons avancer à bon rythme, même si la petite gnomide s’est déjà illustrée par son grand retard et son manque évident d’information sur notre mission du jour. Soit disant, elle n’était pas attentive lorsque nous avons eu les explications. Je crois qu’elle est surtout dépassée par les événements.

- Nous allons combattre Heldrik et ses troupes. Il s’agit du seigneur de l’ordre d’Heishvaldd. Un homme tyrannique qui a tenté de dominer les villages autour de sa forteresse pour les réduire en esclavage. L’objectif est évidemment de le pacifier et de protéger les innocents qui ont besoin de nous. Je vous recommande de bien faire attention à votre sécurité, Heldrik ne sera pas aussi facile à combattre que l’elfe sombre de BaldorHeim.

Au moins, elle sait désormais à quoi s’attendre de cette péripétie à venir. Le groupe est hétéroclite, et même si nous sommes quelques nouvelles recrues à participer, il y a aussi quelques anciennes figures des Kazhars, comme Ragnör qui se propose rapidement pour répondre à nos éventuelles questions. Personnellement, j’ai déjà étudié un peu le cas du seigneur Heldrik, notamment à la bibliothèque de BaldorHeim où j’ai lu des articles relatant l’exploit de la faction lors de la première expédition. La stratégie mise en œuvre était intéressante, mais je me demande si Ragnör a une idée particulière pour le combat du jour.

- Quelle stratégie allons-nous adopter face à Heldrik ? Je ne pense pas qu’il ait encore beaucoup de soldats à son service, mais il sera en terrain connu ce qui lui donne un certain avantage. Est-ce que vous avez une idée ? J’apprécie les plans bien établis, même si la nécessité de s’adapter le moment venu est également importante.

En effet, je ne sais pas qui va prendre les commandes le moment venu, alors autant poser la question de suite. Ragnör étant un des membres les plus expérimentés, il y a fort à parier que l'Imperator lui laisse carte blanche sur notre petit groupe. En attendant, il propose de nous présenter, histoire de discuter durant le voyage. Je connais le nom des autres Khazars, mais peu leur histoire de vie. Cela sera très intéressant de les découvrir avec leurs propres mots, plutôt que par un discours bien ficelé en présence de l’Imperator qui empêcherait sans doute une certaine liberté d’expression. Je commence donc par me présenter, espérant que cela va délier les langues les plus timides.

- Je me présente pour ceux qui ne me connaissent pas, ou ceux qui n’auraient pas retenu mon nom. Je suis la Dame Ara, du Clan Kelah, bûcheronne et guerrière de Magnésie. Je ne possède pas de talent magique particulier, mais je suis résistante au mal et mes marteaux vous protégeront des attaques adverses. J’ai déjà eu à faire à des ennemis tout aussi coriaces que ceux qui nous attendent. Notamment un Hadesaga, un village de gnomes et j’étais présente contre l’Anklög. Et vous ma chère Doemino ?

Je regarde la petite gnomide, attendant qu’elle prenne son tour de parole.

- Ecoute ce gars là, lui pointa le stryge en désignant l'individu ridiculement chargé qui avançait devant leur groupe. Il connait bien le terrain et l'ennemi.

Hochant la tête, Doemino accéléra le pas et tendit l'oreille. La remarquant, l'intéressé et sa voisine, immense, s'écartèrent pour qu'ils marchent de front.

- Hey mais j'vous r'connais ! s'écria-t-elle. On s'est croisé à la taverne et j'vous ai rentré dedans à Pâques !

Toutefois son intervention passa inaperçu comme le technophile croulant sous les bidules qu'il avait embarqué s'adressait à elles deux :

- N'hésitez pas, toutes deux, si vous avez des questions quant au but de notre mission. Peut-être êtes-vous déjà informées ? Je connais déjà vos noms, mais si vous souhaitez vous présenter un peu plus vous le pouvez car nous avons de la route.
- Salut ! lui adressa-t-elle un sourire à huit dents.
- Nous allons combattre Heldrik et ses troupes. Il s’agit du seigneur de l’ordre d’Heishvaldd. Un homme tyrannique qui a tenté... Je suis la Dame Ara, du Clan Kelah... des ennemis tout aussi coriaces que ceux qui nous attendent. Notamment un Hadesaga, un village de gnomes et j’étais présente contre l’Anklög. Et vous ma chère Doemino ?
- Gwak ? s'étrangla Doemino à l'écoute du cv de l'hybride. Un village de gnomes ? Comment ça un village de gnomes ??

