La réception de la missive avait provoqué l’incrédulité au sein de la Congrégation. La déchiffrer avait demandé trois jours et deux nuits, ainsi que la venue d’experts en linguistique et de médecins assurant maîtriser les gribouillis communicatifs des nouveau-nés. La lettre était un torchon, bardé de ratures, de fautes d’orthographes et d’une grammaire approximative. Mais après plusieurs vérifications, son contenu ne laissait pas de place au doute.

Artoure, Chef des Géants des monts glacés, avait bel et bien posé un contrat sur lui-même.

C’était une histoire d’ego entre Géants et Nains comme il y en avait eu des milliers depuis bien des Âges. Le Géant Artoure venait de s’autoproclamer Roi des monts glacés, ce que le Haut-Roi Nain contestait – ou contesterait dans un futur proche, la lettre n’était pas claire à ce sujet. Alors, plutôt que de demander la tête de son rival, Artoure réclamait une confrontation avec des représentants de la Congrégation, afin de prouver sa force et d’asseoir son autorité sur son nouveau royaume. En cas de défaite et donc de décès, la prime serait versée par un des sujets du Roi.

D’abord indécis quant à la marche à suivre, Saigo avait fini par convoquer les éléments les plus prometteurs de Lédéhi et de les solliciter pour accomplir ce contrat. Réuni dans le bureau de l’Exécuteur, ils avaient reçu les termes du contrat.

« Nos éclaireurs nous ont rapportés des informations complémentaires sur Artoure, avait complété le stryge noir. Ils décrivent un ennemi formidable de résistance, au corps forgé pour subsister malgré le climat des Monts Glacés. Gauche, maladroit, comme il est commun pour un Géant. Mais mortel dès lors qu’il atteint sa cible. Ne vous y méprenez pas : si l’on décide d’honorer la requête de ce pseudo-souverain, notre surnombre ne nous garantira en rien la victoire. Nous serons sur le terrain de prédilection de l’ennemi et le moindre faux pas nous sera interdit. Mais la prime vaut le coup. »

Plusieurs jours plus tard, la diligence de la Congrégation déposait les quatre mercenaires au cœur des Monts Glacés, là où le terrain devenait trop impraticable pour que les chevaux puissent avancer. Ils termineraient à pied. Déjà, le vent et la neige agressait les sens du Parricide, pourtant bien couvert avec un manteau doublé en fourrure, le même qui lui avait permis de survivre à la banquise pendant plusieurs semaines. Le regard vers les hauteurs, apercevant déjà les volutes de fumée trahissant la présence du campement de Géant, l’Ombre annonça à ses alliés.

« Ne traînons pas. Moins nous aurons froid au moment d’engager le combat, meilleures serons nos chances de triompher. Faisons honneur à la Congrégation. »

Alors maintenant, certains se permettaient de défier ouvertement la Congrégation… voilà qui amusait beaucoup Ombrenuit. Le dénommé Artoure pensait donc en capacité de vaincre les mercenaires sur entraînés. Des assassins qui passaient leur temps à s’entraîner à tuer. Oh celui là elle se ferait un véritable plaisir de déposer une rose noire sur son cadavre… histoire de donner un motif de réflexion aux prochains qui voudraient tenter le coup… mais avant cela elle écoutait avec attention les paroles de Saïgo. Un géant donc… une proie puissante mais incroyablement lente et maladroite en général… un peu comme les rhinocéros laineux qu’elle avait l’habitude de chasser… et donc à la fin du laïus de l’Ombre elle dit d’un ton calme.

« Même la plus solide des armures comporte des failles… et lorsque l’on chasse le gros gibier, le meilleur moyen de le vaincre est de commencer par couper ses tendons. Une fois à genoux, il est bien plus facile de lui trancher la gorge… »

Un petit conseil de chasseuse vis à vis des combats contre les proies imposantes. Cependant elle gardait en tête que la force colossale d’un géant pouvait mettre à mal le plus endurant des guerriers avec un seul coup bien placé. Il faudrait donc se montrer prudent tout de même. Ou habile pour esquiver ses assauts… elle avait revêtue une peau d’ours pour l’occasion afin de ne pas trop subir le climat. Des vents tourbillonnants, un froid mordant… voilà qui n’arrangerait pas leurs affaires pour ce combat. La neige allait possiblement gêner leurs mouvements. Au loin elle observait la fumerole du village qui se trouvait au sommet de la montagne. Ses mèches blondes volants légèrement sous sa capuche. Son regard céruléen déterminé, elle se mit en route rapidement. Après tout Saïgo avait raison. Plus ils subiraient le climat et plus ils seraient épuisés avant même de combattre.

