Dans la pénombre tamisée de la taverne, Marania se sentait comme un joyau éclatant au milieu d'un amas de rochers. Sa longue robe rouge, taillée dans un tissu luxueux qui ondulait à chacun de ses mouvements, attirait tous les regards. Elle aimait à penser que chaque pli de sa robe incarnait une note de musique, une mélodie à elle seule.

Sa peau d'écailles bleues, luisant faiblement à la lumière vacillante des torches, semblait refléter les abysses marins d'où elle était issue. Son regard d'un rouge profond, presque hypnotique, scrutait chaque recoin de la salle avec une curiosité insatiable. Les cheveux d'un noir de jais, retenus en une tresse complexe ornée de coquillages et de perles, encadraient son visage aux traits fins et délicats.

À son cou pendait un pendentif en forme de coquillage, symbole de son lien indéfectible avec les profondeurs océaniques. Autour de son poignet, elle portait des bracelets en corail finement ouvragés, évoquant les récifs sous-marins qui abritaient tant de secrets. Mais son accessoire le plus précieux était sans conteste le Carillon Sitlantéen, ce bâton de mage orné de motifs marins, qui vibrait doucement à ses côtés, comme impatient de révéler sa magie.

Alors qu'elle attendait le passage du serveur, Marania observait avec amusement les va-et-vient des clients de la taverne. Certains étaient des habitués, des visages familiers qui semblaient faire partie intégrante du décor. D'autres étaient des voyageurs de passage, des âmes en quête d'aventures et de récits à raconter. Et puis, il y avait les autres pirates, ces êtres au tempérament aussi tumultueux que les flots qu'ils sillonnaient.

Enfin, le tavernier s'approcha d'elle, un sourire fatigué aux lèvres, essuyant machinalement un verre ébréché.

« Bonsoir, belle dame », lança-t-il d'une voix rauque, marquée par des années passées à côtoyer les bruits de la mer. « Que puis-je vous servir ce soir ? »

Marania lui rendit son sourire, étincelant de malice.

« Bonsoir, mon ami », répondit-elle d'une voix douce mais empreinte d'une autorité naturelle. « Je vous saurais gré de m'apporter un verre de rhum d'origine abyssale, accompagné de quelques fruits exotiques, s'il vous plaît. »

Le tavernier hocha la tête, semblant apprécier la demande inhabituelle de la cantatrice abyssale.

« Bien sûr, ma dame », acquiesça-t-il, avant de s'éclipser dans l'arrière-salle.

Marania observa les flammes des torches danser au rythme de sa propre impatience. Elle se sentait vivante dans cet univers tumultueux, où chaque instant était une nouvelle mélodie à composer. Et alors que les murmures de la taverne semblaient se fondre en une symphonie chaotique, elle se laissa emporter par le frisson de l'aventure qui l'attendait au loin, sur les flots déchaînés de l'océan.

Le tavernier revint bientôt avec le rhum et la coupelle de fruits, qu'il déposa devant Marania avec un léger sourire. Elle lui adressa un signe de tête reconnaissant et attrapa délicatement le verre entre ses doigts agiles.

« Merci, mon ami », dit-elle d'une voix chaleureuse.

Elle sortit ensuite son porte-monnaie en peau de crocodile des marais, orné de plumes de perroquets, et en sortit quelques pièces qu'elle déposa sur le comptoir en guise de paiement, avant de se lever avec grâce pour poursuivre ses affaires.

Dans la chaleur et l'agitation de la taverne, la voix de l'homme parvint jusqu'à Marania, douce et pleine d'admiration. Elle tourna la tête avec élégance pour le détailler du regard. Un homme grand et robuste, mais aux yeux d'une curiosité enfantine. Un humain.

Elle lui adressa un sourire poli, mais son regard trahissait une pointe d'amusement face à ses comparaisons audacieuses.

« Merci pour vos compliments, monsieur », répondit-elle d'une voix cristalline. « Mais je crains de vous décevoir, je ne suis ni une divinité des Abysses, ni une sirène. Je suis simplement Marania, la cantatrice de Sitlantà. »

L'homme sembla peut-être légèrement décontenancé par sa réponse, mais il persista dans sa tentative de conversation en lui proposant de partager un verre.

Marania hocha la tête avec un léger sourire. La taverne était bondée ce soir-là, et elle était toujours avide de nouvelles rencontres.

