La nécessité de cerisier pour le sculptage était toujours présente. Les pièces de navigation et les différents meubles de Weissaupt étant terminé, Greil pouvait se consacrer pleinement à la recherche de pièces pour son métier de sculpteur. Il lui fallait des pièces de cerisier précis, assez souples pour faire des arcs et assez rigide pour ne pas faire des arcs qui cassent dès que son utilisateur bandera quelque peu sa corde. Greil avait besoin de presque trois cents pièces de cerisier et ce ne sont pas ses pauvres trente pièces rescapées qui allaient suffire. Cela signifiait qu'il faudrait récolter du cerisier pendant encore quelques semaines, voir quelques mois.

Notre homme pensait à tout cela pendant que sa charrette accompagnée d'un jeune griffon toujours autant sautillant, content qu'il est de faire une sortie sans danger, se dirigeait et arrivait doucement à destination, le bosquet de cerisiers. Notre homme prit la hache et la scie et se dirigea au cœur du bosquet sus-nommée, cherchant le bois le plus adéquat à sa future besogne. Le cerisier étant plus épais que le sureau, le travail serait plus long et plus physique. Il impliquait même de couper certains troncs trop longs en deux et de les tailler sur place, du moins, en partie. Ce fut donc une besogne de plusieurs heures qui fut lancée, suffisamment longue pour que le soleil passe son zénith et entame sérieusement le début d'après-midi.

Ce fut donc sous le regard d'une licorne broutant les alentours et d'un griffon entamant sa sieste de début d'après-midi que notre homme travaillait le bois de cerisier en cette fin d'hivers qui s'annonçait. Les cerisiers avaient d'ailleurs bien changé, la froide saison s'achevant, les arbres fruitiers commençaient leur belle saison florale et ce fut donc une myriade de petites fleurs roses pales qui commençaient a bourgeonner et éclore un peu partout dans le bosquet. Bientôt, cet endroit sera recouvert de fleurs rosées annonçant de futurs fruits. Le sol accueillera en son sous-bois les fleurs ayant chu et les branches des arbres accueilleront en leurs ramures, les futurs fruits. Un mélange de rose et de marron en cette fin d'hivers ou les jours se font plus doux. Cet endroit avait quelque chose d'agréable, de reposant, en cette période de l'année et notre homme travaillait avec une bonne humeur visible tandis qu'il chargeait le bois de cerisier qu'il avait récolté vers sa dernière étape en ce début d'après-midi. C'était au tour du sapin maintenant et Greil se mit en route sur sa licorne et accompagné de Griffure, son griffon un peu moins agité après cette petite sieste.

Ce fut presque par automatisme que notre homme arriva à l'orée du bosquet de cerisier. La vie s'éveillait doucement au sein de ce petit bosquet tandis que la matinée avançait doucement vers sa moitié, vers les dix heures du matin. L'arrivée dans cet endroit avait toujours quelque chose de féerique. Les cerisiers étant en fleur, ils se paraint d'une teinte rosée claire qui coupait avec l'aubrun de leur bois. Les chutes des différents pétales donnaient également une teinte rosée emprunt de féerie au sous-bois situé sous les arbres du bosquet, coupant avec le chemin naturel en terre qui s'était dessiné au fil des ans et des pas l'ayant foulé. Les oiseaux chantaient de leur mélodie au soleil montant dans le ciel et se nourrissaient des différents insectes volants venant butiner les nombreuses fleurs pour s'en nourrir, occasionnant également par accident la pollinisation des fleurs qui donneront de succulentes cerises qui pointeront le bout de leur bouture d'ici quelques semaines. Non, vraiment, l'arrivée dans le bosquet de cerisier, avec le calme du matin, avait quelque chose de féerique en cette période de l'année.

