Sujet: Re: Chasse aux crocodiles Ven 17 Juil 2020 - 3:22
Garràmerò III
Pour rattraper le retard causé par cette nuit trouble passée et le réveil brutal de ce matin, j’avais finis par accélérer le pas et user de mes qualités de Stryge pour atteindre plus rapidement l’entrée des marais. La distance n’était pas impressionnante et il me suffisait de planer depuis le plus grand des arbres environnant pour parcourir un maximum de distance sans me fatiguer. Les marais en vue, j’avais décidé de mettre tout les moyens en œuvres pour terminer cette chasse mal partie dans les plus brefs délais, faisant appel à ma magie de l’ombre. Dans un premier temps, je fis apparaître la petite roulotte qui m’avait servi la dernière fois et préparai la place prochaine du futur crocodile et de son compagnon très prochain le rhinocéros. La roulotte était suffisamment solide et tenace pour supporter leur poids et assez large pour étaler leur carcasse. Il n’y avait donc plus qu’à les pêcher !
Pourtant, tout ne se passa pas comme prévu. Alors que je venais de faire apparaître la roulotte, le premier croco en profita pour m’attaquer par surprise et tenter de se saisir de l’une de mes jambes sans demander mon reste. Pris par surprise, j’eus le bon réflexe de battre des ailes et échapper aux mâchoires peu ragoutantes de l’écailleux. De ses yeux jaunes se lisaient la frustration et la terrible faim d’un carnassier. Mécontent d’avoir raté son premier croc, il guetta patiemment le museau en l’air ma redescente prochaine pour retenter sa chance. Dans l’urgence et la panique, presque l’entièreté de mon carquois s’était vidée au sol, me laissant qu’une seule flèche pour en finir avec le bestiau. Bien sûr, dans l’extrême, je pouvais me servir des trous noirs pour mettre fin à ses jours, mais en plein jours, l’efficacité de cette magie s’en retrouvait diminué et je n’étais pas sûr d’avoir le gibier en un seul morceau, car rappelez-vous, si un élément venait à se mettre au milieu de la frontière du trou noir, il se voyait proprement coupé en deux. Je voulais de préférence rapporter un morceau entier du crocodile et non pas un vulgaire morceau d’écaille en tranche.
Adoptant le vol stationnaire de l’aigle, je tendis la corde de mon arc et y déposa la dernière flèche de mon carquois. Recouvrant la pointe de la flèche d’une aura ténébreuse, le tranchant de la flèche se teinta d’un noir très sombre à mesure où je me concentrais sur ma proie. Régulant mon souffle tout en atténuant les soubresauts que je provoquais, je continuais à observer le crocodile sous mes pieds avant de relâcher la corde et laisser la flèche s’en aller. Celle-ci vint se planter profondément dans le crâne du bestiau, le clouant au sol avec une force surprenante, comme s’il avait été assommé par un violent coup de marteau. L’impact s’était même dessiné autour de la pointe de la flèche, flèche qui avait même traversée le crâne de l’animal comme si ce n’avait été que du beurre, lui laissant un trou assez large pour y passer le bras d’un enfant.
J’étais resté confus durant quelques instants, continuant d’observer la pointe de la flèche qui était resté d’une noirceur sans pareil, un peu comme la faux que je trimballais régulièrement. L’intensité de ma magie se faisait plus écrasante sur une surface restreinte et cette expérience avait été réalisée au soleil de surcroit, ce qui faisait que je n’avais pas perdu mon temps. Je ne pouvais pas en dire autant pour le reste de la chasse. Alors que je me concentrais dans le ciel à viser ma proie, celle-ci s’était baladé en-dessous de moi, tournant autour de la roulotte et écrasant la plupart de mes flèches par la même occasion. Une juste sentence s’était appliquée, mais je n’avais déjà bientôt plus de flèches pour m’attaquer à ma prochaine cible.
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Le Marchand
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Sujet: Re: Chasse aux crocodiles Ven 14 Aoû 2020 - 21:28
Rapport de récolte :
Arkos récolte x4 Écaille de crocodile, x2 Cuir de crocodile et x2 Dent de crocodile. Ainsi qu'un os doré. Commentaires sur le RP : Rien de particulier à dire. À bientôt !