« Je vous accompagnerai volontiers », répondit-elle, sa voix portant une légère mélodie. « Mais je vous préviens, je ne partage pas souvent mes fruits exotiques, alors profitez-en tant que vous le pouvez. »

Elle se glissa gracieusement à la table de l'homme, posant son verre et son assiette devant elle. Son regard de rubis se posa sur lui avec une curiosité bienveillante, attendant qu'il se présente à son tour.

« Je suis Marania », commença-t-elle, dévoilant quelques bribes de son histoire avec fierté. « Ancienne cantatrice de Sitlantà, femme d'un militaire abyssal, et désormais aquamancienne pirate. Et vous, monsieur, qui a l'honneur de partager la compagnie de la célèbre Marania ce soir ? »

Elle inclina légèrement la tête, attendant avec impatience sa réponse. Dans le bruit de la taverne, elle était prête à savourer chaque instant de cette rencontre inattendue, prête à découvrir les secrets que cet homme mystérieux pouvait bien dissimuler derrière son sourire charmant. Marania attendit avec une curiosité piquée la réponse de l'homme, son regard rouge pétillant d'anticipation. Elle se demandait quelles histoires il pouvait bien avoir à partager, quelles aventures avaient façonné cet étranger assis devant elle.

Pendant un bref instant, elle se perdit dans les méandres de ses propres pensées, laissant son imagination vagabonder vers des horizons lointains. Mais bientôt, elle revint à la réalité, son attention se recentrant sur l'homme en face d'elle, attendant patiemment qu'il se présente. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine impatience, une soif insatiable de découvertes et de nouvelles expériences. Après tout, chaque rencontre était une opportunité de tisser de nouveaux liens, de découvrir de nouveaux horizons, de vivre de nouvelles aventures.

Et alors que la taverne continuait de résonner des rires et des conversations de ses occupants, Marania se sentit emportée par le tourbillon de l'inconnu, prête à savourer chaque instant de cette rencontre fortuite.

Assise à la table de l'homme qui se présentait comme Jack Moinow, Marania écoutait ses paroles avec une attention feinte. Son sourire énigmatique masquait les pensées qui se bousculaient dans son esprit. Certes, elle était mariée depuis des décennies, mais l'idée que sa voix puisse envoûter les cœurs laissait une trace d'amusement dans son regard. C’était bien loin de sa vie, une réalité dans laquelle son époux préférait les hommes aux femmes. « Oh, vous savez, la musique a le pouvoir de toucher l'âme », répondit-elle d'une voix douce, laissant planer le mystère autour de son passé et de son présent conjugal. « Il m'est arrivé de chanter des mélodies qui ont su captiver l'attention de certains, en effet. »

Lorsque Jack évoqua son appétit pour les fruits macérés dans l'alcool, Marania ne put retenir un léger rire cristallin. « Vous avez raison, les fruits confits au rhum sont une véritable délectation », admit-elle, sa voix portant une légère mélodie. « Mais je ne doute pas que vous saurez apprécier ceux-ci tout autant. »

Cependant, lorsque Jack se présenta sous le sobriquet de « joli-cœur » et posa des questions sur les pirates, Marania sentit son intérêt s'aiguiser. Elle se prêta à la conversation, masquant habilement ses propres motivations derrière un voile de courtoisie. « Enchantée, Jack », répondit-elle avec un sourire taquin. « Je suis relativement nouvelle dans l'univers des pirates, mais je peux vous assurer que les enjeux sont aussi captivants que les mélodies que je chante. »

Lorsque Jack évoqua Kaïna, la Capitaine pirate, Marania se pencha légèrement en avant, ses yeux rubis brillant d'une lueur de curiosité. C’était un nom connu dans la communauté. « Kaïna... » murmura-t-elle, laissant planer un instant de silence. « On dit qu'elle est partie à Wystéria. Mais entre nous, les rumeurs sont parfois aussi changeantes que le flux des marées. »

Elle observa attentivement la réaction de Jack, cherchant à déceler la moindre trace d'émotion sur son visage. Pourtant, derrière son masque d'indifférence feinte, elle ne pouvait s'empêcher de se demander quelles étaient les véritables motivations de cet homme mystérieux. Et alors que la taverne continuait de résonner des rires et des conversations des autres clients, Marania se préparait déjà à naviguer dans les eaux tumultueuses de l'intrigue et de l'aventure. Marania posa alors une question à Jack, curieuse de mieux connaître cet homme au sobriquet enfantin de "joli-cœur".