Ce fut donc dans ce cadre féerique que notre homme descendit de cheval, ou plutôt de licorne, et partit chercher ce dont il avait besoin. Un peu de bois de cerisier, rien n'altérant réellement la vie ou l'ambiance de cet endroit, mais de quoi sculpter convenablement ce dont notre aventurier avait besoin. Ce fut donc un vieux cerisier, moussu et presque sans fleurs, qui fut sélectionné pour être abattu et emporté après avoir été débité en pièces de bois aux dimensions idéals pour être travaillé. Ce fut donc à la hache et à la scie que notre homme brisa le silence relatif du bosquet, faisant fuir quelques renards frugivores et d'autres animaux guère plus imposants au cœur de la forêt.

Ce fut donc une fois l'heure de midi atteinte que notre bûcheron fini son office et chargea la charrette à laquelle Jais était attelé, toujours paisible et attendant de passer à la suite de leur expédition de cette journée. Chargée aux deux tiers de cerisiers et de sureaux, la charrette et son propriétaire se mirent en route vers le bosquet de sapin, tout deux tirés par une licorne.

La petite route entre le bosquet de sureaux et celui de cerisier était une route de terre toute simple, mais tellement empruntée par nos amis bûcherons que celle-ci était pratiquée par automatisme par ceux-ci. Si bien que nous pouvons y voir les traces des carioles contourner des nids de poules bouchés depuis bien des semaines sur cette voie et ce, à plusieurs endroit. Ce fut donc dans un automatisme habituel que notre duo arrivait au bosquet d'arbres fruitiers. Ce bosquet était toujours aussi calme dans la matinée et toujours aussi magnifique à l'approche du printemps. La teinte rosée des fleurs était plus que jamais présente sur les branches des grands arbres fruitiers et la vie y battait son plein, piaillant et se battant pour polliniser les fleurs et s'abreuver de leur nectar, favorisant la fécondation des fleurs et la future apparition des fruits qui, comme nous l'avions déjà dit, allaient finir en clafoutis.

Le sol aussi se retrouvait couvert de ces pétales roses, pétales de fleurs déjà fécondées et donnant de petit bourgeons qui se transformeront bientôt en de belles cerises d'un rouge foncé et profond et d'un goût sucré. Cela fut tout ce qu'il fallait pour un jeune griffon joueur. Battant des ailes, Griffure s'amusait à faire s'envoler les pétales de fleurs, voulant les attraper avant leur rechute au sol. Ce fut donc sous les mouvements joueurs et les piaillements d'excitation d'un griffon joueur, contrastant avec le calme d'une licorne et de son cavalier se reposant au pied d'un cerisier en fleur, que notre homme fit son office. Coupant un vieux cerisier n'ayant plus de fleurs à offrir depuis un moment, Greil bûcheronnait ce qu'il identifiait comme une magnifique petite quantité de bois de cerisier sculptable. Il fallait à notre aventurier pas moins de deux cent huit pièces de cerisier en tout et Greil n'en avait que soixante-treize en stock actuellement. Il en fallait donc encore cent trente-cinq et cet arbre pourrait en offrir une petite vingtaine.

Pendant que Greil chargeait son arbre débité en fagots sous le regard curieux d'un griffon, notre homme réalisait qu'il lui faudrait encore six récoltes complètes pour faire son stock. Il était temps de partir pour le bosquet de sapin maintenant que les sureaux et cerisier étaient débité et entreposé dans la carriole tirée par Jais ainsi que les sacs portés par Griffure. Les longs troncs que notre homme allait découper allaient servir à la sculpture également, entre autres choses.

Ce fut donc par la voie des airs que Greil arrive au milieu du bosquet de cerisier, atterrissant à dos de griffon au milieu d'un déluge de pétales fleurs de cerisier qui semblait pour le moins beaucoup plaire à l'animal. La voie des airs avait cet avantage d'être toujours tout droit et particulièrement plus rapide que la voie terrestre et Greil était au bosquet de cerisier en presque deux fois moins de temps. Notre ancien général descendit donc de son griffon avant de retirer les sacs sur celui-ci afin qu'il puisse jouer avec les pétales volants encore ça et la suite à leur atterrissage.