Sujet: Re: Chasse aux crocodiles Jeu 17 Sep 2020 - 3:26
La tournée du chasseur III
Je venais enfin de terminer mon petit tour des petites proies, rapportant mon dernier trophée au chariot que j’avais laissé un peu plus loin en amont de la forêt. Tenant l’aigle par les pattes, je ne pouvais cacher ma satisfaction sur mon visage, la manière dont j’avais cueilli l’emplumé m’avait laissé dans une euphorie grandissante, déjà pressé de pouvoir ressayer cette nouvelle technique sur les prochaines bestioles qui croiseront mon chemin.
La première chose que je fis en arrivant au campement temporaire fut de récupérer les deux sangliers qui pendaient encore, sous le feuillage du pauvre sapin, et de les nettoyer avec l’aigle. Et sans m’en rendre compte, l’après-midi se termina en un rien de temps, le soleil déjà loin sur l’horizon, laissant tout juste ses derniers rayons nous atteindre et me réconforter avant la tombé de la nuit. Comme pour accompagner cette fin de journée ensoleillée, mon ventre se mit à gargouiller, réclamant son due après tant d’effort. Malheureusement, ce que j’avais empoché jusqu’à maintenant ne servirait qu’à la vente à la hutte du village, je ne pouvais donc pas prendre dessus pour me remplir le ventre. Mon premier réflexe fut de fouiller mon sac pour essayer d’y dégotter quelques victuailles … en vain … Mis à part quelques fioles douteuses aux couleurs plus que pas net et quelques plantes et ressources végétales, je n’avais rien pour satisfaire ma faim. Il me fallait donc repartir en chasse, en chasse nocturne.
Une fois mes trophées nettoyés et rangés dans l’espace de conservation du chariot, je poursuivis mon expédition longeant, comme à mon habitude, la rivière qui se jetait dans le delta d’Hukutav. Bien que je m’arrête bien avant le centre des marais, celui-ci démarrait bien en amont du fleuve et l’on pouvait y trouver quelques spécimens de fortes de tailles. La raison ? La rivière provenant de la frontière entre la forêt de Sylfaën et les plaines d’Aran se trouve être particulièrement riche en poisson et autres ressources indispensables pour la nutrition marine. Je n’y connaissais pas grand-chose, mais de ce que j’avais compris, cela expliquerait le nombre important de crocodile à l’entrée des marais et leur taille, plus grande que la moyenne. Ce qui était étrange, c’est que ces derniers paraissaient bien moins agressifs que dans les autres régions des marais. Peut-être que se remplir le ventre les a assagit.
Traînant mon chariot derrière moi, je pouvais sentir que je m’approchais du territoire poisseux et vaseux de l’écailleux. L’humidité se ressentait même dans la respiration, moins rafraichissante, plus étouffante. Je ne comprenais toujours pas comment l’ensorceleur pouvait vivre dans un environnement aussi gras et … et humide ? Au fur et à mesure où je m’engouffrais dans les bois ornant les marais, des mangroves s’enfonçant dans le sol vaseux et dont le feuillage laissait perler quelques gouttelettes chaudes sur le sol, mes plumes s’imbibaient de ce fluide et s’alourdissaient à chacun de mes pas. Se déplacer demandait plus d’effort, plus d’énergie, la sueur perlait sur mon front, brûlant mes yeux par la même occasion. Le sol semblait vouloir m’absorber à mesure où je progressais, recouvrant mes bottes d’une épaisse couche de terre collante à souhait. Bientôt je ne ferai que patiner sur la boue en cherchant désespérément un point d’appui une surface rocheuse ou de terre sèche. Par précaution, j’avais laissé le chariot en terrain dur pour ne pas avoir à le pousser une fois embourbé. De toute manière, j’avais déjà envisagé de transporter la futur marchandise à l’aide d’un trou noir jusqu’au chariot resté en retrait, vu le poids d’un croco, il valait mieux …