Toutefois, se reprenant rapidement, elle poursuivit comme les deux grandes asperges s'étaient tournées vers elle à son intervention :

- Donc on va bien rend' visite aux zigotos d'Heishvaldd. C'est bête que l’Égide s'soit effondré, ça nous aurait évité des tracas... mais bon c'est comme ça, même la pierre elle est pas éternelle !

Allongeant le pas, avancer au rythme de leurs grandes enjambées n'était pas des plus commodes pour elle. Toutefois ils n'allaient pas non plus à vive allure et elle était habituée depuis le temps. Fièrement, elle se redressa puis entreprit de se présenter à son tour :

- J'm'appelle Doemino Tunnelly ! J'étais calligraphe et bûcheronne moi aussi avant d'm'engager dans les volontaires des patrouilles frontalières. Puis j'ai été enrôlée y'a bien deux ans dans l'kazhar pour faire grosso modo la même chose. Mais avec un meilleurs uniforme et une paye.

Puis, se tournant vers la probotyre, "Ara", elle ajouta :

- Moi aussi j'étais à Anklög ! J'ai pas été d'un grand impact cela dit... comme au tournois à Stellaraë où on m'a botté les fesses... mais on peut pas toujours briller !

Ensuite elle se tourna vers le vétéran de leur trio, devenant un véritable moulin à parole.

- Y' sont comment les gens qu'on va recadrer ? J'ai entendu dire qu'ils étaient pas commode, mais si vous les avez pas exécutés ou enfermés pour disperser leur groupe, j'imagine qu'ils avaient un bon fond quelque part non ? Pis Heldrik, on sait pourquoi il a retourné sa veste en fait ? Il vous l'a dit la première fois que vous l'avez corrigé ?

[HS : pardonnez mon retard @Doemino et @Dame Ara]

Dame Ara fut la première à prendre la parole. Tandis que la naine répondait par un sourire dentelé à sa présentation, la probotyre prouvait qu'elle avait déjà étudié le terrain avant de partir en mission. C'était une bonne chose du point de vue du technophile. Lui qui aimait être préparé à l'avance, quitte à lire certains ouvrages pour se renseigner, trouvait cela rassurant d'être accompagné par des personnes sérieuses et compétences. Restait à voir ce qu'elle valait vraiment sur le champ de bataille...

Les présentations se firent par chacune, puis la protectrice évoqua la stratégie. Mais l'elfe-lycanthrope n'eut pas le temps de répondre car la gnomette prenait déjà le relai dans la conversation pour évoquer ses faits d'armes, avant d'évoquer Heldrik, le seigneur de la forteresse.

- Enchanté donc, Dame Ara du clan Kelah, et Doemino Tunnelly. Comme vous avez détaillé votre présentation plus que je ne l'aurais pensé, sachez que je suis un technophile -adepte des machines en tout genre- et que je fais partie de la brigade ingénieuriale au sein de notre chère faction kazharienne.

Puis il continua en se tournant vers l'hybride.

- Hm, non effectivement pour ses hommes. Autrefois, lorsque nous avions dû prendre d'assaut sa forteresse d'Heishvaldd, nous avions mis en place un véritable siège. Les hommes de l'ordre d'Heldrik étaient nombreux, et ce n'est qu'après plusieurs d'assauts que nous avions réussi à les neutraliser. Maintenant, ils ne sont plus qu'une poignée. Ils étaient une petite dizaine la dernière fois que nous les avons contrôlés, peut-être quinze maintenant s'ils ont recruté.

Mais à nous trois... Quatre... Il jeta un coup d'oeil à la créature qui accompagnait Doemino... Nous devrions pouvoir les neutraliser.

Le thérianthrope se tourna ensuite vers la corrompue.

- C'est une question fort pertinente. Lorsque nous avons défait Heldrik, l'Imperator a fait preuve de clémence. Il lui a laissé deux possibilités : se soumettre et passer sous le joug kazharien, ou bien se rebeller et finir dans les cachots de BaldorHeim. Le couard a accepté la première solution. La condition était que nous imposions notre présence, un droit de visite perpétuel, et surtout une aide si jamais nous étions attaqués. Les chevaliers d'Heishvaldd ont accepté.

Donc, les premières années se sont bien passées. Mais depuis peu de temps, les éclaireurs postés en surveillance des lieux nous ont signalé des événements particuliers : raids non prévus, suspicion de pillage, et surtout soupçon de corruption au sein-même de BaldorHeim. L'un des guetteurs indique même qu'il aurait entendu des évocations de trahison à l'égard des Kazhariens. Il serait de mauvais augure si ce bastion venait à s'allier avec des brigands locaux, ou des Elfes noirs... Ainsi donc, une visite de "courtoisie" me semble la bienvenue. Cela vous paraît plus clair ?