« Ne traînons pas dans ce cas… on tranche la gorge de ce géant et on retrouve la chaleur d’un bon feu… »

Ou au moins le climat plus clément de Ledehi… si le désert avait ses inconvénients, au moins le froid n’en faisait il pas partie…

Aujourd'hui est un grand jours, celui où le géant Artoure décide de prendre le titre le roi des mont glaçés. Mais au lieu de sortir une épée d'un rocher et de partir à la recherche d'une pierre incandescente, le géant a décidé de mettre une prime sur sa propre tête afin de combattre la Confrérie des Ombres, l'élites des assassins et mercenaire du continent et ainsi prouver sa force. Géant être simple, celui frappe le plus fort, lui être chef. Enfin, si le géant n'oublie pas le début de sa phrase au bout de la deuxième virgule, ce qui n'est pas gagner.

Saigo a décidé de répondre a sa demande de manière directe, le groupe est le même que la dernière fois, une elfe noire joyeuse et pleine de joie de vivre, un lézard qui caresse souvent la peau de sa femme et aussi puissante guerrière que l'elfe noire transpire la sympathie. En bref l'équipe de choc est parait pour allez se peler les miches dans une montagne paumé. La vampire ne dit pas un mot lors de la réunion avec l'ombre et les autres membres de la fine équipe. Elle se contente d'écouter avec un air neutre, regardant juste Ssloz en ce demandant si les naga ont une période de mue comme les serpents. Oui, la question est totalement hors sujet, mais Circë n'a quasiment jamais rencontré de Naga, raison pour laquelle, elle l'a surement regarder avec bien trop d'insistance durant la réunion.

Après les jours de voyage en diligence, Circë n'a pas énormément parler pendant tout le voyage. Habiller de son armure, coiffé d'une épaisse cape de laine bouillie et d'une tunique dans la même matière chaude, elle combat le froid comme elle le peut. Bien qu'elle ne puisse plus tomber malade a cause de ses capacité vampirique, son corps est plus lent que d'habitude a cause du froid ce qui gêne ses capacités. Elle ferme la marche étant donner que son boulot et de faire reculer la mort le plus longtemps possible plutôt que de la provoquer. Aux mot de Saigo plus d'Aly, elle se contente de sortir son katana de son fourreau.

"- Bien, chef !"

Impossible de savoir si elle parle a l'un ou a l'autre, mais elle se met en position, prête a assurer les arrières du groupe tout en évitant les attaques du gros balourd de géant.

    C’était pour cela qu’il s’était engagé. La fine équipe était à nouveau réunie dans le vaste bureau de l’Ombre. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas de tuer la créature d’un apprenti sorcier qui s’exerce à la nécromancie mais un géant réputé pour sa force et suffisamment arrogant pour mettre un contrat sur sa propre tête. Mais le plus important, c’est que le monstre contestait le titre de haut roi à celui actuel. Il s’agissait donc bien plus que de tuer un simple géant mais bien d’éviter une guerre sanglante entre deux peuples. Cette mission n’était donc pas qu’un simple assassinat, elle en dépassait l’importance par la dimension politique.