Je m’approchai de la rive marécageuse, essayant vainement d’apercevoir un crocodile au beau milieu de la nuit en ayant pour seule lumière la blancheur de la lune. Je pouvais deviner leur présence, la surface de l’eau s’agitait en même temps que le reflet de la lune, quelques remous peu discret pour attirer mon attention d’un côté puis de l’autre. Mais je savais déjà à quoi m’attendre, ce n’était pas la première fois que je traquais de nuit, encore moins des crocos. Alors quand l’un d’eux émergea de l’eau sans crier gare, je pris mon envol en un instant et reproduis la même gestuelle que précédemment contre l’aigle, élargissant un peu plus ma poigne autour du manche imaginaire. Le reptile, confus, resta quelques temps sans bouger, essayant de percevoir sa proie autour d’elle, me laissant le temps de saisir un point important lors la création d’arme ténébreuse. Lorsque je faisais appel à cette magie, je m’efforçais de me concentrer et de me projeter sur la zone affecté par la magie. Equinoxe avait bien précisé qu’il s’agissait d’une magie sombre adoptant quelques similitudes avec la magie spatiale, ce qui expliquait pourquoi je devais me projeter à chaque fois que je faisais apparaître un trou noir. Pour la création d’arme noire, j’avais plutôt la sensation de mimer une arme imaginaire dans ma main, de faire comme si j’en avais réellement une, et au moment où je décide de m’en servir pour attaquer, je canalise ma rage dans celle-ci, colorant mon arme imaginaire invisible jusqu’à lors d’un noir abyssal. Je n’avais pas eu le temps de m’en rendre compte contre l’aigle de tout à l’heure car le jet avait été trop puissant pour que j’aie le temps de prêter attention à mon lancé plutôt qu’à ma cible, mais ici ce n’était pas le cas.
Alors que je me trouvais au-dessus de la tête du croco, je fis apparaître, non pas une dague, mais une lame noire aux courbes disparates. Alors que j’avais réussi à parfaitement me représenter une dague en main, je n’avais pas réussi à faire apparaître une véritable épée. La lame, bien trop fine pour résister au moindre assaut, n’était même pas entière, comme si le forgeron qui l’avait travaillé en avait oublié la moitié. Retombant lourdement sur ma proie pour l’embrocher à la tête, le compagnon de ce dernier, qui m’avait observé de loin m’élancer dans les airs, s’était rapproché à son tour et sortis des eaux troubles pour venir me becter à la retombée. Toutefois, la lame ne fit aucune différence, tranchant tout ce qui se trouva sur son passage avant de se planter dans le sol, clouant la gueule des deux bestiaux. Tout aussi confus que les deux reptiles, je m’étais laissé surprendre par l’étonnante efficacité de la lame noire malgré sa fragile constitution. Je manquais encore un peu de finesse visiblement … Toujours est-il que la troisième tournée se termina ainsi.
Sujet: Re: Chasse aux crocodiles Mer 2 Déc 2020 - 13:28
Sobek Elpoemer Grey marchait, suivant les les déplacements d'Eregan Cornefine à la trace, flairant son essence dans l'air, en un exercice de regain de ses facultés de traqueur spirituel. D'un pas léger, sautillant, il parcourait la nuit des marais d'Hukutav avec son flegme habituel, et aux passants qu'il croisait il inspirait sourires et insouciance, de voir un étrange squelette en habits colorés arpenter ces terres marécageuses.
Sur la route qui le mènerait à sa victime, un roublard Naga avait tenté de le prendre en filature, serpentant dans ses pas, alors qu'il serpentait lui-même dans ceux d'un autre, pour finir pris au piège dans des sables mouvants. Sobek avait disparu l'espace d'un instant au détour d'un vieil arbre, et au pied de celui-ci il laissait le serpent flairer sa trace un instant avant de le pousser dans le terrain mortel. Il l'avait bien cherché, attaquer des passants qui n'ont rien demandé manquait cruellement de style, surtout si c'était lui la victime. Pour s'assurer que le vil gredin n'en ressortirait pas, il ignorait ses cris de supplication et lui fourrait des orties dans la bouche avant de le frapper à l'aide d'un gros bâton trouvé par là.
Il reprenait la piste du Gardien quand la voix de ce dernier le surpris. Il n'était pas encore tout à fait maître de ses dons comme auparavant, pour se faire piéger de la sorte.
- Par la Couronne, c'est toi le clown ! Oh ! Il y a là-bas un homme qui a besoin d'aide, il se fait avaler par des sables mouvants, viens donc m'aider !