Alors que nous approchions de la Forteresse d’Heishvaldd, perchée sur le Mont Tagne, une tension électrique parcourait l'air. Le vent caressait mes oreilles, portant avec lui le murmure lointain des préparatifs de bataille. Aux côtés de Doemino et de Ragnör, je sentais mon cœur battre plus fort, empli d'une énergie inébranlable. Ragnör, l'elfe des glaces, avait pris la parole avec une assurance teintée d'expérience. Ses mots, empreints d'un calme glacé, résonnaient dans mes pensées. "Enchanté donc, Dame Ara du clan Kelah, et Doemino Tunnelly...", avait-il commencé. Ses paroles étaient comme une brise fraîche dans la chaleur du moment, apportant avec elles une bouffée d'air pur. Mais c'était sa révélation sur son expertise en ingénierie qui avait captivé mon attention. Un technophile parmi nous, un expert des machines ! C'était là une bénédiction des dieux de la guerre.

Je lui avais adressé un sourire chaleureux, reconnaissante pour sa présence. "Votre savoir-faire sera d'une valeur inestimable dans les heures à venir, Ragnör. Les machines peuvent être des alliées redoutables sur le champ de bataille", avais-je répondu, mes pensées déjà tournées vers les possibilités tactiques que cela nous offrait. Puis, tandis que Ragnör évoquait nos adversaires et les défis qui nous attendaient, je resserrais ma prise sur mes deux marteaux de guerre. Ces armes étaient comme une extension de moi-même, forgées dans les flammes de l'artisanat probotyrien, prêtes à défendre mes compagnons avec une ferveur inébranlable.

Lorsqu'il mentionna la trahison et la menace qui planait sur BaldorHeim, un frisson parcourut mon échine. La loyauté envers notre faction était sacrée, et toute menace à son encontre devait être éradiquée sans hésitation. "Nous ne permettrons pas que l'ombre de la trahison obscurcisse nos terres", avais-je déclaré d'une voix empreinte de détermination. "Nous ferons face à ces défis, unis et résolus, comme nous l'avons toujours fait." La silhouette imposante de la forteresse se dessinait à l'horizon, un symbole de puissance et de défiance. Mes sens étaient en alerte, chaque fibre de mon être prête à se jeter dans la mêlée pour protéger mes compagnons. Mes yeux scrutaient les remparts, cherchant le moindre signe de mouvement ennemi.

"Il est temps", murmurais-je à mes compagnons, ma voix chargée de ténacité. "Nous devons écrire une nouvelle page de l'histoire aujourd'hui, comme des héros combattant pour la justice et la loyauté. Que nos actions parlent plus fort que les mots, et que notre bravoure soit notre héritage." Alors que nous approchions de la Forteresse d’Heishvaldd, je me préparais à affronter l'adversité avec courage et honneur, prête à défendre mes convictions jusqu'à mon dernier souffle. Car c'était là le serment que j'avais fait à l'Imperator : protéger, défendre, et triompher contre toute adversité, au nom de mon clan et de notre faction.

Je me suis immédiatement mise à l'œuvre, aidant Ragnör et Doemino à se préparer pour la bataille imminente. J'ai ajusté les sangles de leurs armures, veillant à ce qu'elles soient bien ajustées pour offrir une protection maximale. Mes gestes étaient empreints de fermeté, ma volonté de protéger mes compagnons est inébranlable. Je pense que nous sommes prêts à affronter l'adversité, unis et résolus.

-... je fais partie de la brigade ingénieuriale au sein de notre chère faction kazharienne.
- Ho c'est toi qui... qui...

...qui répare les golems d'entrainements que j'ai encore cassé, se retint-elle de poursuivre.

- ...nan rien.
- ... Mais à nous trois... Quatre...

Ils n'étaient pas que trois dans leur groupe ? Qui était le... Doemino manqua de s'étrangler en suivant le regard de l'ingénieur. Qu'est-ce que Ghougoul venait faire là non d'un grimoire ! Il allait se faire attaquer ! Et elle sa couverture découverte ! En un instant elle commença à mobiliser la mal en elle pour attaquer la première et prendre de vitesse les deux autres kazhariens... mais le technophile reprit comme si de rien n'était avant qu'elle ne se trahisse.

- Nous devrions pouvoir les neutraliser, affirma-t-il avant de se tourner vers elle, interdite, s'efforçant de masquer qu'elle avait été à un cheveux de lui sauter au visage. C'est une question fort pertinente. Lorsque...

"soupçon" "corruption" "trahison"

La demi-gnome avait la gorge sèche mais opina du chef. A côté d'elle, le nécrophage se contenta d'incliner la tête de côté. Il n'avait rien comprit du tout, de toute évidence...