    La Congrégation ne peut pas ignorer un contrat d’où qu’il provienne mais elle aurait très bien pu ne pas prendre au sérieux ce genre de demande. Qui leur disait que les sbires du géant ne vont pas l’accompagner pour leur tendre un piège ? Mais ce genre de questionnement ne semblait pas avoir traversé l’esprit du stryge. Sslozmek pensa alors qu’il se faisait beaucoup de souci pour peu de choses. Même s’il était d’un naturel prudent, il n’était pas seul. Il y avait bien sûr Saigo, qui avait su montrer sa puissance en combat, Ombrenuit froide comme le marbre, sachant aussi bien être discrète pour assassiner méthodiquement ses cibles que les affronter de front avec ses dagues. Puis il y avait Circë qui demeurait un atout indispensable pour l’équipe en utilisant une magie liée au sang capable autant de tuer que de guérir. Il remarqua d’ailleurs qu’elle le regardait déjà lorsque ses yeux s’étaient posés sur elle. La vampire le regardait avec une intensité dont elle n’avait jamais fait preuve à son encontre. Aurait-elle jeté son dévolu sur lui ? Ce ne serait pas pour déplaire à l’égo de l’homme lézard. Il réussit tant bien que mal à se focaliser à nouveau sur la mission, même si le visage à la beauté envoûtante de Circë restait gravé dans son esprit.

    Le trajet fut assez silencieux. Il faut dire que le groupe n’était pas constitué de gais lurons. Même Circë, que l’homme lézard aurait pensé être la plus bavarde, ne décrocha pas un mot du trajet, se contentant d’observer le paysage à travers la fenêtre de la diligence. Les seules paroles prononcées furent peut être pour répartir les tâches lors des quelques pauses, et encore, le groupe commençait à bien se connaître. Chacun savait déjà ce qu’il avait à faire. L’homme lézard en profita pour enduire le bois de son arc d’une cire spéciale afin qu’il garde sa souplesse même par temps glacial. Il ajusta les quelques plumes colorées qui le décoraient puis le rangea dans une sorte d’étui en cuir qu’il portait dans son dos. Si jamais le convoi était attaqué, il ne pourra pas s’en servir. Mais il gardait toujours son épée courbe et sa dague dans des fourreaux, prêtes à être dégainées en cas de besoin.

    Puis le voyage continua, toujours plus au Nord-Est. Les montagnes se faisaient de plus en plus nombreuses et le froid encore plus intense. Même la chaleur de quatre corps couverts d’épais manteaux dans l’étroite diligence ne suffisait pas à réchauffer l’atmosphère. Ce fut encore bien pire lorsqu’enfin arrivés, ils descendirent tous du véhicule. L’épais manteau parvenait à peine à conserver le peu de chaleur qui émanait du corps de l’homme lézard, bien plus accommodé à la chaleur humide des marais. Dans les montagnes, les vents glaciaux mordaient ses écailles et sa peau sans la moindre pitié.

    Un sentier serpentait jusque dans les hauteurs ou d’épais panaches de fumées étaient visibles. Le groupe l’emprunta avec prudence mais la cadence était assez soutenue pour se réchauffer.  L’homme lézard ne savait pas s’ils seraient attaqués par surprise ou s’ils auraient le droit à un comité d’accueil. A vrai dire, ce serait plus simple d’attaquer les premiers et comme disait Ombrenuit : de trancher la gorge du géant. Même si au vu du mastodonte, il faudrait plutôt une scie qu’une dague pour en venir à bout. De son côté, l’homme lézard avait amené du poison pour enduire ses flèches et sa dague. Il faudra probablement plusieurs entailles dans la chair du géant afin que les effets soient plus rapides. Mais pour cela, il devra soit parvenir à armer son arc malgré le froid, soit se rapprocher du géant qui aura sûrement deux fois sa taille en allonge.  S’ils ne parvenaient pas à l’assassiner discrètement, le combat risquait de ne pas être évident. Mais l’homme lézard savait s’adapter.

    Le groupe grimpa subrepticement le chemin jusqu’à parvenir non loin du village géant. L’homme lézard prépara alors son arc et ouvrit son carquois avant de l’attacher à sa ceinture, contre sa jambe gauche. Certaines flèches trempaient dans un petit récipient contenant le poison. Il commencera par tirer celles-ci pour augmenter les chances de maîtriser Artoure. Prenant une grande inspiration, il murmura une prière à la Mère des Nagas. Il était prêt à se battre pour lui offrir du sang ainsi qu’un Monde meilleur.