Derrière lui, il laissait l'homme tirer de son piège le Naga puis les rejoignait tous les deux, un peu décontenancé. Si le roublard se réveillait, il raconterait comme Sobek l'avait piégé, ce qui en soi n'était que de la défense légitime. L'assommer et le bâillonner avaient peut-être été de trop au regard de la morale Stellaroise, ceci dit...
Comme Eregan entreprenait d'ôter les orties et de constater la partie gauche du crâne de l'homme où s'écoulait un épais filet de sang, encore frais, Styx sifflait :
- Wow vachement cruel de faire ça à quelqu'un... - Tu l'as dit ! Attends que je mette la main sur l'infâme auteur de ce crime !... Tu... tu n'aurais rien vu par hasard, tu venais de cette direction, non ? - Bien sur que non ! Je l'aurais aidé, enfin ! Là ! Dans les buissons ! Tu entends ?! J'ai peur ! Au secours ! Quelqu'un ! Il y a un psychopathe dans les parages ! Je défaille !
Le vampire tombait de manière exagérée dans les pommes, tandis qu'il laissait le guerrier aller vérifier le périmètre. Une fois celui-ci hors de sa vue, il ouvrait un oeil curieux, puis l'autre, et se redressait promptement. Il devait faire disparaître le Naga inconscient avant qu'il se réveille et révèle ses manigances. Il tentait de le soulever, mais toutes ces écailles et... il ne savait vraiment pas comment décrire ces êtres hideux, tant il était habitué à la beauté de Shakti, et se mis à le pousser à l'aide de coup de pieds de plus en plus en plus violents. Le naga roulait jusqu'aux abords d'un étang par là, et Styx suivait, en le rouant de coups. Comme il allait asséner l'ultime, celui qui le ferait couler dans les eaux noires d'Hukutav, une forme noire jaillie de l'eau pour venir planter une gueule cernée de dents pointues dans le corps inconscient du Naga.
Sobek hurlait de surprise, et bientôt le Gardien accourait.
- Reste derrière-moi, pierrot ! Tu ne crains rien ! Je m'en vais occire ce crocodile mangeur d'hommes ! POUR LE ROI !
Tout d'abord surpris, puis heureux de constater la tournure que la providence donnait aux événements, il laissait le Gardien dégainer son épée pour affronter la bête. Il réussit à blesser le reptile à la patte, mais celui ripostait en bondissant sur lui, faisait voler son arme un peu plus loin dans les roseaux, sous le regard spectateur du vampire qui se demandait quelle décision il devait prendre ; le sauver, ou non ? Hum....
Mais le crocodile avait déjà défait l'armure du Stellarois, pour se repaître de ses intestins, lorsque le Vicomte frappait dans ses mains, heureux de s'être arrêté dans son choix. Oh. Mince. Il ne le sauverait pas visiblement...
Mais il profitait tout de même du fait que le crocodile soit distrait, en plein repas, pour lui enfoncer l'épée du Gardien dans le crâne et le tuer. Trois victimes en un jour, c'était un ratio plus qu'acceptable... à son tour de manger maintenant.
Dans une petite tente, aménagée afin que Sobek Elpoemer Grey et Caroline Vancouver puissent discuter avec les mécènes des parutions des Chasses des Cœurs Brisées, le bruit fourmillait, que ce soit Styx qui plaisantait avec une noble d'âge mûr, ou Caroline qui passait en revue le nombre de ventes des épisodes précédents avec un groupe de vampires à l'air sérieux.
La venue du prétendant numéro deux, Laurent on-ne-sait-plus quoi, après la prétendante numéro un avait fait décoller l'intérêt du public. Si la première avait attisé la curiosité, par sa tentative d'assassinat qui s'était soldée en une réconciliation allégorique entre les victimes d'Ishtar et l'ex-Ombre, le second avait carrément permis à Styx de faire le point sur ses problèmes avec l'abus de substances dans une déclaration enflammée. On adorait, à Spelunca la Chasse des Cœurs Brisées se classait dès le lancement de ses livres, cristaux-diffuseurs, en première position des ventes et tous les hameaux désiraient voir le protagoniste du feuilleton. Château-Rouge recevait des dons des quatre coins du pays, si ce n'était pour voir se poursuivre la rédemption du riche héritier, au moins pour faire durer le spectacle assez longtemps pour le voir faillir.