Ce fut donc après quelques minutes de jeux que notre jeune griffon montra une nouvelle fois son intérêt pour le délicieux sureau, obligeant Greil à prendre son sac avec lui s'il ne voulait pas recommencer une nouvelle fois cette récolte et, accessoirement, perde un sac à bois, car il est évident que le Griffon ouvrira celui-ci à coup de griffe et non en ouvrant la fermeture. Griffure ne s'appelle pas Griffure pour rien après tout. Ce fut donc un griffon malheureux qui comprit l'interdiction formelle de se faire le bec sur ce délicieux bois et délaisse donc le sac porté par son propriétaire pour un cerisier très bien exposé au soleil et dont les fruits ont un peu d'avance sur la saison.

Murir juste avant les giboulées du printemps, quel dommage, ces fruits n'atteindront pas l'été, mais feront une parfaite petite collation pour l'animal agité et quelque peu gourmand des fruits et bois sucrés. Ce fut donc pendant que notre aventurier allait récolter le précieux bois de cerisiers sculptable sur quelques arbres ayant fait bien plus que leur temps que notre ami griffon nommé griffure se dévore les cerises, méthodiquement, branches par branches et avec soin. Griffure a beau avoir été domestiqué par Greil depuis peu, il a grandi en temps que griffon sauvage et nous pouvons voir l'intelligence naturelle de ces animaux ayant parfaitement compris que si tu casses l'arbre pour te repaître de ses fruits, et bien, tu n'en auras pas l'année prochaine.

Notre homme collecta donc les unités de bois de cerisier, en deux voyages de dix enfermé dans le second sac que Greil avait avec lui. Notre homme avait profité que le Griffon s'applique et prenne le temps de dévorer quelque cerises pour faire son travail sans s'inquiéter pour son bois de sureau ensaché. Il était temps désormais d'aller vers la forêt de sapins.

Il était encore tôt dans la matinée, bien qu'on ne soit plus aux aurores, quand l'ancien général arriva à l'orée du bosquet de cerisier. Toujours aussi magnifique en cette saison, laissant doucement les fleurs des arbres céder leurs places a de petit bourgeons annonciateur de quelques cerises en devenir. Les Cerisiers troquaient leur coiffe rose perlée de blanc pour le marron de leurs branches parsemée de pic rouge foncé. Bientôt, plus que la récolte du bois, ce sera la récolte des fruits qui sera de bon aloi dans cet endroit. Cependant, il semblerait qu'un arbre ne soit pas en accord avec la nature de ce bosquet. Un vieux cerisier ne pouvait, malheureusement, plus fournir de fruit. Sa ramure semblait parasitée et Greil s'en approcha pour analyser ce à quoi, il avait affaire.

Cela devait être un bel arbre, dans son âge d'or, mais ce cerisier était vieux désormais. Vieux et malade, mourant même tellement il semblait abîmé. Le doute n'était pas permis, il s'agissait de la Coryneum beijerinckii, ou, autrement dit, la criblure des feuilles. Et vu le stade avancé de la maladie, cet arbre n'en aura plus que pour une ou deux saisons. Résolu, notre homme prit sa hache pour faire son office sur l'arbre malade. Condamné à mort, au moins ce champignon tuait l'arbre sans en gâcher le bois, seule l'écorce et le feuillage sera perdu. Il fera une bonne récolte en plus d'assainir le bosquet. Greil aura juste à traiter le bois à la bouillie Stellaroise avant de le travailler.

Quelques heures d'abatage et de fagotage de ce vieil arbre qui était pour le moins massif et notre homme pouvait procéder à la troisième étape de la récolte. Le sapin dont il réservait une destination toute particulière à la récolte. Chargeant rapidement la carriole, Greil espérait attaquer la collecte de sapin avant midi.

