Alors en pleine air, atterrissant de mon bon vertigineux vers les cieux, le bout de Calamité avait continué de projeter ses salves de rocher à tout va, faisant mouche sur le vulnérable corbeau que je suis. Je ne l’avais pas vu venir celle-là ! Le boulet m’envoya voler loin derrière nos lignes de défenses, me laissant m’écraser au sol comme un vulgaire mégot de brindille fumante. Le projectile continua, quant à lui, son trajet plus loin encore, accompagné de plusieurs secousses. Le sol s’était mis à trembler sous la colère de la montagne vivante, sa lueur bleuté se faisant plus intense encore. Je sentais mes forces m’abandonner peu à peu. La plupart des combattants l’avaient sans doute remarqués, il fallait vite en finir avec cette créature venu d’outre monde.

Remontant nos différentes lignes de défense, je pus constater l’effervescence dont s’était parées nos troupes de l’ombre, un mélange d’empressement et de crainte irrépressible. La nervosité pouvait se faire sentir chez les assassins, le monteur d’antlion n’avait pas du mâcher ses mots, le messager qui me transmit son message avait l’air plus pâle que d’ordinaire. Ce bon vieux Equinoxe, toujours aussi ferme et sarcastique. Malgré l’absence d’Axe, il avait su motiver les troupes … à sa façon. Cela me donna encore plus envi de me dépasser ! Les forces du Sud s’étaient unis pour ne faire qu’un face à cette apparition Calamiteuse, mais cette dernière semblait crouler petit à petit sous les lames de nos assassins et sous les harpons et les rapières de nos chères pirates. Même dans le ciel, je n’étais point seul, Nalphégius aussi était là, son maître ne devait pas être loin également, nombre de Stryges noirs s’était rallié à notre front, se tenant loin de nos Némésis. Je fus presque surpris qu’il y ait autant de mes semblables réunit ici, Valphégas, en tant que porte-parole de notre Matriarche, avait du quémander l’appui de certains assassins de la confrérie et de quelques exécuteurs. Il s’agissait donc pour moi d’une occasion formidable pour prouver ma valeur auprès d’eux, j’allais pouvoir me déchainer et transformer ce gros caillou en un tas de gravas sans vie.

Alors poussé par une force invisible, sûrement les effets de cette étrange potion qui s’emparai de moi, je traversai le champ de bataille à une vitesse impressionnante, remontant jusqu’à la Calamité, passant entre deux Skarniens, qui n’allaient pas tarder à clamser par la main du géant de fer du Kidd, et abatis ma large faux noir sur ma précédente entaille, élargissant et approfondissant cette dernière presque jusqu’au cœur palpitant du Rocher vivant. L’on pouvait maintenant apercevoir l’aspect bleuté qui parcourait la moindre de ses fissures, telle de large nervure azurée scintillant au rythme des secousses. Le sol trembla de nouveau et celui-ci serait très probablement le dernier de ce combat, car la Calamité avait ralentie sa progression, sonnant bientôt l’heure de notre gloire, ici, sur le front Sud des montagnes des Baldors.