On annonçait bientôt l'ultime révélation qui propulserait une histoire de conquête d'un célibataire de sang royal au rang d'odyssée qui entrerait dans les annales ; Yuli Sibly aussi connue sous le pseudonyme artiste de Yuli Azelea, l'invitée du troisième numéro, était là.
L'abyssale avait bien grandit, et ses airs de petite fille s'était égarés au même endroit que son innocence et son désir pour une vie banale aux côtés de Narcilus. Elle avait plaqué le raté, voyant dans son âge trentenaire un frein à tous ceux qu'elle aurait besoin de séduire pour se hisser au rang de Virtuose légendaire, et avait également délaissé son dieu tentaculaire au profit d'une divinité beaucoup plus matérielle ; l'argent. Rapidement grâce à un timbre suave et des paroles provocatrices (et un physique loin des gueuses avec qui elle partageait les scènes) Yuli Azelea s'était établie en tant que coqueluche des bars Ishtariens, et le fantasme ultime de tout hétérosexuel qui se respecte.
Une coupe au carré, de couleur bleue, et de longues jambes diaphanes annoncèrent la starlette Pirate. Styx s'était levé sur son siège, comme soufflé par la splendeur de la demoiselle. Yuli arborait un long manteau blanc, qui faisait ressortir son teint aqueux de méduse luisant de milles feux, et portait deux traits colorés au niveau des yeux en guise de seul maquillage. Elle avait à présent vingt ans, et semblait conçue pour plaire. Le thaumaturge sifflait ; c'était une femme à présent. Ses talons à semelle rouge paraissaient être la cause du silence qui régnait à présent, ou peut-être était-ce le moment où l'abyssale avait enlevé son manteau pour se dévoiler en robe très (trop ?) courte et rose en dentelles. Elle s'asseyait à côté de son ami vampire, à qui elle tendait un joint qu'elle allumait.
- Salut les suceuses. On aime mon entrée ?
Pour répondre aux airs offusqués de ceux qui n'était pas encore totalement sous le charme naturel de cette sirène fatale, Yuli leur réservait un sourire à la dentition éclatante de santé et aux joues creusées de deux fossettes ravissantes. En riant elle semblait se situer n'importe où entre douze et vingt-cinq ans ; cela excita quelques uns des mécènes présents, et elle le ressentit.
Caroline Vancouver fut la première à prendre la parole, après s'être remis de cette vision de perfection. Styx n'avait pas menti sur son compte ; Sibly était l'une des plus belles femmes qui vivait en Dùralas. L'humaine se dirigeait vers l'abyssale à califourchon sur le rebord du siège où trônait Sobek et lui tendait la main.
- Yuli Sibly... quel honneur ! Je suis Caroline Vancouver, j'ai écouté TOUS vos albums "Abyssale Fatale", "F$ck Me I am Yuli", "Yulia Nakamura". J'adore ! Olala ! Je rougis, quelle honte !
Yuli échangeait un regard amusé avec Elpoemer, puis de sa voix où nageaient un millier de baisers répondait :
- Allons, c'est normal. Ne pas m'aimer est un signe de psychopathie, en fait. Hahaha... je rigole. Bon Styxou, on leur présente notre idée pour le troisième numéro ?
D'un bond le vampire quittait son siège, et exécutait une petite cabriole pour aller écraser la paperasse qui s'était entassée à la table de Vancouver et des associés de Château-Rouge, puis, avant de déclamer d'une voix théâtrale se faisait un petit turbo avec son joint.
- Un numéro MUSICAL, les bébés ! Imaginez un peu...
Il se baissait à une vitesse folle, et tombait à genoux devant l'un des mécènes à qui il caressait le crâne dégarni avec une expression salace au visage.
- On va réinterpréter la chanson iconique de ma chère amie, mon amour Yuli Azelea : "Toxique". Plaines d'arràn, soleil couchant, on arrive dans une voiture des gardiens, menottés. Vous suivez ? Bien. Bam, des danseurs arrivent et on se met à faire nos petits mouvements de fessiers qui vont bien : les gardiens, charmés, nous libèrent et on fait une petite lapdance à celui qui a l'air le plus seul et mal aimé.