D'habitude, l'ancien général ne faisait que peu de cas du livret de commande de bois qui était entreposé à l'entrepôt ou se réunissaient les bûcherons de Duralàs. Cependant la dernière commande semblait quelque peu musclée en quantité, le commanditaire ne demandait pas moins de plus d'une centaine de bois de cerisiers. En continuant de parcourir les lignes, notre bûcheron découvrit le nom du commanditaire qui n'était autre que la stryge blanche Cylicia avec qui il avait déjà eu des interactions au camp des dragonniers et dans le donjon de la liche. Pendant un temps, l'ancien général se demanda pourquoi cette jeune stryge avait besoin d'autant de bois puis il se souvint de sa récente nomination au sein de la tour blanche. Peut-être, avait-elle besoin de bois pour délimiter son nouveau terrain ?

Quoiqu'il en soit, l'ancien général choisi d'honorer cette commande. Entre dragonniers, il faut s'entraider pour pouvoir progresser et malgré ses idéaux extrêmes, cette stryge n'a pas mauvais fond. Cependant, il serait impossible de tout faire en une seule semaine. En comptant bien, Greil pourrait boucler celle-ci en trois récoltes hebdomadaires avant de pouvoir reprendre le bucheronnage pour sa propre réserve si celui-ci venait au bosquet de cerisier deux fois dans la semaine.

Ce fut donc ainsi, qu'une nouvelle fois, Greil, Jais et la carriole se mirent en route pour le bosquet de cerisier, pour la seconde fois cette semaine. Le but était de récolter le plus de bois possible pour bâtir une palissade, donc long et impeccablement droit. Si toutefois Cylicia avait d'autres projets pour ce bois, elle pourrait le retravailler assez facilement. Cherchant parmi les arbres qui ne manqueront pas à la forêt, notre homme fit son office, et ce, plusieurs heures durant. Passant de l'abatage des arbres au taillage des bûches et des futures planches avant de les fagoter ensemble, notre homme ne vit pas vraiment le temps passer pendant son office et dut se résoudre à rentrer en voyant le soleil se coucher. Un des nombreux passages au bosquet pour honorer cette commande venait de se terminer.

La nouvelle semaine commençait et notre aventurier allait attaquer le bucheronnage tôt dans la matinée. Nous en étions au second des cinq passages nécessaires pour pouvoir honorer la commande de la dragonnier Cylicia. Comme à son habitude, l'ancien général avait attelé la carriole sur Jais. Pour le moins qu'on puisse dire, c'est que la licorne noire connaissait bien la route à force de la faire et Greil s'endormait littéralement en tenant les rennes. Ce fut donc un réveil en sursaut provoqué par un hennissement de licorne qui réveilla notre général. Arrivé devant le bosquet de cerisier, Jais partait brouter dans son coin habituel sans même faire attention à la carriole à laquelle il était attelé. Baillant, Greil descendait de celle-ci en prenant sa hache, décidée à couper du bois d'une manière plus littérale et moins figurative.

Trouver l'arbre ne fut pas d'une difficulté extrême et le couper ne le serait pas non plus. Par contre, au-delà de la difficulté se tenait aussi l'encombrement et cet arbre était pour le moins difficile d'accès. Proche d'une crevasse au sol, il fallait faire terriblement attention pour ne pas y tomber. Si Griffure était la, ils auraient plus l'explorer, mais avec Jais, la descente et la remontée allaient être compliqué. Greil faisait donc son office sur cet arbre, prélevant le bois dont il avait besoin pour un cinquième de cette commande. Cependant, cette crevasse l'intriguait, comme si quelque chose reflétait un semblant de lumière au fond de celle-ci. Notre homme fini donc son travail et chargea la carriole, se promettant de revenir avec Griffure dans l'après-midi.