« Dites-moi, Jack, comment s'appelle votre boutique d'armes à Ishtar ? Je suis sûre que vous devez vendre des pièces fascinantes », demanda-t-elle, son regard pétillant d'intérêt. Elle lui expliqua ensuite sa propre expérience dans la fabrication d'armes en bois pour les guerriers abyssaux de Sitlantà, soulignant qu'elle avait trouvé cette activité profitable mais éphémère.

« C'était une expérience intéressante, mais je ne me voyais pas en faire ma carrière », ajouta-t-elle avec un sourire. « Et vous, quelles merveilles proposez-vous dans votre boutique ? » Elle attendit avec impatience la réponse de Jack, curieuse de découvrir les secrets que renfermaient les étals de sa boutique d'armes à Ishtar.

Alors que Marania observait Jack accepter finalement un morceau de fruit de l'assiette, un sourire de satisfaction éclaira son visage. La politesse était un art souvent négligé, même dans les quartiers les plus turbulents d'Ishtar. « La politesse est un atout précieux, même parmi les pirates », commenta-t-elle avec un léger rire. « Vous avez bien raison de ne pas vouloir m'offenser. »

Puis, lorsque Jack mentionna ses soirées passées en compagnie de la capitaine Kaïna, la diva ne put s'empêcher de rire franchement. « Ah, la légendaire réputation de Kaïna en matière de fête et de rhum n'est plus à faire ! » s'exclama-t-elle avec amusement. « Je ne manquerai pas de lui transmettre vos salutations, ainsi que votre offre généreuse de bouteilles multiples. »

Lorsque Jack évoqua sa boutique, la "Forge de JHoly-Coeur", dans les quartiers mal famés d'Ishtar, Marania arqua un sourcil d'intérêt. Des choses plus exotiques, sous le comptoir ? Voilà qui éveillait sa curiosité. « Des choses plus exotiques, dites-vous ? » demanda-t-elle avec un sourire taquin. « Voilà qui est intrigant ! Les armes ne sont pas vraiment ma tasse de thé, mais je suis toujours curieuse de découvrir de nouvelles curiosités. »

Au fur et à mesure que la conversation se poursuivait, la cantatrice se laissait envelopper par l'atmosphère envoûtante de la taverne pirate. Les rires joyeux, les éclats de voix, le tintement des verres résonnaient comme une symphonie chaotique, une mélodie propre à l'univers des corsaires et des flibustiers. Des bardes locaux, habillés de guenilles colorées et ornés de bijoux bruyants, se mêlaient habilement à la foule, leur musique envoûtante emplissant l'air de notes vibrantes et enjouées. Les mélodies des flûtes, des accordéons et des tambours racontaient des histoires de mer et d'aventures, transportant les âmes des pirates vers des horizons lointains et mystérieux.

Marania se laissait bercer par ces sons familiers, son esprit vagabondant au gré des airs enivrants. Elle se sentait vivante, vibrante, comme une partie intégrante de cette symphonie pirate qui résonnait à travers la taverne. Dans cet univers tumultueux, chaque note semblait lui chuchoter des secrets, chaque mélodie lui murmurait des promesses d'aventure et de liberté. Elle se laissait porter par la musique, laissant ses soucis et ses préoccupations se dissoudre dans l'océan de son esprit.

Pourtant, même au cœur de cette effervescence, son esprit restait vif et alerte, toujours à l'affût du moindre indice, de la moindre opportunité qui pourrait se présenter. Elle savait que dans cet univers impitoyable des pirates, il fallait être prêt à saisir sa chance au vol, à naviguer avec adresse entre les flots tumultueux de l'intrigue et de la trahison. La demi-murène, baignant dans l'ambiance enivrante de la taverne pirate, se tourna de nouveau vers Jack avec un sourire malicieux.

« Dites-moi, Jack, » commença-t-elle, sa voix empreinte de curiosité, « avez-vous déjà navigué sur les mers tumultueuses en quête de trésors et d'aventures palpitantes, ou êtes-vous un homme des terres, préférant observer le tumulte des océans depuis la sécurité de la côte ? »