Désormais, Styx se laissait rouler sur la table et prenait des poses lascives sur le rythme d'une musique que lui seul entendait. Mais Yuli semblait elle aussi y prendre goût, car elle se dandinait sur son siège en lâchant des "oui vas-y Styx !". Ou peut-être était-ce l'herbe qui les rendait aussi enthousiastes. Bientôt des sourires peignaient les visages tout autour de la tente, voire même des rires franchement enjoués. On pouvait décrier le Vicomte de ce qu'on voulait, il gardait un naturel très charismatique et drôle qui savait vendre la moindre de ses idées farfelues.
- Vos gueules, j'ai pas fini ! Bon, hahahaha, arrêtez. Les danseurs nous rejoignent, on fait une petite choré, Yuli envoûte tout le monde avec ses pouvoirs, et on finit sur nous qui faisons de la pole-dance sur une reproduction miniature de la Tour Stellaroise. Plutôt classe, non ?
Bien qu'étant une idée fort peu aboutie, et dont la signification était très peu royale-friendly, on applaudissait le vampire dont les mouvements avaient jusqu'ici été irréprochables, et son sourire méchamment angélique ne pouvait qu'encourager autre chose. De toute évidence, les deux complices avaient travaillé leur idée, et avoir Yuli "Sibly" Azelea aux côtés du Vicomte ne pouvait être qu'une bonne chose.
Caroline Vancouver pensait même à leur donner leur propre spin-off.
Puis Styx après une marée de compliment annonçait devoir aller chasser avec son amie. Une fois seuls, sans surveillance, et un crocodile éventré à leurs pieds Yuli se tournait vers Styx, absolument hilare.
- On pourrait danser habillés en Teebans qu'ils trouveraient ça génial hahaha ! J'en peux plus ! T'as vu la tête de l'autre gros ?!! Il arrêtait pas de mater mes seins ! T'es entouré de porcs !
Grey se laissait tomber sur le dos, un autre joint à la bouche, plein de sang de reptile.
- L'autre jour y'en a un il voulait acheter mes chaussettes pour 100 PO, soeur ! Hahahahaha ! Bon on y retourne, j'ai vu genre dix bouteilles de champagne destinées aux mécènes mais bas les couilles tant que j'aurais ces abdos et ce petit cul ils me soutiendront... donc... go boire biaaaatch
Lassé des spécimens rencontrés jusqu'ici dans ses chasses, prétendus elfes écologistes et vieux hommes conservateurs, et autres imbéciles qui lui pompaient franchement sa zenitude déjà très bancale en temps normal, Sobek Elpoemer Grey avait envoyé un corbeau à Château-Rouge pour inviter ses amis à venir le rejoindre aux Marais pour une petite soirée qui lui permettrait de reprendre foi en le monde qu'il habitait.
C'était décidément très difficile pour lui de ne pas sombrer à nouveau dans ses anciens travers, et même s'il était loin de l'alignement Bon qu'avaient d'autres, il s'estimait à un degré de Mauvais bien moindre qu'auparavant. Il essayait, au moins. Mais la population Dùralassienne ne lui facilitait pas la tâche, peut-être était-ce là qu'on distinguait les bons des mauvais. Ceux qui étaient assez forts pour transcender les différences pour garder l'esprit ouvert et ne pas céder à la méchanceté... ahahah non, ramassis de conneries, pardon.
Yuli conduisait la voiture, en petite robe blanche à dentelle, aux côtés d'un Alphonse en haut sans manches et lunettes de soleil. Derrière eux, les deux nouveaux venus à leur petit groupe familial ; Sylvain De Tour, un noble aristocrate aussi riche qu'il n'était hypnotisé par Sobek à la moindre de ses paroles, et Camula Zieg qui avait toujours la meilleure poudre qu'on pouvait trouver à Spelunca en plus de danser comme une faune. Ils arrivèrent en début d'après-midi, tandis que Styx alimentait un feu de grande taille autour duquel il avait disposé des bûches qu'il avait sectionnées d'un coup de griffe rapide, puis, voyant son groupe débarquer, il avait jeté un des cristaux diffuseurs qui faisaient la renommée de Spelunca afin qu'il ne joue l'album "Deraborne To Die" de Yuli Azelea Sibly.