Ce fut vers le milieu de l'après-midi que notre bûcheron allait pour la seconde fois au bosquet de cerisier. Cette fois-ci, notre homme y allait à dos de Griffons et chargé de sacs en toiles à harnacher sur Griffure pour le retour. Notre homme était décidé à retourner dans ce magnifique bosquet pour trois raisons. La première est qu'il est magnifique, les dernières fleurs finissent de fleurir de leur rose pale entremêle au blanc de nacre et branches se charges de jeunes cerises au ton pourpré. La seconde est que notre homme à toujours une commande à honorer en encore trois passages à faire, dont un aujourd'hui et Greil n'est pas homme à faillir à son devoir. Si cette commande était promise, alors elle était due.

La troisième raison, la dernière et celle justifiant la venue de Griffure, était la curiosité. Notre homme a vu quelque chose au fond de cette crevasse et il est bien déterminé à voir ce que c'est. Griffure présent, le griffon pourra mener notre homme au fond du trou et pourra même l'en sortir. Arrivant sur les lieux, le bûcheron parti de lui-même finir cet arbre entamé le matin même et le charger dans les sacs posés sur le côté. Une fois l'office faite et les sacs pleins du précieux bois, Greil parti au fond de la crevasse aidé par son ami ailé. Allant vers la source de ces reflets de lumière, notre homme arriva devant un métal semi-enterré et commença à déterrer celui-ci, curieux de voir ce qu'il avait trouvé.

À la grande déception de notre homme, il ne s'agissait que d'une vieille épée, rouillée et de mauvaise qualité. Comme quoi que la vie n'est pas composée que de hauts faits et de découvertes de trésors de qualités.

Il semblerait que l'ami marchand se soit trompé, ou alors Greil a mal compris la commande de Cylicia. Quoiqu'il en soit, le contrôleur des commandes avait réclamé celle-ci à l'ancien général avant même que celui-ci ne la finisse. Il devait rester environ une cinquantaine de bois de cerisier à collecter, soit deux passages et demi, si on ose dire. Quoiqu'il en soit, et afin de ne pas retarder la commande de Cylicia, Greil prit donc sur lui de livrer les cinquante unités manquantes de son propre stock, rapportant celui-ci à un peu plus du tiers de ce qui lui est nécessaire pour sculpter. Certes, notre homme, aimait le bosquet de cerisier, mais il allait devoir pas moins de huit récoltes supplémentaires juste pour avoir le stock nécessaire pour la sculpture.

Tout comme pour le bosquet de sureau, notre homme allait devoir aller au bosquet de cerisier pour faire sa récolte et ne se généra absolument pas pour râler tout le long de sa besogne. Trait de caractère prit chez les nains, sans doute, Greil appréciait assez peu ce travail répétitif. Certes, le bosquet était magnifique, les cerises poussaient et le sol était encore taché de blanc rosé, mais le printemps reprenait ses droits et la féerie blanche du bosquet laissait place à une ambiance champêtre allant du vers au rouge profond désormais. Nettement moins féerique même si toujours aussi naturellement magnifique.

Ne voulant pas marquer les arbres nécessaires pour tailler au moins cent cinquante pièces de bois, Greil se contenta de trouver l'arbre qu'il pourrait abattre et débiter en suffisamment d'unités en bon état pour cette récolte. Une fois celui-ci localisé, notre homme prit sa hache et fit tomber l'arbre afin de le débiter en bûches de tailles raisonnablement longues. Chargeant le tout sur sa carriole, notre homme en avait fini avec le cerisier pour cette semaine.

La pluie... Notre homme arrivait au bosquet de cerisier en milieu de matinée et un détail venant d'arriver allait compliquer la situation. Il pleuvait dans cette partie du pays. La pluie nettoie les bois et les sous-bois, elle enrichie le sol et revigore les plantes. La pluie est salvatrice pour la nature, mais bûcheronner sous une pluie, aussi fine soit-elle, n'est pas une partie de plaisir. Le vert blanchit par les fleurs avait prit une teinte plus foncée à cause de l'eau et le sol avait été définitivement nettoyé des pétales blanches rosées, laissant uniquement une teinte marron boueuse au pied des arbres. Certes, nous n'étions pas sous un orage torrentiel, mais plus une pluie fine, assez faible pour ne pas stopper l'activité, mais assez forte pour transformer le sol en boue et salir presque tout ce que cette boue touchera.