- Nous ne permettrons pas que l'ombre de la trahison obscurcisse nos terres. Nous ferons face à ces défis...
- Ouais, tout pareil, affirma Doemino en s'efforçant de paraître convainquante.

Toutefois, lorsque la probotyre poursuivit, la semi-halfeline n'écoutait plus. Ils étaient à présent plongés dans l'ombre de l'édifice de plus en plus proche. Levant le nez, Doemino réalisa qu'il était plus imposant que ce à quoi elle s'attendait. Pas autant que la forteresse au coeur de Baldorheim ou les tours des stryges, mais un sacré morceau quand même.

Tandis que d'un côté Ragnör effectuait quelques vérifications de routine et de l'autre l'hybride ajustait son armure, avant de se présenter aux portes, Doemino s'approcha de son camarade atypique. Vêtue de sa simple cuirasse et même dépourvue de bottes, elle ne possédait qu'une petite massue. Dérisoire en comparaison aux deux armoires à glace l'accompagnant. Pourtant il faudrait faire avec. Et si possible sans trop utiliser son toucher corrupteur.

- Ecoute bien Ghougoul. Tu as pas l'habitude, mais ces deux là c'est nos copains. Tu les mords pas. Les autres tu peux. Kapish ?

Celui-ci se contenta d'incliner la tête de côté, comme toujours, sans laisser paraître avoir saisi le moindre mot. Doemino échappa un soupir. Il faudrait que cela suffise. Là-dessus, elle se tourna vers les grilles d'entrée visible depuis leur position. Il était temps. Pour le Kazhar. Et pour Motch-Hollow.

Ragnör était ravi de constater que son auditoire -aussi petit fût-il- était réceptif à ce qu'il expliquait. Il avait plutôt l'habitude à ce que ses propos soient omis lorsqu'il donnait un peu plus d'explications, notamment d'ordre historique. Dame Ara du clan Kelah fut la première à le remercier. Elle semblait réellement être intéressée par ce qu'elle expliquait. Il remarqua en outre lorsqu'elle resserra sa poigne grise sur ses énormes masses qui pendaient de chaque côté de son corps. Il n'aurait point voulu en prendre un coup...

Doemino aussi semblait être motivée et encline avec ce qui se disait. Si Dame Ara semblait d'une ferveur particulièrement importante, la naine -aux yeux de Ragnör- semblait plutôt détachée. Mais l'elfe-thérianthrope ne s'en inquiétait guère, car là était l'état d'esprit des Nains : espiègles et intéressés, c'est ainsi qu'il les voyait généralement.

- Il est temps.

La probotyre avait dit cela d'un ton solennel, comme si elle s'attendait au pire. Ragnör, quant à lui, pensait tout de même que les hommes de Heldrik les accueillerait correctement... Peut-être pas à bras ouverts, mais qu'ils se laisseraient faire. C'est dans cet était d'esprit, tout à fait erroné mais il l'ignorait, qu'il se présenta devant les grandes portes de Fort-Justice, anciennement appelée la Forteresse d'Heishvaldd.

*TOC TOC TOC*

Ne voyant personne aux alentours, le technophile avait tout simplement frappé à la porte. Il y eut un bruit métallique sourd, puis plus rien. Alors l'ingénieur répéta l'opération.

*TOC TOC TOC*

D'autres bruits parvinrent. Cela faisait comme des voix qui s'élevaient, accompagnées de bruits d'armes. La porte s'ouvrit.

- Fichez le camp ! Déguerpissez !

Un hallebardier se présentait devant l'entrée, son arme d'hast dirigée vers les compagnons kazhariens. C'était un accueil pour le moins... Glacial, même dans les Baldors.

- Nous sommes des Kazhariens. Nous venons inspecter l'endroit, s'assurer que tout va bien.

- Partez, séance tenante, si vous ne souhaitez pas être réduits en charpie.

Ragnör se retourna vers les deux autres, la mine dubitative. Ainsi donc ils n'étaient pas les bienvenus. Etait-ce un aveu ? Etaient-ils vraiment dans les coups que l'on prétendait ? Ou alors était-ce seulement une recrue mal formée ? Pourtant il avait l'air bien équipé, et sûr de lui.

- J'insiste.

- Tant pis pour vous.

Le hallebardier tenta de se retrancher au sein de la forteresse, en barricadant la porte. Mais le technophile avait anticipé. D'un bond, malgré son paquetage, il empêcha la fermeture de la porte, et assomma le hallebardier avec le sabre mécanique rétractable qu'il venait de dégainer.

- Chères Kazhariennes, nous allons devoir nous battre.

Lança-t-il en pénétrant dans la forteresse d'Heishvaldd.