Leurs retrouvailles se passèrent donc sur fond musical doux et poétique. Tandis qu'Alphonse étreignait le régent et que Sylvain leur jetait un regard plein d'une gentillette jalousie (Styx se demandait quand est-ce qu'ivre, le bougre lui avouerait ses sentiments. Moment auquel il donnerait suite avec un coït de plusieurs jours, voire semaines.) pendant ce temps Yuli et Camula préparaient une assiette sur laquelle elles ne déposaient pas une trace blanche pour chacun mais une sorte de bout de carton. Quand Styx les interrogeait sur ce qu'était donc cette chose, Camula gloussait gentiment en lui déposant un baiser sur la joue, lui murmurant que c'était encore mieux que de la poudre et qu'il suffisait de le mettre sur sa langue. Après une rapide concertation mutuelle, tous se regardèrent en haussant les épaules, et suivirent les consignes de Zieg sans se poser plus de questions. Leurs séances d'expérimentations psychotropes avaient toujours constitué à Château-Rouge un grand divertissement pour le Thaumaturge qui avait vécu ses plus grands fous rires à ces occasions, se remémorant notamment la fois où lui et Camula avaient déboulé dans les rues sans vêtements, hurlant à sa propre garde de les rattraper pendant qu'ils étaient encore bons à baiser, avant de s'immiscer chez quelque noble qui disposait d'une piscine privée et de rire aux éclats tandis qu'ils se faisaient arrêter et raccompagner au château. Ce fut l'absinthe ce jour là. Une autre fois, tous s'étaient retrouvé invités chez un jeune aristocrate à qui ils avaient fait découvrir les champignons, et la fête avait duré cinq jours.
Alors que Sylvain allait déposer son buvard enduit d'acide sur sa langue, Styx l'arrêtait en déposant sa main sur son épaule et lui donnait le sien, l'invitant à faire de même, et ils croisaient leur came, les yeux dans les yeux, tandis que le régent adoptait sciemment un regard plein d'un défi osé. Il devait avouer aimer jouir d'yeux amoureux dans les parages, sachant pertinemment qu'Alphonse pourrait les jalouser, mais la présence d'un autre qu'Alphonse dont il savait la passion indéfectible rendait le moment des plus excitants. Après que chacun eut ingéré sa dose, Camula plaçait un cadran solaire au milieu de leur petit coin de paradis au milieu des marais et annonçait qu'on devait attendre entre une demi-heure et une heure pour voir apparaître les premiers effets. Alors Sobek Grey s'allongeait sur les genoux d'Alphonse, tandis que Yuli servait une dose de rhum mélangée à du jus de coca à chacun d'entre eux.
On papotait alors, sans plus prêter attention au cadran solaire. Sobek enlevait son manteau et déboutonnait sa chemise, buvant couché (renversant quelquefois sa boisson sur son torse nu, sous les rires étouffés du blond Chevalier) et se prêtant à des jeux divers et variés tels que le "J'ai déjà" ou "Bravo" ou il fallait énumérer plusieurs réponses à une question donnée en cinq secondes. Yuli l'interrogeait d'ailleurs :
- Ok, Styx, trois choses auxquelles un nain peut servir ? - Le commerce d'esclaves, hahahaha, euh... rien, et rien ? - T'es une grosse pute, bois. - Alphonse, cinq choses qu'on peut trouver dans une piaule de la Garde Zéphyr ? - De la bonne beuh, des flèches, des glands, une pute aux oreilles pointues, et... un bonzai ? - Bravo ! Distribue !
Et au chevalier de lui verser une rasade directement dans la bouche, et à eux de continuer leur amusement des heures durant. Des heures pendant lesquelles le monde se courbait, les lignes d'horizon se fondaient aux couleurs évanescentes du coucher de soleil et aux reflets irisées des feux follets sur la brume éphémère des eaux troubles. Des moments où l'acide rendait chaque forme ultra dessinée et si vaste à la fois, où chaque toucher sur le pantalon en cuir d'Alphonse laissait entrevoir des nuits fauves et des soupirs endiablés, où chaque regard porté dans les yeux bleus de Yuli le faisaient plonger dans des océans de contemplation.