Ce fut donc ainsi que notre ancien général fit son office, marquant les branches à scier d'une ficelle, à défaut d'un coup de craie qui s'effacerait. Il fallait choisir les arbres ne produisant plus de fruits, les branches mortes dont les arbres n'avaient plus besoin pour les soigner et pour récolter le bois qui fera un excellent bois de sculpture. Ce marquage prit la matinée et ce fut sur son temps de midi que notre homme passa à la seconde étape, le sciage du bois sélectionné. La pluie n'aidait pas à scier les branches d'arbres et compliquait la tache du général qui ne pouvait les stocker au sol sous peine de ramener plus de boue que de bois. Ce fut donc, bûche par bûche, que notre homme ramena son bois et le fagota directement dans la carriole. Le processus est très long et fit perdre un temps considérable au bûcheron qui ne finit sa besogne qu'en milieu d'après-midi. Trempé et pestant, Greil se remettait en route, en direction du bosquet de sapin tout en regardant la position du soleil dans le ciel. Notre homme n'aura jamais fini toutes ses récoltes avant la tombée de la nuit.

Suite aux dernières pluies, le sous-bois du bosquet de cerisier était de nouveau propre, prêt à accueillir une nouvelle génération de compost pour enrichir la terre et y faire pousser abondamment toute sorte de race végétale fruitière. Notre homme devait donc faire son office dans un bosquet de cerisier renouvelée ou les jeunes pousses poussaient grâce aux vieux arbres déjà présents. Il allait falloir faire attention à ne pas prélever sur le mauvais arbre ou prendre la mauvaise branche sous peine de fausser ce fragile et pourtant parfait équilibre naturel. Ce fut donc en prenant en compte ces nouvelles contraintes que notre homme allait marquer les cerisiers a alléger ou a supprimer. Une récolte invisible pour le bosquet, lui permettant de mieux-vivre et mieux pousser tout en offrant le bois nécessaire à la sculpture à l'ancien général.

Cette fin de matinée fut donc placée sous ce signe. Pendant quelques heures passante, notre homme relevait et coupait le bois dont il avait besoin et que le bosquet pouvait lui offrir. Il reste encore plusieurs récoltes de cerisier à faire, au moins une centaine d'unités à pourvoir, mais notre bûcheron aventurier ne pouvait les avoir en une seule fois. Fagotant tout ce qu'il avait recueilli et transporté, Greil allait passer le reste de la matinée à charger sa carriole du bois récolter. Le temps de midi fut utile pour se reposer et se restaurer, mais aussi pour faire ses comptes. Sur les deux cent seize unités de cerisier nécessaire, notre homme en avait quatre-vingt-trois. Sur les cent trente-trois manquant, greil venait d'en récolter une vingtaine ce qui signifiait que notre homme allait devoir en trouver encore cent treize. Un tel nombre de cerisiers ne peut être pris en une seule séance et Greil savait, en soupirant, qu'il allait devoir passer encore six semaines à couper du bois.

Ce fut ainsi que, bougon, notre homme partait vers le bosquet de sapin en ce début d'après-midi.