Leur cercle de discussions enjouées et rigolades fut interrompu brièvement par le passage d'un binôme assassin en patrouille, ils reconnurent Yuli, Alphonse et Styx, mais à leur grand étonnement Sylvain aussi qui était apparemment habitué de leurs soirées, et l'un d'entre eux visiblement très intéressé par Camula restait muet à contempler le tissu fin de sa robe. Les garçons, deux humains, Evan et Nathan, restèrent donc.
Lorsque la nuit tombait, et que Grey, s'étant déplacé sans s'en rendre compte au bord du marais pour tremper ses pieds dans l'eau et en caresser la lisière du bout des doigts. L'eau était si douce, si profonde et opaque... si pleine de mystères et pourtant si simple à comprendre. Et quand on y réfléchissait bien, l'eau n'était-elle pas aussi vieille que le monde ? Ne savait-elle pas plein de choses, plus qu'eux ne pourraient jamais prétendre à connaître, dans sa quête perpétuelle de changement d'état, de circulation à travers chaque particule Dùralassienne ? En ce moment, Styx voyait chaque petite poussière, sentait l'air et la chaleur au milieu de l'hiver comme on sent la lourdeur de l'air avant une tempête. Ses doigts avaient fusionné avec l'eau, et son corps (qu'il découvrait dévêtu en grande partie, tiens...) se prélassait du contact chatouilleux des herbes du rivage. Il entendit la voix de Sylvain et d'Alphonse de très loin, avant qu'une main sur ses cheveux ne le fasse ronronner avant de le tirer de nouveau vers la réalité.
- Du coup je crois que Camula et Nathan sont en train de baiser juste à côté du feu, Evan propose qu'on aille se balader. - Ton don de parole me surprend, ami Sylvain. Oh je peux parler moi aussi... je ne suis donc pas l'eau... et si on préparait une gourde de rhum pour la route ? Le rhum c'est délicieux.
Tout à coup, il était seul avec Ethan au milieu de l'eau des marécages. Leurs mains jointes en une étreinte pleine de douceur, leurs visages se scrutant avec la pudeur, le barrage à la sauvagerie des nouveaux amants, et tandis qu'ils s'enfonçaient dans la chaleur morne des eaux, Sobek sentait tout autour d'eux la danse des crocodiles.
Ils n'attaqueraient pas, son esprit était supérieur au leur, et il jurait être capable de leur commander.
Les lèvres d'Evan frôlèrent les siennes, et il rétorquait avec plus de passion encore. Ils ne faisaient plus qu'un, leurs peaux trouvant l'une dans l'autre une parfaite imbrication, un contact plein d'électricité au milieu de la nuit, des étincelles dans le noir. Ce fut à ce moment que les crocs de Styx apparurent, pour aller mordre le cou fin d'Ethan. Il déchirait les tendons, brisait les chaires, avec élégance et respect, ses griffes arrachaient des râles de plaisir à celui qui tombait à la renverse, et leur étreinte amoureuse était bientôt rejointe par les reptiles qui autour d'eux bondissaient de joie, tournoyaient de plaisir, à l'unisson avec Styx qui alternait baisers et griffures.
Lorsqu'il revenait au feu, sans savoir comment il s'était orienté, il portait pour seul vêtement la peau d'un crocodile et allait s'allonger aux côtés d'un Alphonse endormi près du brasier.
- Camula a fait pareil avec le sien. T'aurais trop aimé être là quand Yuli a fait parler les poissons-chats c'était hypnotique. - J'adore l'acide.
Ainsi se déroulaient les soirées de leur groupe, et tandis que Styx plongeait dans un profond sommeil, il se disait que ces conneries d'alignement n'avaient aucun sens. Là, dans l'étreinte chaude et rassurante d'Alphonse aux odeurs familières, il se disait qu'ils ne pouvaient rien à leur nature de vampires. Pour eux, et au delà des frontières de leur amitié, il n'y avait que des êtres qui s'assujettissaient aux aléas de côtoyer leurs prédateurs naturels. Et au fond ne recherchaient-ils pas tous dans le visage aguicheur et les yeux pleins d'une fausse innocence de chacun d'entre eux l'appel du danger propre à chaque proie ? Comme des rats charmés par les anneaux du serpent. Grey s'enfonçait dans les bras d'Alphonse en l'embrassant. Il était bien avec les siens.