L'arrivée au bosquet de sapin fut rapide. La nouvelle carriole conçue pour être adaptée à Griffure fonctionnait au-delà des espérances de l'ancien général. Cependant, en descendant vers le bosquet, notre bûcheron expérimenté put constater quelque chose de louche, un grand arbre, un majestueux cerisier qui était en parfaite santé il y a une semaine, semblait mourant, voir mort. Atterrissant non loin, notre homme partit voir l'arbre et pu constater quel était le problème. Des bûcherons amateurs et mauvais dans leur métier n'avaient pas pris en compte la fragilité du bosquet et avaient couper les arbres qu'ils avaient jugés les plus rentables sans aucun égard pour leur état de santé et leur environnement. Ce gros arbre était mutilé à plusieurs endroits et mourant tandis que plusieurs arbres autour se retrouvaient amputé d'une ou deux grosses branches en bonne santé et essentielle à leur développement. Une remontée sera effectuée au logis des bûcherons et aux autorités de Baldorheim afin que ces amateurs soient stoppés, mais avant cela, il fallait réparer les dégâts.

Les arbres amputés autour du gros cerisier ne craindront pas grand chose si ce n'est une infection ou des parasites du bois en laissant les plaies à l'air libre aussi du baume Pelton fut appliqué généreusement sur celles-ci. Quelques kilos de ce précieux baume furent appliqués et les arbres devraient mieux s'en tirer avec ce soin. Cependant, le gros cerisier ne pourrait être soigné par une application de baume et une taille claire des zones blessées. Les bûcherons amateurs avaient commencé à tailler dans son tronc et celui-ci ne pouvait que décliner. Ils n'avaient même pas songé à l'abattre avant dans leur travail de sagouin. Ce fut donc ce que fit le général, abattant l'arbre et l'emmenant là ou il pourra le tailler et le débiter calmement. Arrachant la souche avec l'aide de Griffure, Greil avait replanter une poignée de cerises de ce même arbre dans le trou béant laissé par la souche avant de la remplir de terre meuble. Ainsi, si ce n'est cet arbre, ce seront ses descendants qui se tiendront la d'ici une dizaine d'années.

Retournant à son arbre abattu, notre homme l'emmena dans une clairière inhabitée pour le sectionner en tronçons qu'il débitera et fagotera petit à petit. Il lui faudra sans doute plusieurs récoltes pour emmener l'arbre au complet, mais abattre un beau cerisier comme ça, voilà qui est dommage. Après avoir pris autant d'unités de bois qu'il le pouvait, notre homme chargea sa carriole volante et partit en direction du bosquet de sapin et son escalade obligatoire. Nous en étions en fin de matinée, mais il y avait encore beaucoup de temps avant midi. Greil aura sans doute le temps d'entamer son travail avant la pause midi.

Les bûcherons amateurs et leur travail de sagouin furent arrêtés rapidement par les autorités et les hommes ayant causé ce massacre auprès du magnifique bosquet interdit à vie de s'en approcher de nouveau. Le bosquet composé de ces magnifiques cerisiers étant de nouveau serein et à l'abri des sagouins armés de haches, notre ancien général put partir au sein de celui-ci. Non pas pour collecter leur bois, mais pour vérifier la cicatrisation des arbres amputés des mauvaises branches quelques jours plus tôt. La visite de contrôle indiquait une bonne reprise de la pousse et une bonne guérison des arbres présents, pas de parasites et le baume Pelton avait remplit sa fonction de cicatrisant pour bois vivants. Une bonne nouvelle en somme, et Greil allait passer à une autre forme de collecte. Nous sommes en plein bosquet de cerisier et la saison des cerises commence. Il va de soi que l'ancien général va se faire une pleine bassine des fruits de ce bosquet. Clafoutits, tartes, crumbles et autres dessert allaient etre de saison sur la table de la salle a manger de Weissaupt pour le plus grand plaisir d'Aleynia, d'Arthur mais aussi de Greil qui a clairement la dent sucrée, enfin s'ils survivent à la manière de faire des patisseries d'Elincia.

Ce fut donc après une collecte des cerises bien mures et un stockage de celles-ci loin de la portée du bec de Griffure que notre aventurier se remit en route vers une destination précise, à savoir l'endroit ou notre homme avait caché le tronc salement tué par les mauvais bûcherons. Notre homme arriva en milieu de matinée au point sus-nommé et pu voir le tronc moussant du cerisier abattu il y a une semaine. Greil allait devoir débiter et fagoter le second et avant dernier tiers de ce défunt arbre. Cependant, notre homme voyait un autre cerisier posé à coté de celui-ci. Un cerisier qui devait avoir quelques siècles et qui n'était pas la, la dernière fois. Et cela, notre aventurier en mettrait sa main à couper. S'approchant de l'arbre fruitier solitaire, notre homme observait celui-ci. Une sorte de visage difforme semblait y être dessinée dans les replis du bois, mais rien de plus ne semblait particulier sur cet arbre en bonne santé, hormis sa soudaine apparition. Sans le savoir, notre homme se tenait face à Cerisier, un Ent qui voudra sans doute lui parler lors de son prochain et dernier passage pour lui expliquer pourquoi ceci sera son dernier passage en tant que bûcheron.

Après avoir pris autant d'unités de bois qu'il le pouvait, notre homme chargea sa carriole volante et partit en direction du bosquet de sapin et son escalade obligatoire. Un dernier passage serait nécessaire pour finir ce pauvre cerisier et nous en étions désormais aux alentour de midi. Une fois arrivé au bosquet de Sapins, notre homme commencera par consommer sa gamelle avant de couper du bois. C'est qu'il fait faim, mine de rien.

Notre homme survola le bosquet de cerisier particulièrement tôt ce matin. En effet la collecte de sureau n'ayant pas pris quelques heures, mais quelques minutes à cause de Sureau, notre aventurier s'en retrouvait pour le moins en avance sur son planning de la journée. Visiblement, au sol, tout allait pour le mieux, le Bosquet de Cerisier semblait se porter à merveille et Greil décida de faire changer de cap à Griffure pour voler vers le dernier quart du tronc de cerisier salement débité. Celui-ci fuit repéré assez rapidement et notre homme fit donc descendre son griffon pour atterrir proche de l'arbre défunt et de son compagnon nouvellement apparu proche.

Sortant ses outils de bûcherons, notre homme se remit prestement au travail, découpant le dernier quart de ce cerisier mort pour en recycler le bois. Greil sentait la dure observation au-dessus de son épaule, mais ses yeux irisés ne voyaient personne l'observer. Continuant son travail malgré cette désagréable sensation d'oppression. Greil coupa malgré tout avec minutie et attention son dernier tronçon. Fagotant celui-ci, notre homme espérait en finir vite avec cet endroit qu'il jugeait nettement plus oppressant que le Bosquet en lui-même. Ce fut une fois le fagotage terminé et pendant que notre homme chargeait ses fagots sur la carriole attelée à griffure qu'une sourde voix se fit entendre.

Cerisier : Ainsi, c'est comme cela que les Humains offrent une sépulture descentes aux arbres ? L'enfant, le compagnon de la Dryade nous a déjà parlé de toi à mainte reprise au cœur même du Cercle des Ents, Greil du Stolenmark. C'est à cause de l'estime qu'il te porte que nous toléreront ta présence au sein du Bosquet de Cerisier, mais seules les cerises te seront autorisées, nul bois ne devra plus y être tranché.

S'étant relevé, l'Ent nommé Cerisier toisait le général humain paraissant minuscule à coté de lui. Visiblement, l'Ent attendait une réponse et Greil, quelque peu stupéfait pas un tel prodige, hocha difficilement la tête à l'affirmative, ne pouvant dire mots à l'instant présent. Griffure fut quelque peu en panique en voyant l'arbre bouger et se déplacer, mais Cerisier devait abandonner cette position et retourner au Bosquet de Cerisier qu'il devait protéger des indésirables et ou il devait observer les agissements des moyennement désirables désormais.

Après avoir calmé Griffure, Greil finit son chargement en cerisier et les deux partir à tire-d'aile en direction du Bosquet de Sapin. Décidément, cette journée s'annonce pleine d'Ent et de mauvaises nouvelles.